let's forget the world tonight ≈ sulla

Si à la base, il n’était pas porté alcool, Sullivan avait soumis l’idée pour ce soir et la jeune Dunster était assez d’accord. Forcément, il était surpris, elle qui était sur la réserve comme lui tout le temps, mais il acceptait. C’était même lui qui avait pris la bouteille sur le chemin, prenant soin de la cacher dans son sac à dos. Mais à peine avait-il servi les verres que sa meilleure amie buvait cul sec, non sans grimace. Bien sûr que ça le faisait rire, lui qui admirait le spectacle qu’elle lui offrait. Mais c’était pour ainsi dire normal, puisqu’elle l’avait cherché. « Vaut mieux oui, pour ton état mental » Parce qu’elle est non sans savoir que l’alcool aurait des répercussions sur son état normal et agirait de façon décousue. Il soupirait cependant quand il l’entendait parler par la suite. Cracher le morceau, il n’aimait pas ça. Il n’aimait pas parler de lui, parler de ce qu’il avait sur le cœur. C’était bien pour ça qu’il gardait tout sur ses épaules, sans se décharger pour autant. Il attrapait son téléphone dans sa poche avant d’ouvrir la conversation avec Meghan, la remontant jusqu’au début des messages qu’ils ont pu s’échanger concernant cette histoire. « Tiens… lis » C’était plus simple comme ça.

« Vaut mieux oui, pour ton état mental » Je grimaçais en regardant mon meilleur ami. Un petit nia nia nia bien puéril pour lui montrer que je n'avais aucune répartie. Enfin bon, je ne lui en voulais pas à Sullivan, il était mon ami le plus proche, celui en qui j'avais le plus confiance et c'était de bonne guerre entre lui et moi. Le pire, c'est qu'il avait raison. Dieu sait ce que je serais capable de faire dans un état second... Envoyer des sms à Philip sans pouvoir me retenir ? Probable. Enfin bon, ce n'était pas le moment de penser à tout ça. Ce qui me préoccupait surtout, c'était la façon dont il pouvait se sentir très mal ces derniers temps. Je n'aimais pas ça le voir triste et j'espérais pouvoir l'aider un minimum, s'il le voulait bien. Sully me donna son téléphone, ouvert sur les messages échangés avec Meghan. Je voyais bien qu'il n'avait pas envie de faire tout ça, mais bon... Je faisais vraiment de mon mieux pour être une amie utile. « Tiens… lis » Je m'exécutais, faisant défiler la conversation avec mon pouce. Au fond, Sully avait eu la même conversation avec Meghan qu'il ne l'avait eu avec moi. Il se préoccupait beaucoup pour ses proches, autant que j'étais en train de le faire avec lui à cet instant. « Est-ce que tu as peur qu'il se passe un truc entre Elliot et Meghan ? » La question pouvait paraître idiote, mais... Peut-être que s'il a pris l'histoire entre Elliot et Cléolya à coeur, c'est parce qu'il y a une raison derrière ?

Non pas qu’il insinuait des choses concernant la jeune femme et son état mental. Enfin peut-être, mais c’était bon enfant parce qu’il aimait un peu trop la taquiner pour le coup. Quoiqu’il en soit, elle avait bu trop vite et maintenant, elle grimaçait. Sullivan ne pouvait s’empêcher de rigoler à cette vue bien trop hilarante pour le coup. Faut dire qu’il n’avait jamais vu sa meilleure amie boire de l’alcool, donc c’était un peu une première. Mais voilà, Marla, elle ne perdait clairement pas le nord et demandait au jeune homme ce qui avait bien pu se passer pour qu’il soit aussi mal. Et c’était compréhensible, il avait envoyé des signaux assez inquiétants pour le coup. Voilà qu’il lui donnait son téléphone pour qu’elle lise tout l’échange avec Meghan, où il exposait un peu tout ce qui n’allait pas et les solutions qu’elle apportait de son côté. Patientant en mangeant ce qu’il trouvait à côté de lui, il finissait par attendre une réaction de la part de la jeune femme, ce qu’il avait au final assez rapidement. « Je crois ouais… J’ai tellement peur qu’elle m’échappe, si tu savais. Je l’aime à en mourir » soufflait-il, dans le ton de la confidence. Il l’aimait tellement qu’il ne supporterait pas de la perdre.

Mon ignorance le faisait rire, Marla pour vous servir. C'était clairement contre mon gré, mais je ne lui en tenais pas rigueur. Il était mon meilleur ami et hors de question pour moi de lui en vouloir et surtout pas pour une chose aussi futile. C'était de bonne guerre entre nous et puis, il savait très bien qu'à l'occasion, je ne manquerais pas de me moquer de lui. Néanmoins, j'avais besoin de connaitre les raisons de son changement d'humeur du moment. Pourquoi allait-il aussi mal ? C'était dans un soupir qu'il me donna son téléphone, me laissant lire sa conversation avec Meghan et la première chose qui me vint à l'esprit fut évidente. « Je crois ouais… J’ai tellement peur qu’elle m’échappe, si tu savais. Je l’aime à en mourir » Je pinçais mes lèvres avant de lui rendre son téléphone. « Il n'y a aucune raison pour qu'elle t'échappe Sullivan... Vous allez vous marier, enfin, c'est quand même elle lui t'a demandé ta main et puis, vous allez être parents... Il ne pourra jamais t'échapper tu sais. Elle t'a dans la peau autant que toi tu l'as elle, c'est évident. Ça se voit juste en vous regardant. » Ça coulait de source. Rien à voir avec ma relation avec Philip.

La soirée se déroulerait bien, il le savait Sullivan. Mais il savait aussi que Marla chercherait à savoir tout ce qui se passait dans la tête de l’étudiant. Lui qui réfléchissait un peu trop, lui qui était trop gentil et portait tout sur ses épaules. Il sentait qu’il faiblissait en ce moment et il avait laissé entrevoir une faiblesse qu’elle avait donc cherché à en savoir la provenance. Marla était intelligente et ne laissait rien passer, ce qui faisait peur, mais tout aussi plaisir à Sullivan. Tendant le téléphone où se trouvait une série de messages entre lui et Meghan, elle avait alors la liste de tout ce qui n’allait pas chez le jeune homme. Son mal-être était à présent évident et elle pointait le doigt directement sur ce qui le titillait. « Je sais mais… Je suis pas comme tout le monde. Je suis gentil, je me fais marcher sur les pieds… Les gens parlent, je suis pas dupe. Et s’ils parlent à Meghan et qu’elle ouvre les yeux et pense que je ne suis pas l’homme qu’il lui faut, que je ne suis que son meilleur ami, je ne survivrai pas à tout ça… » Perdre Meghan, c’était perdre un pan de sa vie et il n’arriverait pas à se relever. « Elle est mon évidence tu sais. Je me souviens encore du jour où je l’ai simplement vue sourire et je me suis dit “c’est elle la femme de ma vie”… C’était y’a six ans » finissait-il par lui confier. Et contrairement à lui, Meghan c’était nouveau l’amour qu’elle lui portait et il avait juste peur que ce soit l’attrait du nouveau. Certes, il avait confiance en elle, plus que tout. Il lui confierait sa vie s’il le faut. Mais les sentiments, c’était toute une autre chose. C’était incontrôlable. Combien de fois avait-il appris qu’une personne avait rompu avec une autre à cause de sentiments naissants pour une tierce personne ? C’était bien trop souvent. « Mais oui… elle n’a pas de raison de m’échapper »

Il était évident que Sullivan et Meghan étaient fait l'un pour l'autre. Ils étaient l'une de mes exemples en matière de couple. L'exemple ultime avec Eliot et Margot. Ils étaient connectés, ça coulait de source entre eux et j'étais loin du compte dans ma vie personnelle. « Je sais mais… Je suis pas comme tout le monde. Je suis gentil, je me fais marcher sur les pieds… Les gens parlent, je suis pas dupe. Et s’ils parlent à Meghan et qu’elle ouvre les yeux et pense que je ne suis pas l’homme qu’il lui faut, que je ne suis que son meilleur ami, je ne survivrai pas à tout ça… » Je fronçais les sourcils en le regardant. J'aurais pu être cette personne, à tenir ce genre de propos, mais là dans l'immédiat, j'avais surtout l'impression qu'il s'entendait pas trop parler. « Elle est mon évidence tu sais. Je me souviens encore du jour où je l’ai simplement vue sourire et je me suis dit “c’est elle la femme de ma vie”… C’était y’a six ans » Je souriais parce que c'était beau. Mais il était tellement amoureux qu'il était aveuglé. Il n'arrivait plus à se faire une raison très simple. « Je ne pense pas que Meghan soit influençable au point d'écouter les autres et de changer d'avis à propos de toi... » Ou comment l'informer de ses craintes ne tenaient pas debout. « Mais oui… elle n’a pas de raison de m’échapper » Je riais en le regardant. « En effet, il n'y a aucune raison et tu es juste en train de te stresser pour un rien... tu ferais mieux de profiter de ta chance, non ? » Tout le monde n'avait pas cette chance.

Peut-être se rendait-il compte de l'absurdité de ce qu'il pouvait dire mais.. Sullivan, c'était avant tout un manque de confiance en lui. Depuis des années, il remettait en question le fait que Meghan soit à ses côtés. Meghan, Ziggy, cette fille qu'il aime depuis si longtemps, qui l'a sauvé de la solitude et de l'acharnement d'autres élèves de leur école à Vancouver. Autant dire tout de suite, ils s'étaient bien trouvés. Elle, elle était ouverte à tout, à la découverte, l'esprit libre et libéré surtout. Lui, renfermé comme jamais, avait trouvé une bouffée d'air frais depuis qu'elle était à ses côtés. Il apprenait à vivre normalement, bien que ce soit difficile. Il s'ouvrait aux gens dès qu'il pouvait, dès qu'il en avait la volonté et la force. « Non, oui.. t'as raison. Elle n'aurait plus été dans ma vie depuis bien longtemps » Et elle n'avait pas tort Marla. Meghan aurait pu disparaitre de la vie de Sullivan des années auparavant, l'étape du collège ayant sûrement été la pire. Beaucoup trouvaient Sully bizarre et infréquentable. Jusqu'à ce qu'il fasse partie de l'équipe de basket et que les filles finissent par le trouver à leur goût. « Je... ouais » Qu'est-ce qu'il pouvait être con des fois, pensait-il dans sa tête. Il soupirait alors, avant de boire une gorgée de son breuvage. « J'suis désolé... de t'embêter avec tout ça, mes doutes inutiles »

Je ne voulais pas paraitre brusque avec Sullivan, ou même donneuse de leçons. Il faisait ce qu'il voulait, comme il voulait et j'étais comme lui, donc certainement pas la mieux placée pour lui faire la morale. Mais, j'avais un point de vue extérieur en plus d'être sa meilleure amie et donc, de le connaitre par cœur. Pour ma part, j'avais tendance à faire une confiance aveugle aux gens, partant du principe qu'ils ne sont pas là pour faire du mal, jusqu'au jour où un malheur arrive. C'était exactement ce qui s'était passé avec Philip, mais justement, par le biais de ma relation chaotique, je pouvais devenir quand tout était parfait et coulait de source. Entre Meghan et Sullivan, c'était une évidence et lui-même me l'avouait. Il n'avait pas à stresser parce qu'au fond, j'étais certaine qu'aux yeux de la quincy, c'était exactement pareil. « Non, oui.. t'as raison. Elle n'aurait plus été dans ma vie depuis bien longtemps » En effet. Et ils ne pouvaient pas avoir fait tout ce chemin pour tout foutre en l'air à cause de quelques incertitudes. « Je... ouais » Je souriais avant d'attraper mon verre pour boire quelques gorgées. « J'suis désolé... de t'embêter avec tout ça, mes doutes inutiles » - « Tu ne m'embêteras jamais, tu le sais très bien... » Il était mon meilleur ami et je voulais être là pour lui et répondre à toutes ces incertitudes.

C'était l'incertitude qui le bouffait à chaque fois et il semblait résigner à devoir lutter contre ses propres démons. Lui qui n'avait jamais connu l'amour auparavant, si ce n'est l'amour à sens unique qu'il portait à Meghan, il n'aurait jamais cru avoir un packaging aussi rempli d'un coup, en si peu de temps. Et c'était certainement pour cette raison qu'il avait peur. Peur de perdre celle qu'il aimait, qu'il convoitait depuis des années. Certes, elle était sincère avec lui, mais ses sentiments étaient encore récents et il avait peur que ça finisse par se dissiper avec le temps. Se rendre compte qu'il n'était pas celui qu'il lui fallait. Il avait peur Sullivan mais taisait tout ça, de peur que Meghan apprenne un jour tous les doutes qu'il pouvait avoir, malgré le temps qu'elle prenait à le rassurer. « Merci.. » Il finissait par reposer son verre après avoir bu une gorgée pour finalement s'installer sur le lit, s'allongeant pour regarder le plafond. « Des fois, est-ce que tu te demandes ce que nos vies auraient été s'il n'y avait pas eu Meghan... ou Philip ? » Ils avaient eu un pacte tous les deux. Et sans la fratrie Harrison, ils auraient bien pu finir dans le même lit.

« Merci.. » Un sourire étirait mes lèvres. Si j'avais pu aider Sullivan, j'étais contente. Mais, j'étais bien placée pour savoir que quand une incertitude se glissait dans notre cerveau, il était bien difficile de la faire taire et même si nous avions toutes les preuves du contraire. Ma relation avec Philip était bien compliqué et j'avais souvent du mal à comprendre ce qu'on faisait ensemble, ce qu'il me trouvait. Margot avait beau m'avoir dit qu'il ne semblait vraiment pas insensible à mon charme, que j'arrivais toujours pas à comprendre où était mon charme, d'où il venait. Alors, je n'allais pas juger Sullivan sur ses incertitudes. Au moins, il avait quelqu'un qui l'aimait en face de lui. Le brun venait finalement s'allonger sur mon lit après avoir bu quelques gorgées de son verre, regardant le plafond tandis que mon regard à moi s'attardait sur les traits de son visage. « Des fois, est-ce que tu te demandes ce que nos vies auraient été s'il n'y avait pas eu Meghan... ou Philip ? » Pas vraiment. Certainement parce que ma relation avec Philip était encore naissante. « Parfois... Je regrette toute l'attention que Philip me donne parce que c'est douloureux... » que je confiais à mon meilleur ami, regardant mes doigts pour fuir son regard. J'étais trop attachée à Philip pour le laisser partir et puis, faut dire que le winthrop s'accrochait à moi lui aussi. « Peut-être qu'on serait tous les deux dans ce lit, mais qu'on parlerait pas » que je disais finalement en haussant les sourcils, rougissant un peu au passage.