GWEN BLACK-HOOVER ◘ Tegan Quin

Mais grave que j'y vais mon pote ! Y'a des jolies filles à la sexualité débridée, de l'alcool, de la drogue...mon élément quoi !

J'irais pas, j'peux pas trouver de clopes. Mais ils ont la foi, c'est cool pour eux

J'irai pour foutre le bordel avec mon groupe, retourner un peu la scène et allumer un gros spliff sur la scène, en criant "ONE LOVE"

J'me mets d'abord dans la peau d'un mec, parce que j'suis pas la plus hétéro de ce campus. Elle est booooooonne ! Elle me laisse une place dans son lit ? Sinon, je l'accueille dans le mien... Et en tant que fille, non je suis très bien comme je suis.

Non, mais j'veux bien acheter Apple, si un jour les Cabot font une enchère

Comment j'ai fais pour les côtoyer ?

Carrément pas

Une naissance, le début de la vie, parfois le début de choses moins cool. Une séparation de deux êtres qui sont sensés rester ensemble. Je suis restée, elle est partie, je ne me souviendras pas d'elle avant bien des années. J'ai une soeur jumelle que je ne verrais pas avant longtemps. Mon père ? Inconnu, je ne connais ni son nom, ni son visage, mais je m'en fous, j'ai pas besoin de lui pour vivre, visiblement. Ma mère ? C'est une autre histoire.
J'ai trois ans maintenant. Je marche, je vais à la petite école, je parle, on me demande "C'est qui ton papa ? Il fait quoi comme travail ton papa ?" et moi je baisse les yeux, j'essaye de trouver un truc pour sauver le navire "Il est dans l'armée, il fait la guerre..." Ouf, ils me laissent tranquille, l'année prochaine je pourrais dire qu'il est mort, pour moi c'est tout comme.

Quelques années ont passées, ma mère, qui est prof de littérature sombre peu à peu. Je ne connais pas la raison du naufrage, je suis trop jeune pour comprendre, c'est ce qu'elle me dit. J'ai huit ans, quand la déchéance se fait de plus en plus sentir. Je vois des hommes, des femmes baiser ma mère dans le salon, ca sent bizarre, je ne sais pas ce que c'est pour l'instant. Je saurais plus tard que c'est de la marijuana, de l'héroïne et de la coke, de la MD, du LSD et compagnie. Je m'occupes de tout dans le petit 40m² que l'on occupait dans le quartier gay de Los Angeles. Je la surveille, je dis adieu à mon enfance, comme je dis adieu à ma normalité, rapidement, comme si je le faisais avec un couteau sous la gorge.
La déchéance commence désormais pour moi, je pose trop de questions, elle n'arrive pas à gérer. Sa seule solution, me dire que je suis schizophrène et qu'elle avait réussi à gérer cela durant mon enfance. Tout ca pourquoi ? Parce que je veux connaître ma famille, mon passé, et que je m'énerve parce qu'elle ne répond pas. Elle m'emmène voir un psy qu'elle a corrompu à coup de billets pour qu'il accepte de dire que je suis vraiment schizophrène. Traitement obligé à vie. Je me mets dans la tête que je suis vraiment folle, je m'inventes une seconde identité. Gee, qui se prononce Dji. Pourquoi ? Parce que je penses que si c'est court, elle aura moins d'impact sur moi. Connerie, elle a presque fait en sorte que j'oublie quije suis vraiment. Je garde la haine en moi presque tout le temps maintenant. Celle que je pense être Gee n'est en fait que le ressenti que j'ai en toi, le dégout que ma mère m'insuffle quand je la vois, mais je n'arrives tellement pas à canaliser cette haine, qu'elle se retourne contre tout le monde. J'essaye de canaliser tout ça dans le dessin et la musique, mais il n'y a rien de plus noir que ce que je fais. Mon art est aussi noir que mon âme, triste, haineux. J'ai déjà pensé à mettre fin à mes jours, alors je me droguais en rentrant chez moi, alors que ma mère était déjà raide défoncée. Je la regardais avec dédain et je lui disais "Tu vois maman, je deviens comme toi. Une loque humaine." Ma petite amie de l'époque m'envoie suivre une cure de désintoxication, je ne termine pas mon séjour, je deviens folle sans mes cachets. Dix-huit ans, mon permis, ma voiture, ma machine à tatouer, mes cachets. Je pars à Harvard grâce à une bourse, soit disant. Vingt ans, je perds ma mère. Vingt et un ans, je finis en psychiatrie, où j'apprends bien des choses sur ma vie. Je vais bien, je n'aies pas besoin de ces poisons. Mais j'ai une soeur jumelle, du nom de Dylan.

Retour à Harvard, je n'ai pas pu aller au Summer Camp, même si j'en avais envie. J'ai pas revu mes potes de L.A. à cause de ce putain de centre. J'ai réussi à gratter pour rentrer en quatrième année malgré mes nombreuses absences de l'an passé, tout ça parce que je sentais plus cette présence qui me faisais sentir entière, bien. Puis tout à basculé dans ma vie, un dimanche matin, à Central Square. Ca m'est tombé sur le coin de la gueule comme une averse. Ma soeur jumelle, là, face à moi. Je m'imagines une enfance à ses côtés, un semblant de famille, sans père, avec une mère normale et aimante, tout le contraire de la mienne, de la notre. Le tout face à une bouteille de whisky, à faire serrer la famille près de nous, qui s'enfuient en bouchant les oreilles de leurs enfants. Je lui expliques comment elle était, toute la haine que j'ai envers elle malgré l'amour que je peux lui porter. Elle reste ma mère. J'ai enfin une famille, j'ai Dylan. J'ai Wyatt, notre cousin du côté de notre mère. Je me reconstruis peu à peu. Une nouvelle vie s'offre à moi.

En fait, tout a commencé le jour de ma naissance, enfin, peut-être un peu avant, ou un peu après, je ne saurais rien dire de cela, je n'ai aucune exactitude, aucune date. Je ne sais pas si tu étais là ou non, si tu es resté avant de fuir. On s'est peut-être déjà croisés, toi et moi, au détour d'une rue, à l'entrée d'une boutique ou que sais-je. Parfois, je m'amusais à mettre un nom sur un visage, me disant que c'était toi, que tu étais le maillon manquant de ma chaîne, la dernière pièce du puzzle. Car finalement, je n'ai plus rien, pour me dire à quoi tu peux bien ressembler. Je ne sais pas si mon nom de famille est le tien ou non, tu es l'inconnu, la fonction (x) de mon équation, un secret d'un jardin qui n'est pas le mien. Qui es-tu, où es-tu, pourquoi es-tu parti avant que je ne puisse me rappeler de ce visage que j'espérais reconnaître parmi mille ? Serai-ce par lâcheté, ou simplement par obligation ? Non. La seconde option, tu serais revenu vers moi. Je n'ai plus personne. Elle est morte, m'abandonnant à l'aube de mes vingt-ans, après moult mensonges qui m'ont petit à petit détruite. Non, je ne suis pas si seule. J'ai mon autre moi, ma moitié, le ying de mon yang, mon sang, ma vie, ma soeur, qui elle, a été plus sauvagement abandonnée, par toi, par elle. Elle a par conséquent été abandonnée par moi aussi. Mais ce n'était pas volontaire pour moi, j'ai pas eu mon mot à dire. Vingt deux ans de silence, vingt deux ans de mensonges. On m'a d'abord crue folle, puis il n'en était rien. Un dossier médical falcifié, un traitement qui n'était pas adapté, ni même utile sauf à me complaire dans ma propre folie. Un dossier incomplet, avec ton nom rayé de correcteur blanc, ré-inscrit en tant qu'inconnu. Je n'ai pas eu la foi de gratter pour savoir qui tu étais. Je n'ai même pas essayé de te retrouver. Puis tu vois, le jour de l'attentat, j'ai faillit crever, t'as même pas pensé à m'envoyer une lettre qui disait "Salut, je suis ton père". Encore une fois, j'étais seule. Dylan m'a abandonnée à ce moment là, elle aussi. Si je lui en ai voulu ? Un peu, ouais. Puis elle est partie cinq mois, en cinq mois, j'ai changé. En six mois au total, j'ai encore plus changé. Une overdose, des bagarres, coucher avec une vingtaine de filles dans ce laps de temps, me caser avec une fille sans la tromper, commencer à avoir des sentiments puissants au point de ne pouvoir les contrôler. Et là, j'ai arrêté la drogue dure, je ne fume que des joints, et j'ai un chien. Le pire, c'est que je commence à moraliser mes potes, sur la drogue. Putain, qu'est-ce que je suis devenue, à cause de toi ? A cause de vous ? J'ai un jugement qui m'attend, en rentrant de Floride. On m'attend au tournant, je ne dois pas me foirer.