I didn't wanna hurt you || ft. Blue'

Blueblerry & Valentin

Depuis que j'avais appelé Blue' la dernière fois, je n'avais plus du tout eu de nouvelles. Cela n'aurait pas pu m'intriguer si elle n'avait pas raccroché brutalement ... Je pouvais la comprendre que tout ça pouvait être un choc, que ça la décevait qu'on allait plus coucher ensemble. Mais je croyais que pour elle notre amitié était bien plus importante que nos parties de jambes en l'air. Peut-être aussi s'était-elle senti trahie quand je lui ai avoué que je repartirais bientôt dans cet enfer qu'est l'amour. Seulement je suis faible, et je ne sais pas résister et dire non à Sateen. On est pas encore ensemble, mais je sais que dans quelques temps ça va être le cas. Et faut bien avouer que depuis que je sais qu'elle est là, à Cambridge, je n'ai plus du tout envie d'une autre fille.

Samedi. Je bosse cette aprem et je vais pouvoir enfin la revoir. Elle me manque, même si ça ne fait pas plus d'une semaine qu'on s'est parlé au téléphone. Après tout, je tiens à elle autant qu'à ma petite sœur. J'étais donc arrivé à la chocolaterie un peu plus tôt pour parler un peu avec elle et savoir comment elle allait, ce qu'il y avait de nouveau dans sa vie. J'espère qu'elle ne m'en veut pas trop. J'arrive donc à la boutique et ses pères sont là. Je vais pour leur dire bonjour, seulement, il ne semble pas très bien. Je leur demande alors ce qu'il ne va pas, et il me réponde que Blue est malade depuis quelques jours. Je fronce les sourcils, et n'attend pas une seconde de plus avant de monter les marches quatre à quatre pour la rejoindre dans sa chambre. J'ai horreur quand ceux à qui je tiens sont malades.

Je frappe à la porte et n'attend pas vraiment de réponse avant de rentrer, je suis bien trop inquiet pour ça. Je me dirige droit vers elle et m’assois à côté d'elle. Je pose ma main sur elle et lui demande, d'une voix extrêmement douce :

- Blue' ... Ma fraise des bois ... Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Ça ne va pas bien ? Tes pères m'ont dit que ce n'est pas la grande forme ...

Je me sentais déjà mal pour elle. Sacrée d'empathie ! Oui parce que j'aurais pu me mettre à déprimer et m’engouffrer sous le lit avec elle. Bien que cela aurait pu facilement partir en vrille, surtout avec elle, et surtout faible homme que je suis. Mais j'étais loin de m'imaginer que sa maladie n'était rien de grave et surtout que c'était de ma faute ...

Non. Elle n'est pas malade. Je la connaissais bien trop pour savoir que ce n'était pas le cas. Mais elle semblait être surprise de me voir. Je ne comprenais pas vraiment. Elle était blanche, avait les yeux rouges, et pleurait. Elle était déprimée ! Merde ! C'est bien la chose que je ne supporte pas chez mes amis. Ils se doivent être heureux et je fais toujours en sorte de les rendre beaucoup mieux. Même si même moi j'ai bien eu ma part. Et à cause de filles en plus. Et sur la famille aussi bien sûr. Et avec Priape et ses baisses de morale puissantes parfois, j'ai été à bonne école. Puis elle me demanda pourquoi j'étais là ... Elle me laissa sur le cul, et tout ce que je réussis à dire, en plus d'arquer les sourcils, c'était ..

- Heu ... Pourquoi ... Je comprend rien ...

Ce ne fut pas bien long pour qu'elle me réponde et qu'elle me dise ce qui la travaillait apparemment. Si j'étais sur le cul juste auparavant, là j'aurais pu m'effondrer tellement j'étais choqué. A peine eut-elle fini sa phrase que j'ouvris de grand yeux, et augmentait le niveau sonore de ma voix.

- Quoi ?? Mais qu'est-ce que tu racontes ? Qu'est-ce qu'il te prend de penser ça ??

Franchement, je ne sais pas du tout pourquoi elle croyait ça. Je n'avais peut-être pas assez explicite quand on s'était parlé au téléphone la dernière fois. Mais quand même ! Pourquoi imaginer ça ! Je croyais qu'elle savait pertinemment que je tiens à elle et que je ne la laisserai jamais tomber. Même si j'ai une copine qui me rend dingue - dans le bon sens du terme - et qui fait que j'ai envie d'être avec elle tout le temps. Pas tout le temps non, puisque je veux aussi passer du temps avec mes amis. Je restais donc à côté d'elle, encore sous le choc, attendant sa réponse.

Dire qu'elle avait vraiment cru que je ne voulais plus jamais la voir. Elle était donc dans cet état là à cause de ça ? A cause de moi ? Je me sentais si mal pour elle. Mais elle semblait aller nettement mieux, j'apercevais un doux sourire sur son visage, elle me prenait même dans ses bras, et dans ses paroles, elle me fit bien comprendre qu'elle aussi tenait beaucoup à notre amitié. La façon dont elle m'exposa tout ça me fit rire. Plus sourire d'ailleurs. Tendrement. Je voulais tellement la protéger, faire qu'elle ne soit pas triste, ni malheureuse. Et le fait que cela soit de ma faute, à cause d'un malentendu, ça me rendait malade.

- C'est trop adorable. Moi aussi je tiens à toi. Et je ne supporterai pas te perdre.

Elle s'était aussi mise à rire, plus nerveusement, par rapport à ce qu'elle avait dit. Je n'y tenais pas compte parce qu'après tout, nous sommes très proches, et se considéraient comme frère et sœur, même si nous couchions ensemble, c'est se considérer plus comme de très bons amis. Il n'y a pas de geste incestueux là-dedans. Je la laissais faire quand elle me prit la main et s'appuya contre mon torse. Je posais alors mon autre main sur sa tête et lui caressait les cheveux délicatement. Puis elle me fit sa déclaration, encore plus adorable que ce qu'elle venait de me dire. Je lui fit mon plus tendre sourire, lui déposa un baiser sur le front, puis lui répondit :

- Moi aussi je t'aime ma tite fraise des bois. Comme ma deuxième petite sœur ! ... Tu te sens un peu mieux ? Je suis vraiment désolé que tu m'es mal compris au téléphone. J'aurais du être plus précis. Ne t'en veux pas surtout.

Je déposais de nouveau un baiser sur son front, puis la prit dans mes bras, puis me laissait tomber dans le lit, avec et à côté d'elle. Comme ça, j'avais plus l'impression de la consoler et de la couver, la protéger davantage.

C'était rassurant de voir qu'elle allait déjà mille fois mieux, bien que c'était de ma faute à la base. Mais ça n'avait pas d'importance, parce qu'elle était là dans mes bras, et tout allait à présent pour le mieux. Notre relation allait prendre un nouveau tournant et beaucoup moins loufoque ou trop étrange. Parce qu'il fallait bien l'avouer que parfois je trouvais notre relation assez malsaine, même si j'avais pris l'habitude d'apprécier les moments avec elle. J'avais même cru à une époque que je n'imaginais pas ma relation avec elle autrement. Mais voilà qu'aujourd'hui je préférais être simplement son grand frère, plutôt que plus. J'allais pouvoir me concentrer sur les mecs qu'elle allait fréquenter et leur faire leur peur de leur vie pour éviter qu'on lui brise de nouveau le cœur. Mais pour l'instant, je voulais profiter d'elle, comme petite sœur, comme petite fraise des bois que je ne voulais plus jamais voir pleurer ou même avec une once de tristesse dans le regard. Aussi quand elle me fit savoir que tout était fini, et qu'elle m'avait de nouveau fait sa déclaration, je lui répondis :

- Au moins je peux être sûr que ça va mieux pour toi ma tite fraise ! Tu veux rester un peu là, ou tu veux aller prendre l'air ?!

Bah oui, je suis ici, avec elle, et je ne vais pas m'en aller de suite, sachant que quelques minutes auparavant ce n'était pas la grande forme. Surtout que cela faisait un sacré moment qu'on ne s'était pas vu. Et à présent je sais pourquoi elle m'avait évité apparemment. Maintenant tout s'était arrangé, et plus aucun malentendu risquait d'apparaître, à mon plus grand bonheur.