STORY OF MY LIFE
please tell us more
- Si tu franchis le seuil de cette porte jeune écervelé, ce sera la dernière fois que tu seras considéré comme un des membres de cette famille.
- Et puis quoi encore. Autant partir maintenant qu'être un fauve emprisonné dans une cage, la liberté vaut beaucoup plus qu'une montagne d'argent et le prestige. Être votre fantassin ne m'intéresse plus!
Un long soupir empli de soulagement franchit mes lèvres et c'est ainsi que je franchis d'un pas ferme et décidé, cette porte qui me sépara à tout jamais de mon glorieux avenir au sein de la famille Andrews, la voix de mon père et les pleurs de ma mère retentissants encore jusqu'aux imposantes grilles entourant la prestigieuse demeure où j'ai vu le jour.
Je suis à la tête d'une fratrie de cinq garçons. Chéri et favoris de ses parents jusqu'au tout dernier instant. On m'a élevé comme un roi, sans jamais rien me refuser. On m'a mis sur un piédestal, rejetant à la limite le reste de mes frères. Tout reposait sur ma petite tête de fanfaron, rêveur d'un monde meilleur. Tout semblait plus beau vu de l'intérieur. Je ne voulais pas de cette luxure, de cette vie réduite à suivre à la lettre les inscriptions dans un agenda. Le monde m'était offert sur un plateau d'argent et j'en ai bénéficié durant plusieurs années. On m'a enseigné, formé, mit au pas... On m'a appris à être un fin calculateur et aussi comment je devrais penser. On a enchaîner la bête sauvage et libre en moi pour me modeler en quelqu'un que je ne suis pas.
Je me suis renfermé sur moi-même, solitaire et incompris. Je passais le plus clair de mon temps enfermé au grenier de la maison à coucher des mots sur papier jusqu'à ce que libération de l'âme s'en suive. Les couleurs mélancoliques de mes humeurs teintaient chacune des pages que j'effleurais du bout de mes doigts encore inexpérimentés. C'est ainsi que ma passion pour l'art pris forme et grandit peu à peu.
Tout était prédisposé à ce que je devienne le futur monsieur Andrews connu de tous à Manchester, mais rien en moi n'était joué. Très jeune je me posais déjà certaine questions à savoir ce que je voulais réellement faire de ma vie et ce à quoi j'aspirais vraiment... et rien n'aboutissait au même résultat que celui de mes parents. J'ai commencé à changer de look, à me '' rebeller'' un peu... rien de très grave, pour moi juste le fait de changer de coiffure sans le consentement de ma mère était passible de la peine de mort, mais avec le temps, j'ai finalement réussi à imposer mon propre style, mais ça ne fît pas l'unanimité.
J'ai commencé à sortir le soir. À l'improviste cela va de sois. J'arpentais les rues, mains dans les poches, le regard rempli d'espoir devant la magnificence de cette ville en plein effervescence. Tout en moi a basculé. Je me suis soudainement senti proche de ces gens sans- le- sou, mais heureux autour d'un feu avec une simple guitare à la main. Loin de tous ces artifices, loin de tous ces mensonges. La pauvreté rassemble les gens tandis que la richesse les éloignes... et pour moi c'est devenu une réalité à laquelle je ne voulais plus participer.
Cette vérité à grandi en moi, comme un arbre qui s'enracine et prend vie. Elle m'apportait l'oxygène dont j'avais besoin, cette bouffée d'humanité. Je me suis laissé enjôler par ce que le monde avait à m'offrir de plus que ce que mes parents m'offraient déjà. Mais le cadeau le plus important restait la liberté.
Jeune fauve que je suis, incapable de renoncer à cet objectif qui pendait au bout de mon nez. J'en ai souvent parlé avec mes frères, leur faisant promettre de garder le secret. Ils m'ont encouragé, mais ils étaient surtout envieux de ne pas avoir la même force de caractère que moi. C'est là que je leur ai promis que je serais toujours là en cas de besoin... je me suis en quelque sorte mit des chaînes, m'empêchant de partir au large... me confinant à ce territoire anglais.
Toutes ces aventures vécues dans cette maison, les souvenirs que j'avais moi-même construit, tout resta derrière moi, y compris mon amour pour Lilas. Tellement simplet comme histoire que ça ne vaut même pas la peine d'en parler... une égratignure sur le cœur en bout de ligne, rien de bien important. J'ai pris le train direction Londres, aucun endroit où habiter ni même des vêtements de rechange, juste ma guitare à la main et un sac rempli du strict nécessaire. Et c'est ainsi que va vie de gosse de riche pris fin pour faire place à un jeune inconnu sans nom, sans avenir, une ombre parmi tant d'autre qui se dissimule au milieu des foules. Une âme esseulée et incomprise, mais surtout... libre.
C'est après quelques années de vie à Londres,que j'ai finalement pris la décision de partir sans pour autant tirer un traits sur mes frères. Délier le seul lien qui me maintenait captif de ce sol maudit, m'enleva un énorme poids sur les épaules. Je pris le large direction ce ravissant pays nommé U.S., où j'allais enfin pouvoir construire quelque chose. Reprendre les études à Harvard, avancer droit devant moi, sans jamais dévier de ma trajectoire, ni même regarder derrière moi.
Mes pas m’ont menés à Cambridge. Je m’y suis installé, j’ai repris ma vie ou je l’avais laissée. Tout allait bien jusqu’à ce que je rencontre Jade. Artiste déchue qui m’a dérobé jusqu’à mon âme et la dernière parcelle d’humanité qu’il me restait. Elle m’a amadoué, conquis…. pour ensuite partir en laissant un trou béant dans ma poitrine, douleur que même ma belle artistique ne peut atténuer. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Un spectre qui erre sur cette terre sans but précis. La mort, cette belle consolation m’appelle, j’ai envie d’y céder pour que toute cette souffrance s’arrête, mais quelque chose me retient en vie… Je ne sais pas exactement ce que c’est, au fond il s’agit peut-être de cette douce euphorie appelée : espoir … qui sait.