Cela faisait deux jours que j'étais sortit de l'hôpital et que les médecins avaient décidés de me foutre le paix. Ou plutôt parce que mon père avait fait pression pour qu'on m'y sorte et que je puisse faire ma vie tranquillement sans être questionnée toutes les deux minutes par des neurologues ou des spécialistes de la perte de mémoire. C'est ce que j'avais parait-il, mais je pensais juste qu'on me prenait pour une idiote. Alors, que je m'ennuyais royalement dans l'appartement qui semblait être miens visiblement, j'avais décidée de sortir et prendre le métro vers le centre ville. Bien évidemment, j'avais dû demander mon chemin aux passants, faisant croire que j'étais une touriste un peu plus que pommée pour ne pas trop paraitre bizarre avant d'arriver sur les bords de Charles River. Il était sûrement aux alentours de midi quand je passa devant une boulangerie et que je décida d'y entrer, mon ventre gargouillant à plein régime. Je me trouvais devant la vitrine quand une dame s'arrêta et me sourit grandement avant de me demander si je prendrais comme d'habitude. l'habitude, le soucis, c'est que je ne m'en souvenais plus, mais je me contenter d'hocher la tête et payer avec le sans contact de ma carte pour ne pas à avoir à me souvenir de mon code. C'est alors que je sortis de là et que je me dirigea vers les bords de la rivière, finissant par m'asseoir sur un banc au calme, posée sous un arbre à contemple l'autre rive d'un œil curieux. J'avais toujours adoré Boston de ce que je pouvais me souvenir et j'avais toujours aimé me poser quelques minutes sur un banc pour observer la fourmilière en mouvement quand je finis par décider de lever mes fesses de là, dans l'optique de marcher, sans but, pour redécouvrir la ville d'un œil nouveau. J'étais toujours à nouveau dans la rue de la boulangerie et je me promenais tranquillement mais au fond, je sentais toujours les regards sur moi, des regards étranges, des gens me dévisageaient comme si j'étais une bête de foire. Je savais parfaitement que j'étais la fille d'un grand pdg mais de là à me regarder de la sorte... j'étais déboussolée. je tirais nerveusement sur mon haut noir et marchait pour finir, la tête baissée sans voir qui était à côté de moi, et sans même remarquer qu'un homme me faisait les poches discrètement. mais voilà que j'avais finis par éclater en sanglots sans vraiment comprendre pourquoi. surtout parce que j'en avais marre de ne pas me rappeler de ce que je devais me rappeler, j'en avais marre d'être prise pour un monstre de foire et j'en avais marre de beaucoup de choses présentement.
Qui aurait sérieusement cru une seule seconde qu'un garçon aussi mignon que celui qui me faisait face aurait pu me voler mon téléphone portable pendant un moment de faiblesse mais qui plus est, qui viendrait vous le rendre en vous disant clairement qu'il l'avait délibérément prit. Personne je dois le dire et moi la première. En fait, ce qui m'étonnait le plus, c'est qu'il me l'avait rendu en clamant être coupable d'un vol alors oui, mon sourcil arqué quand il me tendit l'engin à plus de 1 149 $US. Pourquoi donc est-ce qu'un voleur voudrait me rendre une chose aussi chère et aussi précieuse qu'un téléphone. Si il l'avait volé c'était justement pour le revendre et gagner de l'argent. Alors après un reniflement assez mignon je dois l'avouer moi-même, je passa le revers de ma main ainsi que ma manche contre mes yeux embués avant de me saisir du téléphone et de le ranger dans mon sac à main, bien au fond pour qu'il n'ait pas une nouvelle fois la main baladeuse et qu'il vienne me dérober mon bien alors que j'avais le dos tourné. Puis il y eut un petit blanc et voilà qu'il mettait les mains dans ses poches sans pour autant partir, comme si quelque chose le retenait et je me rendis rapidement compte que j'avais oublié de le remercier. Que mes pensées trop embrouillées m'avaient fait oublier la moindre des politesses. La première personne à qui il aurait fait ça et qui lui aurait avoué lui avoir volé quelque chose en lui rendant l'aurait sûrement giflé et dénoncé à la police mais... cet air triste accroché à son visage m'empêchais de faire la moindre déclaration sensée et au fond, je préféré le remercier d'une autre façon plutôt que de l'enfoncer plus bah que terre. "Merci d'avoir ramassé mon téléphone avant que quelqu'un ne me le vole." voilà, ça s'était bien. Il ne se sentirait pas coupable d'avoir voulu escroqué quelqu'un et moi, je pouvais également le pardonner d'une autre manière. Je finis par lui tendre la main délicatement pour venir serrer la sienne, le regard toujours baissé parce que, c'était pas spécialement mignon à voir une fille qui pleurait et peut-être qu'il penserait que c'était à cause de lui que j'étais dans cette état. Aujourd'hui était mon jour de bonté, il valait mieux en profiter. "Est-ce que je peux vous payer un verre pour vous remercier ?" parce que si il avait essayé de m'escroquer, c'est qu'il devait avoir besoin d'argent et peut-être aussi qu'il avait besoin de se nourrir. Moi l'argent, ça rentrait dans mon compte en banque à flot au point que mon cher papounet adoré était la première fortune mondiale depuis Septembre dernier alors me racheter un mobile ou payer un repas à un SDF n'était pas une grande perte pour moi. J'avais enfin levé mes yeux rougis sur sa personne puis j'affichais malgré moi un petit sourire qui se voulait rassurant. Non loin de nous se trouvait le Pinkberry, un marchant de yaourt personnalisable alors, doucement d'un geste de la tête, je pointa la boutique pour lui faire comprendre qu'il pouvait accepter et qu'on irait non loin de là. J'avais fait ma bonne action de la journée et peut-être que ça me changerait les idées de parler à quelqu'un d'autre, une personne qui ne me connaissait pas et qui ne me mettrait pas de pression pour me forcer à me souvenir de chose qui ne voulait pas revenir.