C.-LOUP DE L. DE MONPEZAT ► HARVEY NEWTON HAYDON

Charles Loup Constantin Philippe de Laborde de Monpezat, alias, Charles-Loup de Danemark, comte de Monpezat, prince héritier de la couronne de Danemark. Enfant bien né me diriez-vous ? Effectivement. Tes parents, Frédérick de Danemark et Mary Donaldson t’ont accueilli le 25 Juin 1992, et t’avais déjà un avenir tout tracé. Inutile de préciser que tes conditions de vie furent dès lors, pour le moins indécentes. Palais, nombre incalculable d’employés, précepteurs à ta disposition. Tout pour faire de toi l’enfant parfait. T’as grandi dans un monde cloisonné, fermé, étriqué. Une cage doré. Tu ne peux pas le nier, il y a bien quelque chose qui te plait là-dedans. Le pouvoir. Alors tu t’y accommodes dès ton plus jeune âge. Au luxe. Bien que curieux du monde extérieur.

Trois ans plus tard, ta soeur. Ta raison de vivre. Ton sang. Ton ciment. Olympe. Mystérieuse, belle, étrange, plus intelligente que nous tous, mais surtout … insaisissable. Elle t’aura échappé avant son dix-huitième anniversaire. Mais bien avant tout cela, elle naissait. L’unique petite ‘chose’ que tes parents avaient réussi dans la vie selon toi. Elle était encore toute minuscule que tu savais qu’elle bouleverserait ta vie, qui serait bien misérable sans elle. Une petite bombe à retardement prête à exploser à chaque instant. Enfants, tu la surprotégeais déjà malgré votre courte différence d’âge. Elle t’en apprenait déjà tant du haut de ses dix ans, elle était si délicate et dure à la fois.
La première.

Vous aviez tous les deux quinze ans à l’époque. Vous vous étiez rencontrés lors d’un de ces nombreux galas qui avaient lieu au palais. Princesse héritière également, elle brillait dans cette magnifique robe argentée. Tu t’en souviens comme si c’était hier. Elle était parfaite. Peu de temps après, Tu l’invitais à sortir avec toi, et voilà qu’elle était déjà tienne. Si vite tombée pour toi, tu l’avais complètement conquise, elle a même fait de toi un homme. Elle est tombée amoureuse de toi, seulement toi … tu n’étais fou que de son corps, et elle, loin d’être idiote faisait simplement semblant de ne pas le voir. Vous étiez bien trop jeunes, et finalement, tu te lassas de ce corps, en découvrant bien d’autres, plus délectables, plus passionnants, plus frais, plus purs. Alors tu l’as quittée du jour au lendemain, sans explications. Simplement jetée. Elle ne te le pardonnera jamais.
C’est précisément à cette période que tu as commencé à faire le con. Découvrant un nouveau monde, tu fuguais de temps en temps du palais la nuit pour faire les quatre cents coups avec tes meilleurs amis d’enfance. Est-ce forcément une bonne chose de vagabonder en pleine nuit, vaquant à des occupations non conformistes alors qu’on est prince héritier de la couronne ? Pas tellement. Ca commence par des joints, par des soirées alcoolisées et ça finit avec de la cocaïne dans le nez. Et c’est ce qui faisait rager ton père. Ce père qui n’avait jamais été digne de ce titre. Lui qui se souciait bien plus de ses sujets que de sa famille. Lui que tu haïssais à la mort pour avoir été la cause du mal-être de ta jeune soeur, chez qui deux ans plus tôt, vous aviez découvert des troubles de la bipolarité. Celle pour qui il n’avait rien fait. Celle qui devant un père qui ne la considérait pas, s’est vue plonger dans cette terrible dépression. Ton sang. Ton ciment. Ta raison de vivre. Tu le haïssais de l’avoir laissée se trancher les veines. Seule dans sa salle de bain. Tu le haïssais de l’avoir laissée se donner la mort. Mais tu te haïssais bien davantage encore. Elle qui t’avait toujours fait confiance, tu n’avais pas été là pour elle lorsqu’elle en avait le plus besoin. Mais tu n’étais pas celui qui était la cause de ce drame familial, qui devint très vite un drame national. La voir dans ce cercueil blanc bordé du drapeau de ta patrie et de tes armoiries. Le communiqué avait parlé d’une tumeur foudroyante. Foutaises. Le voir pleurer sa fille devant les caméras simplement parce qu’un suicide fait tâche au sein d’une famille royale, t’avait donné fort envie ce jour là de lui coller ton poing dans la figure. Mais le regard vide et désespéré de ta mère te retint. Tu ne voulais pas la blesser davantage. Agé alors de vingt ans, tu fera de la vie de ton père un enfer pour t’avoir rendu fils unique.
En page six des tabloïds ? Loup aperçu en soirée, de la cocaïne plein les narines. Loup aperçu aux bras de deux mannequins à la sortie du Studio 54 à New York. Loup aperçu en train de niquer vos mères. Tu est devenu l’enfoiré que les vieilles danoises avaient en horreur et que les jeunes filles voulaient dans leur lit. Pas de juste milieu avec toi. D’ailleurs les filles … elles venaient et partaient. Inutile de préciser qu’étant désormais dénué de coeur, tu ne pouvais assumer une relation sérieuse. Cependant, tu aimais, même adorais les jeux de séduction. Le prédateur et sa proie. Tu n’étais pas le ‘Loup’ pour rien. Et tu savais être le parfait gentleman pour ce faire. Tu invitais les filles dans les restaurants les plus réputés, et leur faisais la cour des semaines durant, les écoutais, et ce dans l’unique but de n’obtenir d’elle qu’une seule chose, leur corps. Ces corps que tu savais si bien chérir le temps d’une seule et unique nuit, rien que pour le plaisir de la chair. Et lorsqu’elle étaient en confiance avec toi, tu ne les recontactais plus jamais. Un enfoiré. Un enfoiré malsain et pervers. C’était tout ce que ton mal-être t’avais rendu. Un être dénué de coeur, froid, malsain et pervers. Non pas que tu attendais celle qui allait te piquer là où ça fait mal, tu n’y pensais tout simplement pas. Pour toi, l’amour était une façon idiote et vaine d’échapper à la réalité de la vie. Et tu avais besoin de rester lucide sur le monde qui t’entourait. D’ailleurs, tu étudiais. Fort. Doué d’une intelligence supérieure à la moyenne, tu entrerais à Harvard bien évidemment, et plus précisément à la Eliot House. Après tout, c’était tout toi. Homme de pouvoir, riche comme crésus, et gentleman. Et puis tous tes plus proches amis que tu connaissais depuis l’enfance y étaient. Mais une fois parvenu chez les Eliots, tu reçu cette lettre tamponnée du sceau royal, ton père te gratifiant d’avoir enfin fait les bons choix pour une fois dans ta vie. Illico, tu quitta la confrérie, rejoindre les Mathers. Toi. D’un autre côté, cette confrérie te siais également à merveille. Fêtard, drogué occasionnel et alcoolique notoire, tu observais ce bas monde comme de la vermine. Glacial, distant, observateur, calculateur et perspicace, tu façonnais déjà ton monde à ta guise avant même d’être roi. Parce que roi tu allais devenir, Mather ou Eliot. Et le jour de ton couronnement, tu verrais des larmes de colère couler sur le visage de ton père.