STORY OF MY LIFE
please tell us more
« Simone… Simone vient s’il te plaît, maman a besoin de toi » tu regardes la porte de ta chambre fermer à clé. Tu l’entends tourner ta poignée de porte rageusement et se mettre à t’injurier à travers la cloison. Tu ne prends même pas la peine de lui répondre ou encore moins de lui ouvrir. Tu continues à regarder dehors, ton bras longé sur le rebord de la fenêtre. Il faisait bien trop froid pour la laisser ouvrir, mais cette froideur t’était d'un certain réconfort. Tu entendais ta mère frapper à plusieurs reprises, mais à la place tu accentuas le volume de tes écouteurs pour noyer sa voix sous la musique, tu savais que tôt ou tard elle allait abandonner et s’évacher sur le sofa complètement bourré, comme tous les soirs. Tu savais qu’elle allait encore te demander d’aller dans le dépanneur du coin pour lui acheter une autre bouteille dans laquelle elle brouillera son esprit et terminera à moitié morte soit dans le salon ou sa chambre. C’est une routine qui ne t’est pas inhabituelle, car elle faisait partie de ton quotidien.
« Putain Simone revient ici ! » ta mère te crie à tue-tête, mais tu ne l'écoutes pas et enfilent tes baskets. « Va-te-faire foutre » tu lui réponds en retour et claques la porte en faisant vibrer les murs. Tu dévales les escaliers et l'ignores quand elle se met à t'appeler au loin. Comme toujours, écouteur aux oreilles, tu construis cette bulle si familière et continue ta route. Tes pas te mènent, sans le vouloir, chez Mme Jones, ton professeur de littérature. Tu te prends à deux fois avant de décider de cognée chez elle. Quand elle ouvre sa porte, tu décides que c'était une mauvaise idée et t'apprête à partir « Désoler Miss Jones je ne voulais pas vous déranger » tu lui tournes le dos pour t'en aller, mais elle te retient « Rentre Simone, tu sais que tu es toujours bienvenue ici ». Même-ci ce n'est pas la première fois que tu venais chez elle, tu gardais toujours une certaine réserve et ne te mettais jamais à tes aises. Tu savais que Mme Jones était d'une gentillesse incarnée, mais habitué par brutalité de ta mère, tu te montrais toujours d'une certaine distance avec elle. « Alors, je parie qu'elle a su pour l'université ? » tu hoches la tête à ses mots. Tu savais que ta mère refuserait que tu ailles poursuivre des études supérieures, votre budget était bien loin suffisant pour subvenir à vos propres besoins surtout avec la dépendance de ta mère. Elle s'attendait de toi à ce que tu finisses le lycée et prennes un boulot sous-payé pour que tu puisses participer au financement du loyer. Comme elle disait toujours, elle en avait assez de te donner un toit gratuitement. Contrairement à ce qu'elle croyait, tu voulais poursuivre tes études et non finir ta vie aussi pathétiquement que la sienne. C'est en voyant les papiers d'inscriptions pour l'université, que tu as si bien rangée, mais qu'elle a fouiné derrière ton dos, qu'elle a compris ce que tu t'apprêtais à faire. « Et comme toujours elle m'a jeté à la gueule les pires insultes, puis à essayer de me manipuler en pleurant qu'elle avait besoin de moi et que jamais elle y arrivera toute seule, mais je ne suis pas tombée dans le panneau cette fois-ci et ça la remit en rogne. » tu hausses les épaules pour paraître détachée, mais à l'intérieur tu étais plus qu'exténuée de te battre tous les jours avec ta mère. « Ma pauvre… » Mme Jones te serre la main. Sa marque d'affection t’émut, mais tu essaies de ne pas lui montrer. « Tu me fais penser à moi quand j'étais jeune. Si ambitieuse. » elle te caresse la joie mélancolique et tu te mords le bas de la lèvre pour ne pas éclater en sanglots. « Tu as rempli tes papiers ? » demanda-t-elle la voix un peu roque, comme-ci elle aussi se retenait de pleurer. Tu hoches la tête et sort de ton sac l'enveloppe en question. Tu le lui tends et pendant qu'elle le feuillète, tu essuies discrètement une larme qui s'est échappé. Attends-moi ici. » elle se lève du canapé dans lequel vous étiez assis et reviens quelques minutes plus tard. Tu la vois insérer une feuille dans même enveloppe et n'eus pas le temps de lui poser une question qu'elle lèche l'enveloppe pour la fermer définitivement. « Je posterais moi-même. Je sais que je ne peux pas faire grand-chose pour toi, mais je veux faire mon possible pour que tu réussisses Simone, tu mérites mieux que terminer ici. Tu as tellement de choses à offrir autre part qu'ici. » « Mais... » tu allais objecter, mais elle t'interrompe bien avant « Reste ici pour le moment, il est hors de question que je te laisse sortir à une heure pareille. Pour une fois Simone, laisse quelqu'un t'aider. » Même-ci cela t'est difficile, tu acceptes de rester pour la nuit, mais de partir dès le soleil levé.
« Je t'interdis de partir » tu laisses échapper un rire sarcastique à l'attention de ta mère. Tu ne l'occupes pas et continues d'empaqueter tes effectifs. Il n'y avait pas grand-chose à emballer puisque tu n'avais peu de possession. Ta vie tout entière se contenait dans deux boîtes et un sac de voyage. Ce qui ne te dérange pas, car les souvenirs passés ici n'avaient rien de glorieux et le peu de souvenir qui s'en accroche, tu les laisses derrière toi. « Je t'ai dit que tu ne partiras pas. » Tu l'ignores une fois de plus et soulèves une des boîtes pour l'emmener en bas dans la voiture que tu as sous-louée avec le peu d'économie qui te restait. Elle essaya de bloquer ton chemin, mais tu la poussas sans difficulté, car, avec tout l'alcool qu'elle avait ingurgité aujourd'hui, elle était incapable de tenir sur ses deux pieds. Quoique tu fasses tes valises, la réalisation de faire partie parmi des étudiants d'Harvard n'arrivait toujours pas à s'insinuer dans ton esprit. Pourtant, ta lettre d’acceptation confirmait en bonne et due forme que c'était le cas. Et ce, avec une bourse en prime. Cette fois, tu l'as bien cachée à ta mère juste avant ton départ. Sa réaction t'avait laissé de marbre. Tu savais qu'elle allait faire une crise, mais qu'elle allait trouver solution au fond d'une bouteille. « Laisse-la partir, elle ne vaut rien cette gamine » répond à ta place ton ex-beau-père. Ou plutôt ton très possible-de-nouveau-beau-père. Ce dernier est revenu dans les parages après avoir largué ta mère comme un chien. Elle n'a pas l'air de s'en souvenir, car elle l'a laissé rentrer dans sa vie une fois de plus. Cependant, cette fois-ci tu t'en fichais, tous les deux allaient bien ensemble, car ils étaient tous aussi pourri que l'autre. Quand toutes tes affaires se retrouvent dans le coffre de la voiture, pour une fois de ta vie, tu offres une accolade à ta mère comme au revoir. Elle essaie de s'accrocher à toi pour te faire rester, mais il était bien trop tard pour ça, beaucoup trop tard. Tu la regardes pour une dernière fois, essayant d'enregistrer ces traits dans ta tête, pour ne pas l'oublier, mais aussi ne pas oublier d'où tu venais. Même-si tes années ici avaient été un véritable enfer, tu ne veux pas et ne peux pas oublier qui tu es. Sans dire plus, tu rentres dans l'auto, la démarre et t'éloigne de l'immeuble sans regarder derrière toi.