Tatsuya Kakimoto ► Takahiro Morita/Moriuchi

►Je suis né le 12 décembre 1993 dans une famille très influente du Japon grâce à l'entreprise familiale crée par mon géniteur. J'ai vécu une enfance heureuse grâce à ma mère qui m'a donné tout l'amour que je ne recevais pas de mon paternel. En effet, je suis le dernier d'une famille de trois garçons alors le géniteur ne se concentrait que sur l'ainé qui se doit de reprendre et diriger l'entreprise familiale. Je ne l'envie pas et lui cède cette place volontiers mais j'ai toujours manqué de l'amour d'un père, d'un vrai. Heureusement que ma mère était là pour mon second frère et moi.

►Contrairement à aujourd'hui, lorsque j'étais plus jeune j'étais le fils idéal. Très obéissant, docile et faisant de son mieux pour faire plaisir, j'essayais en vain d'obtenir l'amour de mon géniteur qui n'avait que les yeux rivés sur mon frère ainé. Je voulais le rendre fier, mais il ne me remarquait pas. Malgré ce manque d'attention et une légère jalousie de ma part, j'aimais et j'aime toujours mes frères.

►Lorsque j'avais 13 ans, ma mère a eu un grave accident de voiture et est resté dans le coma pendant de longs mois Cette période est aussi le moment où tout a changé chez moi.
Tandis que mon géniteur jouait le mari aimant à l'hôpital, à prendre soin de sa femme en lui rendant visite régulièrement et à lui tenir la main, je me souviens de moi, jeune pré-adolescent, me tenant près de la porte de la chambre de mes parents où mon géniteur s'envoyait joyeusement en l'air avec une autre femme. Ces images me resteront à vie et quelque chose se brisa en moi. Comment pouvait-on autant manquer de respect à sa propre femme ? L'amour et le respect que j'avais pour lui se sont transformés en haine. Il n'y a plus de retour en arrière possible.

►Ma mère a fini par succomber quelques mois plus tard. Une nouvelle cicatrice à ajouter à mon cœur. A cause de sa tromperie, je rejetais ma tristesse sur mon paternel. Cet événement a changé quelque chose dans mon caractère : je devenais irrespectueux, je faisais l'inverse de ce qu'on me demandait. Mon cœur était meurtri et j'avais besoin de l'exprimer d'une manière ou d'une autre. Mon paternel pensait que c'était seulement dû à la mort de ma mère, ajouté d'une bonne crise d'ado. Il n'a jamais su que je l'avais surpris. Même chose pour mes frères qui ne me comprennent pas. Je garde ce secret pour moi seul mais jusqu'à quand ? Je ne sais même pas pourquoi je ne dis rien car si je continue comme ça, je ne trouverai jamais la paix..

►Il y a eu pas mal de confrontation avec le paternel durant mon adolescence, mais tout s'est intensifié lorsqu'il nous a présenté notre nouvelle belle-mère. Ai-je vraiment besoin de vous dire qui elle était ? Je ne voulais pas la connaître davantage et je la haïssais déjà : jamais elle ne prendrait la place de ma mère. Et je lui ai bien fait sentir. J'ai aussi fugué pas mal de fois. Et si vous croyez que les tensions se sont calmées avec le temps, je peux vous assurer quelles existent encore aujourd'hui, car même encore maintenant, je continue de lancer certaines piques à mon géniteur. Mais le côté positif de cette haine c'est que je me suis découvert une passion : la musique est pour moi un échappatoire qui me permet d'exprimer et de libérer ma colère le temps d'un instant. Par ailleurs, je faisais parti d'un groupe de musique durant mon adolescence.

►Lorsque j'ai eu 15 ans, j'ai eu ma première histoire d'amour, si on peut appeler ça comme cela. Pour être honnête, on ne s'est jamais rencontré. J'habitais au Japon et elle à l'étranger, alors nous gardions contact grâce à des lettres. Même si ce n'était que de simples bouts de papiers, je l'aimais sincèrement et je rêve de la retrouver un jour car du jour au lendemain, elle a cessé de répondre à mes lettres. Le fait d'imaginer que j'étais sincère et que ce n'était peut-être pas son cas m'a brisé encore plus. C'était une amie, une confidente, une âme-sœur. Du moins, c'est ce que je croyais. Je veux la retrouver pour lui poser toutes les questions qu'elle a laissées derrière elle.

►A l'âge de 16 ans, notre « joyeuse » famille a déménagé pour Boston car le géniteur voulait s'implanter aux Etats-Unis. C'était le Saint-Graal et une occasion unique selon lui. Je dois avouer que je me suis totalement opposé à ce déménagement. Je n'avais vécu qu'au Japon alors dire au revoir à tout ce qui était derrière moi m'était impossible. Mes amis, ma mère.. Je devais aller de l'avant, comme disait le paternel. Et malgré mes refus, je n'ai pas eu d'autres choix que de les suivre.

►A mes 17 ans, la chienne familiale a donnée naissance à sept chiots vraiment adorable dont un souffrait d'une hydrocéphalie en plus d'être aveugle. Le paternel voulait l'euthanasié, mais je l'ai adopté et l'ai nommé Newton. Je lui ai donné tout l'amour dont il avait besoin durant ses 3 mois d'existence. Son décès m'a affecté même si je savais que son destin était scellé d'avance. A partir de ce jour, j'avais un nouvel objectif : devenir vétérinaire pour trouver une solution à tous les chiots atteint du même mal que Newton. Il ne sera pas mort en vain.

►Lorsque le jour de se trouver une université est arrivé, j'ai choisi Harvard pleins d'ambition. Je n'étais pas un mauvais élève et je me disais « pourquoi pas ? ». Mon géniteur ne croyais pas en moi, il disait que je ne réussirais jamais à intégrer une école aussi prestigieuse. Ce défi a donné jour à un pari entre nous deux : si je réussissais l'admission, il devra payer l'intégralité de mes études.
J'ai fini par remporter le pari : j'ai obtenu une très bonne note durant les SATs et l'inscription aussi bien que l'entretien s'est passé comme prévu. Pour la première fois de ma vie j'ai pu lire de la fierté dans les yeux de mon père à mon égard, malgré le fait qu'il aurait aimé que j'étudie quelque chose de plus 'sérieux'. Mais je me fichais pas mal de son avis, j'étais déterminé à suivre mon cœur qui me dictait de me consacrer aux animaux, ces bêtes qui ne vous trahissent jamais.

►Mon histoire n'est pas encore finie, loin de là. Il me reste énormément de choses à vivre et pour l'instant, je vais les vivre à Harvard.