You again? ∴ MILENO

C’est pas d’hier que j’suis un imbécile et un insouciant. Pourtant, ce qui allait m’arriver aujourd’hui était définitivement une première. Qui aurait cru que le mec serait aussi imprudent et que toi tu serais aussi tête en l’air que moi? Dans tous les cas, j’étais vachement concentré pour ne pas me rendre compte que tout le monde avait quitté la petite épicerie et que j’étais enfermé là.

Perdu dans mes pensées alors que je mate les différentes sortes de pizza dans le rayon des surgelés, je trouve qu’il fait soudainement bien sombre et me redresse la tête en regardant autour. C’est moi ou on a éteint les néons au plafond? Je regarde à gauche, à droite, fait quelques pas pour regarder dans la rangée la plus près et pense finalement à regarder l’heure sur ma montre. Ça ferme à quelle heure ici? Eh merde. « Mmh.. Y’a quelqu’un? » Félicitations Zeno, tu t’es fait enfermé au supermarché du coin après la fermeture et selon l’icon en forme de pile sur ton phone, il ne te reste plus que 2% de batterie. Bonne chance mec!


@Milow Schäfer

Embarqué par la fatigue à dix-neuf heure seulement et ayant des projets pour la soirée, je m’en remets à la machine à café. Seulement du coin de l’œil, je vois un petit papier qui m’annonce dont je suppose déjà que le contenue va pas me plaire…
Bingo, Kwan à encore prit la dernière dosette et s’en remet à moi pour faire les courses… Je te jure, ce mec aura ma perte ! Je prends mon tel pour lui dire qu’il aurait pu m’envoyer un texto  avant d’enfiler mes chaussure et de partir en courant vers la supérette du quartier. Arrivé sur place, je me glisse dans la boutique quand le proprio à les yeux tourner et part chercher mon précieux qui bien entendu est tout au fond de la boutique… J’ai à peine le temps de m’emparer du paquet que les lumières principal s’éteignent et qu’un bruit de rideau métallique se fermant envahi la boutique.

Dans ce cas, un homme normalement constitué aurait couru et frapper au carreau pour se faire entendre, mais pas moi ! Non moi je reste planté là, dans la pénombre qu’offrent les panneaux de sécurité de secours, à regarder mon paquet de café tétanisé.

Ce n’est qu’en entendant une voix bien plus tard que je sors de ma transe, cette personne est mon messie, et je lui sauterais surement au cou quand je le trouverais !

« Oui ! Par ici !»

Répondis-je en commençant à marcher vers l’endroit d’où prévenait la demande. J’aperçois enfin une silhouette, et il a beau faire très sombre, je la reconnais immédiatement, même dans le noir, juste en l’effleurant je la reconnaîtrais !

« Toi… Dis moi que tu bosses ici putain ?»

Parler aussi sèchement à un mec qui a surement le pouvoir de me laisser partir ou de me tenir enfermé dans cet endroit est peut-être pas la meilleur des idées, mais c’est tellement inattendu de la croiser là que honnêtement j’ai rien pus prendre sur moi…

C’est bien ma chance. Franchement, j’sais même pas pourquoi j’suis surpris au point où j’en suis. Me retrouver enfermé ici avec pratiquement plus de batterie. J’devrais peut-être me faire un lit tout d’suite parce que quelque chose me dit que j’vais passer la nuit là. Malgré tout, je tente ma chance et demande s’il y a quelqu’un et, hourra, une voix fait écho à la mienne. « Oui ! Par ici ! » Je tourne la tête dans la direction de cette dite voix et lorsque tu sors enfin d’entre deux rayons, j’ai presque un mouvement de recul. Quelles étaient les chances? Selon moi, pratiquement nulle. « Toi… Dis-moi que tu bosses ici putain ?» Je serre immédiatement la mâchoire et croise les bras sur mon torse. « Bonsoir à toi aussi. » J’avale difficilement ma salive, notre dernière rencontre me ramène encore un goût amer en bouche. « Non, j’bosse pas ici. Tu crois que j’me tiendrais là devant les surgelés pour le plaisir après la fermeture? » Crétin. J’me retiens de ne pas t’insulter et je maudis tous les saints du ciel de nous avoir enfermé là ensemble. Heureusement, la supérette est suffisamment grande pour qu’on puisse s’installer chacun dans un coin et attendre que le proprio revienne le lendemain. Malgré ça, je reste planté là sans rien dire à te fixer d’un œil mauvais.

Découvrir Zeno me fit perdre ma politesse, et il ne manqua pas de me le montrer, seulement j’en ai strictement rien à faire, pas après le calvaire que je vis avec Chad à cause de lui. Ouai je suis carrément remonté contre lui, enfin surtout sa tête, et il me donne encore plus de matière en me prenant pour un con. D’ailleurs je réalise que si je voulais qu’il soit totalement diffèrent d’Alex psychiquement parlant, enflait c’est encore pire, j’ai juste l’impression qu’il salit son image. J’enfonce mes ongles dans ma peau pour pas lui sauter à la gorge. Je suis pas suicidaire non plus, vue sa carrure et ma maladresse, on est à 0.1 contre 100 en cote, mais putain lui foutre mon poing me ferait un grand bien !

« Ou tout bêtement tu pourrais juste décider ce que tu vas bouffer en rentrant chez toi après le boulot… Mais chacun ses hobbies hein !»

On se toise comme deux bêtes prêtent à se sauter dessus au premier mouvement de l’autre. C’est vraiment pitoyable, un comportement primer qui me hérisse les poils. Je souffle longuement et me force à desserrer poing et mâchoire.

« Sinon plutôt que de s’envoyer des mots doux, on pourrait peut-être essayer de trouver un moyen de se casser d’ici non ?»

J’essaie de dissimuler mon exaspération, mais c’est pas vraiment ça, tant pis ! je continue de le regarder, le visage un peu moins dur, attendant de voir si on enterre la hache de guerre le temps de se sortir de cette galère ou non.

« Ou tout bêtement tu pourrais juste décider ce que tu vas bouffer en rentrant chez toi après le boulot… Mais chacun ses hobbies hein !» J’ai pas de boulot alors difficile pour moi de penser à ce que je compte manger en rentrant, mais ça, t’es pas obligé de le savoir. « J’considère pas exactement faire les courses comme un hobbies, merci quand même. » Non mais c’est quoi ton putain de problème? T’as pas eu assez de me dévisager et de me cracher au visage au bal, faut qu’en plus là tu me passes des commentaires qui me donnent juste envie de te foutre mon poing sur la gueule? En vrai, j’sais même pas ce qui m’en empêche –ya plus personne ici pour nous séparer si ça tourne au vinaigre ni Maddox pour me faire les gros yeux si je m’en prends à quelqu’un juste parce qu’il m’a regardé de travers (ou dans le cas présent, juste parce que j’arrive pas à le supporter). « Sinon plutôt que de s’envoyer des mots doux, on pourrait peut-être essayer de trouver un moyen de se casser d’ici non ? » Je fronce les sourcils et t’observe un moment. « T’en serais capable? Ou bien j’devrais surveiller mes arrières en tout temps? Ils doivent bien ventre des objets coupants ici, j’voudrais pas que tu me poignardes dans le dos dès que t’en auras l’occasion. »

Je hoche simplement les épaules à sa réponse, me retenant de lui dire que rester planter, comme il le dit, devant les surgelés, c’est pas ma signification de faire les courses. De toute façon, c’est pas en s’envoyant des piques à la tronche qu’on va avancer sur notre problème principal, alors je lui propose une trêve. Et, on peut pas dire qu’il m’aide vraiment à me relancer dans les hostilités. Je souffle agacé, et fini par lui répondre avec surement trop de sincérité.

« Si ça peut te rassurer, j’ai beau te haïr de tout mon être, serrer les poings et vouloir te tuer, la réalité c’est que je ne pourrais jamais te faire de mal, du moins volontairement. Puis, de toute façon, t’as suffisamment foutu le bordel et la merde dans ma vie pour que je rajoute ton meurtre à la liste.»

Oui même avec toute la volonté et l’acharnement du monde, son visage, identique à celui d’Alex arrêtera mon geste instantanément. Mes yeux se détournent venant se poser sur mon poing encore meurtrie, faut dire que je l’aide pas à cicatriser à force de jouer à raviver la douleur en arrachant tout avant de verser de l’alcool dessus. D’ailleurs, je les frottes un peu avant de prendre les reines de notre évasion.
« Je te propose de faire le tour de la boutique, porte de sortie, fenêtre, il doit bien y avoir une ouverture quelques parts ! Je pars à droite, toi à gauche, et on s’appelle si on trouve quelques choses ?»

Je part dans ma direction, longeant les rayons en scrutant le haut des murs. Rien, ce n’est qu’en passant sur le mur adjacent que je découvre de nombreuse lucarne. A plus de deux mètres du sol et sans étalage, la mission s’avère accru. D’autant plus que ses dernière sont loin d’être large, si je doute déjà de pouvoir m’y glisser, c’est sûr que Zeno ne passera jamais, alors je doute que le brun se décide à m’aider à escalader le mur… Mais bon, qui ne tente rien n’a rien.

« Mec ! J’ai une lucarne ici !»

Je n’aide pas vraiment, j’en suis conscient. Mais j’ai aucune raison apparente d’être sympa avec toi et comme tu ne sembles pas très enclin à l’être non plus, j’vois pas pourquoi j’ferais des efforts en fait. « Si ça peut te rassurer, j’ai beau te haïr de tout mon être, serrer les poings et vouloir te tuer, la réalité c’est que je ne pourrais jamais te faire de mal, du moins volontairement. Puis, de toute façon, t’as suffisamment foutu le bordel et la merde dans ma vie pour que je rajoute ton meurtre à la liste.» J’sais pas si j’dois rire ou bien avoir de la peine pour toi. « Eh bien, j’savais pas que je t’obsédais à ce point. » que je lâche simplement, toujours aussi sarcastique, mais décidant de ne pas en rajouter une couche. Tu marques un point, vaut mieux s’aider si on veut pas dormir ici. « Je te propose de faire le tour de la boutique, porte de sortie, fenêtre, il doit bien y avoir une ouverture quelques parts ! Je pars à droite, toi à gauche, et on s’appelle si on trouve quelques choses ?» J’hoche la tête. « Ouais, ok. » J’suis pas le mec le plus bavard quand j’suis vénère, vous l’aurez comprit. Malgré tout, je pars à gauche comme prévu et cherche en vain, me rendant jusqu’à l’avant de la boutique où la grille nous empêche clairement de sortir. Je refais le chemin à l’inverse et découvre une porte qui mène à l’arrière, mais tu m’appelles avant que je n’y entre. « Mec ! J’ai une lucarne ici !» Je viens te rejoindre et avise ladite lucarne qui est trop haut pour l’atteindre –tout seul en tout cas- et clairement trop petite pour que je m’y glisse. « Tu déconnes là? » Je reporte mon attention sur toi et soupire. « Eh merde.. allez, j’vais t’aider à monter que tu vois si c’est possible de l’ouvrir… » Le fait est, c’est vachement haut et j’suis pas non plus le mec le plus grand qui soit. En fait, t’es même plus grand que moi, mais vu ta carrure, j’vais pas monter sur tes épaules, j’risquerais d’te briser.

Ca petite réplique m’exaspère au plus haut point, je lève les yeux au ciel et soupire en me mordant la lèvre inférieur pour pas l’envoyer chier. Travailler ensemble, travailler ensemble, travailler ensemble… Je sais pas si ça m’aide vraiment, mais au moins me le répéter mentalement me permet d’ignorer sa remarque et de me concentrer sur un moyen de sortir d’ici. Je propose toute fois de se séparer, d’un pour ne pas tenter le diable, et de deux, mieux vaut éviter de tenter le diable.

Une petite fenêtre attire mon attention, sans nouvelle de mon « super » binôme, je l’appel pour qu’on tente de marquer sortie de secours dessus. Le brun fini par arriver, je lui lance un regard noir à sa réflexion.

« Tu t’attendais à quoi ? Une lucarne c’est une lucarne, pas une bais vitré… Et je doute qu’on puisse vraiment faire nos fines bouches !»

Alléluia ! Il finit par comprendre et se propose même tout seul pour m’aider. Allons-nous avoir de la neige en plein mois de juin ? J’ignore comment mais j’arrive à me contrôler pour ne pas lui sortir ses quelques mots. C’est vraiment dur d’être là avec lui et surtout de devoir travailler main dans la main, d’autant plus que j’ai promis à Chad de le fuir de plus belle, et de tout mettre en œuvre pour que ma conscience ne vienne pas me travailler.

Ave son aide et en étirant mon bras plus que jamais, j’arrive à actionner le système d’ouverture, malheureusement pour nous, j’ai beau par la suite tirer sur la vitre de toute mes forces, cette dernière refuse de basculer à plus de quarante-cinq degré. J’ai beau être fin, jamais mon corps sera capable de se glisser dans une telle fente…

« Fait chier !»

Je jure, cependant, avant de sauter au sol, j’use de toute l’élasticité de mon corps pour observer par la vitre. J’atterrie sur le sol ferme avec plus ou moins d’aisance et la grâce d’un éléphant, mais bon je suis toujours sur mes deux jambes alors ça me va.

« Laisse tombé, ça s’ouvre pas plus. Puis de toute façon ça donne sur une arrière cours non seulement close mais aussi déserte, donc même pas la peine de guetter un éventuel passant à interpeller…T’as trouvé quelque chose de ton coté ?»

Je suis blaser, mais j’essaie de garder un peu d’espoir, après tout c’est notre premier essais seulement, et il est hors de question que je passe la nuit ici, avec lui !

Cette situation est ridicule, mais j’dois bien vivre avec. C’est pas comme si c’était ma faute à moi… enfin, peut-être un peu ouais. Mais toi dans tout ça? Pourquoi tu t’es retrouvé coincé ici exactement? Au fond, j’m’en fiche. « Tu t’attendais à quoi ? Une lucarne c’est une lucarne, pas une bais vitré… Et je doute qu’on puisse vraiment faire nos fines bouches !» J’abdique et t’aide à grimpe vers cette lucarne avec laquelle tu joues un moment sans grand succès apparent. Je lâche un grand soupire d’exaspération sans pour autant vaciller, t’es plutôt léger et j’ai aucun mal à te maintenir là-haut. « Fait chier !» J’prends ça pour une mauvaise nouvelle alors que tu t’élances au sol sans grande grâce, mais atterrissant tout de même sur tes pieds. « Quoi? » Je me redresse et me secoue un peu avec l’envie de jeter la moitié des rayons sur le sol juste pour me défouler un peu. « Laisse tombé, ça s’ouvre pas plus. Puis de toute façon ça donne sur une arrière cours non seulement close mais aussi déserte, donc même pas la peine de guetter un éventuel passant à interpeller…T’as trouvé quelque chose de ton coté ?» Je ferme brièvement les yeux pour ne pas simplement les rouler jusqu’à l’arrière de mon crâne. « Y’a une porte qui mène je-ne-sais-où… j’crois sur l’arrière-boutique. J’ai pas eu l’temps de l’ouvrir t’alleur… » Je commence à marcher dans la direction de ladite porte. « C’est par là. »

J’entends le brun soupiré alors que je m’affaire de mon mieux, et franchement l’envie de lui dire qu’il a qu’à le faire me démange. Il croit quoi que je galère juste pour l’emmerdé ? Que je veux rester bloquer ici toute la nuit avec LUI ? Je fini par comprendre le système et abandonner puisque l’ouverture ne sera jamais assez grande et qu’être enfermé dans une cours ne nous apportera rien de plus à part de l’air frais…
Une fois au sol, je prends quand même le temps de lui expliquer la situation, et monsieur ferme les yeux d’une façon qui en dit long, même si je suppose qu’il fait un effort. Putain, cette soirée, voir cette nuit risque d’être longue, genre très longue…
J’en crois pas mes oreilles quand il m’apprend avoir trouvé une porte alors qu’il nous a laissé galérer avec la lucarne, sans compté qu’il n’a pas tenté de l’ouvrir avant de me rejoindre… Je serais même pas dire lequel de ces deux points me chagrine le plus. Je le suis docilement sans relever pour pas entacher notre travail d’équipe.
Je le suis, marchant derrière lui alors que je commence déjà à cogiter, à penser à Chad, à sa réaction, aux nombres de gifles que je vais me prendre suite à cette rencontre, à me demander comment cette histoire va se finir ici ce soir ou plutôt demain matin… Si bien que lorsqu’il s’arrête, je lui rentre littéralement dedans. Putain ce mec est fait de brique ou quoi ?

« Excuses moi…J’étais ailleurs…»

J’ai pas mieux à dire, en plus c’est vrai. En tout cas, j’ose pas le regarder, je sens que je vais m’en prendre plein la tronche. Je le connais pas, mais ça tendance à s’emballer et s’énerver pour pas grand-chose est perceptible.
Je fini par voir la fameuse porte, cependant je m’emballe nullement, tout ce que je pressens c’est une salle de repos ou une putain de réserve… Bon y a toujours l’espoir d’un quais de livraison ou d’une entré des artistes, cependant j’y crois pas… Je reste donc spectateur, attendant que Zeno ouvre cette porte, sans impatience ou grande patience au final.