el'sin → we're like a really small gang

On est vraiment nuls à garder contact toi et moi. Du moins, par texto, ça va, mais pour se caler une date pour se voir, c’est toujours branle-bas de combat. Par chance, t’es aussi vacancière au Summer Camp, et donc on en profite pour rattraper tout ça. Je te rejoins à l’endroit que tu m’as indiqué et te cherche vaguement du regard — vaguement car j’ai à peine le temps de faire le tour de l’horizon que j’ai déjà un poids qui envahit mon dos et des petits bras qui s’accrochent à mon cou. "Valet?" J’arque un sourcil, ne bougeant pas d’un pouce, faisant mine de refuser ton ordre. "Je ne bougerai pas tant que tu ne m’auras pas appelé Dieu." Et j’étais catégorique, ferme. Je croise d’ailleurs les bras sur mon torse comme un gamin qui boude. Ou au moins, si tu veux jouer la princesse, donne-moi le rôle du prince charmant. Voire du roi. Le roi c’est cool, il fait ce qu’il veut. Comme moi, quoi. Allez Tas’, craque, je sais que tu meurs d’envie de quitter cet endroit en plein soleil pour aller faire trempette dans la belle eau tiède et bleutée. Tout ce que tu dois faire, c’est dire le mot magique…

On peut dire qu'on est tangeant. Que cette amitié n'est qu'une fausse amitié, crée de toute pièce par les deux principaux participants. Oui, on peut le dire. Ca ne veut pas pour autant dire que c'est vrai. Non, au contraire. C'était une amitié que j'aimais, justement parce que je n'avais pas forcément besoin d'expliquer mes absences. Que ces doutes étaient comblés par les moments où j'envoyais des nouvelles, où j'en demandais. C'était pareil de mon côté. On était pas opressant l'un envers l'autre, on est simple, on profite de ce qu'on as dans le moment présent, et ça s'arrête là. C'était une amitié, une belle amitié. "Valet?" Je souris, oui, valet. "Je ne bougerai pas tant que tu ne m’auras pas appelé Dieu." La bouche s'agrandit, la surprise n'en n'est pas tellement une. "Dieu ?" pouffe de rire, "T'es encore là dessus ?" T'en approche qu'à peine, si tu savais. "J't'appellerais comme ça quand on sera au kayak." surtout pas ici, surtout pas alors qu'on risque de m'entendre. J'aimais bien qu'on me balade, moi. Surtout si c'était un demi-dieu, mi dieu mi valet. ça pourrait le faire, ça, ouais.

"Bien sûr que je suis encore là-dessus Tas’, faut que tu reconnaisses une bonne fois pour toutes ma vraie nature. C’est pas bon pour la santé d’être dans le déni." Bon, j’en fais des caisses, mais c’est pour rire. J’suis pas dupe pourtant, j’sais que même si je t’emmène au kayak, tu ne diras pas le mot magique. Mais t’inquiète, je saurais me venger. "En route princesse." Valet, princesse, tu piges? Alors je passe mes mains sous tes cuisses pour te maintenir en place sur mon dos et entame la marche jusqu’au point de rendez-vous. Une fois arrivée, je te repose sur le sol et enfile un gilet de sauvetage obligatoire pour pouvoir pratiquer cette activité. Ça va, le courant de la mer n’a pas l’air très fort, j’ai connu pire — ou mieux — en Australie. "Tu sais ramer? À part dans tes relations, j’veux dire." Bim, petite pique facile, sourire amusé au coin des lèvres tel un gamin fier de sa connerie. Qui aime bien châtie bien, comme dit le proverbe.

"Bien sûr que je suis encore là-dessus Tas’, faut que tu reconnaisses une bonne fois pour toutes ma vraie nature. C’est pas bon pour la santé d’être dans le déni." Plisse les yeux, un sourire en coin, "T'es sûr que c'est moi qui suit dans le déni ?" non parce que s'appeler dieu et vouloir se faire appeler dieu, j'pense que les études ont cramés quelques neurones, là haut. "En route princesse." le sourire s'élargit, le bras se lève façon buzz l'éclair, "vers l'infini et au delà !" des enfants. Nous ne sommes juste que des enfants. Le monde est notre terrain de jeu. Le sol, notre bac à sable. Les gens autour, des adultes. Pas nous. Nous, on est des enfants. "Tu sais ramer? À part dans tes relations, j’veux dire." Lui lance un regard qui se veut ouvertement blasé. J'ai envie de rire, très franchement, mais je ne peux pas. Pas face à l'adversaire. Prend un air nonchalant, secoue la tête, "Non, j'sais pas faire." Pose une de ses mains sur le bras de l'homme, tâte les muscles, "Mais avec tout tes vas et viens offert à toi même, j'suis certaine que tes bras sont bien musclés." le sourire est en coin, l'adolescence forge.. les bras, apparamment. "D'ailleurs, t'en as un plus musclé que l'autre. Tu faisais pas semblant, toi." les nuits en solitaire ont dû être bien longue, les paquets de mouchoir ont certainement fait un trou dans le porte feuille.       

Oui oui, c’est toi dans le déni, pas de doutes sur ce point. Mais bon, tel un fidèle destrier, je décide quand même de me mettre en route vers le point de rendez-vous des kayaks comme tu me l’as demandé. J’suis un ami loyal, à ce qu’on dit. La preuve. Loyal certes, mais je laisse pas passer une petite taquinerie à l’arrivée sur tes relations amoureuses parfois compliquées. Non, tu sais pas ramer apparemment. « Ah, tu te laisses juste couler ? » Bah quoi ? Faut perpétuer la blague jusqu’au bout. Mais t’es une adversaire de taille et j’apprécie que tu me renvoies la balle aussi facilement et sans aucune gêne. Tu tâtes mon biceps avant de reprendre la parole et je roule des yeux. « Non, j’travaille mon doigté, j’suis quelqu’un d’énergique. » Je fais danser mes sourcils de façon suggestive avant d’esquisser un petit sourire. « Pas de ma faute, ma main droite est ma main principale, elles crient moins avec la gauche. » Allez, bisous. Je te balance un gilet de sauvetage pour que tu l’enfiles à ton tour et emprunte un kayak pour deux personnes au moniteur qui se trouve non loin de là. « Devant ou derrière ? » Et non, range ton esprit pervers, j’te parle pas de ce que tu préfères sous la couette là, simplement ta position dans le kayak. Quoique… Curieux comme je suis, la première interprétation pourrait m’intéresser aussi.

Le tacle est beau, peut-être le plus beau de ta carrière. Du moins, jusqu'au prochain. « Ah, tu te laisses juste couler ? » Je souris et secoue la tête, si tu veux qu'on entre dans ce jeu, allons-y, mais allons-y franchement. "Non, j'évite d'aller dans l'eau. J'me mouille pas, contrairement à d'autres." le sourire en coin est présent, je fais évidemment référence à tes relations passés, probablement même présente. J'évite juste les eaux troubles quand toi tu fonces dedans. On est deux, à ne pas savoir nager. Le pire je crois, c'est qu'on en rigole. Qu'on s'envoie des taquineries comme si ça ne nous atteignait pas. « Non, j’travaille mon doigté, j’suis quelqu’un d’énergique. » Je le regarde et souris, quel vantard celui-là. « Pas de ma faute, ma main droite est ma main principale, elles crient moins avec la gauche. » grimace un peu, oh je sais comment fonctionne les femmes. Je plisse les yeux, demandant précision sur un point qui me semble important ; "crient ou simulent ?" je sais ce que tu vas répondre, dans tous les cas, tu ne saurais même pas faire la différence. Je suis convaincue que le meilleur amant d'une femme est une autre femme. J'enfile le gilet de sauvetage, en ayant déjà l'envie de le retirer. « Devant ou derrière ? » le sourire en coin en dit beaucoup trop sur ce que mon esprit se met à penser, "Les deux me vont, j'te laisse choisir." la tendance s'inverse, mais le sérieux revient, "cela dit, en kayak, c'est le plus lourd derrière." je m'installe devant, "c'est la place du rameur aussi." ce que tu es aujourd'hui.

"Attends, t’as dit quoi? Tu te mouilles pas ou tu ne mouilles pas? J’ai pas bien entendu. Tu sais que dans le deuxième cas, il existe des solutions? J’peux te renseigner moi si tu veux." Mouhahaha. T’as cru m’avoir? J’suis le spécialiste pour me noyer dans mes relations ouais, surtout quand on pense à celle avec Cléo, mais c’est pas de ma faute en fait. J’donne mon coeur à ceux à qui je ne devrais même pas accorder un regard. My bad. Et je grogne quand tu répliques. Non, elles simulent probablement pas, parce que j’en aurais pas eu autant dans mon lit si j’étais si médiocre que ça. T’enfiles enfin le gilet de sauvetage — sait-on jamais, il pourrait te servir si j’essaye de te noyer — et je te questionne sur la place que tu souhaites prendre, non sans arrières-pensées. "Ah ouais, t’es ce genre de fille toi?" que je rétorque dans un petit rire. Puis je roule des yeux et m’installe donc à l’arrière du kayak. "Bon, let’s go? J’attends toujours que tu m’appelles Dieu. Et fais gaffe, c’est moi qui rame, j’pourrais faire un faux mouvement…" Un retournement est si vite arrivé…

"Attends, t’as dit quoi? Tu te mouilles pas ou tu ne mouilles pas? J’ai pas bien entendu. Tu sais que dans le deuxième cas, il existe des solutions? J’peux te renseigner moi si tu veux." Je souris en coin, oh si tu as envie de te lancer sur ce terrain, "me renseigner ou m'faire une démo ?" les yeux insistent sur ceux d'en face, intéressée. Peut-être faussement intéressée, qui peut dire ? "Ah ouais, t’es ce genre de fille toi?" - "Fais pas comme si ça t'étonnait !" le ton de la rigolade est plaisant, surtout pour ce genre d'activité. ça fait du bien de juste être là et de penser à autre chose. "Bon, let’s go? J’attends toujours que tu m’appelles Dieu. Et fais gaffe, c’est moi qui rame, j’pourrais faire un faux mouvement…" hausse les épaules, "mes vêtements sont transparants." je souris en coin, je l'avertis, rien de plus. On est pas à l'abris d'une copine jalouse. J'ai de la chance d'avoir la mienne, j'ai de la chance d'avoir Scarlett et qu'elle soit ma perfection. Du côté d'Elliot par contre, je suis pas sûre que ce soit pareil.

"Les hommes en couple ne vont pas voir ailleurs Tam', y'a que ta meuf qui accepte ce genre de comportement!" Et ouais, p'têtre que j'étais un peu jaloux que t'aies trouvé notre idéal. Aller voir ailleurs alors que la personne en face te reste fidèle. Moi, j'avais juste su faire des sacrifices pour me conformer à la norme, à la version 'normale' d'un couple. La fidélité. Parce que je voulais pas être un connard. J'étais trop honnête pour aller voir ailleurs dans le dos de l'autre. La preuve, un seul baiser avec une autre fille que Cléolya et j'étais direct allé lui dire en mettant fin à notre relation. "J'sais pas moi, on a jamais fini dans le même lit, j'en sais rien !" Je spéculais pas sur les filles que j'avais pas mises dans mon lit. "T'as déjà couché avec un mec Tam? C'était comment? Moins bien qu'avec une nana?" Ouais, c'était ma curiosité qui reprenait le dessus. Puis, come on, tous les mecs se posaient cette question face à deux meufs ensemble. C'était comme une obsession, une fascination. "Arrête de me faire des avances, je sais que je suis canon mais quand même, tu me gênerais presque." Je préfère prendre ça sur le ton de la rigolade, parce que sinon... ouais, non. "T'façon t'as un bikini en-dessous. Toutes les meufs ici sont en maillot de bain, c'est pas ma faute." C'était l'été, c'était la plage. Mais quand on y pense, en bikini ou en sous-vêtements... ça revient au même, non? Allez, je surfe sur cette pensée en donnant les premiers coups de rame qui nous éloignent du rivage - non sans faire tanguer le kayak.