(FB) Sur un air latino • Mona

@Mona Jiminez
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Enfin. Après la délivrance, rien ne vaut une coupure, une vraie. Tellement stressé par ses résultats d'admission à Harvard, Tim n'avait rien prévu pour la suite. Le monde continuerait à tourner, qu'il aille dans cette université ou qu'il reste un an de plus à Portland. Cette si longue attente, Tim la vivait mal. A tel point que mis à part aller au playground tenter quelques paniers, il n'arrivait à rien faire, si ce n'est se refaire le film des tests, encore et encore, jusqu'à s'endormir le soir. Il y pensait du lever au coucher. Alors forcément, quand le glas sonna, ce fut un soulagement tellement intense ! Il pouvait enfin se concentrer sur autre chose. Le courrier d'admission faisait état d'une date d'entrée dans quelques semaines, ce qui lui laissait un peu de temps pour tout relâcher. La pression, les révisions, le basket... TOUT ! Et pour ça, rien de mieux qu'un petit tour dans le sud du pays, à Miami. C'est cliché, certes, mais Tim adorait y passer quelques jours, pour profiter des beaux paysages et des moulins à vent (Bloqués #52). Accompagné de quelques amis qui eux non plus n'avaient rien prévu, destination Miami Bitch !

Et quelle est la première chose que font quatre touristes lorsqu'ils arrivent sur place ? Un tour à la plage, forcément. A croire que de l'eau, on en voit qu'à Miami. En vrai, il suffisait d'aller sur n'importe quelle côte du pays pour en voir. Après, c'est vrai que côté Alaska, c'est un peu moins ambiance farniente. Vêtus de leur plus beau short de bain et corps huilé façon catcheurs, Tim et ses amis se pavanent sur la plage, faisant comprendre au monde entier qu'ils sont dans la place. Pourtant, Tim n'était pas du genre à se la raconter. Il avait pour habitude de dire que c'était souvent les autres qui le forçait à être comme cela. Et lorsque son regard croisa celui d'une petite brune fort agréable, il vit le regard insistant de ses potes sur lui. Le genre de regard où tu comprends tout de suite que si tu veux pas dormir dans le couloir de l'hôtel, il faut aborder cette fille en mode kéké des plages. Et à ce jeu là, Tim avait une phrase toute faite.

- Mademoiselle, tu savais que ton père était un voleur ? Bah ouais, il a pris les plus belles étoiles du ciel pour les mettre dans tes yeux.

/@Tim Davis/
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Un sourire flottait sur ses lèvres roses, ses pieds s'enfonçaient dans le sable brûlant et son regard se promenait tranquillement sur les vagues qui s'écrasaient parfois tout contre ses chevilles. La journée était belle, pour un début d'avril. Elle releva ses mèches brunes en hauteur pour les attacher avec son élastique dans un chignon négligé et sa main finit par glisser sur sa nuque brûlante par le soleil qui réchauffait sa peau caramel. Elle avait eu l'idée de passer le week-end ici avec son jumeau, s'éloigner un peu de la ville, de tout, de l'hôpital aussi. Juste un week-end, deux jours à profiter du soleil et du sable sans penser à la maladie. Elle glissa ses lunettes de soleil sur son nez, retira deux boutons de sa chemise pour dévoiler la naissance de son maillot juste au moment où une voix chatouilla son audition. Un dragueur, le vrai cliché. Elle se mordilla la lèvre inférieure pour retenir le rire qui menaçait de s'échapper de sa gorge, à deux doigts d'être prise d'un interminable fou rire en écoutant les mots de l'inconnu qui venait troubler sa promenade. « No comprendo. » souffla-t-elle avec douceur, les traits de son visage tirés dans une moue incompréhensive alors que sa langue natale glissait hors de ses lèvres. Parler espagnol était si facile, exotique dans le creux de son oreille, elle ne doutait pas sur les mots comme cela lui arrivait encore parfois avec l'anglais. Un petit sourire au coin des lèvres elle releva son visage pour plonger son regard dans les iris du jeune homme, alors que les mots de Marla lui revenaient encore en tête. Obligation de parler espagnol toute la journée. Avec un peu de chance, il ne parlait pas espagnol, elle pourrait raconter n'importe quoi et lui la laisserait rapidement tranquille. « Es de día. No hay estrella. » Elle désigna le ciel, puis le soleil d'un geste souple de la main, comme pour lui montrer qu'en plein jour, il n'y avait aucune étoile à voler de toute façon.

@Mona Jiminez
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La tuile. La méga tuile. Tim en avait des qualités. Mais alors les langues étrangères, ce n'était vraiment pas son truc. Quel dommage. Mais après tout, l'amour n'est-il pas universel ? Il fallait juste trouver un moyen de communiquer. Impossible en espagnol. Peut-être avec des signes, ce que la demoiselle fit. Estrellas, étoiles... Elle montre le ciel... C'est sur, elle lui montre un avion pour lui faire comprendre que maintenant, il prend ses affaires, il fait demi-tour et il retourne de là ou il vient. Ou c'est autre chose. L'air bête, Tim se retourne vers ses potes, morts de rire. Et pas un qui viendrait lui prêter main forte. Cette si chère et précieuse solidarité masculine a ses limites. Livré à lui-même, deux options pouvaient être envisagées. Partir en la traitant de touriste et lui glisser une petite insulte bien sentie, ou alors tenter encore une fois. Mais sans pouvoir réellement lui parler, le pari semblait impossible. Mais Tim eu une idée.

Les hispaniques aiment quoi hormis les tacos ? La danse, évidemment. Alors, Tim sortit son téléphone de sa poche et farfouilla sur Youtube pour trouver un son caliente. Sa recherche prit quelques minutes, faut dire qu'avec tout ce monde, le réseau était saturé. Lorsqu'il trouva son bonheur, il enclencha la musique. Sur un air endiablé, Tim se mit à se déhancher. Il appréciait la danse. Lorsqu'il était plus jeune, il suivait des cours de hip-hop en plus des entrainements de basket. Cela n'a pas duré très longtemps, mais assez pour qu'il puisse maitriser quelques bases. Après avoir fait le fanfaron quelques secondes, il fit un signe de la main à sa cible, comme pour lui dire de le rejoindre. Il était convaincu qu'elle allait accepter. Faut dire que Tim mettait toutes les chances de son côté. Vas y que j'ondule par ci, vas y que je me déhanche par là... La technique devait fonctionner. C'était écrit.

- Même si tu comprends rien à ce que je te raconte, tu viens danser un peu ? Et après je t'invite boire un verre ?

On ne sait jamais, si ça se trouve elle va mieux comprendre cette fois.

/@Tim Davis/
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Elle avait besoin de se vider la tête, de ne plus penser à ses études le temps d'un week-end et la plage, ainsi que cet inconnu qui était passablement le stéréotype même du dragueur des plages, étaient une bonne distraction. Elle l'observa retourner vers son groupe d'amis, un peu étonnée qu'il s'avoue vaincue aussi facilement mais après tout, si il ne comprenait pas un mot d'espagnol, c'était plutôt normal. Profitant du soleil, elle releva ses lunettes noires sur le haut de sa tête, l'oreille tendue vers le dragueur qui rigolait avec ses amis, alors qu'elle tentait de se concentrer sur les vagues à l'horizon. Jusqu'à ce qu'une musique espagnole parvienne à ses oreilles et chatouille son audition de la meilleure des façons. Inévitablement ça lui rappelait son pays et les musiques de son père. Un léger rire s'échappa de la gorge de Mona et elle secoua la tête, un sourcil relevé devant la ténacité de l'homme. Il ne perdait vraiment pas espoir. Elle le regarda se déhancher quelques minutes, fronça les sourcils lorsqu'il la pointa du doigt en signe d'invitation à le rejoindre dans sa danse. Au-delà du ridicule, elle pouvait au moins reconnaître qu'il dansait plutôt bien et puis, il comptait l'inviter après pour boire verre. Elle ne comptait pas faire la difficile, parce qu'après tout elle se moquait déjà bien de lui en parlant espagnol et s'imaginait bien continuer un long moment. D'un mouvement elle se rapprocha de l'inconnu, glissa une main sur son poignet pour la remonter lentement jusqu'à son épaule, le regard plongé dans le sien. « Soy español, no hablo inglés. » souffla-t-elle. Sa main libre attrapa le téléphone de l'homme pour mettre une autre chanson plus rythmée, et ses doigts se posèrent aussitôt dans le creux de son dos après lui avoir redonné son portable. « Nosotros no participamos en “dança com as estrelas”. Lo sabes ? » Son rire résonnait avec ses mots, elle commença à danser au même rythme que l'inconnu qui se croyait peut-être dans danse avec les stars version plage.

@Mona Jiminez
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Visiblement la musique faisait son petit effet. Cette jolie créature espagnole l'avait rejoint, elle aussi se déhanchant sur ces rythmes endiablés qui sentaient bons le sable chaud et les cocktails sur la plage. Malgré tous ses efforts, Tim ne comprenait toujours pas un mot. Il cru entendre le mot "danse". C'est déjà pas mal pour quelqu'un qui parle espagnol comme une vache française. En tout cas, elle n'avait pas froid aux yeux. Devant les regards presque accusateurs des touristes présents sur la plage, elle était là, son corps quasiment collé à celui de Tim, à danser, profiter de la musique et du soleil. Cela dura de très longues minutes. Cela ne le dérangeait pas, il adorait la danse, encore plus lorsqu'elle se pratiquait avec une fille aussi jolie. Et puis, il faut savoir profiter des bonnes choses parfois non ? Lorsque la musique s'arrêta, Tim recula d'un pas, et applaudit sa cavalière improvisée, visiblement très talentueuse elle aussi. Il voulait l'inviter à boire un verre, mais réussir à faire comprendre ça n'allait pas être une chose facile. Alors il fit des gestes. Toi, moi, il fait mine de boire, il désigne un bar un peu plus loin... Il ne savait pas si elle allait accepter. Déjà si elle pouvait comprendre, ce serait déjà pas mal.

- Toi et moi, boire Mojito là bas ? Tu connais Mojito ?

Un cocktail avec un nom hispanique, elle devait forcément comprendre et faire le lien avec sa requête.