Mon plus ancien souvenir date de ma seconde année de nursery school. Je devais avoir 4 ou 5 ans a l'époque et je me souviens que les plus grand s'amusaient mettre deux petits ensemble et a les forcer a s'embrasser. C'était enfantin, rien de bien cruel puisqu'il ne m'avaient rien demandé. Mais moi, je me rappelle avoir embrassé Mary, une des plus jolie petite fille de ma classe (j'avais déjà très bon goût a l'époque!). Toute contente, je l'avais dit a tout le monde. Malheureusement, le petit con qui s'amusaient a nos dépend m'avait rit au nez en disant que les filles n'embrassaient que les garçons. Et que, ce que j'avais fait c'était juste dégouttant... Enfin je ne me souviens pas de tous les détails, mais je me rappelle encore très bien de la tête de ma mère en fin de journée. (
#priceless)
A un moment, dans l'après midi, j'avais du échapper a la surveillance de nos maîtresses, et réussit a m’être introduite dans la classe pour m'emparer des fameux ciseaux. Ceux qui prônaient sur la table de notre prof et que nous n'avions pas le droit de toucher. (Sérieusement, je ne sais toujours pas comment j'ai fait, aujourd'hui impossible de passer inaperçue!)
Je les avais touché ces ciseaux, et j'avais coupé mes deux couettes. Cheveux court comme un garçon ! Je me rappelle vaguement m'en être vanté devant a tout le monde et le grand garçon (l'autre abrutit) s'était totalement moqué de moi. S'en était suivit une bagarre (et la je ne m'en souviens plus très bien), qui nous avait valu un sermon devant nos parents respectifs.
Mais le pire dans tout ça, ça a été la tête de ma mère quand elle a vu ma coiffure. Son petite bébé, sa petite poupée de 4 ans, totalement défigurée. Mon père s'était contenté de rire et de se moquer régulièrement de mon acte. Dès que j'avais des ciseaux et se tenait la tête en s'éloignait prudemment de moi...
Mon père a été longtemps l'homme de ma vie. Probablement l'unique aussi. Ma mère par contre... Tout nous opposait. Elle voulait une « vraie fille », celle qui aiment jouer a la poupée, celle qui prennent du temps a se coiffer et a choisir ses habits la veille. Elle avait déjà un fils aîné, alors sa petite cadette, elle voulait la chouchouter.
Seulement voilà, je n'étais pas vraiment comme elle l'avait espéré. Voir peut être même pire. Mon père tentait de dédramatiser et je suis même persuadée qu'en secret il aimait que je tienne tête a ma mère... Mais il n'a jamais vraiment dit ce qu'il pensait. (Et j'avoue lui en avoir toujours voulu un peu pour ça)
Dans notre famille, c'était « maman » qui gérait. Elle choisissait notre école privé, nos vêtements, nos activités... Autant dire que je n'étais pas franchement ravie. Alors oui, lorsqu'il a fallu lui montrer qu'elle ne pouvait pas régenter ma vie ça ne lui a pas plu. Mais j'étais comme ça, quand je ne voulais pas je ne me forçais pas.
Et puis, nous avions constamment droit durant toute notre enfance a cette jalousie maladive. Sa cadette qui s'était marié avec un Windsor... Vous rendez vous compte ?! Elle n'avait épousé qu'un pauvre américain expatrié. (Franchement, quand elle disait ça a haute voix dans la maison, je me demande encore comment mon père a pu se laisser marcher dessus comme ça).
Alors, sa petite fille qui n'aime pas la danse, qui s'amuse a rester allonger par terre durant les cours pour ne pas faire son activité, c'était juste impensable ! Bien entendu, devant les autres elle jouait la maman trop heureuse. Hors de question de montrer a celle qui a meixu réussit qu'elle ne sait pas tenir sa fille !
Plus tard, vers l'age de 8 ans, j'avais imposé a tout le monde qu'on m'appelle Sam. Je ne voulais plus porter que les vieux vêtements de mon frère et j'avais menacé ma mère de couper mes cheveux moi même si elle ne m'emmenait pas chez le coiffeur pour les couper plus court encore. Au début, j'avais toujours cru que j'étais née dans le mauvais corps... Plus tard, j'ai compris que les croyances de ma familles m'avaient bouffé la vie. Ma mère était le genre de personne ultra pratiquante. Gamine je me souviens être souvent allée a des sorte de « gala de charité ». Ma mère aidait le pasteur très souvent et nous forçaient a y aller avec elle.
Alors, dès l'enfance j'avais été bassinée par des contes, une princesse en détresse qui se faisait sauver. Un homme qui épousait une femme bla bla bla. Bref, autant dire que j'avais la même vision que ma mère d'un couple. Seulement moi, je ne voulais pas etre une princesse en détresse ! Je voulais être un prince qui combattait les dragons ! Et je voulais me marier avec la princesse. Alors, du haut de mes 8 ans, il était totalement normal que je me sois simplement trompé de corps !
Ce n'est que plus tard, durant la pré adolescence que les choses changèrent. Premièrement a cause de mon groupe d'amis. Toutes les filles étaient en crush sur le mec « trop canon et populaire » moi ce type ne faisait ni chaud ni froid. Mais la pression scolaire et les standards m'avaient obligé a jouer les filles amoureuses. Pour couronner le tout, ce fameux gars m'avait dans le collimateur. Du coup, lors d'une soirée chez une amie il m'avait embrassé. J'avais trouvé ça juste dégoûtant et j’étais presque répugnée a l'idée de devoir recommencer. Par chance, il changeait de fille comme de chemise et j'avais pu passer a autre chose. L'année suivante, ma meilleure amie de l'époque et fille du pasteur (que je côtoyais depuis un sacré bout de temps, donc) me confiait qu'elle n'avait jamais embrassé personne. Elle était presque en larme en me disant que tout le monde aurait quelqu'un avant elle d'ici la fin de l'année et qu'elle finirait vieille seule et moche avec ses 3 chats (Ce qu'on est peut etre drama queen quand on est ado franchement). Ni une ni deux, je saute sur cette chance inopportune. « Tu n'as jamais embrassé personne ? Bah si tu veux je peux te montrer »... (Je suis un véritable chevalier en armure moi, j'aide les filles en détresse.)
Bien entendu, ce baiser a été une révélation pour moi. Mais pour elle aussi. Et du haut de nos 13 ans, nous étions les amoureuses les plus heureuses du monde. C'était elle et moi contre le monde entier... (Enfin, vous voyez le topo.) Je me souviens que ce bonheur avait été de courte durée parce que ce crevard de mec populaire ne pouvait pas accepter qu'une de ses ex devienne amoureuse d'une fille. Il nous avait surpris dans les toilettes (et sérieusement je me demande toujours comment il a pu arriver ici sans se faire repérer... Dans un collège protestant, un garçon qui rentre dans les toilettes des filles c'est quand même pas rien!). Bref, ça a été le début de la fin.
Tout ces souvenirs la par contre, sont encore très clair dans ma tête. Ce moment ou j'ai fugué de chez moi pour aller chercher Anna. Cet instant ou elle m'avoue vouloir tout arrêter parce que ses parents sont près a la retirer de l'école pour qu'elle ne me voit plus jamais. Mes parents, ou plutôt ma mère, qui hurle au scandale dans le salon. Et mon père et son regard déçu. Tout ça, ce sont des souvenirs que je souhaite oublier et qui, malgré moi ressurgissent bien trop souvent.
Il aura fallu 3 ans avant que ma mère craque. Une troisième histoire aussi, avec Dana. Ma mère m'insultait de tous les maux, avait même fini par me faire voir des psychologues... Tout pourvu que sa fille reste normale. Mais au bout de 3 histoires avec 3 filles différentes, elle a fini par lâcher l'affaire.
Je me souviens encore très bien de cette soirée, je revenais de l'école, complètement abattue parce que mes camarades s'amusaient a mes dépends. Ce n'était pas très courant une fille lesbienne dans une école protestante.
La première chose que j'avais vu, c'était ma valise au milieu du salon. Ma mère s'était levée lorsque j'avais ouvert la porte et mon père avait toujours cet air abattu. « Tu sors, je ne veux plus jamais te revoir » C'était les derniers mots que m'a mère a prononcé a mon égard.
Mon père avait prit ses clefs de voiture sans dire une parole, emporté ma valise et je l'avais suivit complètement déboussolée. Je ne comprenais rien et personne ne m'expliquait. Ce n'est qu'une fois sur le chemin de l'aéroport que je réalisais que quelque chose de grave se passait. J'avais la gorge nouée et la seule chose que j'avais pu dire a mon père une fois arrivé c'était « Pourquoi ? ». Il m'avait sourit, déposé un baisé sur mon front puis il avait éludé ma question. « Voici Kate, c'est ta tante. C'est elle qui va t'héberger ».
L'explication s’arrêtait la. Je n'ai su que plus tard, que c'était la dernière chose que mon père avait fait pour moi : me trouver un toit et une autre famille. Sauf que cette famille habitait Boston, que je devais me ré habituer et vivre dans un autre pays. Les premiers mois avaient été un enfer. J'ai commencé a me laisser dépérir, ne me nourrissant que très peu... J'avais même fini a l'hosto. Cette période noire de ma vie, je la revois en pointillée. Un peu comme si mon cerveau avait vraiment fini par oublié certains passages.
Il aura fallu une personne dans un couloir de cet hôpital pour que tout change. Cette femme c'était Millie. Une dame plutôt âgée, la soixantaine, qui possédait un bar a Boston. Elle était la pour sa femme, celle qu'elle avait toujours aimé et qui se mourrait. Son histoire m'a touché et il m'a fait prendre conscience que je n'avais qu'une vie. Que ma mère était en train de me détruire même si je n'étais plus avec elle. C'était a moi de décider ce que je deviendrais. C'était a moi de prendre ma vie en main.
Je ne dis pas que ça a été facile, mais j'ai tenu le choc. Durant toutes ces années, j'ai bossé régulièrement au bar de Millie. Il s'appelle le « Royale ». C'est devenue un peu comme ma seconde maison la bas. Et puis, j'ai évolué. Je suis passé de simple serveuse a mi temps a barmaid a temps plein !
Arrivé a ma dernière année de high scool, j'ai fini par lâcher mes études. Pas de bourses, peu d'argent... Pas la peine de penser a continuer plus loin. J'aimais trop le Royal pour aller perdre mon temps a jouer les étudiantes sur le campus. Millie m'a pourtant beaucoup poussé dans ce choix, elle même regrettait de n’être pas allée plus loin que le 11ème grade. Et puis, elle s'est rendue compte que ça ne servait a rien.
Ma tante et mon oncle son partis durant cette période la. Une mutation qui les a fait déménager a LA. Sans domicile, j'ai fini par crécher dans la petite chambre de bonne au dessus du bar. Ça a été les meilleures années de ma vie. J'ai rencontré pas mal d’étudiantes, des filles de passage aussi. C'était un peu une chambre de « passe » tant les gens défilaient dans cette piaule. Ça me fait sourire aujourd'hui, parce que c'est une période de ma vie révolue. On pourrait croire que j'ai 35 ans, que j'ai tout vu de la vie... Et en fait non, j'en ai 29. Mais j'ai Swann avec moi et il a changé beaucoup de chose.
Swann c'est un « bébé éprouvette », comme on le dit si joliment. Personnellement je dis qu'il est le fruit de l'amour, parce que c'est grâce a Vicky que j'ai eu envie d'un petit Swann. Vicky est mon ex. Celle avec qui j'ai vécu 2 ans. La plus grande histoire de ma vie, mais aussi la plus douloureuse. Nos projets fusaient, nous avions envie d’emménager ensemble, d'avoir une famille, un chien et une vie heureuse. Sauf que nous passions notre temps a nous déchirer aussi. Vicky était extrêmement jalouse et possessive et moi j'avais besoin d'un minimum de liberté. Mais, au bout d'un an de vie commune, une envie de bébé a commencer a faire surface. Vicky était totalement pour et moi j'étais complètement flippé ! Sauf que voilà, Vic était stérile, le bébé ne pouvais venir que si j'acceptais de tomber enceinte.
Ça a été le plus dur choix de ma vie. Premièrement parce que je ne m'attendais pas a tomber enceinte a 26 ans et secundo parce que je ne m'étais jamais vue maman d'une famille. Avec celle que j'avais eu pour modèle, je pense qu'on peut un peu le comprendre.
Une fois enceinte, les choses se sont accélérés et elles ont empiré. Vicky s'est tirée du jour au lendemain, sans explication. Mes courriers me revenaient, impossible de la joindre par téléphone, elle avait résilié sa ligne. Bref, un véritable coup de massue.
Encore une fois, Millie a été la pour moi. Soixante dix ans et un cancer qui pointait le bout de son nez. Ça n'a pas été une très jolie période, mais sans elle je ne serais pas la ou j'en suis aujourd'hui. Millie m'a tout appris. De comment mettre une couche dans le bon sens a préparer des bons petits plats. J'avais lâché la chambre de bonne a cette époque, Millie trouvait que ce n'était pas un lieu pour un gamin. Alors, je vivais avec elle dans son appart. Cette femme, c'était la mère ou la grand mère que je n'avais jamais eu. Elle me manque beaucoup aujourd'hui, il ne se passe pas un jour sans que je pense a elle.
Elle nous a quitté il y a 2 ans a présent. En me léguant son bar, sans avoir prévenu personne. Je dois avouer que c'était un choc. Être la seule légataire de tout ses biens alors que je n'étais même pas de sa famille ! Je suis presque sûre d’être déshéritée de la mienne, alors bon... Enfin, j'ai appris qu'elle n'avait pas de descendance, du coup je n'allais pas faire le malheur de quelqu'un. Ce qui me soulageait pas mal.
Quand a mon fils Swann, il est entrée a la pre school en septembre. Ca m'a fichu un coup de le voir partir avec son sac a dos. Et puis, la tête des mamans a été mon cadeau de bienvenue. « Vous êtes la baby sitter ? ». J'en suis restée sur le cul. Swann a enfoncé le clou en sortant un « Mais non ! C'est ma maman ! ». Après, il faut voir comment je fait tache dans les réunions de parents. Veste en cuir, cheveux en bataille (la plupart du temps parce que j'ai couru tout le chemin pour ne pas arriver a laboure), alors que les autres mamans sont tiré a 3 épingles, brushing parfait. Au début j'étais un peu mal a l'aise vis a vis de mon fils, je sais qu'un rien suffit pour le rendre victime d'un petit con. Les gamins ne sont pas tendre entre eux et j'en sait quelque chose. Mais il semble s'en fiche royalement et je lui en suis tellement reconnaissante !
Franchement, qu'est ce que je ferais sans lui ?