game on (thomas)

 
≈ ≈ ≈
game on
( @anayah kahli   )
crédit/ tumblr ✰ prout

Quelques secondes de danse de joie, une hanche à droite, une hanche à gauche. Les pouces en avant, les pouces en arrière. Une musique de bigboss en fond, une explosion en arrière-plan. Une meuf –carrément belle- elle va venir chez toi, elle a accepté de te rencontrer sans commencer à se méfier. Elle t’a même dis que t’étais sympathique. Cette grimace de la victoire qui déforme ton visage, les coussins de ton canapé eux aussi usés par la forme de tes pieds à force de sauter sur ce pauvre meuble qui n’a rien demandé. D’un seul coup tu t’arrêtes, tu ne bouges plus, c’est une alerte. Une alerte générale. Une alarme qui sonne en boucle dans ta tête, un pompon imaginaire qui tambourine dans ton cerveau en ébullition. C’EST UNE ALERTE GENERALE. Tu dessins de ton sofa, maladroitement tu remets ces pauvres coussins en place. Tu dois ranger ton appart, tu dois prendre une douche et enfiler un jogging. Tu n’as pas de jogging, TU N’AS PAS DE JOGGING PROPRE. Tu files dans ta salle de bain pour te déshabiller et rentrer dans ta douche. Les goûtes qui ruissellent le long de ton corps, tes pensées qui bouillonnent dans cerveau agité. Tu penses à ta sœur, elle serait fière de toi, tu voudrais qu’elle soit là. Planqué derrière le canapé, une oreillette discrète pour te dicter tout ce que tu dois faire. Tu vas tout gâcher. Écoute-moi bien Thomas, t’es seul, sur ce coup-là. Tu dois viser juste, ne lui fais pas peur. Ne lui demande pas de venir dans ta chambre pour voir ta collection de figurines pop, pas maintenant. C’est trop tôt ok ? Tu enfiles finalement ce jogging fraîchement repêche dans le tas de linge sale, ton nez en détection d’odeur suspecte. Tu valides, il ne sent pas tellement que ça. Tu dois être à l’aise –blaise- pour gagner ce duel, gagner ton honneur. C’est une joute, si tu gagnes t’as des chances de gagner la demoiselle, mais merde. Ton adversaire c’est la demoiselle en question. Tu sources la tête pour te rafraîchir les idées. Une dernière inspection dans le miroir, un dernier encourage à toi-même. Le gong de départ qui résonne dans l’appartement. Putain Thomas ne foire pas. Tu t’avances en soufflant vers la porte. Tu as ce stress comme juste avant un examen, t’as envie de vomir. Thomas, lui vomit pas dessus.  Tu ouvres la porte –tellement brutalement que tu vois ses cheveux volés dans tous les sens-. T’es nerveux, pète un coup. Non, ne pète pas. Anayah, enchantée ! Tu souris, bêtement, tombant ton regard sur sa main qui s’agite sous ton nez. Tu dois faire quoi là ? Tu lui serres la main. POURQUOI TU FAIS CA ? Je.. Thomas enchanté. Tu gardes ta main dans la sienne, trop longtemps, de longues secondes. Lâche tout. Hébah, rentre du coup ! Tu finis par lâcher ses phalanges pour te pousser de l’entrée et la laisser admirer ton appartement que t’as.. oublié de ranger. Les boîtes de pizzas de veille sur le comptoir de la cuisine passant par tous les câbles des consoles qui longent le sol entre la télé et le canapé. Ta main qui gratte l’arrière de ta tête, tes trois poils sur le caillou. T’es pas venu en sarouel finalement. Arrêtes de la regarder, arrêtes tu vas finir par la bouffer.

 
≈ ≈ ≈
game on
( @anayah kahli   )
crédit/ tumblr ✰ prout

sympa la déco, vraiment. l’ambiance prépubère, ça fait tout son charme. niquel, là où on est bien. Tu ne sais pas, t’en sais rien. Elle s fout de ta gueule, c’est ironique ? mais au final, c’est pas un peu vrai ? t’es bordélique, avec cette notion, celle du ménage en vrac pour se repérer, t’orienter dans ce que tu dois trouver. T’en es persuadée, t’as déjà tout raté, t’as perdu des points, dégringolé dans son estime de gars sympathique, le rang qu’elle t’avais accordé. Peut-être qu’elle va vouloir se barrer, que y’a une odeur de pizza qui s’est encré, dans les murs, dans le sol, tout ce qui se trouve dans cet appartement d’enfant. Peut-être que ça pue des pieds. C’est ça, t’as oublié de ranger des chaussures, tout doit empester. Tu réfléchis, t’aurais dû. T’aurais dû prendre le temps de ranger, passer un coup de fébreze, vider le vapo. Tu souris, comme un con, un super gland. J’ai pas eu le temps de trop ranger. Non, t’étais concentré, à t’exercer. ouais, tu t’entraînais, à te parler dans le miroir. Des phrases bateaux, ton sourire inspecté, long en large. Des dents c’est important. T’imagines cette scène, un morceau d’olive qui fait coucou, coincé entre deux dents. y a rien qui existe sur terre qui pourra me faire sortir en sarouel. rien. par contre, je valide le jogging. elle te fixe, tu es rouge, tu vas être thomate (lol). Ton jogging, elle ne sait pas que lui il n’a pas été lavé, porté, quelques jours d’affilé, souillé par ton canapé qui commence à se délaver à force d’y rester affalé dessus. Ha merci, ma sœur me dirait sûrement que c’est pas ce qu’elle appelle « se faire beau ». Elle est belle, anayah, ses cheveux ébènes en cascade sur ses épaules, sa peau qui semble aussi douce qu’une peau de bébé, une peau de pèche. elle est si loin, si loin de toi. elle dégage cet aura de confiance elle, elle si charismatique que ta masculinité se laisse balader, seulement par les volutes de son parfum qui traverse l’appartement, rejoindre le canapé. Tu ne fais que la regarder, sans même entendre ce qu’elle peut te dire. Elle s’assoit sur ton canapé, tu finis par t’avancer, revenir à tes esprits, reprendre une couleur de joue s’approchant le plus de ta carnation habituelle. d'ailleurs désolée, je viens les mains vides. j'ai totalement oublié de m'arrêter acheter un truc. tu hoches des épaules en ricanant. Toi, tu n’aurais rien amené, ou peut-être la boite de chocolat datant de noël, celle que t’a mère ta offerte sous le sapin, sachant très bien que tu ne l’ouvriras jamais. C’est pas gave, c’est plutôt moi qui va devoir t’offrir quelque chose pour te consoler de ta terrible défaite. Tu attrapes la bouteille, celle sur le comptoir, bouteille d’ice tea même pas ouverte, tu l’as déposé sur la table basse devant le canapé, devant elle. Tu ne penses pas aux verres, tu n’as rien apporté pour boire, tu n’y penses pas, parce que toi, tu bois toujours au goulot, tu es surtout, toujours tout seul. Ton cul qui se pose à côté d’elle sur le canapé, prenant inconsciemment soins de te mettre loin, à l’autre bout du canapé. Tu vas peut être l’écraser avec ton gros fessier d’empoté, ou peut être la brusquer d’être beaucoup trop proche, sans même la connaître. Elle pourrait aussi sentir que ton jogging ne sent pas la soupline. T’es gêné, t’es gênant. Tu sais pas quoi faire, t’as l’air con. Ton visage d’enfant, tes petits yeux brillants qui tentent par tous les moyens de fuir les siens. Tu finis par attraper les deux manettes de switch en face de toi, lui tendant la verte, collection yoshi, la tienne est étonnamment rouge, aux logo du fameux plombier c’est bien maintenant elle ne va surtout pas penser que t’es accroc à mario. Si elle savait que t’a chambre est placardée de posters, elle fuirait, chercher un homme, un vrai. Tiens, c’est celle que je viens d’acheter, elle devrait pas être truquée si tu tentes l’excuse gnagna la manette est cassée. Tu as pris cette voix, de gamine, petite voix pas tout à fait virile. Tu l’as fait, devant elle, la connaissant depuis 5 minutes. Quand tu rentres dans ton terrain de jeu, tu te lâches, tu n’es plus timide, manette à la main. La console se lance, l’écran arrive sur le jeu, le fameux. Tu t’es enfoncé dans le canapé, presque parfaitement installé, tes coudes sur tes genoux. Vous rentrez dans le vif du sujet. Je pense que tu devrais prendre Ludwig, c’est l’seul avec une grosse bouche et des cheveux aussi épais que les tiens. Tu viens réellement de lui dire qu’elle a une grosse bouche, ce rire taquineur sur tes lèvres, tes pupilles fixant les siennes. Fais pas le ouf comme ça, tu prends la confiance trop vite, oublies pas que cinq minutes avant, tu allais te pisser dessus.

hors jeu:

 
≈ ≈ ≈
game on
( @anayah kahli   )
crédit/ tumblr ✰ prout

T’es pas ce gars, celui qui se prend en photos, en selfie, dans le miroir, des shooting photos dans des lieux super photogéniques. T’es pas celui qui pense à s’épiler le torse et les dessous de bras, ni même celui qui pense à essuyer la cuvette après avoir pissé debout le matin quand tout n’est pas très centré là où il faut. T’es pas sérieux, t’es un gamin qui a besoin qu’on l’aide à voler de ses propres ailes. T’es pas ce gars dragueur, ni même un collectionneur de trophée féminin. T’es même pas maniaque, ton appart est une chambre d’ado à lui seul. T’es pas ce mec, que toutes les femmes aimeraient avoir, dans leur vie. T’as rien d’irréprochable. Pourtant à mes yeux t’es le mec parfait que tout le monde devrait espérer. Peut-être qu’une fille un jour, le verra, que t’es comme ça. Que t’a maladresse finisse par plaire, que t’a simplicité arrive à te rendre attirant. Tu n’as besoin de rien si ce n’est une manette pour te sentir bien. Une bonne pizza en face de toi, une bouteille d’ice tea sans aucun verre pour éviter de faire la vaisselle. C’est tout ce qui te rend heureux. Ce soir-là, tu n’as pas ta pizza mais seulement une femme à côté de toi. Et faut avouer que c’est quand même beaucoup mieux de sentir un parfum féminin que les oignons grillés sur du chorizo. je serais bonne perdante, t’inquiètes pas. son sourire angélique et son regard si précieux qui se plonge dans le tien. PUTAIN. Arrête de rougir, respire un coup, surtout, respire. Tu pourrais encore arriver à t’étouffer parce que t’as oublié d’expirer, d’inspirer. Elle va te trouver bizarre, finir par fuir, tu vas te retrouver une pizza sur les bras. Elle lâche enfin son emprise sur toi, son regard sur ton écran, celui où tu vas assoir ta victoire. Ton commentaire sur sa grosse bouche qui au fond, t’attire complètement. Beaucoup plus qu’une belle croûte de pizza abandonnée dans le fond d’un carton huileux. Ne compare pas sa bouche à des croûtes de pizzas merde. Elle finit par te faire un doigt, un rire qui ressort de tes poumons. Tu te décontractes, tu es sur ton terrain, tout devient pour serein. La partie finie par commencer, tu ne loupes pas ton départ, comme depuis tant d’année où aucune fois tu n’as raté l’essentiel de la course. Alors là, si tu te prends pas une de mes bananes. j’vais rager et couper la tienne. Tu ricanes un instant, sans rien y comprendre. Mais j’ai pas de bananes là ! Non, Thomas, je pense qu’elle parlait plutôt de celle entre tes jambes, celle que personne à percutée, ouais. Enfin je suppose que c’est de ça, qu’elle insinuait. Tu l’esquive, la banane, prenant à ton tour un cube, une carapace verte, trois, même. Celles que tu actives à faire tourner autour de toi. Le bouclier qui te protège, suffisamment longtemps pour passer la ligne d’arrivée, un petit un sur le coté de ton écran. Victoire, pour toi. Tu t’affales dans le canapé, ce sourire sur tes lèvres, tu fais le beau, narguant la jeune femme de tes sourcils qui se soulèvent. On dirait que j’avais raison. T’es nulle ! Tu ricanes soufflant sur ta manette, comme pour éteindre le feu d’un revolver après avoir tiré. J’imagine que tu veux en refaire une autre, une revanche. T’insistes, sur ce mort. Un clin d’œil, quelle arrogance. Tu ne t’es même pas rendu compte que depuis tout à l’heure tu t’es décallé sur le côté, vers elle, tu n’es qu’à quelques centimètres, comparé à ce mètre que tu avais écarté entre vous en venant t’asseoir sur le canapé. Tu l’as fixe un instant, comme bloqué, comme rentré dans une bulle intemporelle. Tes prunelles qui détaillent son visage, encore. Non finalement Wario n’est pas assez beau. Tu viens de lui dire qu’elle est belle, indirectement, inconsciemment. Demain, il neige.