➳ CHAPTER ONE : MONSTERS
Fantôme valsant au gré du vent, fantôme d’un frère qui n’existera jamais, fantôme d’un enfant désiré dont elle a pris la place, passage du vent sur sa peau brûlante. Ténèbres menaçant un équilibre jamais connu, ténèbres infiltrant ses iris, recopiant l’effet miroir, gamine absente au fil du temps. Luxure ambiante, société néerlandaise regardant cette famille presque parfaite. Presque. Héritier manquant. Fille inhérente à un bonheur perdu. Unique péché dont elle reste coupable, une naissance sous le mauvais sexe. Naissance endommageant sévèrement la capacité reproductrice de sa mère. Naissance brisant un mariage dont les apparences dominaient la vie du couple, gamine voyant les femmes s’occupant de leur manoir défilaient dans la chambre parentale pour en repartir satisfaite avant de croiser la maîtresse de maison. Sourire faussé, colère reportée sur la source des problèmes conjugaux. Monstres de la nuit se manifestant sous la forme d’une génitrice l’accablant des maux du monde. Les ténèbres s’incrustant dans l’ombre de ses cheveux, ses iris sombre ayant le malheur de croiser le regard clair de sa mère, cette peur s’immisçant dans sa peau à chaque réveil, un silence constant, silence qu’elle lui reprochait également. Larmes brûlantes menaçant de faire encore plus de dégâts. Bourgeon de fleur arraché avant même d’avoir eu une chance, ce silence presque malsain pour une petite-fille ne cherchant que la reconnaissance de ses aînés, cette solitude l’enlaçant chaque nuit pour l’emporter aux portes du royaume de Morphée pour finir par une chute aux Enfers. Cruauté glacée. Silence morbide. Marque rouge sur ses joues de porcelaine, marque infligée plus discrètement en cas de visite ou sortie. Reine colérique, princesse recherchant l’affection manquante. Moments redoutés de la journée, un maux différent chaque jour, pas assez de progrès en danse classique, défaite lors d’une partie d’échecs, robe salie par ses jeux avec les fleurs sauvages du jardin, éclat de rire trop fort, voix trop présente. Ténèbres de la nuit devenant presque le réconfort d’une gamine, monstres sous son sommier ses uniques amis, protecteur de son sommeil, protecteur de sa fragilité lorsque les premières larmes coulent dans l’intimité de cette chambre trop grande pour une gamine tellement petite. Sommeil l’enveloppant dans ses bras pour lui offrir ce moment de réconfort, un oreiller contre son corps frêle de petite fille.
➳ CHAPTER TWO : CONTROL
Sursaut, front trempé, iris erratiques cherchant l’interrupteur, énième frayeur nocturne, énième cauchemar passé sous silence par peur de répercussion pour être aussi faible à son inconscient, père absent, mère sous le joug de la colère, petite-fille effrayée dont le silence était son unique pouvoir. Lampe torche volée à un des domestiques, lumière réchauffant son âme en peine, héritière pensant encore aux mots des autres enfants lui offrant un rêve familial presque impossible, princesse de son père, ce dernier n’ayant plus le temps de s’occuper de son unique enfant. Il était toujours là, toujours présent dans les illusions de Morphée, toujours le personnage clef lui apportant un lot de problèmes effrayant, gamine peinant à cacher les marques rougies de son coup grâce aux cols des chemises, les bleus parsemant ses hanches, mère trop présente sur la question d’un poids trop important selon elle. Les cernes venant brimaient sa pauvre peau de porcelaine, ses cheveux ayant perdu leur brillance de petite-fille en même temps qu'une innocence certaine envolée.
« Si j’apprends que tu as froissé le fils du partenaire de ton père, ne pense même pas à rentrer jeune fille. » Gamin persécuté par ces brutes l’obligeant à assister au spectacle, ses iris évitant les coups, souvenirs frémissant sur son épiderme, brutalité sans nom qu’elle voudrait arrêter, brutalité pouvant lui causer des problèmes. Silence permanent. Les ténèbres embrassant son coeur, gamine d’à peine douze ans brûlant sous le désir de justice, gamine pas assez courageuse pour ouvrir ses lèvres et laisser les plaintes d’arrêt s’échappaient. Démons s’emparant de son âme, scène déformée hantant ses nuits, gamine tentant de résister pour finir dans la soumission aux brutes de ce monde, pathétique gamine, son coeur lui criant de s’interposer, des regards en classe pas suffisant pour se rattraper de cette lâcheté. Emprise maternelle encore présente sur son épiderme souffrant d’un pincement, ses hanches lui brûlant sous le regard quelconque d’une personne lambda. Solitude, unique amitié éternelle capable de calmer ses peurs, solitude ce silence réconfortant entouré d’un brouhaha inhérent. Plus forte que son propre corps, plus froide que sa propre maison, plus méchante que ses démons, elle était bien plus que cette petite fille effrayée. Un mémo qu'elle venait à se répéter à chaque occasion, son père lui ayant adressé ces quelques paroles après être rentré d'une dispute, comme une senteur acide dans son haleine. Absent de la vie de son unique enfant, occupé à trouver de l’affection dans les bras d’autres femmes moins frigide que le coeur glacé de son épouse.
➳ CHAPTER THREE : MONEY POWER GLORY
Enfant d’Aphrodite, enfant se sentant briller dans les yeux de son amant, relation en plein dans l’adolescence, gamine sentant l’adrénaline pulsait dans ses veines sous son regard brûlant d’envie, unique personne lui offrant ce regard, fils du partenaire de son géniteur, fils brute qui s’était adoucie envers elle. Illusion brisée. Aquarelle de déception marquant son corps de porcelaine, ses baisers fiévreux ne révélaient qu’une envie d’obtenir un futur stable en possédant la jeune Swarovski. Piégée dans une nouvelle prison dorée que sa mère lui avait construite, prison dorée avec un geôlier l’ayant charmé avec de belles paroles, de l’attention et l’affection dont elle avait eu besoin. Des paroles qu’on lui répétait avec une insistance renouvelée, gamine n’étant qu’une erreur que ça soit son sexe ou encore son prénom, passant d’un joyau de la mer à un vulgaire corbeau, cette personnification de la ruse dont elle n’osait faire preuve sous peine de réprimandes. Geôlier lui offrant des fervents baisers, rien de comparable avec les passions qu’elle pouvait lire dans les plus grandes tragédies grecques. Geôlier fervent soldat d’une ambition personnelle future, pensant qu’il pourrait lui prendre cette place d’héritière Swarovski en la prenant pour femme dans l’avenir. Désillusion. Coeur en miettes de s’être laissé berner aussi facilement, gamine en peine qui avait toujours voulu que son prince charmant arrive pour lui faire essayer cette pantoufle de verre. Leçon apprise. Belles paroles oubliées et rejetées au décès de sa mère, libération d’une enfant réprimée depuis le premier jour, un rire s’échappant de ses lèvres dans l’intimité de son lit, ses yeux larmoyant n’y croyant presque pas. Premier rang lors de la mise en terre, l’alcool coulant dans ses veines dans la soirée étudiante où l’âge n’était pas regardé. Bourgeon renaissant de ses cendres. Petite fleur dansant au gré de la musique, l’engourdissement de la boisson lui offrant le soulagement d’une pression envolée en même temps que sa mère effectuait sa descente aux Enfers. Gamine, unique héritière légitime de son père, fille dont les formes avaient grandi avec les années, qualifications s’enchaînant pour décrire l’héritière se dévoilant enfin au monde dans les journaux à scandales. Argent. Pouvoir. Gloire. Trois piliers majorant sa vie, jeune fille s’ouvrant enfin au monde après des années où le silence était roi, laissant son père vagabondait dans les lits de ses maîtresses plutôt que de retrouver une autorité perdue sur sa propre fille.