STORY OF MY LIFE
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Pia Mafalda Ciantelli naît le 28 juin 1996 à Pairs. Mais l’histoire de sa vie commence quelques années auparavant. En novembre 1993, le Docteur Bernardo Ciantelli assiste à une sublime représentation du célébrissime opéra de Bizet, Carmen, à l’Opéra Garnier, au coeur de Paris. Sur le siège de gauche, est assise Lynn Eugend. Est-ce l’air entraînant du chant de Carmen ou la beauté mélancolique des violons qui crée une formidable attraction entre ces deux étrangers ? Bernardo Ciantelli est un physicien italien de renom, chercheur en astronomie et doctorant en français, fin spécialiste de l’oeuvre de Proust. Ses passions : la madeleine et les étoiles. Lynn Eugend est l’Américaine accomplie : championne d’athlétisme, neuro-chirurgienne, démocrate et fan de théâtre. L’étoile de David qu’elle porte autour du cou réfléchit l’éclat de ses yeux noisettes. L’opéra terminé, ces deux étrangers finiront dans les bras l’un de l’autre et un peu plus d’une année plus tard, le 1er mai 1995, naît Isola Marzia Ciantelli.
Pia naît à Paris un an après sa grande soeur, et est vite rejoint par un petit frère, Daniele, qui vient chambouler le quotidien des deux soeurs en juillet 1997. Lynn avait catégoriquement refusé que l’on appelle ses enfants Dave, Jane, Karen ou Hugh. “Les américains ne savent pas inventer les jolis prénoms…” disait-elle. Ça sera Isola Marzia, Pia Mafalda et Daniele Dante. Quelle ribambelle ! Tous petits, avant même d’aller à la crèche, les trois bambins sont gardés par des tuteurs français qui leur enseignent des comptines et leur père adoré ne se lasse jamais de leur lire, pour les bercer, des extraits d’A la recherche du temps perdu, dans la langue de Proust bien sûr ! “Vous n’y comprenez sûrement rien, mais laissez la musique de la langue tomber dans votre oreille.” Alors que Pia a quatre ans, en 2000, la famille Ciantelli quitte Paris : les trois petits parlent leur français natal, l’anglais de leur mère et l’italien de leur papa.
Après Paris, Pia emménage à New York dans le quartier de Brooklyn dans un appartement juste en face de celui de ses grands-parents maternels chez qui les rejetons Ciantelli aiment passer leur après-midi et qui organisent toujours des festins pour Hannouka. Pia vit au rythme de New York, adopte l’argot américain sans oublier d’écrire régulièrement des cartes postales à ses vieilles amies de Paris. Dès ses cinq ans, l’enfant tourne autour du grand piano en bois du salon. A six ans, la petite suit des cours de solfège régulièrement et joue déjà ses premiers morceaux. Pour s’accompagner, elle chante avec le reste de sa famille. Pia apprend à lire très vite grâce à l’aide de sa grande soeur et apprend elle-même à Daniele. A trois, ils s’échangent leurs livres et bandes-dessinées préférées et prennent d’assaut, tous les samedis, la bibliothèque du quartier.
En 2010, alors qu’elle fête ses dix ans, c’est de nouveau le grand déménagement vers Berlin. La jeune fille intègre une école allemande sans en parler le moindre mot et finalement, dévore moins d’un an plus tard Pippi Langstrumpf d’Astrid Lindgren. Plus tard, la pré-adolescente découvre avec émoi les passions de Goethe et se lance elle-même, à tâtons, dans la poésie. En grandissant, elle gagne en aisance et écrit en italien, en anglais, en français, en allemand, en jouant avec les langues et les mots, riche de toutes ses lectures. En 2014, les Ciantelli s’installent à Rome. La personnalité bienveillante, curieuse et franche de Pia s’affirme avec le temps. La jeune femme s’essaie à tout : au roman mais elle se juge mauvaise, à la peinture, à la guitare dont elle se lasse très vite. Pia grandit dans un cadre privilégié, toujours entourée de sa soeur et de son frère, aimée par ses parents qui la laissent toujours libre de ses choix. La jeune fille est libre de s’échapper du cocon familial : elle traîne souvent dans les rues de Rome avec ses amis quand elle n’est pas d’humeur à rester chez elle la tête dans un bouquin, fréquente différents garçons sans être une bourreau des coeurs, connaît des pitoyables aventures alcoolisées qui la ramènent bien vite à un goût de la fête raisonnable. Même si un bon verre de vin reste son péché mignon. Pia a vécu jusqu’alors une vie absolument heureuse et épanouie.
Mais rien ne résume aussi bien l’esprit de la jeunesse de Pia que les vacances d’été. Le petit rituel de Juillet : la famille Ciantelli pose ses valises dans une vaste propriété du nord de l’Italie, au bord de la mer Méditerranée, perdue au milieu des oliviers, des abricotiers et des criquets. Enfants, les trois bambins passaient leur journée à se baigner dans la rivière en contrebas de l’allée qui mène à la maison, à se cacher entre les vergers, à faire du vélo jusqu’à la mer. En grandissant, la chambre carrelée de Pia est devenue le refuge où elle dévorait des montagnes de livres, où elle améliorait ses partitions de piano, où elle écrivait ses poésies et ses cartes postales aux amis qu’elle avait rencontrés aux quatre coins du monde. Et puis était venu l’âge des premières fois : premier bain de minuit dans la mer avec sa soeur, premier baiser échangé avec une amie du village “pour rire”, première fois avec un garçon pêcheur. C'était, comme sa mère disait en soufflant les "a" : "la dolce vita".
Et puis, Pia a eu 17 ans. Cet âge où l'on choisit son futur, où tout semble se décider. La jeune fille suivait au lycée beaucoup de cours de langues, de littérature, de philosophie, se destinant déjà à un avenir dans les lettres. Un cours, cependant, l’intéressait plus que les autres : la classe de philosophie de M. Alexander Newmann. L’”Americano” comme on le surnommait au lycée. Elle buvait les paroles de l’enseignant, ne manquant absolument rien des six heures hebdomadaires qu’elle suivait. Et puis cette fascination pour le cours s’était mué en une fascination pour le professeur. Il avait la trentaine passée, certainement une femme et des enfants, peut-être un chien, une vie absolument rangée. D’ailleurs Pia n’avait jamais envisagé qu’un professeur pourrait lui plaire, même pas lui. Mais une complicité semblait naître entre le professeur et l’élève, des blagues durant le cours, des regards, des sourires, une alchimie. Les amies de Pia la taquinaient souvent, sans imaginer pourtant qu’il y avait bien une attraction inexplicable entre l’enseignant et la jeune femme. Pia ne se l’avouait jamais à elle-même, n’en avait parlé à personne et pourtant une étrange curiosité la poussa à vérifier s’il était bien marié et il l’était, époux de Elizabeth Penn-Newmann, papa de Adelaide Newmann, et une forme de désir aussi, comme elle n’avait jamais pu en ressentir pour le garçon pêcheur de La Spezia. Progressivement, leur relation avait évolué vers une complicité sans doute pas passée inaperçue parmis les autres professeurs. Et puis, après un cours, alors que M. Newmann l’aidait dans la correction d’un devoir sur Platon, elle l’avait embrassé. Ce petit idylle resta secret et ne dura pas : qui sait ? s’ils étaient découverts, Alexander risquait la prison, et puis il avait sa femme, les enfants… Ils s'étaient séparés en mai et M. Newmann était rentré en Amérique dès la fin de l'année.
A la fin du lycée, le dossier remarquable de Pia, son éducation très riche et ses excellents résultats aux SATs garantissait à Pia les meilleures écoles. Toujours passionnée de lettres, elle choisit de suivre des études de philosophie et d’Allemand à Harvard. Elle rejoint l’université un an après sa grande soeur et une bonne dizaine d’années après sa mère. C'est parti pour de nouvelles aventures !