EMRYS FIRELIES ► min yoongi

Ses dessins d'enfant reflétaient parfaitement la situation. Il y avait d'abord l'immense maison dans laquelle ils vivaient, plus grand qu'il ne le fallait pour eux mais pour importe. En premier plan, une femme aux deux visages. Le côté droit parfaitement maquillé, incroyablement coiffé, qui respire la confiance et la douceur. Un sourire sur les lèvres, le bon côté de sa mère. Le côté gauche est bien différent : des cheveux en bataille, un visage déformé guidés par la folie dont elle est souvent victime et une bouche prête à émettre des hurlements horribles. En arrière plan, reculé de ces traits qui ravivent de lourdes douleurs, deux petits garçons caché derrière la maison. Emrys et son petit frère. Une mine triste guidée par ses coups de crayons, des hématomes soigneusement posés là où ils l'étaient réellement. Aucune figure paternelle n'est présente sur ce portrait de famille étant donné que ce dernier a filé peu après la naissance de Emryc.

Découvert par Monsieur Firelies, un grand ami de la famille, c'est ainsi que le sujet tomba sur la table. Et c'est ainsi que s'en suivaient de lourdes et douloureuses discussions dans lesquelles ces paroles revenaient sans cesse : « Vous pouvez tout me dire. Je veux seulement vous aider.», « C'est maman qui vous a fait ça ? Je ne peux pas croire que vous êtes aussi bagarreur et maladroit qu'elle le prétend. » Âmes d'enfants fatiguées de vivre des crises de folies qui ne préviennent pas, lassées de prendre des coups violents jamais mérités et ne croyant plus aux excuses larmoyantes qu'elle leurs répétait, les deux jeunes frères finissaient par tout avoué.

Suite à ces révélations, tout est allé trop vite. Il emmena les deux jeunes bonhommes voir de multiples personnes, les forçant à raconter encore et encore ce qu'ils subissaient, les forçant encore et encore à présenter les « preuves » présentent sur leurs corps. Ils les écoutaient, les regardaient, notant tout ce qu'ils disaient et photographiant leurs blessures. Puis ils ont élus domiciles chez Monsieur Firelies. Une maison encore bien plus grande que la leur, encore bien trop immense pour un homme seul même rejoint par deux enfants.
Au tribunal, ils répétaient leurs discours habituels, lâchant naïvement la vérité malgré les mots incessant de leur mère pour se défendre. A l'époque, ils ne comprenaient pas vraiment ce qu'il se passait et encore moins tout ce que cela signifiait. Ils pensaient que quelques jours plus tard ils retrouveraient maman et que celle-ci aura perdu son autre visage. Que tout redeviendrait bien, que tout redeviendra comme avant et qu'ils seront à nouveau heureux tous ensemble. Ils furent placés chez Monsieur Firelies tandis que leur mère trouvaient le chemin d'un hôpital psychiatrique jusqu'à ce qu'elle aille mieux.


Leur mère n'est jamais allée mieux, cela empirait même au fil du temps. Bien que shootée par les médicaments, elle parvenait tout de même à leur dire combien elle les aimait avant de les insulter dans les secondes qui suivaient. Il ne fallait clairement pas un diplôme en psychologie pour comprendre qu'elle ne sortirai jamais. Monsieur Firelies les a donc légalement adopté, devenant ainsi leur première figure paternelle. Il fait et a toujours fait ce qu'il faut pour eux. Strict lorsqu'il le faut, amusant et drôle le trois quart du temps. Ce n'est pas de sa faute si Emrys a légèrement mal tourné. De sales défauts ancrés dans son caractère, un modèle de violence qu'il renvoie comme celui qu'il a vécu, la drogue rencontrée à son adolescence et qu'il n'a plus jamais quitté. Ajoutons à cela la souffrance jamais exprimée de voir sa mère enfermée, toujourd plus gagnée par la folie, par sa faute.
Tiraillé par les deux images de sa vie : d'un côté sa mère et de l'autre son père adoptif, il s'est retrouvé à grandir avec des émotions, des pensées et des actes contradictoires. Pourtant, Monsieur Firelies l'aimait quand même comme son propre fils et a toujours cherché à faire ressortir le meilleur de lui-même. C'est pour cette raison qu'il l'a, bien que tardivement, inscrit de force à Harvard. Il savait pertinemment que même si il ferait tout pour échouer, il finirait par réussir. Il espérait secrètement que même s'il n'était pas d'accord avec cette idée, il irait pour ne pas le décevoir. Cela comptait énormément pour lui, il voulait le guider dans des pas bons, des pas qui ont du sens et de la raison. Mais surtout, il espérait qu'il devienne capable de s'ouvrir aux autres mais avant tout, de s'ouvrir lui-même et de se découvrir réellement.