"There is such a mess in your head" - Jessy & Oléane

Dans le couloir ni lumière, ni âme qui vive, seulement des clés qui se tournent et une porte qui grince. Je suis enfin rentré chez moi et contrairement au reste du temps, cette fois je ne suis pas seul. Je suis accompagné non pas d'un ami mais d'une rencontre que je viens de faire à la fête où j'ai passé une partie de la nuit.

Si la première idée qui vient généralement à l'esprit des gens quand un mec leur sort "j'ai ramené une fille chez moi" est "plan cul", ce n'est à vrai dire pas tout à fait le cas ici. Puis même si ça l'avait, j'étais un Winthrop, je faisais ce que je voulais et ça n'aurait choqué personne.

La jeune fille auquel j'enlève délicatement le manteau et dont j'attrape le poignet pour la diriger sur le canapé, s'appelle Oléane. Et si on peut dire ça comme ça c'est une naufragé.

En effet, la jeune demoiselle très emballée à l'idée de participer à une soirée délirante, a un peu trop forcé sur la bouteille et s'est noyée dans l'alcool au point de ne même plus se souvenir d'où elle vient. S'ensuivit alors un léger problème à savoir, où allait-elle dormir?
Si personne ne semblait trouver de solution, l'idée de la voir dormir à même le sol dans le froid, m'avait convaincu. Je l'inviterais donc à passer la nuit chez moi.

Et nous y voilà. Une fois la dame bien installée, je me tourne vers le porte-manteau et me met à l'aise. En tee-shirt, je me dirige vers la cuisine pour remplir deux grands verres d'eau et choppe à mon passage sur un tabouret, la couverture bien chaude que je venais de laver.
M'asseyant à côté d'elle, je lui pose la couverture sur les épaules et lui tend le verre d'eau fraîche.

"Tiens, ceci te fera sans doute plus de bien que le rhum qui t'a fait chavirer ce soir."

Jimmy, Jamie, Joris, Jordan.. son prénom, je l'avais complètement oublié. Et pourtant, je l'avais su. Je savais que je le connaissais, mais voilà, l'alcool fais des ravages et efface le prénom des gens. Il avait une belle tête de Jimmy, pour le moment. Je ne marchais pas très droit et mes yeux ne voyais pas clairement non plus. A vrai dire, je tenais mal l'alcool, mais vraiment très mal.

Je me suis retrouvé sur un canapé je ne sais comment, et pour dire vrai je ne savais même pas où j'étais. En fait, je savais le minimum, soit que j'étais chez ce Jimmy, qui m'avais gentiment accueillit. Je ne savais plus rien en fait, ni même où je vivais. J'avais l'impression d'être dans un monde totalement différent, et avec l'alcool, non, ça ne me faisais pas peur.

Je me souviens lui avoir adressé un sourire lorsque qu'il s’asseyait près de moi, me posant une couverture sur les épaules. J'ai ensuite pris le verre qu'il me tendais et en bu une petite gorgée avant de le poser sur la table en face de moi.

« Tiens, ceci te fera sans doute plus de bien que le rhum qui t'a fait chavirer ce soir. »

Je ris à sa phrase, sans aucune raison, juste parce que j'avais envie de rire. Puis me laissais tomber sur le côté, m'allongeant sur le canapé.

« J'ai passé une bonne soirée avec toi, j'ai même été trèèèèès contente de te connaître ! »

Je fermais les yeux, un peu ailleurs. Et les rouvrais pour le regarder. Je ne sais pas ce qu'il se passais dans ma tête en ce moment même, mais je sais que la suite n'allais pas être très glorieuse. « tu sais Jimmy.. t'a une tête de méchant, mais t'a l'air gentil. » Je riais encore, sans raison, pour ne pas changer. « t'es le méchant de qui on cauchemarde, ou qu'on voit des films de James Bond. » Je tendais ma main vers lui, tendant mes doigts en forme de pistolet en pointant sa tête et fis semblant de tirer. « Bang. » J'avais plisser un œil pour viser, et me mise encore à rire un peu.

Si en général les personnes alcoolisés adoptent un comportement particulier dès le départ, mon hôte était quant à elle plus...particulière. D'abord calme sur le chemin, elle avait décidé de me sortir le grand jeu une fois arrivée chez moi. Comme si durant le trajet et malgré les verres ingurgités, elle avait tenu à respecter le sommeil des autres en ne faisant aucun bruit.
Enfin, aucun bruit jusqu'à ce qu'elle prenne une gorgée d'eau après laquelle elle éclatait de rire. C'était à se demander si c'était mon humour noir ou l'eau qui par le plus grand des hasards se serait transformée en eau de vie, qui lui faisait cet effet.

Plus amusé que réellement choqué, je me mis à chanter après l'avoir vu s'écrouler sur le canapé.

"Dans la jungle, paisible jungle, le lion est mort ce soir."

En effet avec ses longs cheveux qui partaient dans tous les sens et son air déjanté, j'avais l'impression d'avoir devant moi une comédie du Roi Lion.
Mais à mes mots, elle répondit tout autre chose.

« J'ai passé une bonne soirée avec toi, j'ai même été trèèèèès contente de te connaître ! »

Si elle parlait de l'épisode où elle était tombée ivre dans mes bras et avait voulu danser un tcha-tcha avec moi sur la musique de Pulp fiction, ça avait été plus une épreuve qu'autre chose. Même bon danseur, allez tenir le rythme avec une personne qui n'a pas tous ses esprits. Enfin, l'essentiel est qu'elle en garderait un bon souvenir.
S'il était encore question qu'elle puisse se souvenir de quoique ce soit.
Car après m'avoir appelé Jimmy, je commençais à réellement me poser des questions.

S'ensuivit un de ces délires dont seule elle pouvait être l'auteur puisqu'elle se mit tout d'un coup à me comparer à un adversaire de James Bond. Oulllaaa.

"Tu as tout fait raison, je suis le pire ennemi de Monsieur Bond. Et étant un malfrat sans pitié, je m'en vais de ce pas te punir."

Jouant le jeu, je l'agrippais par les hanches et la chatouillais comme il se devait. A présent, elle avait au moins une raison de rire.

"Dépêche-toi maintenant de te cacher sous ta couverture et de fermer les yeux, une bombe va exploser!"

J'osais espérer que mon scénario ferait son effet. Exténuée, elle allait avec un peu de chance s'endormir sous sa couette en attendant le "BOOM" et moi je pourrais aller tranquillement me coucher dans la pièce voisine.

«  Tu as tout fait raison, je suis le pire ennemi de Monsieur Bond. Et étant un malfrat sans pitié, je m'en vais de ce pas te punir. »

Je ris un peu rien qu'en l'entendant. Il était entré dans mon scénario, comme si c'était vrai. Puis il se mis à me chatouillé, et étant très très chatouilleuse, je riais aux éclats. J'essayais d'articuler des petits « arrêtee », telle une enfant, et essayais de le repousser pour qu'il arrête ses chatouilles. Il fini par arrêter, et je reprenais mon souffle, alors qu'il restais dans mon jeu.

« Dépêche-toi maintenant de te cacher sous ta couverture et de fermer les yeux, une bombe va exploser! »

Je souris et pris la couette pour nous couvrir nous deux, le cachant alors aussi de la bombe. J'attendais un peu, et puis le rire s'effaça. Je me mise doucement contre lui, et murmurais : « tu veux bien dormir avec moi ? ». Je retirais doucement la couette, et posais ma tête sur lui, contre son épaule. « Allez, j'ai pas envie de dormir seule.. Promis je vomirais pas. ».

Certainement l'alcool qui parlait encore, mais ce soir je n'avais pas envie d'être seule. Si j'avais autant bu ce soir, c'est que j'étais tombée sur une vieille photo de ce sale type, ce connard que j'aimais. Je me suis souvenue qu'il m'avais trompée, froidement, et sans rien ressentir en tristesse. Alors les vieux souvenirs réouvre de vieilles blessures, et je me suis bourrée la tronche pour oublier. Peut-être que c'était pour ça que je n'avais pas envie de dormir seule ce soir.

"Dormir avec toi?"

J'esquissais un air étonné et prononçant le traditionnel "euh" de réflexion, commençais à dresser un tableau des pour et des contre de cette suggestion.
Si j'avais du faire face à un tas de situations dans ma vie, celle-ci me laissait un peu perplexe.
D'autant plus qu'il ne servirait à rien de lui sortir milles et une explication car sous l'effet de l'alcool, elle n'en comprendrait au mieux que la moitié, si ce n'est pratiquement rien.

Si dormir dans un lit aux draps fraîchement lavés, douillé et m'accordant toute la place nécessaire pour bouger autant que je veux pendant la nuit penchait lourdement dans ma balance des choix, le verdict qui sortit de ma bouche fut tout autre.

Car à peine avait-elle posé sa tête sur mon épaule, qu'une pensée me vint à l'esprit. Si ça se trouve son état actuel prouvait un besoin. De plus elle avait prétexté une telle excuse que je ne pouvais qu'être prit de compassion.

"Quelle excuse! Encore faut-il me prouver que tu es dans un état assez respectable pour ne pas vomir. Donc mets toi debout et reste en équilibre 5 secondes sur une jambe."

Je rentrais dans son jeu et lui imposais un petit exercice comme s'il fallait passer test pour avoir mon accord. Ça promettait d'être drôle. Qui plus est, peu importe si elle venait à ne pas tenir et à tomber, je la rattraperais et resterais un peu avec elle. Assez de temps pour lui faire croire que je reste dormir, attendre qu'elle s'endorme et ensuite moi me diriger dans ma chambre.

Dans son état, je me doute qu'elle se souviendrait de m'avoir demandé ça.

«  Dormir avec toi? » Je souris et hochais la tête, pour lui dire que oui. Puis, je le vis réfléchir, et je me mise à rire un peu tout en disant « j'te demande pas de m'faire un enfant là ». Je souris, et me redressais pour le regarder, alors qu'il réfléchissait encore.

« Quelle excuse! Encore faut-il me prouver que tu es dans un état assez respectable pour ne pas vomir. Donc mets toi debout et reste en équilibre 5 secondes sur une jambe. »

Je fis de gros yeux, comme s'il venait de me demander de décrocher la lune. Je passais ma main dans mes cheveux, pensant au comment j'allais faire ça, ce qui sonnait déjà assez compliqué dans ma tête rien que de penser à l'idée de le faire. Tout en me levant, je laissais échapper un juron « roh merde », c'était impossible son truc. Je me reculais un peu de tout, histoire de rien casser. Je voulais pas repayer les dégâts, déjà que j'avais dis ne pas vomir, chose qui n'était même pas très sur. Je me tenais au dossier d'un fauteuil, et levais un pied, perdant déjà l'équilibre. « putain.. », je soupirais, et plissais les yeux pour que mes idées reviennent. « attend, j'vais réussir ». Je réessayais, lâchant un peu mon appuie, perdant l'équilibre très rapidement. Je le regardais, et m'exclamais : « non mais c'est de la triche ! Ton appartement il est pas droit là, il bouge dans tout les sens, tu fais exprès, tu triche c'est pas bien ! »

Je baissais la tête, un peu triste. « Si tu veux pas de moi, t'es pas le premier t'en fais pas, ça va, tu peux le dire. Donne moi une peluche, ça fera l'affaire aussi. » Je m'asseyais dans le fauteuil sur lequel je prenais appui depuis tout à l'heure, attendant ma peluche.

Puis sans savoir pourquoi, je me mise à sentir mon t-shirt. « putain ça pu.. ». L'alcool me rendais vulgaire, je ne savais pas vraiment pourquoi. Je relevais mon regard vers lui « t'a pas un t-shirt ? Une de tes ex ou quoi a bien dû laisser traîner un truc non ? D'habitude je demanderais pas ça mais là ça pu, on dirais plein de mélange d'alcool et de parfum et.. l'odeur finale n'est pas très très réussi.. » Je me pinçais les lèvres, espérant qu'il avait quelque chose qui traînais. J’espérais aussi ne pas vomir, l'odeur avait eu sur moi un effet étrange, qui avait fait venir quelques remontés du fin fond de mon estomac.

Voyant la jeune femme tanguer comme si elle se trouvait sur un bateau, je me demandais ce qui m'avait réellement poussé à agir aussi sadiquement. L'envie de rire un peu ou le fait que pour que je dorme avec elle, elle devait le mériter? Je ne sais pas, peut-être les deux.
Mais il fallait être juste, si elle n'avait pas tenu 5 secondes au moins elle avait essayé et qui plus est, elle n'avait rien cassé.

« Si tu veux pas de moi, t'es pas le premier t'en fais pas, ça va, tu peux le dire. Donne moi une peluche, ça fera l'affaire aussi. »

Et je la regardais les sourcils relevés et le sourire forcé. Mais grand dieu, qu'est ce qu'elle me demandait là? Bien que ça soit chou et que je vois bien les mamies sortir le traditionnel "ohhh que c'est mignon", je ne voyais pas de solution à mon problème. Pas plus que je ne voyais de peluche dans mon appart.

Puis c'est là qu'elle même me sortit du cul de sac dans lequel je me trouvais en posant une nouvelle question.

"T'a pas un t-shirt ? Une de tes ex ou quoi a bien dû laisser traîner un truc non ? "

"Humm nope, je n'ai pas de tee-shirt de fille ici. En revanche, je peux te filer l'un des miens, ça sera un peu trop grand mais au moins tu te sentiras à l'aise."

Mon ex ayant été la dernière que j'ai fréquenté, et n'ayant pas été à Harvard à cette époque, j'avoue que rares étaient les filles qui avaient franchi le seuil de ma porte.

Faisant un rapide aller dans ma chambre, je choppais au hasard dans mon armoire l'un de mes tee shirt et l'emmenais sous mon bras direction le salon.

"Le colis de Madame est bien arrivé à destination. Pardonnez le retard il y avait des turbulences sur le chemin." Pour ne pas parler d'un vase que j'avais failli renverser en passant.

Et en tout homme civilisé, je lui tendais le haut puis me retournais pour ne pas la regarder se changer.

Quand d'un coup le regard dans le vide, j'arrêtais ma réflexion sur son "tu n'es pas le premier". J'avoue que cela me fit un pincement au coeur. Pourquoi disait-elle cela? Avait-elle l'impression d'être laide? Ce qui n'était bien évidemment pas du tout le cas.
Enfin...
Mais l'état brumeux dans lequel je me trouvais laissa bien vite place à de la gêne mélangée avec un certain intérêt quand je m'aperçus que dans ma diagonale se trouvait un miroir me donnant une vue directe sur la demoiselle. Du moins sur son reflet.

Si mes yeux se posèrent sur mon invitée, je ne mis pas longtemps à reprendre mes esprits et les détourner vers le plafond. Non pas que la vue me faisait un quelconque effet, c'était pas comme si j'étais puceau et que je n'avais jamais vu de filles en sous tifs loin de là. Mais je restais un homme et si en tant qu'homme j'aimais regarder les belles choses en gros me rincer l'oeil, je me devais là de rester poli.

"Tu me dis quand c'est bon hein?"