CHRIS BAE > Amber Liu

Son histoire ne commence pas avec lui.
Son histoire commence il y a bien des années, avec ses grands-parents.

On est en 1951. Ils ont 20 ans, la guerre a commencé et ils ont un enfant qui vient de naître. Il n'y a qu'une solution pour eux, pour que leur famille puisse survivre. Ils décident de partir. C'est compliqué. Ils ne sont pas riches, n'ont pas fait de grandes études, vivent près de la frontière où la guerre a commencé. Le voyage leur risque la vie, la leur et celle de leur bébé. Ils réussissent malgré tout. Ils s'installent aux États-Unis, en Californie. The American Dream est à leur portée.
Son grand-père se tue à la tâche, il tente de nourrir sa famille, qui s'agrandit d'une petite fille et d'un autre petit garçon, celui qui deviendra lui-même père des années plus tard.

De l'autre côté, il y a une autre famille coréenne. Ils vivent à Séoul, ils ne souffrent presque pas de la guerre de Corée. Ils ont toujours eut de l'argent et rien n'y change. Ils développent l'entreprise familiale de plus en plus, au point de s'exporter, dans les années 1980. Ils ont deux enfants, deux filles, deux adolescentes qui découvrent les États-Unis, pays dont ils ont rêvé pendant des années. Elles n'ont aucun problème à s'intégrer, leurs parents ont fait en sorte qu'elles apprennent correctement la langue.

Il ne faut qu'un an pour que tout se gâte pour eux.

Leur fille, la plus jeune, tombe enceinte. Elle n'a que 19 ans, le père de l'enfant a sept ans de plus qu'elle. Il travaille, un boulot misérable où son salaire mensuel n'excède pas le moins cher des bijoux de leur fille. Elle leur répète qu'elle l'aime et que ce n'est pas une erreur. Ils ne veulent pas la faire fuir. Ils décident d'organiser un mariage et de garder les apparences intactes.
Ils engagent le mari de leur fille, décident de lui apprendre ce qu'il y a à savoir pour gérer une entreprise, leur fille aînée décidant qu'elle ne voulait pas reprendre l'entreprise familiale, cette responsabilité incombe à leur cadette. Et désormais, à son mari.


Ils prennent onze ans avant de faire un nouvel enfant.

C'est en pleine nuit du mois de juillet quand sa mère commence à avoir des contractions. Chris naît bien des heures plus tard, en plein milieu de l'après-midi du jour d'après. Il rencontre ainsi toute sa famille, ses grands-parents maternels approuvent bien plus cette enfant là qu'ils ne l'ont fait avec l'aîné de la famille Bae. Mais Chris n'arrête pas de pleurer en voyant ses grands-parents maternels. La mère s'excuse en disant que le bébé n'a sûrement pas l'habitude d'autres personnes que ses parents. Pourtant, quand son grand-père paternel la porte, l'enfant n'a aucun problème, au contraire, il se blottit contre lui et refuse qu'on le retire de ses bras.

Le soir-même, ce grand-père meurt. Il s'endort, plein de joie d'avoir rencontré un nouvel petit-enfant, une petite fille, une petite princesse. Il ne se réveillera jamais. Les médecins n'ont pas d'explication concrète à donner. Son cœur s'est arrêté pendant son sommeil. Il n'a pas souffert.
Une naissance et une mort frappent la famille Bae le même jour.


Chris n'a jamais connu son grand-père paternel et pourtant, c'est à lui qu'il ressemble le plus. Physiquement, il a les mêmes mimiques que lui, bien qu'il n'ait jamais eut l'occasion de les copier. Il a les mêmes yeux sombres, qui semblent sonder les âmes d'un seul regard. Il a le même sourire qui illumine son visage. Chris est le portrait craché de son grand-père.
Moralement, il lui ait semblable aussi. Toujours serviable et prêt à aider les autres, travailleur pour les choses qui lui importent vraiment, reconnaissant de tout ce qui l'entoure, tout ça, ça lui vient de son grand-père. Parfois, sa grand-mère le regarde et voit l'homme qu'elle a épousé dans chacun des gestes de son petit-enfant, comme si l'homme qu'elle avait aimé toute sa vie s'était réincarnée dans ce petit être.

Chris adore sa grand-mère. Ils n'ont pas grand-chose en commun, ont souvent du mal à se comprendre mais ça ne l'empêche pas d'adorer passer du temps avec elle, même si ils ne se parlent pas. Les silences avec elle sont confortables. Il regrette de ne pas passer plus de temps avec elle. Elle vit dans une maison de retraite depuis la mort de son mari, sa famille ne lui rend pas souvent visite. Ils sont occupés, elle le comprend. Elle est déjà reconnaissante qu'elle ne soit pas oubliée. Et puis parfois, Chris l'appelle, ils discutent de tout et de rien, du temps qu'il fait, si les infirmiers sont gentils avec elle, si madame Smith a encore essayé de tricher aux jeux de cartes. Pour Chris, c'est l'occasion de pratiquer son coréen et de prendre des nouvelles de sa grand-mère qu'il adore tant.

Ses autres grands-parents… Il ne les aime pas tant que ça. Il les respecte, est poli avec eux, mais rien de plus. Il n'aime pas aller chez eux, n'aime pas les dîners impersonnels qu'ils partagent. Il n'aime pas entendre toutes les critiques qu'ils ont à faire, contre tout le monde, leurs employés, le personnel qui travaille chez eux, son père, son frère, lui-même. Chez eux, il n'y a pas d'amour et de câlins. C'est froid et silencieux et il n'aime pas ça. Et puis, ils ne l'acceptent pas comme il est alors ça l'empêche de vraiment les aimer.

Son père a toujours été l'ancre de sa famille. Il a connu la pauvreté, la difficulté et c'est grâce à lui que Chris et sa fratrie ne sont pas devenu des gens imbus d'eux-même, comme beaucoup de personnes avec de l'argent le deviennent. C'est lui qui les pousse à aider au maximum les autres, à être au plus proche d'une famille normal malgré leur argent, qui les rend humble. Il est travailleur, comme son père avant lui, et ferait tout pour sa famille. Il est calme et discret, mais sévère pour ce qu'il juge important, principalement le travail en fait.

Sa mère est son opposé. Elle a été élevé dans un environnement riche et est très énergique, elle ne s'arrête jamais. Mais les deux ont l'amour du travail bien fait et demandent à leurs enfants un maximum d'effort. Elle est très aimante et répète sans cesse à ses enfants qu'ils sont destinés à de grandes choses, pour un peu qu'ils y mettent du leur. Elle-même est sans cesse accaparée par son poste à la tête de l'entreprise familiale, si bien qu'elle ne voit que rarement ses enfants.

Chris n'est pas très proche de son grand-frère, onze ans de différence ont tendance à faire ça. Son grand-frère a toujours été plutôt inconnu, trop âgé pour jouer avec eux, au point qu'encore maintenant, Chris aurait du mal à dire comment est son frère, ce qu'il aime, ce qu'il a comme loisir. Tout ce qu'il sait de lui, c'est qu'il a fait des études de management et se prépare à reprendre l'entreprise familiale quand le moment sera venu.
Chris s'entend bien mieux avec sa petite-sœur, de seulement deux ans sa cadette. C'est avec elle qu'il partage tout ce qu'il se sent de partager, c'est à elle qu'il a révélé en premier ses doutes sur ce qu'il était vraiment, c'est avec elle qu'il jouait quand il était petit et avec laquelle il joue encore – même si les poupées ont été remplacé par les jeux-vidéos, c'est elle qu'il protégerait de tout et qui est la plus proche de lui, c'est elle qui lui manque le plus maintenant qu'il est à l'université.


Chris s'est toujours douté que quelque chose clochait avec lui. Qu'il n'était pas tout à fait comme les autres filles. Pour cause, bien qu'il en est le physique, Chris ne s'était jamais senti comme une fille. Et ce n'était pas dans le sens où il jouait au football dans la cours avec les garçons plutôt qu'aux poupées. Non, il avait juste senti comme si la différence que les gens faisaient entre les deux sexes n'avaient pas lieu d'être, et particulièrement pour lui.
Chris avait passé beaucoup de temps à se questionner sur ce qu'il ressentait vis-à-vis de son genre, sans vraiment comprendre ou mettre un nom dessus. Il ne s'était jamais dit que ce qu'il ressentait au fond de lui pouvait être quelque chose qui lui apporterait des ennuis. Il était comme il était. Il aimait s'habiller en garçon, il aimait quand on l'appelait « jeune homme », il aimait avoir des cheveux courts, et ce depuis l'école primaire.

C'était au collège qu'il tomba sur le terme « transgenre » et il se dit que ça devait bien le représenter, mais il ne s'attarda pas sur les labels. Pourtant, alors qu'il vieillissait, des rumeurs commençaient à se rependre dans son école, sans qu'il ne sache pourquoi. Des gens qu'il ne connaissait pas commençait à l'insulter. Parfois, c'était juste des surnoms comme « la lesbienne », qu'il ne comprenait pas quand il y pensait, il n'avait encore jamais embrassé une fille – ou même un garçon – de toute sa vie, bien qu'il acceptait qu'il aimait les deux, il ne comprenait pas non plus pourquoi les gens utilisaient ce mot comme insulte. Parfois, c'était bien pire. Freak, monster, faggot… La liste était longue. Sa situation devenait horrible et il ne comprenait pas d'où ça venait. Ça arrivait à un point où il n'osait plus mettre les pieds à l'école, où même ses amis l'avaient abandonné à l'idée de subir eux-mêmes des insultes.

Alors, il commit le pire. Il essaya de commettre le pire.

Ce fut difficile d'aller mieux. Il eut le soutien de sa famille, bien sûr, mais eux ne comprenaient pas ce qui arrivait à leur chère fille chérie. Chris ne s'ouvrait pas. Il n'osait pas le dire. Sa transidentité lui avait attirer des ennuis à l'école, il n'avait pas envie que ça le fasse chez lui aussi.
Ce fut à sa sœur qu'il se confia, un soir, en pleurs. C'est sa sœur qui le rassura. C'est sa sœur qui l'appela « il » en premier – Chris avait été son surnom toute sa vie, personne n'aimait prononcer son prénom complet, à part sa mère, il était trop bizarre.

Il le dit à ses parents finalement, après avoir changé d'école et après s'être remis de son séjour à l'hôpital. Ils ne comprennent pas mais ils ne veulent pas perdre leur enfant. Alors ils essayent de comprendre, ils font des efforts. Ils le soutiennent et Chris ne s'est jamais senti autant aimé. Bien sûr, parfois, c'est dur, surtout avec le fait que sa famille maternelle compte énormément sur l'apparence, mais au moins, il est reconnaissant des efforts que ses parents font.

Il ne se sent pas exactement comme un garçon, ça dépendra des jours. Il se sent souvent plus du côté masculin que du côté féminin du spectre des genres, mais il est aussi souvent au milieu. Il ne sent pas entièrement comme un garçon mais certainement pas comme une fille. Il ne prend pas forcément mal qu'on le genre au féminin certains jours, ça ne l'embête pas forcément de devoir se maquiller ou porter des vêtements « féminins » comme des robes ou des jupes. En fait, il se sent comme lui-même, comme Chris, une personne unique.


Mais sa santé mentale ne s'est jamais remis pleinement des événements du lycée. Chris ne s'attache plus à personne, ou en tout cas, avec grandes difficultés. Il a développé une vraie paranoïa, il ne veut plus laisser aux gens la possibilité de lui faire du mal. Malgré ça, il est très extravertie, un vrai paradoxe humain. Il aime avoir des relations superficiels avec les gens, il aime faire la fête et s'amuser, mais jamais il ne deviendra amis avec quiconque. C'est pareil pour les relations amoureuses. Il n'en a tout simplement pas. Il a déjà eut des relations sexuels, avec des membres de deux sexes, mais il n'est jamais tombé amoureux, pas encore, il étouffe toujours ses sentiments avec qu'ils ne se développent.

Du coup, il a acquis une certaine popularité dans son lycée. Il est toujours présent pour les fêtes, met la bonne ambiance, est toujours avec diverses personnes, il était connu comme l'électron libre, pas de groupes d'amis fixes mais connaissant tout le monde.


x Il parle évidemment anglais et coréen mais aussi chinois et un peu de japonais
x Il fume parfois, surtout en soirée, parfois pas forcément seulement du tabac
x Il aime la sensation d'être bourré, quand ce n'est pas trop, pas au point de ne plus se souvenir de ses soirées
x Il a beaucoup de tatouages, surtout sur les bras
x Il se colore souvent les cheveux
x Ses oreilles sont beaucoup percées
x Il s'habille de façon très street wear, aime les habits confortables et être beau
x Il a un charme certain, surtout quand il sourit
x Il adorerait avoir un chat mais il n'a jamais pu avoir d'animaux
x Au fond, il aimerait bien trouver le grand Amour, avec un grand A
x Il croit très fort à la vie extraterrestre et aux fantômes
x Il adore les films d'horreurs même si c'est difficile de lui faire peur
x Physiquement, il est plus attiré par les filles, même s'il se dit pansexuel
x Quand il était petit, il voulait devenir conservateur de musée, il a toujours un peu ce désir
x Il adore l'art mais il n'a aucun talent en arts visuels
x Il aime bien danser
x Il adore manger, ça doit être une de ses plus grandes passions dans la vie, si bien qu'il a toujours mystérieusement à manger sur lui
x Il a une photo de son grand-père paternel dans son porte-feuille, qu'il a depuis qu'il est petit, cadeau de sa grand-mère
x Il a prit sa peluche d'enfance avec lui dans sa chambre d'université, un vieux hibou d'un vert maintenant délavé