i’m with you until the end of the line (louzy)

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{i’m with you until the end of the line}
crédit/ tumblr ✰ w/@Ariana Underwood

je n’ai pas eu le temps de toucher la tour eiffel que je suis repartie d’où je suis venue. c’est l’urgence. si seulement je m’étais écouté. si seulement j’étais restée deux ou trois jours de plus à boston. les heures qui se succèdent sont longues, très longues. vivement qu’on puisse voyager encore plus rapidement dans les airs. putain, le gars qui va te charcuter a intérêt de gérer ou c’est un homme mort. j’espère d'ailleurs que ce n’est pas côme en personne qui va s’occuper de la césarienne. mes ongles quasiment en sang, j’atterris enfin sur le sol américain. mes pensées sont toutes dirigées vers toi, ma petite suzy chérie, ma meilleure amie. cette fin d’année était merdeuse. on s’est beaucoup trop éloigné et ça me fend le coeur. j’espère que tout est encore réparable entre nous. j’compte bien être présente pour timéo, je veux être sa marraine, avec liz et le gâter jusqu’à ce que je passe l’arme à gauche. ce petit bout doit survivre, il doit nous survivre à toutes et faire de ce monde, un monde meilleur. roulant à mille à l’heure dans la ville, j’arrive tardivement à l’hôpital, complètement paumée après tous ces décalages horaires subis. je fonce ensuite comme une malade à la maternité où on finit par m’indiquer ta chambre. je dors ici ce soir, je m'en fous. enroulant mes cheveux bruns sur le sommet de mon crâne, je cherche ta chambre et arrive enfin à bon port. je toque deux fois, puis j’entre et referme derrière moi. je dépose le paquet contenant quelques cadeaux sur une table près de l’entrée et je m’agenouille à ton chevet. « j’suis là, j’ai fait le plus vite que j’ai pu.. je te jure.. je n’aurais jamais dû partir avant, je sentais qu’il allait se passer un truc » j’attrape aussitôt ta main. j’embrasse le dos de cette dernière du bout des lèvres, le regard embué. j'ai tout raté. je t'ai abandonné. j'suis à chier. « tout va bien ? » bon sang, je redoute la réponse à cette question, parce que tu me parais particulièrement affaiblie, ce qui signifie que l’opération est passée et que timéo est… ailleurs.

L'enfer est passé. Timéo est parti se faire opérer, ou alors à l'heure qu'il est, peut-être qu'ils ont déjà terminé. La nuit passe lentement, trop lentement... Et finalement, j'ai pleuré tout le long. Je me suis endormie au petit matin, seulement pour me réveiller quelques heures plus tard. Je suis crevée et j'ai mal. Je n'imaginais pas vivre cette grossesse comme ça... Sans le père, mon mari, puis certainement pas en accouchant à 30 semaines parce que Tim est malade. Il n'était même pas né, qu'il avait un cancer - tu réalises ? Les médecins... Côme, dit que ce n'est pas grand chose. Plus le bébé est jeune, plus il a de chances de survie.

T'es enfin arrivée après plusieurs heures de vol. Je me sens mal... parce qu'à cause de moi, Côme et toi êtes revenus de vacances plus tôt. Bref, tu t'excuses en quelque sorte d'être partie, parce que t'avais senti que t'aurais besoin de revenir. Je déglutis et regarde ta main qui attrape la mienne. J'hoche négativement la tête en guise de réponse à ta question... mais ça, c'est évident. J'ai à peine dormi... Et Timéo me manque déjà. Autant que je voulais plus être enceinte, maintenant ça me faisait tout bizarre d'être séparée de lui. Et je sais pas où est Tim...

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{i’m with you until the end of the line}
crédit/ tumblr ✰ w/@"louzy"

mais il fait jour ou nuit ? bordel, j’ai tellement voyagé en quelques heures que je ne sais plus si le soleil est là ou non. j’imagine que tu dois être aussi exténuée que moi, surtout après cette épreuve douloureuse que tu as dû traverser. mes lèvres continuent de baiser le dos de ta main alors que tu me transmets ne pas savoir où est ton bout de chou. je me relève ensuite, les genoux en compote. j’embrasse le sommet de ton crâne et je rapproche une chaise pour m’asseoir près de toi « j’suis sûre qu’il va bien et que les médecins l’ont déjà sauvé de cette vilaine tumeur, tu veux que j’aille me renseigner ? » te demandai-je au cas ou je pourrais te rendre service. même si je suis aussi à cours de sommeil, mon corps n’a pas subi une violente césarienne, alors je peux encore courir un marathon pour trouver les réponses dont tu as besoin. « tu as souffert ma suzy ? » c'est ce qui me préoccupe le plus là, que tu es chargée comme il faut sans que tu n'aies pu te défouler sur moi. t'façon j'imagine que je n'aurais pas été la bienvenue dans le bloc opératoire et que tu devais être totalement anesthésiée.. « tu as pu le voir ou pas du tout encore ? »

Il fait jour, même si pour moi, il devait faire encore nuit. J'ai des cernes et j'suis pâle... J'ai à peine dormi, tellement j'étais inquiète. Après l'opération, Côme n'est pas venu me voir et j'suppose que c'est normal vu notre relation - et surtout, après l'avoir embrassée dans son bureau, juste avant l'opération. J'suis contente de te voir. T'es la première à m'avoir rendu visite, même Liz n'est pas venu... mais bon, elle, c'est plutôt parce qu'elle est dans sa propre chambre aussi et qu'elle doit dormir encore. Non... t'as l'air crevée, allonge-toi avec moi. Du mieux que je peux, je me décale un peu pour lui faire de la place. Évidemment, ça me fait mal, mais je pourrai au moins avoir un peu de réconfort auprès de ma meilleure amie. Après tout ce qu'il s'est (encore) passé entre nous... pour moi, t'auras toujours ce titre. Qu'on se parle ou non. J'hoche la tête en guise de réponse, puis me mord l'intérieure de la joue. J'étais anesthésiée, mais j'ai mal là. Tout ce à quoi je pense, présentement, c'est à Timéo. Né trop tôt, trop jeune et en plus, il subit déjà une opération pour une tumeur cancéreuse. J'hoche encore une fois la tête, mais cette fois, négativement. Non... j'l'ai pas encore vue... Mais j'ai pas encore vue la tête de Côme alors... j'suppose que pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Malgré tout ça, j'reste moi : positive, optimiste. J'essaie, en tout cas. J'aime pas être triste et là, j'ai l'impression que c'est le pire moment de ma vie, il ne faudrait pas que je commence à déprimer aujourd'hui. Tu t'allonges à mes côtés et je pose ma tête sur ton épaule, les yeux fermés. Change-moi les idées... raconte-moi c'que tu as fais dernièrement. Parce qu'il faut l'avouer : on s'est pas beaucoup parlée...

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{i’m with you until the end of the line}
crédit/ tumblr ✰ w/@"louzy"

je ne sais pas quoi faire pour me rendre utile. je n’ai pas été la meilleure amie du monde ces derniers mois. on a vécu pas mal d’épreuves chacune de notre côté. mais, nous voilà enfin réunies, pour une triste et merveilleuse nouvelle à la fois. tu as mis au monde un enfant suzy, tu as un bout de toi qui t’attend. son cancer va être balayé, tu vas voir. je suis tellement heureuse au fond de moi, parce que je sais que tu seras une mère parfaite. bref, espérant que les nouvelles soient bonnes pour le petit timéo, j’accepte volontiers de te rejoindre dans ton lit minuscule. heureusement que nous sommes deux modèles réduits hein. enfin blottie contre toi, je passe mes petits doigts dans ta chevelure emmêlée tout en t’écoutant « j’suppose oui, il doit bien veiller sur lui » t’as bien raison, si tout s’était mal passé, j’suis persuadée qu’on serait déjà venu te voir. mais non, timéo va bien. ouais timéo est déjà sûrement sorti d’affaire et il se repose paisiblement dans sa couveuse. « ce que j’ai fait à part me fiancer à thomas ? mhhh, j’ai reparlé à pluton un peu trop et quand je me suis rendue compte qu’il me causait uniquement pour se rassurer, j’ai tout coupé.. donc depuis, je gère la déception et la honte » j’émets un faible rire tout en enroulant mon bras autour de toi. ma vie amoureuse est un carnage, mais au final, vaut mieux en rire. est-ce que cela m’a tué ? non. je respire encore et je me sens bizarrement plus forte. « puis t'façon, aujourd’hui, j’ai retrouvé la femme de ma vie, alors tout va mieux » bordel, si t’étais gouine, tout aurait été si simple. enfin non, on aurait pas pu concevoir un môme rien qu’à nous deux, mais avec notre ingéniosité, on aurait forcément trouvé le moyen de fonder une famille. j’suis dégoûtée. je me demande si j’ai fait les bons choix, si mes fiançailles ne sont pas une énième folie dont je suis l’experte… « tu as sûrement raison, j’ai trop peur de rester seule et j’fais n’importe quoi » chuchotais-je en attrapant une de tes mains pour me la coller sur la tronche, en mode pieuvre dégoulinante.