Si je ne veux pas me souvenir de cette fameuse nuit, c’est surtout parce que je n’ai aucun souvenir de qui s’est passé. Enfin presque aucun. Le seul c’est celui où j’ai ouvert les yeux, dans les bras de Baptiste, sans comprendre ni pourquoi on était dans le même lit, ni comment tout ça avait pu arriver. Bref, j’essaye de me dire que ce n’est qu’une soirée comme une autre mais la présence persistance de Baptiste me fait de plus en plus culpabiliser. Peut-être que c’est sa première fois ? Enfin, bref raison de plus pour ne pas en parler sauf que le jeune homme me donne vraiment du fil à retordre.
Je claque donc la porte de mon casier lorsqu’il m’en reparle mais il me fait comprendre qu’il lui arrive parfois de parler un peu trop vite. Je pense qu’il fait référence à « la fille facile » mais je ne dis rien et hausse les épaules. Tout ce que j’ai voulu, c’est qu’il me laisse en paix, ce n’est pas trop compliqué non ? Je lui balance donc que je n’ai pas que ça à faire et lorsqu’il me répond que j’utilise les grands mots, je me rends compte que je suis peut-être allée un peu fort.
C’est en partie pour cela que je me suis retournée, pour lui présenter mes excuses. Il faut pas non plus qu’il s’y croit trop. Je me suis excusée certes mais ça s’arrête là.
« Ça me va droit au cœur ce que tu viens de dire. Sérieusement ! »
Dis comme ça, j’ai l’impression qu’il me prend pour une idiote. Je scrute ses yeux, à la recherche d’une quelconque trace d’ironie mais n’en voit aucune. Il faut que tu arrêtes de voir le mal partout Willow. En voyant qu’il ne m’a pas dit cela pour se moquer de moi, je lui affiche un magnifique sourire, qui est vraiment sincère celui-là. Baptiste n’a pas vraiment pas l’air si horrible que ça finalement. Je commence à croire qu’une possible amitié pourrait se créer entre nous, rien d’autre. Alors pourquoi ton cœur bat la chamade Willow ? Pourquoi est-ce que tu te mens à toi-même ?
« Je peux t'accompagner à ton prochain cours ? » me demande le jeune homme en levant les sourcils. Je ne sais pas ce qui me prends mais je lui réponds « Oui, je veux bien ».
Je lui indique la direction et on commence à marcher. Il faut bien sûr que son humour reprenne le dessus et qu’il plante en plus son regard dans le mien. Rien de mieux pour me déstabiliser encore plus. « Mais bien sûr » je lui réponds en lui ébouriffant les cheveux. Ah Willow ! Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? « Oh désolée, je m’empresse de rajouter. Je suis très tactile et ça m’est venu spontanément. Je ne le referai plus, promis je lui dis en souriant et en passant d’un geste mal assurée, ma main droite dans ma chevelure.
Je me tais, de peur de dire encore une bêtise mais une question me brûle les lèvres et je dois la poser. « Dis Baptise c’est bien ça hein ? Tu parles de notre nuit comme si c’était un mauvais souvenir et je fais pareil mais la vérité, c’est que je ne me rappelle strictement rien. C’est pourquoi j’aimerais bien si j’ai été si nulle que ça ? Enfin si nous deux c’était aussi… Enfin tu vois ce que je veux dire »