Dangerous game ♪ Lucas

Bambi évitait soigneusement tout le monde, dernièrement. Elle si enjoué, si joueuse, si déterminée à rendre les soirées de ses acolytes préférés complètement folles... semblait morose. Pire, aussi noyée dans ses pensées que dans le fond de son verre de mojito, le même que depuis qu'elle était entrée au sein du Lord Hobo. L'italienne aurait rêvé d'un brin de piment, d'une étincelle dans cette existence si morne, si habituelle, mais cette envie se ravisait aussitôt en son cœur : le piment, comme l'amour, menait à la souffrance la concernant, aussi certainement que son deuxième prénom était Cara. Tout en faisant tournoyer le liquide translucide de son cocktail, la brunette n'avait cure de cette tenue affreusement sexy pourtant choisie au hasard parmi une garde robe plus que remplie. Sa longue chevelure tombait en longues cascades contre ses épaules dénudées, et son décolleté offert à la vue des mâles présents dans le bar lui avait valut de devoir repousser bon nombre de sales types. Heureusement, son regard d'un turquoise profond pouvait tout aussi bien virer glacial qu'aussi brûlant qu'une braise... ce qui fut le cas, lorsqu'il s'approcha d'elle. Un parfum musqué chatouilla bientôt ses narines, étirant ses lèvres dans un sourire amusé. Je ne pensais pas te croiser ce soir... lâcha-t-elle d'un ton sensuel. Il ressemblait à un fruit défendu, et pourtant Bambi ne se retenait pas de jouer. Elle en était bien incapable...

La période que tu redoutes le plus est arrivée. Car même si tu es un bosseur et que fourrer ton nez dans les bouquins ne te fait pas peur, le blocus est ton ennemi. Quelle idée d'avoir pris des études aussi compliquées, aussi ? Cela fait une grosse semaine que tu sors plus de chez toi, tu passes même plus du temps avec tes bro' à la Winthrop et encore moins avec tes amis qui n'hésitent pas à te le faire comprendre. La preuve ce soir, tu es emmené de force au Lord Hobo pour évacuer et et te vider la tête, bref, faire une pause. Heureusement, tu as eu le temps de te préparer avant de te faire kidnapper, passant un jeans délavé avec un trou au niveau du genoux droit -il parait que c'est la mode-, en prenant soin d'enfiler une ceinture en cuir brun foncé et d'une chemise de création italienne, couleur bleu marine. T'aimes bien être élégant pour sortir même si ce n'est que pour aller boire un verre. Un bon italien qui se respecte, te dit-on assez fréquemment. Une fois au bar, tu te commandes un Cuba Libre et une fois celui-ci en main, tu te retournes, t'appuyant sur le rebord du comptoir, tout en tournoyant la paille dans ce précieux liquide à l'odeur irrésistible du rhum brun. Tu es assez calme, ce soir, et cela est étonnant au vu de ton côté hyperactif mais tu te sens bien et encore plus depuis que ton regard tombe sur une magnifique italienne à la chevelure brune et aux yeux bleu-turquoise dans lesquels tu pourrais t'y noyer. Tu secoues légèrement la tête et un léger sourire se dessine sur la commissure de tes lèvres. Tu te redresses et te diriges vers cette odeur enivrante que tu commences à connaitre que trop bien. Tu t'approches, tel le loup attiré par la lune et son regard croise le tien. Effectivement, tu étais censé étudier, encore, ce soir. Mes amis en ont décidé autrement. Il m'ont clairement kidnapper, ce soir. Dis-tu en plaisantant.

Bambi ne le lâchait pas du regard, happée de façon inextricable et inexplicable. A croire que les deux italiens soient du genre à revenir à la vitesse de la lumière dans une bulle de jeu dont eux seuls avaient les clefs. Ne surtout pas céder trop de terrain à l'autre, même si la brune sentait son cœur tambouriner douloureusement contre sa poitrine. Son expression, heureusement, savait parfaitement donner le change, son sourire s'étirant dans un petit sourire amusé. Tandis qu'elle faisait tourner presque sensuellement le liquide translucide de sa boisson à l'intérieur de son verre, son océan turquoise sondait celui de Lucas, qui ne semblait pas décider à se reculer. Une chance. L'italienne souhaitait implicitement que cette soirée soit peuplée par son prénom délicieusement masculin. Un regret d'avoir été kidnappé ? lâcha-t-elle d'un ton égal, toujours aussi sensuel, alors que son regard ne se détacha que pour pointer le siège vide à côté d'elle. Si l'envie t'en dit... ou alors, je peux très bien trouver preneur. Un petit battement de cils, un roulement de hanches... Provocante ? Oh, si peu...

En temps normal, face à cette situation, tu aurais trouvé une excuse pour fuir mais elle est comme un aimant et toi le fer. Rien ne pourrait te détacher d'elle à chaque fois que vous accrochez et c'est exactement cela qui te fait peur. Il y a très longtemps que tu ne t'étais pas senti pris au piège et dont tu ne veux même pas t'en défaire et pourtant, tu as pour habitude de te ronger la patte pour te sortir d'une situation précaire. Cette fille chamboule tous es plans et arrive à te faire peur. Elle est l'impossible, le fruit défendu. Ta raison t'ordonne de partir mais ton cœur te crie de rester. Tu sais jamais quoi faire face à Bambi à part que ce jeu finit toujours par s'installer à la minute même ou vos regards se jaugent. Pas tant que ça, au final. Réponds-tu amusé. Vous voyez ce que je veux dire ? Pourquoi m'invites-tu à m’asseoir si tu peux en avoir un autre à ta table en claquant les doigts ? La taquines-tu tout en prenant place face à elle. Tu plantes ton regard dans le sien, essayant de la déstabiliser. Pourquoi tu es à la Mather House ? Cela peut paraître un peu brusque mais bien que tu n'ais rien contre les verts, tu te demandes un peu ce qu'elle fait au beau milieu de drogués, d'alcooliques et de fêtards hors pair. Et puis tu es curieux, tu veux en apprendre plus sur elle sans pour autant te brûler les ailes.

Le sourire qui étira bientôt les lèvres de Bambi fut sincère. Le simple fait que Lucas lui ait confié ne pas être dérangé d'avoir été kidnappé embarqua son cœur vers des cieux inexplorés. Un jeu de plus en plus dangereux, et ce fut sans doute pourquoi l'italienne se reprit pour contrôler son sourire, le faisant moins extraordinaire, moins lumineux. Ce dernier illuminait toujours son visage, mais elle préférait rester dans le contrôle... il le fallait, pour le salut de son petit cœur malmené. Au cas où tu préfères répondre aux gloussements de toutes ces femelles qui te reluquent depuis tout à l'heure... répliqua-t-elle en évitant un instant son regard, déposant son verre contre sa table, posant ses mains contre ses bras en les tapotant du bout des doigts de manière sensuelle. Ce fut la question de Lucas qui la fit retourner à nouveau son attention vers lui, sondant une nouvelle fois son regard turquoise, tandis que son visage était redevenu sérieux et impénétrable. C'est la seule famille qui ne m'a jamais brisée... reprit-elle en déglutissant avec difficulté sans se détourner, avant de se lever pour se planter devant lui. Pourquoi cette question ?

En faite, tu n'avais même pas remarqué, qu'effectivement, plusieurs paris d'yeux te déshabillent mais tu n'y prête guerre attention, sur le moment même. Jalouse ? Tu souris, encore une fois. Il faut vraiment que tu te reprennes là. Quand tu poses cette fameuse question, tu vois le visage de Bambi se refermer involontairement, as-tu touché une corde sensible ? Tu t'en veux sur le coup mais ce n'était qu'une simple question, rien de bien méchant. Ton sourire et ton regard doux envers elle se font rassurants. Désolée, je ne voulais pas te brusquer, ce n'était qu'une question anodine. Tu essaies juste d'apprendre à la connaitre mais cette réaction te pousse à en savoir plus et surtout, pourquoi et comment a t'elle été brisée. Mais pas aujourd’hui. Ce soir, tu profites de sa présence. Pour me faire pardonner, tu as le droit de me poser une question indiscrète, n'importe la quelle. Une situation rare pour un homme qui déteste se dévoiler.

@Bambi C. Corleonesi

Ce fut un rire qui cette fois secoua rapidement les épaules de la demoiselle. Pas le moins du monde... je constate. La voix de l'italienne fut aussi assurée que possible, même si un brin de jalousie lui tenaillait effectivement le ventre. Il lui fallait changer de sujet, et vite, histoire de se reprendre. Par chance, ce fut un jeune homme qui lui offrit cette opportunité, car ce dernier s'approcha d'elle pour lui murmurer quelque chose d'indécent avant de lui glisser un mot entre ses doigts. Un bref rire la secoua une fois encore alors qu'elle le regardait s'éloigner, avant de reporter son attention vers Lucas, qui semblait somme toute désolé de s'être avancé au point de la brusquer. La brunette lui offrit un sourire attendrit, avant de secouer négativement la tête de droite à gauche. Non, il ne l'avait pas brusquée... lui ne l'avait pas brisée, ni ne lui avait fait du mal. Aussi, tandis qu'elle jouait avec le mot que le jeune homme lui avait laissé, elle s'approcha encore un brin pour reprendre la parole, d'une voix murmurante : tu n'y es pour rien. Rien du tout... Sa voix était plus tendre, plus douce. Bambi avait abaissé sa garde pendant quelques instants, avant de la remettre aussitôt, son sourire disparaissant l'espace d'un instant, tandis qu'elle cherchait une question indiscrète, faisant parcourir l'un de ses doigts sur le bras de Lucas. Indiscrète, hein... quelqu'un t'a brisé, toi ? Histoire qu'ils soient toujours sur un même pied d'égalité... comme avant.

Tu la regardes attentivement et voyant qu'elle se détend de nouveau, tu souffles légèrement. Tu as hésité un incident diplomatique, enfin c'est qu'il te semble sur le coup. Ton regard finit par descendre sur le doigt de cette dernière caressant ton bras. Si elle pense avoir une réaction avec ça, elle se goure car il t'en faut bien plus pour te faire réagir à ce genre d’attention. Difficile, toi ? Non, tu sais te contrôler c'est tout. Bien des personnes ont essayer de me mettre à terre mais ils n'ont jamais réussi. C'est ça d'être un Borgia, mais le sang de tes ancêtres t'a appris à être immunisé contre le venin de serpent et de retourner leurs morsures contre eux-même. J'ai déjà été déçu et blessé à de nombreuses reprises mais jamais rien ne m'a brisé. Et c'est pas faute d'essayer. Tu te redresses sur ta chaise, prends une gorgée de ton cocktail et pose le bout de ton pousse sur sa joue gauche. Tu as le sang robuste des italiens qui coule dans tes veines, je suis sûr que tu vas relever. Est-ce que tu vas être là pour lui tendre la main ? Sans doute, c'est ce que tu es après tout et ce même si tu sais rien d'elle ni comment on l'a brisée ni à quel point.

Bambi se mit à boire les propos de Lucas, sans minauder ni chercher à l'atteindre. Juste une simple écoute. Après tout, puisqu'elle avait posé cette question fatidique, il aurait été fort impoli de ne pas en écouter la réponse. Ses prunelles turquoises se perdirent un instant sur l'entièreté de son visage, ses lèvres charnues, pour remonter à ses yeux. Il lui fallait effacer toute mauvaise pensée de son esprit, surtout face aux propos sans pitié que laissait entendre le jeune homme, d'une voix parfaitement égale. L'italienne s'écarta un instant de lui, faisant quelques pas dans la pièce d'un air pensif. Oui, pensif. J'envie un brin ta force... murmura-t-elle alors que Lucas venait de cesser ses quelques phrases. La brune trouvait subitement ses escarpins très intéressants, n'osant remonter ses iris bleus sur son interlocuteur qu'au bout d'un long silence. Je suis contente pour toi qu'il n'ait pas réussi à te mettre au tapis. Pour ma part... j'ai toujours fait en sorte que l'on pense que rien ne m'atteignait. J'ai toujours relevé la tête fièrement mais... je me perds sous des masques.