Appel Harp vers Violet

Je me retrouve seule dans ma chambre d'hôpital. Enfin ... Seule pas vraiment, j'ai pu rassurer Henry de mon état mental, il n'a cessé de pleurer à mon chevet depuis mon admission. Il repassera demain, Noah et Hadès sont rentrés aussi et repasseront demain. Je ne sais pas où est Zeph, il est peut-être encore dans les couloirs, Alejandro vient de sortir de la chambre. Mais là tout de suite, j'ai besoin d'entendre ma meilleure amie. J'ai envie de m'effondrer, mais je garde parce que je ne veux pas qu'elle s'inquiète. Je souffle un bon coup, me redressant sur mon lit avant de sortir mon téléphone de mon tiroir. Je sais que personne ne voulais que je le garde, mais j'ai insisté. Mon portable en mains, je compose son numéro, ça sonne. J'entends finalement sa voix. Il est tard ici, j'imagine qu'il doit être tôt pour eux ... " Vee ... c'est Harp ... "

@VIOLET GOLDMAN

Quand mon téléphone sonne, je réponds dans la demi seconde. Je mets le monde entre parenthèses, Loup comprendra. Il comprend quand il s’agit d’elle. Il a un caractère impossible mais il est différent depuis qu’on est à Paris. « Harp ? » Il sait que je me sens coupable d’avoir quitté Boston. Et surtout, il sait que peu importe l’heure, peu importe le décalage horaire, je sauterai sur mon téléphone pour répondre. Je prends une voix douce, rassurante. « Comment tu te sens ? » C’est le plus important et la question principale. Je sais qu’elle a un tas de choses à me dire, on avait pas eu l’occasion d’échanger beaucoup le premier jour de son hospitalisation mais là, on était qu’entre nous. « Vas y, dis moi tout. Et si une infirmière te fais mal, je la traque même de l’autre bout du monde. » On touche pas à ma meilleure amie.

J'entends sa voix. Elle a décroché à la seconde alors qu'elle devrait probablement être en train de dormir. Je me sens tellement mal de lui avoir fait subir ça, maintenant que j'ai les idées claires, maintenant que je reprends mon traitement. Tout s'éclaircie, je vois tout le mal. Je l'écoute d'abord, je veux parler, mais à la place je m'effondre. Je me mets littéralement à pleurer au téléphone. " Vee ... je suis ... je suis désolée ... pardon ... " Je suis tellement désolée. Tout ce que j'ai du faire a du lui rappeler d'horribles moments, je suis si désolée ...

Ça me brise le coeur de l’entendre pleurer mais je la laisse évacuer, elle en a besoin. Elle a du se retenir parce que c’est ce qu’elle fait toujours, elle se montre forte devant les autres. « Ça va aller, je te le promets... » Parce que je la laisserai pas tomber, jamais de la vie. Je retrousse le nez quand elle s’excuse : «  C’est moi qui devrait m’en vouloir. J’ai pas vu que ça allait pas. » J’avais forcément manqué des choses, fais abstraction de certains indices. Et si on ne l’avait pas retrouvée... Je préférais ne pas y penser. «  Arrête de t’excuser... » Je sais à quoi elle pense et non, je me fous clairement de devoir affronter mes démons si c’est pour abattre les siens. «  Dis moi juste que tu vas mieux. » Et que tu vas pas recommencer, par pitié...

Je pleure et honnêtement, ça me fait un bien fout. Me retenir devant eux, leur montrer que j'en voulais à Abé de m'avoir récupérée parce qu'à ce moment là je le pensais très fort ... et maintenant je le pense simplement parce que j'ai pas la force d'affronter leurs regards à tous. Elle me promet que ça ira mieux. J'acquiece rapidement comme une enfant même si elle ne peut pas le voir. Au fond, bien-sur que j'aimerais que ça aille mieux, mais j'ai l'impression d'avoir tellement de noeuds à démêler que je ne sais plus par où commencer. " Non Vee ... surtout pas, tu ne pouvais pas voir .. " Qui le pouvait ? Il n'y avait que moi. Je sèche mes larmes, la respiration tremblotante et tente de me calmer. " Eh bien ... pour commencer, j'ai repris mon traitement ... je suis un peu forcée à l'avaler ici tu sais, je ne peux plus me défiler, m'enfin ... " Je souffle plus calmement. Et m'allonge sur le lit confortablement, comme pour être dans un cocon maintenant que je lui parle. " Toi, dis-moi que tu vas bien Vee ... Si c'est le cas. Loup te traite comme il faut ? "

La voix d’Harper me peine mais je n’ai pas envie d’insister sur ce qu’elle veut me dire ou non. Je n’ai pas envie de la harceler de questions ou de comprendre. Il s’est passé ce qu’il s’est passé. Son traitement a reprit et il devrait l’aider. C’est tout ce qui m’importe. Je laisse échapper un soupir de soulagement avant de souffler : « Ils sont encore là ? » Noah m’avait fait comprendre qu’ils effectuaient des espèce de tout de garde, c’est franchement flippant mais après tout, on aurait beau leur dire ce qu’on veut, on ne pourrait jamais leur faire entendre raison... « T’en fais pas, ça ira de mieux en mieux avec le traitement. Je sais que tu peux le faire. » Aucun mot négatif dans mes phrases et c’est soigneusement choisi. Uniquement du positif et de l’espoir : tout ce que je souhaite pour la Kennedy. Cette dernière décide de changer de sujet et je ne peux que comprendre puisque moi non plus, je n’avais pas trop aimé parler de mon état quand j’avais été à sa place. Je jette un coup d’œil à Loup qui dort contre moi et à ma main qui se passe machinalement dans ses cheveux. « Hmm... ça va, un séjour entre potes quoi. » Putain on pouvait pas faire pire. Je ricane pour essayer de faire passer la gêne dans ma voix « Tu t’rends compte, il m’a offert un béret noir au lieu d’un béret rouge, je suis censée faire comment pour me démarquer des gens maintenant ? S’il me perds dans la foule, je peux même plus ressembler au pic d’Apple Plans ! » Si j’arrivais à la faire rire, c’était gagné.

Je me sentais tout de suite mieux et plus apte à engager la conversation avec Vee alors que je venais de me vider de mes larmes. J'essuyais ce qu'il m'en restais sur mes joues, et finissais par m'allonger sur le lit, calant le téléphone entre mon oreiller et ma joue pour être encore plus confortable. " C'est juste que c'est ... dur de voir la réalité en face maintenant que je reprends le traitement. " Mais je veux changer de sujet. Qu'elle me parle d'elle et de leur séjour. " Potes ? ... Bon .. si jamais il est pas cool, tu m'appelles d'accord ? N'hésite pas s'il-te-plait. " Parce que même si nous n'étions plus amis, je connaissais Loup. Quoi que je ne savais pas trop ce qu'il avait en tête avec mon amie. Je fermais pour l'instant les yeux sur cette histoire, tant qu'elle se portait bien. Je finissais par rire à son histoire. " Hahaha ... Vee ... je t'aime, merci. "

Et je sais qu’elle fera des efforts, je sais qu’elle fera en sorte que ça ne recommence pas. Pourtant, je dis avec une détermination exacerbée : « On s’en sortira toute les deux. » Parce que oui, maintenant, on allait avoir le même combat sauf qu’on ne se battait pas contre la même chose mais avec un objectif commun. Ne pas recommencer et vivre. Du moins j’osais espérer qu’Harper avait toujours l’envie de vivre, autant que j’avais retrouvé la mienne une fois réanimée. A la remarque de ma meilleure amie, je jette un coup d’œil à l’intéressé et je me surprends à avoir une certaine... tendresse à son égard ? Ouais, je sais qu’il est plus qu’un abruti mais je sais pas... Là, je pourrais presque l’oublier. « T’en fais pas, tu seras la première au courant. » Même si j’aimerais éviter, plz. Tout se passe si bien... Et elle rit, bordel, filez moi une médaille ! Je souris à ses mots avant de répondre : « Moi aussi je t’aime... Je rentre très vite. » Et même si le temps passe à rallonge à l’hôpital, je comptais sur les autres pour le lui faire oublier le temps que je quitte Paris puis Copenhague.

Je souris faiblement à ses mots, qui me font sans cesse me rappeler que je l'ai abandonnée. Je ne pouvais simplement plus, c'était comme si une force sombre me criait de me jeter du haut d'une sinistre montagne, et maintenant je m'en veux de l'avoir laissée à ce point dicter sa loi. " Je te demande encore pardon ... je serai là pour toi. " C'est plus fort que moi, j'ai besoin de demander pardon. Mais heureusement, nous changeons de sujet et très vite, je sens quelque chose entre elle et Loup, mais ne dis rien de précis pour le moment, sinon la promesse que je suis à l'écoute. " Parfait ... tu es grande Vee et je ne voudrais surtout pas ... enfin ... Loup est beaucoup plus sensible qu'on peut l'imaginer. Il se cache bien, c'est tout. Fais attention à toi quand même. " Je lui dis que je l'aime parce qu'elle m'a fait rire, et ici, c'est pas facile ... même si je les aime ces garçons, quoi que j'en dise. " Prends soin de toi et profite ! " Si jamais Loup lui faisait quoi que ce soit, il m'entendrait, même s'il faut qu'on me réveille d'ente les morts. On ne touche pas à Vee.