(voyce) Houston, we have a problem

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{Houston, we have a problem}
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En fait je réalise pas trop ce que je fais, pourquoi je vais à la pharmacie pour acheter un test de grossesse. Pour rassurer Vio ? Oui mais si maintenant on découvre qu'elle est enceinte pour de vrai ? Là, là c'est la merde. Surtout que j'en ai parlé à Hugo pour rigoler, m'imaginant pertinemment que le pire n'arriverait pas, mais je ferai bien de pas trop rigoler je crois. Je commence à stresser quand j'ai ce fichu test, j'en prends même un deuxième pour être sûr. J'espère que personne ne m'a vu, je sais pas, manquerait plus que CS fiche tout en l'air. Mais bon, j'ai une bonne petite étoile là-haut qui me surveille, ça va aller. Je rejoins ma meilleure amie dans sa chambre et quand elle m'ouvre, je lui fais un bisou sur le front. « Alors, toujours pas tes règles ? » non Royce, pas en une heure de temps. imbécile va. Je soupire, je m'assieds sur son lit confortablement et je lui donne les tests de grossesse comme si je lui tendais un paquet de chips. Chill le mec. Beaucoup trop chill. Mais il faut bien que l'un de nous deux le soit, car si on panique à deux, c'est la folie. « T'as qu'à juste faire pipi dessus, tu veux que je te montre ? » sourire en coin. ça va, j'essaye juste de la faire rire. Je continue de parler, histoire de déstresser. « Mais dis-moi, t'as pas baisé qu'avec moi récemment si ? » enfin récemment, il y a un mois plus ou moins, quand je l'hébergeais tranquillement à la maison et le nombre de fois où on s'est envoyé en l'air fut incalculable.

Ma mère me disait souvent que respirer, c’était la vie sur un plateau d’argent. Ça peut sembler ridicule comme phrase mais il fallait en comprendre tout le sens : cela signifiait qu’il suffisait d’un bol d’air pour continuer à marcher. Dès que j’affrontais une nouvelle épreuve, une nouvelle colère de mon père, une nouvelle fugue, elle m’envoyait toujours ce message. Elle qui était si souvent effacée, qui se laissait disparaître derrière les portes des pièces de la maison familiale qui m’étaient interdites. Elle prenait toujours le temps de me rappeler qu’une simple respiration permettait de remettre les compteurs à zéro. Alors je respire ; je ferme les yeux et prend une grande inspiration, assise en tailleur sur mon lit. Je sens l’angoisse tordre mes entrailles, transformer mon sang en glace. La morsure de la peur me saisit entre ses mâchoires et me transforme en son apéritif. Le plus droite possible, en position de méditation, je  tente de fouiller mes souvenirs, de retracer ces dernières semaines. Royce plaisantait, évidemment, il ne pouvait en être autrement. Ce n’est qu’une mauvaise blague dont on finirait par rire, à un moment ou un autre, lorsque le test affichera un résultat négatif. Pourtant, je n’en suis plus si sûre lorsqu’il finit enfin par toquer à la porte ; je me lève et m’élance vers la porte, rapide, gracile, rien que de le voir me soulage et transforme le poids qui semble s’être saisit de mon cœur en une poignée de plumes. Il dépose un baiser sur mon front et ouais, je le sens, j’en suis sûre, on se trompe. Mais pour autant, on était là tous les deux et il ne me laissait pas tomber, même avec le doute qui plane, même avec une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Alors toujours pas tes règles ? Je secoue la tête négativement : « Hin hin. Mais crois moi, j’ai pourtant tout fais, j’ai essayé de faire des rituels vaudou mais ils n’ont pas de chèvre à sacrifier dans le coin. » Super, méga drôle. Non franchement, je pourrais me gifler. Je ferme la porte derrière lui et alors qu’il s’installe, je me saisis de la boîte avec le fameux bâton magique. Je fixe les caractères dans une langue inconnue qui signifie probablement ‘’mdr, la prochaine fois mets une capote’’ et je l’ouvre en écoutant mon meilleur ami essayer de détendre l’atmosphère. J’hausse un sourcil et je lui lance un petit sourire qui se veut rassurant : « Honnêtement, je payerai cher pour te voir me montrer. » J’avais déjà imaginé Royce mimer l’action devant le pharmacien pour les obtenir, alors en plus une démonstration j’étais sûre de finir au sol. Je déballe le petit bâtonnet qui nous donnerait la réponse sur ce qu’on ferait dans les prochaines minutes et dans un instant d’hésitation, je me dirige vers les toilettes : « J’laisse la porte ouverte, on est plus à ça près. » Déjà parce qu’il m’avait déjà vue à poil. Aussi parce qu’on avait vécu ensemble. Mais aussi parce que si j’étais enceinte, il verrait bien pire que ça. Sa question ne me surprend pas vraiment, parce que je me l’étais posée aussi, fatalement. Mais non, c’est ça le pire ; j’avais vu personne, même pas Loup. « Non, j’ai couché qu’avec toi. Quelque part, ça me rassure. » Ben oui. Au moins, je me retrouvais pas en plus avec la merde de savoir qui était le père et surtout, s’il allait m’accompagner dans toute cette merde. Je laisse un silence avant de dire d’une voix blanche : « Désolée. » Bah ouais, désolée. Désolée de te rajouter cette foutue histoire alors que tu es enfin avec Hugo. Désolée de te rajouter le stress d’être peut-être encore papa alors que tu te charges déjà d’Oscar. On a été naïfs. Non : on a laissé notre instinct parler. Je retire le capuchon du test ; quand faut y aller… Faut y aller. « Prêt ? »

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Quelle est la probabilité pour que deux meilleurs amis deviennent parents ? Ou plutôt, la probabilité pour que les meilleurs amis du monde couchent ensemble et ne se rappellent même pas quels précautions ils ont pris pour se protéger tellement ils étaient saouls ? C'est ridicule, on est ridicule. Et moi putain, d'où j'ai pas retenu la leçon hein ? Certes Oscar a été conçu dans l'amour, j'étais avec sa mère à l'époque, mais on a jamais planifié de l'avoir. Donc quand est-ce que je vais retenir la leçon que les enfants ne naissent pas comme des kinder surprises ? Je veux pas remettre la faute sur Violet si ça arrive. C'est aussi la mienne, je suis assez mature maintenant pour savoir qu'un enfant c'est important et ça chamboule une vie à jamais... alors deux ? Je fais une grimace à la brune quand elle me parle de trucs vaudou. « En tout cas, moi j'ai eu le temps d'aller faire un tour à la supérette et j'ai acheté de la vodka pas chère pour fêter notre non-grossesse. » je ne sais pas si ça se dit. Bref, je pose la bouteille au pied de son lit et elle prend le test en main, lit quand même le mode d'emploi, histoire d'être sûr. Manquerait plus qu'on se trompe... Elle s'éloigne pour aller à la salle de bain et je l'écoute me parler vu que la porte est ouverte. Je deviens presque livide quand elle dit qu'elle n'a couché qu'avec moi. Flatté ? Un peu oui, c'est ma meilleure amie, savoir qu'elle couche avec d'autres types, ça me tue. C'est une info que je préfère pas savoir, mais maintenant, j'ai pas trop le choix que de lui demander. ça la rassure, mais pas moi aha. « ça te rassure ? attends, je galère déjà avec Oscar, tu crois vraiment que je vais gérer avec un autre enfant sous le bras ? » ça me flatte chérie de me prendre pour super papa, mais ça douille, ça te pompe toute ton énergie et le fric surtout. Allez, on ne pense pas à ça, qu'elle fasse ce qu'elle a à faire avec ce bâtonnet et on en reparle. « Hey, t'excuses pas, on est sûr de rien. » que je dis en m'appuyant contre la porte de la salle de bain, les bras croisés. Je prends une inspiration et j'hoche la tête positivement. « Prêt. » let's go ! Comment détruire une vie lol. Je la laisse pisser en paix puis je viens m'asseoir près d'elle alors qu'elle est toujours assise sur le wc. Je pose ma tête contre le mur carrelé et je ferme les yeux, le coeur battant.

J’aurais peut être pu me casser la gueule si j’étais pas assise le cul vissé sur les wc. Non parce que sa réaction me blesse, un peu. Beaucoup. Qu’est ce qu’il a cru, au juste ? Que ça me faisait plaisir ? J’étais loin d’insinuer qu’il était le papa parfait qui gérait un max. De toute façon, je n’étais absolument personne pour en juger. Acerbe, je lance : « En fait, j’disais ça parce que je préférais que ce soit toi plutôt que mec lambda 52 que j’aurais sauté une fois et dont je me rappellerai même plus le nom, tu vois c’que j’veux dire ? » Blessant ? Il a intérêt à ce que le test soit négatif parce que pour oublier ça, j’aurais au moins besoin de finir la bouteille de vodka d’une traite. Mais je pense qu’il aura compris la leçon au ton de ma voix. Je sais qu’il est inquiet et putain, moi aussi je suis mortifiée c’est pas la peine d’en rajouter. Je continue, un peu plus calme : « J’vous pas comment je pourrais être mère alors je suis déjà une ratée. » Le moment est venu, dix petites secondes, coincés dans les toilettes d’une chambre d’hôtel à Albufeira. Je fais mon affaire puis je me redresse et je pose le petit bâton que je rebouchone (question d’hygiène), face contre terre sur le bord du lavabo de façon à cacher le verdict alors que l’analyse est en cours. Je retiens mon souffle : je ne sais pas si je suis prête à le retourner. Et je suis tellement blessée par ses dernières paroles, j’ai l’impression que le résultat foutrait nos vies en l’air en plus de notre relation alors que je pourrais me jeter d’un pont pour ce mec s’il me le demandait. Même si j’avais tous les moyens du monde pour élever un gosse, il suffisait de voir que j’étais du genre à me défoncer à la coke plutôt que d’être enfermée dans mon bureau à la banque. Bip bip, l’objet prévient que l’analyse est finie. Maintenant, c’était inscrit, c’était gravé dans cet espèce de mini écran avec le même foutu symbole universel. « Ok », que je finis par souffler. Parce qu’on doit savoir pour avancer. « Je te préviens, on va prendre la murge du siècle et on finira en mode Very Bad Trip avec un tigre dans une chambre et 100 000$ de frais de réparation. »  Je préfère m’en persuader plutôt que de voir l’éventualité d’une grossesse. Puis après quelques secondes et un accord tacite qui passe par le regard, je retourne le test alors que j’ai le coeur au bord des lèvres.

Putain.
Deux traits.
Il est positif.
Il est putain de bordel de cul positif.
Je suis enceinte de Royce.
Ok, je vais m’évanouir. Je suis aussi pâle qu’un fantôme.

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Finalement, faut croire que je suis un peu sous tension, vu la réponse que je donne à Violet. Je pensais qu'elle allait rigoler, pas se braquer et la prendre mal. Même si elle ne le dit pas ouvertement, elle le montre à son expression faciale. Et merde. Sorry ? J'suis un con, pour ma défense, elle est au courant de ma débilité suprême. « oui je vois, fin j'avais compris. » et ça se comprend. Je ne sais pas ce qui est le pire, une fille enceinte de quelqu'un dont elle ne se souvient même pas ou un garçon qui met en cloque une inconnue sans le savoir ? Dans les deux cas, c'est trash. Par contre, je suis pas d'accord à ce qu'elle dit par la suite. Une ratée ? Wowow, tu vas te calmer tout de suite Goldman. « je veux pas t'entendre dire des conneries pareilles, ça m'fait mal aux oreilles. » et au coeur aussi, t'es au courant de ça Vio ? T'es la fille la plus parfaite que je connaisse, même ma mère a du mal à t'arriver à la cheville alors que c'est l'amour de ma vie, donc stop... Je sursaute presque quand le bruit se fait ressentir sur le test. Ok, c'est prêt. La vérité est inscrite sur ce fichu test. J'inspire, j'expire. Vas-y. On se tapera la plus grosse cuite du monde et aujourd'hui ne comptera plus demain. Ce sera un jour banal où on en rigolera encore plus tard, pendant des années, qu'on était con à l'époque. Faux. Complètement faux. Rien qu'à la tête de ma meilleure amie, j'ai compris. « Vio ? » je l'appelle, mais elle semble déconnectée. Je m'agenouille près d'elle et je me permets de prendre le test de ses mains. Deux barres, comme le bouton pause, alors qu'on est loin de faire une pause. Elle est enceinte. Omg je vais être papa. Une seconde fois. Je... sais pas si je dois pleurer ou rire, je suis partagé entre pleins de sentiments. Certes, dans ma vie j'ai toujours voulu faire une petite soeur à Oscar, c'est normal, être fils unique c'est un cadeau empoisonné. Mais pas comme ça, avec la femme de ma vie, celle que j'épouserai, qui acceptera mon fils comme le sien. Sauf qu'entre temps, je suis tombé raide dingue d'un homme, ce qui change tous les plans. Serait-ce le bébé miracle ? Avant de dire quoi que ce soit, je veux m'assurer que la future mère de mon enfant ne va pas me faire une crise d'angoisse dans les toilettes. « Hey, chérie, je suis là ok ? T'es pas toute seule, je suis là. » et je serre sa main très fort dans la mienne.

Je fixe le résultat comme si ma vue était brouillée, comme si d’un instant à l’autre je pouvais éclater de rire et dire "haha, en fait je voyais double, déso". Malheureusement pour moi, c’est loin d’être le cas. Le résultat reste le même, figé et ancré dans ma mémoire. La révélation fait un tour dans ma tête et passe par toute les étapes caractéristiques. Royce s’approche pour me soutenir, il me prend la main et je sens un rire nerveux me secouer alors que je fixe le vide. Le déni. « C’est une erreur. Le test doit se tromper.» Le choc passé, je me saisis de la boîte pour vérifier la procédure, j’ai du rater une étape, j’ai du me planter sur un passage. Mes yeux ont beau parcourir frénétiquement la notice dans une langue étrangère, les tentatives de traduction anglaises en dessous me ôtent tout espoir. Je relève les yeux vers mon meilleur ami et la culpabilité m’envahit soudain. Je porte son enfant. On pensait que nos moments d’égarement n’auraient jamais aucun impact, on s’était trompés. J’ai envie de pleurer. « Je suis tellement désolée, je suis désolée, pardon... » Je fous toujours tout en l’air. Ryder me l’avait dit et il avait raison. Loup me l’avait laissé entendre et il avait encore eu raison. Je fous en l’air la vie des gens. J’ai réussi à foirer celle de la personne qui comptait le plus à mes yeux. « Mais je... Qu’est ce qu’on va faire ? Tu as dis toi même qu’avec Oscar... Et, et avec nos études... » J’osais penser que je m’entendais plutôt bien avec son fils et qu’il avait fini par m’apprécier après toute ces semaines passées chez lui. Mais de là à lui faire comprendre que j’étais... Non, j’arrive même pas à le réaliser. Y’a une vie qui se forme là dedans. Je fixe mon meilleur ami dans les yeux sans cacher ma détresse. Puis dans un élan je viens me blottir contre lui comme on se raccrocherait à une bouée de sauvetage en pleine mer. Je sais qu’il ne me lâchera pas. Il fallait qu’on puisse voir nos options. Parce que avec un enfant on serait liés à vie d’une manière particulière. Je considère rapidement les possibilités qui se réduisent au nombre de deux, le garder ou pas. « Je peux rentrer à Boston, je peux aller voir un médecin, si on peut pas... » J’ose pas le dire, mon cerveau travaille plus vite que mes mots ne sortent. J’ai besoin que tu me sortes de là, Royce, je perds les pédales. Je te jure que d’habitude j’ai plus de sang froid et tu le sais mais là ça vient tout chambouler.

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Ok, y'a un mini-moi qui pousse dans son ventre et ça me choque, mais m'ému à la fois. Certes, c'est un accident mais ça me fait moins peur que la première fois. C'est normal, j'ai déjà vécu ça, j'ai déjà été papa il y a 3 ans, ce ne sont que des souvenirs qui remontent à la surface. Je suis mélangé par plusieurs émotions. Honnêtement, ça me fait quelque chose. Violet s'excuse, elle est au bout de sa vie et je me dois de la rassurer, ou du moins, de l'épauler. « arrête, ne t'excuse pas. je suis aussi fautif que toi, tu peux pas faire un bébé toute seule. » sauf si tu t'appelles la vierge Marie bien sûr mais t'es pas si vierge que ça chérie. Je cherche le regard paniqué de ma meilleure amie et elle finit par se laisser tomber dans mes bras, comme épuisée, à bout de force, comme si c'était la dernière chose qu'elle pouvait faire avant de s'éteindre. « chut, calme-toi. » c'est bizarre, maintenant que j'ai appris la nouvelle, j'ai envie de toucher son ventre mais je veux pas la mettre plus mal à l'aise qu'elle l'est déjà. Je prend son visage entre mes mains et je prépare mes pouces au cas où elle verserait pleins de larmes pour les essuyer. Je sens ma gorge se serrer suite à sa dernière phrase. « ...avorter ? » c'est ce qu'elle essaye de dire ? Ok, donc dans sa tête, elle en veut pas, c'est le déni, et je peux totalement comprendre. Moi je suis juste impuissant à ça. J'ai juste mis la petite graine, elle, elle va devoir subir beaucoup trop d'épreuves en neuf mois. Elle est déjà fragile et j'ai peur de la perdre en chemin. Franchement, avorter, l'entendre, ça me fait bizarre. Personne n'a jamais avorté d'un de mes bébés. Et si Oscar n'avait jamais existé ? Cet enfant qui rempli ma vie de bonheur, où en serait-je aujourd'hui ? Car oui, ce gosse m'a sauvé plus d'une fois dans ma vie. « si tu veux perdre l'enfant, alors je respecte ton choix. » merde, je me trahis un peu là ? Je ne sais pas si je veux un autre bébé mais je sais très bien que j'arriverai pas à me dire que je tue un autre petit oscaroide dans son ventre.

Les pieds sur Terre. Il faut que je reste les pieds sur Terre. Pleurer, avoir peur, paniquer n’a jamais aidé personne. Il faut que je me recentre et qu’on soit logiques dans ce qu’on dit. C’est une décision à prendre à deux, on ne parle pas de qui va aller chercher le pain mais si on allait mettre un enfant au monde et l’élever ensemble. Clairement, je ne suis pas prête et c’est loin d’être les conditions idéales. Mais de là à m’en débarrasser... Non. C’est juste que la réaction de Royce m’avait totalement refroidie aux premiers abords mais j’avais vraiment envie de me dire qu’il s’agissait avant tout de la réaction due au choc. Je le fixe un moment alors qu’il semble encore plus perdu lorsque j’évoque la possibilité d’abandonner la petite graine qui pousse dans mes entrailles. Silence. « Non, j’veux pas ça... » C’est trop facile. Après tout, c’était mon meilleur ami, on était soudés. On avait fait une erreur mais une erreur avec des conséquences monstrueuses. Pourtant il fallait bien qu’on se montre responsables. Je prends une grande inspiration et reprend, la voix tremblante : «  Royce... Est ce que tu veux cet enfant ? Je veux dire, je me doute bien que non. Mais on doit savoir tous les deux à quoi s’en tenir parce que c’est important. » Parce que je veux pas t’imposer un mini nous. Parce que je sais que c’est suffisamment la merde pour toi, mais pour moi aussi qui suis en pleine cure de désintoxication.  Je resserre mon étreinte contre lui. J’ai du mal à comprendre comment ça a pu nous arriver.. Mais c’est le cas.

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Mon ventre se serre et je ferme un instant les yeux. J'en reviens pas. Violet et moi... un bébé. Je dois encore le faire tourner plusieurs fois dans ma tête, cet info risque de ne pas s'imprimer avant longtemps. Et si elle ne s'imprime jamais ? Si elle ou moi on arrive pas à l'accepter ? J'ai peur, moi la grosse brute, je ne sens plus mes couilles à cet instant présent. Je ne lâche pas ma meilleure amie des bras et l'idée qu'elle ne veuille pas avorter, ou du moins qu'elle n'est pas fan de cette solution me réconforte. Au pire, il reste l'adoption, mais entre nous, si elle veut cette option, elle sait très bien que moi, j'élèverais cet enfant. Je ne peux pas être le père d'Oscar et ne pas être le père de mon autre bébé. « Si je n'avais pas un garçon de trois ans, peut-être que oui, je voudrais que tu avortes. » je baisse le regard puis je déglutis. Je la regarde, dans les yeux. « Mais je suis père et...  je ne peux pas être égoiste à ce point. Je ne peux pas être que le père d'Oscar et ne pas assumer cette... ce bébé que tu as dans ton ventre. C'est mon instinct paternel qui parle, surement. » je soupire, je fais une pause de quelques secondes et je reprends : « mais je ne veux pas t'imposer un enfant. T'es tellement fragile Violet, tu as fait une overdose il y a peu... tu es au bout du rouleau, mais regarde ce qui t'arrive. Tu es enceinte. T'as peut-être plus trop d'espoir d'aimer ta vie mais tu es en train de donner la vie à quelqu'un. » et là je sais pas pourquoi, je prends sa main je la pose sur son ventre et je laisse la mienne épouser la sienne. « Ouais j'en ai chié à devenir père, j'ai fait trop de sacrifices, j'ai perdu des amis, de la famille, j'ai du tout rechangé les plans dans ma vie. Mais... je peux t'assurer d'une chose, c'est que ma vie n'a jamais été aussi magnifique que le jour où mon fils est né. » cette petite bouille me comble de bonheur de A à Z, c'est plus que de l'amour, c'est plus que du sang ou de la famille, c'est quelque chose qu'on peut pas t'enlever, un bonheur constant.