tell me is that deja vu (elliot)

ah oui, c'est sûr que vous en êtes pas au même niveau. il doit sûrement te trouver ridicule, petite fille encore en train de découvrir le monde qui t'entoure. lorsqu'il te décrit sa famille, tu ne peux que la comparer à la tienne. « c'est exactement pareil de mon côté. j'ai aussi le droit aux "il faut qu'on te trouve un un mari digne de notre famille" et aux "il faut respecter la dignité des windsor" » tu souffles en pensant à tes parents, qui attendent sûrement de toi que tu deviennes une bonne mère de famille bien rangée. enfin, c'est sûrement ce que tu deviendras plus tard. mais pour le moment, t'en peux juste plus de toute cette pression, et t'as hâte de profiter de ce summer camp pour t'éloigner de toutes ces mauvaises ondes. « je comprends. tous mes frères et soeurs sont aussi à harvard, je me verrai pas partir sans eux. » en même temps, c'est compréhensible. ce sont les personnes avec qui tu as grandi et avec qui tu as vécu toute ta vie, alors vivre loin d'eux te briserait le coeur. « tu comptes faire quoi ? terminer tes études ici ? et après ? »

J'pense que finalement, on a bien plus de points communs qu'on imaginait avoir, toi et moi. Famille exigeante qui ne pense pas nécessairement au bien-être de leurs enfants, relations et image sociale, bonnes manières, réputation... Ouais, trop d'attentes, toujours être à la hauteur et finalement, pour quoi? Ça, je me le demande encore. Mais ouais, ça doit être pire en étant famille royale, parce qu'en plus, y'a la pression des médias, le regard du monde entier sur eux. J'pourrais vraiment pas, j'sais pas comment mes potes princiers gèrent ça mais ça serait trop de responsabilités pour moi. J'serais du genre Simen, à m'en battre les couilles et à détruire l'image de la famille. Oups. "Je sais même pas si je vais terminer mes études ici... En fait, je pense déjà ne pas valider mon année, et j'ai pas tellement envie de rester. Je reste que pour les Winthrops, parce que... j'ai peur de les perdre si je quitte Harvard. De perdre ce sentiment d'appartenance que j'ai su trouver nulle part ailleurs. Et si j'abandonne l'école, mon père me couperait sûrement les vivres." Et c'est con à dire mais... j'ai toujours vécu dans le luxe, j'ai toujours été très matérialiste et perdre mon confort de vie, devoir trouver un job pourri qui paye une misère, ça me donne pas tellement envie. Franchement, je suis coincé le cul entre deux chaises et si t'as des conseils, je suis vivement preneur.

au final, cette discussion est plutôt intéressante et t'aura appris bien des choses sur ce winthrop que t'avais presque oublié. tu l'avais détesté au premier abord, mais peut-être que si les choses s'étaient déroulées différemment, vous auriez pu devenir amis. enfin, en tout cas, il a l'air de comprendre ce que tu ressens, et c'est rare que tu puisses parler de ça. « fais-lui croire que tu continues d'étudier, et reste en ville ? ma soeur a aussi fait ce coup là à mes parents, elle leur a assuré qu'elle prenait des cours à harvard alors qu'elle était inscrite à seattle. m'enfin bon je te conseille pas de suivre son exemple, ça s'est mal passé pour elle quand nos parents l'ont su. » après tout, c'est la vérité. ils lui ont ordonné de rejoindre cambridge et d'y rester une bonne fois pour toutes. tu hausses les épaules, d'un air nonchalant. « et puis, si tes amis tiennent vraiment à toi, vous arriverez à rester en contact même si tu quittes ta confrérie, non ? » mais qu'est-ce que t'en sais, toi ? t'as jamais réussi à garder de vrais amis, et ta meilleure amie vient de s'enfuir sans te donner de nouvelles. disons que t'es pas super bien placée pour lui donner des conseils sur le plan amical.

Je te parle un peu de mon problème actuel. Mes études ici qui ne me plaisent pas, qui sont compliquées pour moi, et ma confrérie que je ne veux pas quitter. C’est un choix réellement compliqué. Problèmes de riche ouais, je sais que y’a des choses bien plus graves dans le monde mais... j’suis peut-être un peu trop centré sur ma personne là. « Tu me conseilles de faire un truc qui a coûté gros à ta frangine? Sympa. » que je réplique, faisant mine d’être vexé, mais avec un sourire amusé aux lèvres. « J’sais pas, ils ont des contacts dans le corps enseignant d’Harvard, j’serais pas surpris qu’ils m’espionnent t’sais. » Ils me parlent plus mais j’suis sur qu’ils me surveillent de loin quand même. « Ouais j’ose espérer que les Winthrops garderont contact si je pars mais tu sais c’est vraiment ce sentiment d’appartenance. Genre... Tu sais, quand t’as vraiment l’impression de ne pas avoir ta place nulle part dans le monde, tu sais pas trop ce que tu fais là et soudainement, c’est comme si tout prenait sens, tout s’emboite comme un puzzle parfaitement taillé que t’arrivais juste pas à remettre en place. » Et ça peut paraître con dit comme ça, niais, trop philosophe... mais c’est la vérité. J’ai peur de perdre une partie de moi.