The Red Chocolate (with Willow)

La légende urbaine raconte que la nuit porte conseil. Une croyance populaire qui ne pouvait qu'être plus véridique. Et pourquoi donc? Qu'est-ce que la levée nocturne procure comme réponse à l'éternel questionnement humain? Alexis l'ignorait complètement et il n'en avait que faire à vrai dire. Sans faire de vacarme, voulant à tout prix éviter la révolte des étudiants endormis, il déambulait dans le creux des majestueux couloirs de Harvard, le regard perdu, vaguant à l'horizon.. Torse nu, le bas du corps recouvert d'un symple pantalon bleu foncé, ses pieds nus foulaient le sol avec une certaine nonchalance. Aucune destination précise, il laisserait le destin décider ainsi de la suite de son chemin. Le Memorial Hall était d'une superficie autant vaste qu'impressionante et s'y balader était une aventure historique en soi. Pourtant, quelque chose le dérangeait, comme si on cherchait à détourner de subtile façon son attention. Un bruit en apparence annodin qui gagnait en ampleur et serait bientôt le seul maitre à bord. C'était tout près, à peine plus audible qu'un murmurre. Après une brève écoute précise, c'était l'évidence: son ventre gargouillait. Alexis avait une fringale nocturne et il n'avait rien à manger sous la main. Fronçant légèrement les sourcils, c'est suite à cette soudaine idée qu'il changea de direction pour subvenir à ce besoin urgent d'ingurgiter une composante solide dont le goût n'a plus rien à prouver à l'univers gastronomique du sucré.

Les cuisines de Harvard étaient le paradis sur terre pour tous les futurs cuisiniers de l'établissement. L'équipement était complet et on ne parlera pas de la diversité des aliments qu'on peut y trouver. Aucune limite à l'imagination ici, c'était les limbes de la nourriture. Habituellement, ce département est verrouillé et on ne peut qu'y avoir accès à certaines occasions, comme ce soir par exemple, et Alexis ne cherchait point à savoir pourquoi. Marchant malgré tout avec un certain silence, il laissa la porte légèrement entrouverte derrière lui, allumant que les lumières nécessaires pour éviter le surplus d'attention, parfaitement inutile en ce futur moment de délice. L'obstacle qui se dressait devant lui était un imposant réfrigérateur en acier inoxydable brillant sous les éclats vicieux de la lune. Tirant la porte vers lui, il sourit alors que tout lui était offert. Ses yeux se fixèrent sur une assiette rouge, acceuillant un magnifique gâteau au chocolat recouvert, bien entendu, d'un crèmage au chocolat. Laissant les instincts de son estomac lui faire la leçon, il s'en empara avant de refermer la porte du meuble frigorifié. Voilà qui serait un festin tout à son honneur. En déposant l'assiette rouge devant lui, Alexis remarqua du coin de l'oeil un petit couteau qui serait parfait pour le découpage. Se taillant une tranche modeste, c'est en la laissant choir dans une plus petite assiette qu'il flairait cette délicieuse odeur sucrée. Sautant à pieds joints pour déposer son derrière sur le comptoir, c'est après la première bouchée que le précieux conseil de cette nuit avait porté fruit...

Je n'arrive pas à dormir. Je me retourne pour la cinquième fois en essayant en vain de trouver une position confortable. Le sommeil ne veut pas venir. Je passe ma main droite sur mon front et je pousse un long soupir. Ça ne sert à rien de forcer Willow. Je me relève et constate que Sarah dort à poing fermé. Je me glisse hors de mon lit, en essayant de faire le moins de bruit possible. Je me dirige vers le porte-manteau et je m'enroule dans mon manteau.
Je frissonne et je me rends compte que je suis quasiment dénudée. Il n'y a que ma chemise de nuit qui cache mon corps, dissimulée elle-même sous mon manteau. J'enfile mes chaussons et je ferme délicatement la porte en jetant un dernier regard à ma colocataire, déjà prise au piège par les bras de Morphée.

Je ne sais pas où je vais. Je traîne des pieds et je continue d'avancer sans vraiment savoir où me rendre. C'est à ce moment précis que mon estomac se réveille. Au vu du bruit qu'il vient de faire, je ne serai pas étonner si tous les étudiants venaient à se réveiller. J'enroule mes deux bras autour de celui-ci et je lui intime de se taire. Bon sang, c'est vrai que je commence à avoir faim. Je me demande si ce n'est pas interdit de traîner dans les couloirs. Bon il est un peu tard pour se poser ce genre de questions Willow. Tu régleras ça, une fois ton ventre rassasié.

Ainsi je me dirige vers les cuisines d'Harvard en croisant les doigts. Il faut absolument que je ne croise personne. J'ai atteint le hall du bâtiment et je n'ai aucun mal à tourner la poignet et à pousser la porte. Tiens, c'est étrange. D'habitude, c'est toujours fermé par ici. Je me dis que c'est sûrement mon jour de chance et j’accélère le pas, pressé de manger quelque chose et de filer dans ma chambre. Je me stoppe d'un coup et je pousse un juron. J’aperçois de la lumière dans la cuisine. Qui peut bien être encore là à cette heure-ci ? Une personne qui a sûrement eu la même idée que toi ma pauvre Willow. J'avance le plus lentement et discrètement possible. Je pousse la porte et risque un œil pour voir qui se cache à l'intérieur.

Je ne vois qu'une silhouette pour l'instant mais vu la posture et la forme de la silhouette, je parierai sur un homme. J'en suis même quasiment certaine. Je m'avance et me stoppe une nouvelle fois, complètement prise au dépourvu. C'est Alexis qui se tient devant moi, ou plutôt assis pour ce cas là. Il est en train de manger je ne sais quoi. Quelle surprise. Je ne me suis pas du tout attendue à le trouver là, et surtout à une heure pareille. Quand je repense à toute notre histoire, je décide de me venger. J'avance donc par derrière, en priant intérieurement pour qu'il ne m'entends pas. J'essaye de me glisser derrière lui mais mon genou rencontre le coin de la table et la douleur achève de me trahir.

«  Aie ! Et merde alors » je ne peux m'empêcher de lâcher en constant les dégâts.

Bon à priori, je n'aurai juste qu'un bleu. La douleur me pique les yeux et je fais au mieux pour résister. Ça va passer Will, ça va passer. C'est là que je me rends de nouveau compte de la présence d'Alexis. Il a l'air aussi surpris que moi et je vois dans son regard qu'il admire la situation même s'il fait tout pour ne rien faire transparaître.

«  Salut Alexis je dis en grimaçant. J'espère que je ne t'ai pas fait peur. »

Je m'approche alors vers lui , le sourire aux lèvres et quand je m’aperçois de son festin, je ne peux m'empêcher d'y résister. J'attrape le couteau dont il a dû se servir quelques minutes auparavant et me coupe une tranche. Je ne m'assoie cependant pas à côté de lui, connaissant que trop bien ses instincts prédateurs. Surtout qu'on ne voit presque rien et qu'on est seuls...

Le chocolat. Une substance riche dn saveur qui soulève autant la passion que la haine. Certains aiment son goût, sa texture, la sensation sensorielle qu'il apporte alors que l'on est en détresse. On le dit également aphrodisiaque lorsque bien sur il est apprêté de cette façon. À cette heure-ci de la nuit, le chocolat était la meilleure possibilité pour répondre à ce besoin urgent de remplir son estomac. Dormir avec le ventre plein n'était point recommandé pour la digestion mais la satisfaction était à son compte bien comblée. La seconde bouchée avait déjà convaincu Alexis d'en prendre une autre, suivi de la troisième, ainsi qu'une succession effrénée de miettes de gâteau tombait le long de ton tube digestif. Son moment de gourmandise ne l'avait pas fait réalisé qu'il n'était plus seul à présent et que cette compagnie ne serait pas du tout celle qu'il attendait. Brisant le silence dans un impact tout à fait retentissant, c'est à la fois surpris et intrigué que le jeune homme releva la tête, la fourchette venait de quitter ses lèvres. Willow. La jolie blonde participant à une partie de chasse des plus relevées entre elle-même et le jeune Kane. Était-il heureux de cette coincidence? Était-ce plutôt pour lui un véritable supplice de devoir supporter un accès impossible à un désir souhaitant être comblé? Haussant légèrement les sourcils, et malgré tout, il la salua, avec calme et politesse, aucunement désemparé par son intrusion.

Bonsoir Willow. Ça va le genou, tu vas t'en sortir? C'était le risque à courrir pour venir subvenir à un besoin soudain et incontrôlable de se mettre un véritable festin sous la dent. Comment ce gâteau exquis au chocolat qui est un choix de première qualité. Bon, tu le sais bien et je le reconnais, j'ai toujours eu la touche plus sucrée je ne suis donc pas une référence très objective. Mais si ce n'était que de moi, je me lancerais volontier à l'attaque d'une seconde part! Je vais t'avouer que je me sentirais un peu coupable du pêché de la gourmandise sinon...

Un léger rire décora la fin de sa phrase. Un rire non pas moqueur et encore moins machiavélique mais un rire qui cherchait à camoufler un mauvais coup, un peu comme un enfant qui s'enfuyait du mensonge. Une facette de la personnalité de Alexis qui était rarement mise de l'avant pour des raisons évidentes, questions de crédibilité sans doutes. Faisant face à la belle Willow, il lui sourit à son tour alors qu'elle se régalait de sa portion de gâteau à son tour. Aucun doute possible. Le dessert au chocolat sur assiette rouge était une réussite sur toute la ligne. Il ne manquerait pas d'en glisser un mot aux étudiants cuisiniers à son prochain passage sur les lieux. Quittant la table, le jeune homme marcha jusqu'au réfrégirateur pour s'emparer de la pinte de lait. Attrapant un verre qui était seul dans les alentours, il en versa lentement avant de donner le verre à la belle blonde qui le regardait d'un oeil attentif. Se permettant l'audace avec elle comme il ne le faisait que très rarement, il prit place de nouveau sur le comptoir mais à côté d'elle, sans jamais être trop près ni la toucher. Précipiter la suite des choses serait regrettable et pourrait amputer toute tentative de réconciliation. Propice à la nuix, la voix de Alexis était lente, très calme, presque mélodieuse, comme une cantine que l'on chantait aux enfants pour les aider à s'échapper vers le monde des rêves.

Tu n'arrivais pas à dormir simplement à cause de cette fringale ou une autre pensée te tracassait au point de te retirer le privilège de te faire emporter par Morphée?

Eh bien pour le discrètement c'est raté Willow, je pense intérieurement. Je constate toutefois qu'Alexis n'a nullement l'air désarçonné par ma surprise, ce qui me rends encore plus mal à l'aise. Cela fait quelques semaines qu'il m'a proposé de me mettre dans son lit, comme ça, sans aucune pudeur. J'ai bien évidemment refusé, ne couchant pas non plus avec n'importe qui et surtout pas avec le premier venu. Mais, je l'ai souvent côtoyé depuis et un jeu s'est progressivement installé entre nous : un coup, c'est lui qui vient me chercher et une autre fois, c'est moi.
Le seul problème dans cette histoire, c'est que je ne sais pas du tout comment elle va se terminer justement.

Alexis me salue à l'aide d'un mini monologue qu'il ponctue par un rire à la fin. Un rire qui me fais esquisser un sourire. Je le soupçonne toutefois ne ne pas me dire toute la vérité concernant le fait qu'il se sent coupable d'être gourmand. Moi je ne le suis pas du tout et je l'assume d'ailleurs. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde visiblement et cela m'étonne de lui d'ailleurs.

« Oui mon genou va bien je t'en remercie. Et oui je vais m'en sortir, je me suis juste cognée hein ce n'est pas la mort non plus. Je survivrai je dis en souriant. Oui je n'ai pas pu m'empêcher de satisfaire les besoins de mon estomac mais je serai ravie de savourer également une seconde part je rajoute en engloutissant ma première part de gâteau. »

Au moins, il a raison sur un point : Cet en-cas est vraiment un délice, à tel point d'ailleurs que je n'ai pas attendue Alexis pour me resservir une deuxième fois. « Tu en veux aussi ? »Je lui demande en découpant deux parts.

Tout en me régalant, j'observe Alexis quitter la table pour aller chercher une bouteille de lait dans le réfrigérateur. Il prends un verre et en renverse une petite quantité. Dès qu'il a finit, il se dirige vers moi et me le tends. J'hésite quelques secondes et le prends finalement en le remerciant. A ma plus grande surprise, je le dis de manière ironique bien sûr, le jeune homme s'assoit sur le comptoir juste à côté de moi. Il ne manque pas d'audace mais cela ne me gêne finalement pas et je bois lentement mon verre de lait.

« Tu n'arrivais pas à dormir simplement à cause de cette fringale ou une autre pensée te tracassait au point de te retirer le privilège de te faire emporter par Morphée ? » me questionne t-il, visiblement très curieux. J'hésite à me confier, surtout que je ne le considère pour l'instant que comme un prédateur pervers. Je finis de boire les dernières gorgées et essaye tant bien que mal d'enlever la moustache naissante, dû à mon verre de lait.

« Eh bien disons que ces temps-ci, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Je ne sais pas pourquoi mais ça ne veut pas venir alors je promène de temps à autre, en essayant de faire passer le temps. C'est peut-être parce que Morphée ne veut pas de moi » je réponds en essayant de faire un peut d'humour. Je me retourne vers lui et le fixe volontairement. « Et toi ? Pourquoi est-ce que tu es là ? »

Cette charmante Willow. Elle avait le sourire si facile. Un sourire étincellant, charmant, séduisant même. Une réaction naturelle de sa part, elle avait toujours été agréable à côtoyer malgré sa réticence à pousser leur étrange relation dans le lieu de la couchette. Mais qu'importe, pour le moment, aucune intention malsaine planait sur l'esprit de Alexis qui aurait souhaité à tout prix voir le corps dnudé de cette belle créature. Il fut avant tout ravis de savoir qu'elle survivrait à l'assault du mobilier contre son pauvre genou, victime de cette injustice. Un sourire décora le visage de Alexis quand la belle blonde affirma que le dessert était exquis et méritait considération. Raison pour laquelle le jeune homme se ne fit pas prier alors que Willow décida de lui servir une seconde part, tendant alors les mains pour s'en emparer, coupable de gourmandise.

Ils étaient l'un à côté de l'autre. De loin, le portait traçait l'intimité idéale pour un couple venant de se retrouver. C'était si loin d'être le cas. La belle blonde finit par expliquer à son compagnon de cuisine qu'elle avait une certaine difficulté de sombrer dans le sommeil ces jours-ci pour une raison qui lui échappait, expliquant donc son égarement en cette heure nocturne. En prenant une bonne bouchée du délicieux gâteau, Alexis hocha doucement de la tête et fixa à son tour volontairement Willow, essuyant un peu de crèmage trainait sur le coin de ses lèvres.

Je ne sous-estimais point ta résistance après tout, tu es faite forte et solide, on le sait tous les deux. À te savoir aussi affamée pour ce délicieux festin, je sens de moins en moins de culpabilité à savourer un second morceau. Et ce chocolat, miam! J'ôserais même dire qu'il est aphrodisiaque!

Exagérant ses propos en enfonçant une autre portion dans sa bouche, c'est en riant qu'il déposa lentement son assiette sur le comptoir un peu plus loin. Il réfléchissait à sa raison en ces lieux et à bien y penser, c'était sensiblement pareil à ce que Willow venait de lui raconter. Cherchait-il ce précieux conseil, cette illumination soudaine qui ferait de lui un génie? Alexis avait toujours préféré les nuances de la nuit pour faire travailler son imagination. Une ambiance différente et particulière, beaucoup plus calme et profitable. Déposant ses mains sur ses cuisses, il regardait Willow calmement, de façon appaisée et lui répondait sur le même ton, un ton sonnait comme une berceuse à l'oreille attentive d'un enfant.

Je me demande pourquoi Morphée ne voudrait pas acceuillir dans ses bras une si charmante jeune femme en besoin. Si tu le souhaites, je vais aller lui rendre visite et lui dire quelque mots! Mais, plus sérieusement ma chère, quelque chose te tracasse à la tombée du soleil? Une pression quelconque? Le surplus de travail qui te stresserait peut-être? Une émotion qui vient te chercher jusqu'au fond de ton coeur? Tu dois tenter de faire le vider, de donner une chance à ton esprit de passer à autre chose et de ne pas tout vouloir rendre exécution au même moment.

Comme si c'était la seule chose à faire, Alexis avança légèrement sa main et essuya le restant de fausse moustache de lait qui résidait sous le nez de la belle blonde. Le geste n'avait rien de brusque ou de précipité, c'était à l'image de cette ambiance sous la belle étoile, calme et paisible. Comme si rien n'était, le jeune homme reprit parole en croisant ses mains, par pure réflexe.

La nuit porte conseil, ma belle Willow, c'est pour ça que je suis ici, pour tenter de combler un besoin de raisonnement, de compréhension. Le cerveau qui roule sans cesse à vive allure, c'est une tâche quelque peu complexe de le faire ralentir et de lui laisser à son tour un peu de repos. Je ne trouvais pas le sommeil de par cette raison. Mais ce n'est aucumement grave, au moins, cela nous aura permis de nous retrouver par, encore une fois, un heureux hasard.