as dark as the night ✰ (sullivan)

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{ as dark as the night }
crédit/ tumblr ✰ w/@sullivan wright

L’année est terminée. Je pourrais être sur un yacht à siroter un cocktail avec Bella Hadid, pourtant, j’erre encore sur ce maudit campus. Appartenir à une des familles les plus riches de ce monde ne rend pas forcément heureuse. Pas besoin d’ériger un théorème pour le comprendre. Le monde dans lequel je vis est truffé de tricheurs et j’en fais d’ailleurs partie. Bref. Traversant le campus sans savoir où sera ma destination finale, mes prunelles gigantesques s’arrêtent sur le gymnase encore éclairé à cette heure tardive. Arquant un sourcil, je dévie de ma trajectoire en coupant par la pelouse pour me rapprocher du bâtiment qui brille comme un phare en pleine nuit. Eh ouais, le paquebot Abernathy s’approche dangereusement et entre enfin en contact avec la porte. J’entre sans gêne et laisse la porte se refermer lourdement sur moi dans un écho monstrueux. Un seul joueur attire toute mon attention tandis qu'il fait crisser le parquet avec ses Nike. Je me bouche aussitôt les oreilles en rouspétant et je m'avance vers toi en rangeant mon téléphone dans mon sac. Comment se sentir seule sans l’être totalement hein ? Ben, s'entourer de gens qui s'en foutent de moi est une solution. « Pwah ça sent la transpiration ! » me plaignis-je en traversant le terrain pour te rejoindre. Ma main de morte-vivante s’aplatie sur ton épaule alors que tu t’apprêtes à jeter la balle « Ah mais c’est toi qui empeste et qui colle, beurk ! » je récupère aussitôt ma main imprégnée de ta sueur et je l’essuie sur ma robe noire en me décalant d’un pas en arrière pour te laisser de l’espace. Vas-y loupe ton panier qu’on en parle plus, on sait très bien que tu ne peux pas résister à la pression que j’exerce rien qu’en respirant. « Je suis sûre que tu es en train de rougir parce que tu crois que je mate ton cul » et tu ne te tromperais pas de toute façon, même si ce short trop large ne te met pas en valeur, je me rince l'oeil.

La situation était compliquée pour le jeune canadien, qui voyait sa vie prendre un nouveau tournant depuis qu'il a appris qu'il allait être père. Tout s'accélérait malgré lui, lui qui avait pris l'habitude d'aller doucement, lentement. De prendre les choses à une allure raisonnable. Mais là, comme tout allait vite, les enfants avaient déjà un mois après tout, il lui fallait son repère, quelque chose qui ne changerait jamais, qu'importe les choses qui pouvaient lui arriver dans la vie. Alors il s'était mis à jouer au basket, dans ce gymnase qui voyait les matchs défiler au cours de l'année. Il adorait l'ambiance de ce terrain, son havre de paix. Certes, il appréciait aussi celui qui était proche de chez lui mais ce n'était pas pareil. Ici, il voyait Meghan, installée dans les gradins, qui l'encourageait envers et contre tout. Il voyait son coach qui ne cessait de le pousser dans ses derniers retranchements. Il y voyait ses coéquipiers qui n'étaient là que pour avoir une chance d'intégrer la NBA, tout comme lui d'ailleurs. Il n'empêche qu'il se sentait bien dans cette équipe, bien que Nate s'en soit allé à son plus grand regret. Parti loin dans ses pensées, il revenait brutalement à la réalité quand il sentait une main sur son épaule. Puis doucement, la voix qui se faisait pourtant entendre à l'autre côté du terrain, arrivait finalement à ses oreilles, pas si loin de la bouche de l'énonciatrice. Secouant la tête, il avait reconnu la personne qui était là, derrière lui. Elle qui aimait le provoquer, elle qui aimait le pousser. Et il tentait de se concentrer à nouveau, mais ses nouvelles paroles le désarçonnaient. Il se retournait pour lui faire face, légèrement rouge, comme elle l'avait prédit. « Ne regarde pas mes fesses, s'il te plait » Qui était-il pour l'en empêcher. Ce n'était pas ça qui allait arrêter Nirvana, il le savait. Mais il osait quand même, puisque ça le mettait mal à l'aise.

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{ as dark as the night }
crédit/ tumblr ✰ w/@"sullivan"

J’aurais bien pu me laisser guider par la lumière d’un lampadaire, mais non, j’ai décidé d’emprunter ce chemin et d’ouvrir ce gymnase qui sent le jus de chaussette. J’aurais aussi préféré tomber sur un de tes coéquipiers, parce que je sais que c’est mort avec toi. Je l’ai su à la seconde où tu m’as foutu un mistral monumental. Pour être totalement honnête, je dois dire que ce vent m’a atteinte plus que je ne le croyais. Quand on me repousse, c’est comme si je n’existais plus du tout, que je n’ai aucune valeur, que je suis bonne à jeter. Cependant, je ne me suis pas avoué vaincu pour autant. Ce n’est pas parce que je ne peux pas te foutre dans mon lit que rien n’est possible entre nous. L'échec me pousse à ne pas abandonner, à persévérer et à emprunter un autre sentier. Je peux sûrement t’apporter quelque chose, j’en suis persuadée. Bref, tandis que tu t’es aligné face au panier pour préparer ton lancer, je te taquine pour évaluer ta résistance au stress. Enfin, ta résistance à mon aura divine quoi. « On m’a offert des yeux, je ne vois pas pourquoi je ne m’en servirais pas ! » dis-je complètement outrée en rangeant mes mains derrière mon dos « Y a une loi qui interdit de mater le cul de Wright ? J’crois pas nan » Je me demande si tu rougis à chaque fois qu’une fille pose ses prunelles sur toi, parce que si c’est le cas, ça ne doit pas être facile tous les jours. Un sourire en coin qui ne quitte plus, je passe à tes côtés et traverse la surface restante pour me placer derrière la ligne, juste après le panier qui attend d’être tenté « T’es trop mignon, je ne préfère pas imaginer à quel point tu dois être rouge quand ta femme te zieute ou quand elle dévoile un sein » plaisantai-je en pouffant de rire. Je pourrais faire ça toute ma vie, être perturbatrice professionnelle, c'est une passion à part entière chez moi. D'ailleurs, je te signale que je me censure pas mal pour ne pas te foutre mal à l'aise, parce que je le pourrais. Je pourrais être plus crue et chiante. J'suis trop gentille avec toi, beaucoup trop.

S'il y avait bien une chose qu'il n'aimait pas, c'était d'être perturbé dans un de ces moments là. Le basket, c'était son havre de paix et des personnes pouvaient pas l'interpréter de cette façon malheureusement. Alors quand il entendait Nirvana être à ses côtés, pire encore, à lui toucher l'épaule, il se sentait mal Sullivan. Il se sentait mal et espérait n'être qu'une petite souris pour se réfugier dans un monde plus petit où on ne le trouverait pas. Seulement, il faisait des efforts sur le côté social de sa vie et se forçait alors à répondre à la jeune femme. Seulement, elle avait une certaine répartie qui le désarçonnait. « Si, si jamais tu tiens à ta vie » Et ce n'était pas lui qui allait lui faire la peau, mais bel et bien sa fiancée qui était pour le moins possessive et jalouse de quiconque s'approchait trop de lui. Alors un regard de travers pouvait bien évidemment réveiller la bête qui sommeillait en elle. Mais oui, il rougissait en cet instant Sullivan, parce qu'il était mal à l'aise qu'elle puisse le regarder ou même le désirer. Il était devenu plus apte à réagir quand il s'agissait de Meghan. Mais les autres femmes ? C'était encore trop pour lui. Le pire étant quand elle venait s'imaginer la vie intime qu'il pouvait avoir avec Meg. Les gens s'imaginaient-ils vraiment ce genre de choses à propos des gens qu'ils croisaient dans la vie de tous les jours ? Sullivan se tournait vers elle, intrigué. « Tu imagines vraiment ce genre de choses quand tu croises une personne ? Sa vie intime, sa nudité ? »

T’es un des rares mecs que je côtoie qui sois aussi timide. Je ne t’ai jamais vu en pétard ou bien vulgaire. Tu es toujours adorable, même quand tu tentes de me menacer de mort. Lâche toi Sullivan, je n'irais pas répéter à tout le monde que tu as dit un vilain gros mot ou autre. « Je m’en fous de ma vie, dommage pour toi » Et c’est absolument vrai, la mort est pour moi une délivrance. Vivre avec ces pensées qui s’entrechoquent constamment dans ma tête, ce n’est pas une vie, c’est un supplice perpétuel. Me positionnant ensuite devant toi, près du panier, je tente une énième fois de te faire sortir de ton calme olympien et tes questions en lien avec mes réflexions me font exploser de rire. « Hum, ouais. Carrément. » te répondis-je en fronçant mes sourcils. Retirant mes chaussures, je fonce vers une étagère remplie de ballons de basket et je m'en munis d'un qui me plaît plus que les autres. Le faisant rebondir sur le parquet, je reviens vers toi pour tenter un premier panier « C’est ma psy qui m’a conseillé ça, de m’imaginer la vie des autres et leur intimité. Ça permet de dédramatiser quand tu es aussi folle que moi » Et ne crois pas que je vais t’expliquer en détails la nature de mon pète au casque, c’est déjà beaucoup ce que je viens de te confier, t’as pas intérêt à l’ébruiter ou Meghan ne pourra plus pondre aucun gosse de toi « Vas-y, si je mets ce panier, tu m’invites à boire un verre ? Si je le mets pas, ben c’est moi qui t’invite, dans les deux cas, tu passes un bout de temps avec la merveilleuse Nirvana Abernathy, ce n'est pas génial ? » te taquinai-je en envoyant mon épaule heurter la tienne « N’oublies pas de respirer, tu vas crever Sulli » Je te vois bien, tu crains sûrement qu’on s’éternise tous les deux, parce que tu as une vie de l’autre côté et tu ne peux sûrement plus te permettre de passer du bon temps avec une pote, en toute simplicité. Je trouve ça tellement triste petit chef des Winthrop, surtout à vingt ans... Mais c'est ton choix et je le respecte.

« Il n'y a vraiment rien qui ne te fasse peur ? » Il était intrigué Sullivan puisque lui, un rien le stressait, un rien l'effrayait. L'inconnu par exemple, c'était ce qui lui faisait le plus peur. Mais il s'y accommodait un peu plus chaque jour, de par sa relation avec Meghan, de par la naissance des bébés et bientôt le mariage, il fallait tout de même avouer qu'il mettait énormément d'énergie à garder une routine rassurante. Et à la réponse de Nirvana aux dernières paroles du jeune homme, il faillit presque s'étouffer. Le truc, c'est qu'il ne s'y attendait pas. Lui ne l'imaginait pas alors pourquoi les autres le feraient...? Faut croire qu'elle avait une explication. « Elle est étrange ta psy, la mienne ne me demande pas ça » Et même si elle lui avait conseillé de faire quelque chose du genre, il aurait refusé, parce que ça allait au delà de l'intimité des gens et non, c'était vraiment pas son truc à Sullivan. « Des fois, enfin non, tout le temps, j'ai du mal à comprendre pourquoi tu tiens à passer du temps avec moi... Tous les efforts que tu mets » Comme si elle était attirée par lui d'une façon inexplicable. Mais il ne sentait pas la réciprocité de la chose puisque lui, il était totalement épris de Meghan et ce, depuis des années maintenant. « Et ça ne me dérange pas, j'ai l'impression que tu me vois comme un reclus de la société, qui sort pour travailler et qui rentre presque immédiatement après » C'était pas totalement faux, mais pas totalement vrai non plus. Il faisait des efforts justement pour changer cette facette de sa personnalité.

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crédit/ tumblr ✰ w/@"sullivan"

J’ai beau creusé, je ne trouve rien qui pourrait me faire transpirer à grosse goutte. Enfin si, mais je ne pourrais jamais te l’avouer. En effet, t’avouer ce qui me cause un haut niveau d’anxiété ruinerait toute ma crédibilité. Je préfère encore le garder pour moi, du moins le temps que je puisse te faire amplement confiance « Non, il n’y a rien. C’est quoi le risque absolu ? Mourir ? Je n’ai pas peur de la mort, alors je ne vois pas ce qui me pourrait me faire tressaillir dans ce monde » M’éloignant de toi, je tente d’amoindrir tes défenses en m’attaquant à ton intimité et il faut avouer que mon esprit tordu réussit à te déstabiliser. Malgré tout, je ne souhaite pas réellement te foutre dans l’embarras le plus total, j’suis sensible à l’homme que tu es. Par conséquent, en te rejoignant armée d’un ballon, je décide de te laisser entrevoir la raison de mes pensées les plus insensées. « Oh, t’es aussi suivi ? Bienvenue au club » Tu sembles si équilibré, je ne comprends pas le besoin d’avoir un thérapeute, c’est peut-être pour que je me sente moins seule dans la confidence ? T’es trop sympa Sullivan, il ne fallait pas, j’assume mes visites chez le psy, ça me rend perché et j’aime cette étiquette. Te proposant ensuite un jeu qui mènerait dans tous les cas à un verre en tête-à-tête, je récolte de ta part une réflexion qui me frappe de plein fouet « Si tu veux que je remballe mes efforts pour que tu continues ta petite vie tranquille, dis-le moi hein, je ne vais pas pleurer » rétorquai-je du tac au tac, légèrement piquée. Quoi ? J’suis trop lourde pour toi ? Je te casse les couilles et tu n’arrives pas à me l’avouer franchement ? Laissant rebondir la balle pour qu’elle aille percuter le mur en face, je me recule en soufflant « C’est un peu comme ça que je te vois, je ne vais pas te mentir. » déclarai-je en retrouvant mes pompes que j’avais abandonné « J’ai l’impression que tu me crains ou que tu crois que mes intentions sont encore ambiguës, ça me gonfle » Certes j’ai eu un crush pour toi il y a quelques mois, mais sache que j’ai bien pigé que ce n’était pas réciproque. Je ne suis pas là pour te séduire et foutre la merde dans ton couple. Si tu m’en crois capable, c’est peut-être que tu es vraiment paumé et que cette possibilité renaît à ta conscience. Je dis ça, je dis rien.

« Je sais pas, perdre tes proches ? Perdre ta tête ? Il y a tellement de choses qui font peur dans ce bas monde, il y a forcément quelque chose qui t’effraye, j’en suis persuadé » Parce que Sullivan est perspicace mine de rien, bien que ne comprenant pas le second degré la plupart du temps. C’était à cause de son côté assez atypique, de son côté réservé que les gens avaient bien du mal à le cerner. Sullivan était assez seul comme garçon et ne trouvait pas ça utile de s’encombrer de personnes non nécessaire dans sa vie. Seulement, récemment, il commençait à changer d’avis, ne serait-ce qu’en devenant le président de la Winthrop House. Pas de fille, que des garçons. Lui qui avait principalement que des filles dans ses proches, ça l’avait pas mal changé. Et son psy l’en avait félicité. « On peut dire ça ouais » Il ne pensait pas que c’était un club. Certes il était suivi, à cause de ses différents troubles mais il ne pensait pas faire partie d’un club. Il se demandait bien pourquoi ça étonnait les gens quand il mentionnait la présence d’un psychologue dans sa vie. « J’ai pas dit ça, je comprends juste pas. Tu me connais à peine et je ne sais pas ce que j’ai bien pu laisser entrevoir qui puisse te plaire au point d’y mettre tant d’effort et d’énergie » Parce que Sullivan n’était pas exceptionnel comme garçon, au contraire. Il était simple - même un peu trop - et avait du mal avec toutes les conventions sociales. C’était bien pour ça qu’il avait peu d’amis dans le fond. S’accommoder aux autres, c’était ce que Meghan avait tenté de lui apprendre et il continuait de le faire, doucement mais sûrement. « Je.. non ! Je suis pas comme ça » qu’il disait en la regardant bouger, réceptionnant alors l’impression qu’elle aussi avait à son tour. « Je crains ton ambiguïté oui, mais parce que je ne connais pas tout ça et je ne veux pas te braquer ou quoi. Si tu savais le nombre de filles qui ont cherché à avoir… quelque chose de ma part, quelque chose qu’elles ne pouvaient pas avoir… Je ne veux pas que tu sois une d’elles » Parce qu’à force de se voir, il se mettait à l’apprécier Sullivan. Il appréciait Nirvana.