STORY OF MY LIFE
please tell us more
Vous voulez dire que vous ne connaissez pas les jumelles Santos Bautista ?! Vous ne devez pas être de Sao Paulo si vous n’avez jamais entendu parler des filles de Monsieur le Maire de la ville. Les plus férus de mode auront reconnu la ressemblance avec Carolina Santos Bautista, mannequin international et coqueluche des plus grandes marques de luxe. Autant vous dire que nos parents avaient mis la barre haute pour Victoria et moi, et nous n’avons vraiment pas d’autre choix que de faire aussi bien qu’eux – voire mieux ! L’ambition est nos gènes : le père se voit déjà à la tête du pays, la mère révolutionne le monde de la lingerie haut de gamme grâce à sa propre entreprise CSB, et les deux filles comptent bien en faire tout autant – Vi avec ses créations, moi avec mes relations, nous formons une équipe de choc (et de chic) !
Bien que j’avoue volontiers que Victoria possède un meilleur coup de crayon que moi, j’ai toujours eu une fascination pour l’art. Plus intéressée par les jeux de lumière à travers les vitraux et leur valse de couleurs par les murs froids et austère de l’église que par les propos religieux de mes professeurs, mes yeux ont une curiosité insatiable. D’ailleurs, heureusement que les manuels de notre école catholique étaient remplis d’illustrations de scènes bibliques, sinon j’avouerais que j’aurais eu du mal à répondre aux questions que me posait la nonne chargée de notre éducation religieuse quand elle me prenait la main dans le sac à rêvasser. Non, la religion n’était pas mon fort, surtout lorsque les religieuses étaient bien incapables de répondre à mes questions d’enfant. Car des questions, ce n’était pas ce qui me manquait ! Je suis le genre de personne à vouloir tout savoir sur tout et tout le monde ; Même si, fort heureusement, j’ai appris à ne plus rien demander à personne et à écouter, observer, faire attention à tout ce qui se passe autour de moi. De là à dire que j’ai l’oreille qui traîne, il n’y a qu’un pas… que je franchirais. Oui, après tout, dans le monde des affaires, il vaut mieux être celle qui détient les infos plutôt que l’inverse. Mais n’allez surtout pas me prendre pour une commère, bien au contraire : plus ce que je sais est secret, plus il est précieux. C’est pourquoi j’estime être une personne de confiance, et tous ceux qui se sont confiés à moi ne l’ont jamais regretté. Je suis toujours là pour mes amis, et ils savent qu’ils peuvent compter sur moi s’ils ont besoin de quoi que ce soit – même si le prix à payer dépend de la demande. Un service rendu est un service dû, voilà qui résumerait bien mon sens des affaires.
Je suis d’une justice presque froide, mais au moins réaliste. Je ne manque jamais de respect à personne alors j’en attends de même pour les autres ; J’ai horreur des conflits et des disputes – encore plus des gens qui se donnent en spectacle – et j’aime imaginer que tout le monde est comme moi, même si au fond je suis consciente que ce n’est qu’un mensonge. Ce monde n’est apparence et illusion, je l’ai compris il y a bien longtemps de cela. Je n’ai jamais su si les gens m’aimaient pour ce que j’étais, ce que j’aimais, ou s’ils se comportaient ainsi pour se faire bien voir de Monsieur le Maire. Et bien que j’ai eu du mal à l’accepter au début, je me suis vite adaptée ; Après tout, je n’allais pas pouvoir changer la façon de penser de la société alors autant tourner celle-ci à mon avantage. Qui pourrait dire non à une fille aussi jolie ? Mon sourire était bien plus ravageur que la meilleure des armes, et la diplomatie ouvrait plus de portes que l’hypocrisie.
Restons dans les grands concepts en –ie : Jalousie. Oui, le fait est que les rumeurs ne concernent pas toujours les autres. J’en ai entendu des vertes et des pas mûres au sujet de ma relation avec ma sœur. Mais je comprends : elle est talentueuse, et ses vidéos sur YouTube font un carton – sans parler de l’audience sur son blog. Son succès est visible par tous et certaines mauvaises langues, voyant que je ne montrais pas autant ma personnalité sur le net, avaient lancé des rumeurs à mon sujet. J’étais dans l’ombre de ma sœur, elle qui autrefois était dans mon ombre. J’étais jalouse de sa popularité grandissante, paraissait-il. En vérité, c’était tout le contraire : j’encourageais Victoria à chaque fois qu’elle manquait de confiance en elle, je répondais à ses questions quand elle me demandait mon avis, je l’emmenais avec moi au cinéma ou voir des expositions. Je ne disparaissais pas dans l’ombre de Victoria, bien au contraire : je m’y développais. C’était un jeu d’enfant de bâtir un réseau grâce à sa notoriété auprès des jeunes. Tisser des relations avec toutes sortes de créateurs, artistes, vidéastes, stylistes, influenceurs à travers le globe était devenu plus aisé ainsi, et c’était aussi très bénéfique pour notre but commun : notre future entreprise. La popularité n’est pas chose facile, et certains n’auraient pas hésité à tuer père et mère pour l’obtenir ; Ma sœur était célèbre en restant sincère envers elle-même et sa communauté, et je l’ai toujours admiré pour ça. Elle avait fait preuve de courage en avouant son homosexualité, malgré les réactions pour le moins… réactives aussi bien dans la vraie vie qu’en ligne. Mais avec mon soutien, et celui de notre famille (qui s'est finalement faite à l'idée au fil des années), je l’ai vu s’épanouir et s’assumer. Je suis très fière de ma sœur. Elle est probablement mon seul point faible pour être honnête. Si quelqu’un lui fait du mal, aussi pacifique suis-je, je pourrais sortir les crocs. Pourtant, ce n’est pas pour cela que je la surprotège : la liberté est très importante pour moi, et je respecte sa façon d’être, aussi exaspérante puisse-t-elle être parfois – mais cela ne m’empêche pas de garder un œil sur elle de loin, histoire de ne pas la voir souffrir à cause de quelqu’un qui n’en vaudrait pas la peine. C’est que je suis celle qui ramasse les pots cassés ! J’ai beau paraître sans pitié en affaires, mais j’ai un cœur tout de même… si on sait comment l’atteindre. Je ne compterais pas trop là-dessus si j’étais vous : mon cœur est extrêmement bien protégé, un peu trop au goût de certains. Mais la patience est une bien rare vertu de nos jours. Et la demisexualité est bien trop rarement connue, au point où je devais faire croire à ma mère que j'étais tombée amoureuse d'un garçon inventé d'une autre école pour qu'elle me laisse tranquille avec ses questions indiscrètes. Je ne comprenais pas pourquoi elle s'inquiétait de ma vie sentimentale alors qu'étrangement, mon absence de petit-ami n'a jamais dérangé mon père... Allez savoir pourquoi.
Si Victoria a hérité du sang chaud de notre mère cap-verdienne, de mon côté je tiens de notre politicien de père : la tête bien vissée sur mes petites épaules, je suis responsable, et c’est encore plus clair maintenant que ma jumelle et moi partageons un appartement commun à Cambridge ! Chargée de l’organisation de la nourriture, j’aime concocter des bons petits plats pour notre petite famille, tout en restant dietétiquement impeccable, ne connaissant que trop bien les efforts sportifs de Vi pour garder un corps irréprochable - elle a d’ailleurs essayé de me convertir à la randonnée mais ayant un sens terrible de l’orientation et un goût prononcé pour les balades hors des sentiers battus, j’ai préféré la laisser faire cette activité loin de moi. Notre mère nous a bien appris que le physique avantageux pouvait mener loin, et nous en gardons des bonnes habitudes. Un régime varié, un sommeil réparateur toutes les nuits et une activité physique régulière, nous étions de vrais exemples de bonne santé ! En quittant le Brésil j’ai du également quitter mon club de basket-ball auquel j’étais très attachée, mais je n’ai pas pu abandonner ce sport si facilement; d’ailleurs, au delà d’être simple joueuse, je suis également une assidue spectatrice des matchs internationaux que je ne rate sous AUCUNE EXCUSE; inutile de vous préciser quelle équipe me fait bondir du canapé et râler à chaque coup de sifflet de l’arbitre – sous les regards amusés de Vi et Chanel, son chat, qui me jugent d’avoir de la mauvaise foi quand les fautes sont sifflées envers mon équipe brésilienne... Ce n’est quand même pas de ma faute si l’arbitre fait mal son travail !
Heureusement, je n’ai pas ce problème durant les matches de boxe thai de mon club. Je ne connaissais pas ce sport avant d’arriver aux États-Unis et dans mon ignorance, je ne le pensais que violent et destructeur. Mais je dois avouer que j’ai craqué après avoir découvert le côté plus stratégique et endurant de cette pratique, au prix de quelques bleus inesthétiques cachés sous mes manches et mes jeans mais que voulez-vous, je profite que ma mère ne puisse pas me voir tous les jours pour laisser mon côté garçon manqué ressortir de temps en temps - et puis ce sport m'a permis maintes fois de relâcher la pression que je m'inflige au quotidien pour rester la plus parfaite possible en toutes circonstances ; Je déteste perdre le contrôle, de moi-même ou de la situation, il est donc normal pour moi de contenir mes émotions même les plus négatives. La discipline de la boxe thai me permet de me défouler et d'évacuer cette colère que je ne laisserais pas éclater en public. Bien sûr, je ne suis pas du genre à faire des compétitions, je laisse cela à des sportifs plus agguéris que moi - enfin, surtout à ceux qui n'ont pas peur d’abîmer leur beau visage, ce qui est loin d'être mon cas.
Cependant les traces de ces matchs sur mon corps ne se remarquent ô grand jamais ! Je reste une Santos Bautista avant tout, c'est pourquoi mes choix de vêtements et de coiffures ne sont jamais un hasard. J’ai également une passion pour les parfums, que je collectionne - si un sillage de Chanel n°5 vient vous titiller les narines, c’est que je ne suis pas très loin.
Tiens, en parlant du chat… il a beau être trop mignon et avoir une allure de peluche, je n’aime pas beaucoup son regard avide quand il lorgne sur le terrarium que j’ai installé dans ma chambre – au grand dam de ma jumelle qui ne partage pas mon amour des reptiles. Qu’il ne rêve pas : il peut profiter de la chaleur de la lampe mais qu’il n’essaie pas de voler les souris mortes de mon serpent bien aimé ou ce sera un ragoût de chat que je servirai à dîner à ma sœur ce soir ! Et oui Chanel, il ne faut pas se frotter à celle en charge de la cuisine ! Mais cette perfide boule de poils est conscient qu’il est trop mignon pour que je puisse lui faire du mal et ne craint pas mes menaces ; Je sais ce que ça fait d’être de l’autre côté du miroir maintenant.