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Tu marches. Tu ne sais pas où tu vas, tu n'as pas d'idée de destination mais tu avances, les bras croisés, les chaussures claquant sur le pavé. Tu passes entre les maisons, jetant quelques coups d’œil aux fenêtres dont les volets sont parfois fermés. Tu te demandes ce que font les gens, à cette heure là. Certains dorment. Il doit être aux alentours de vingt-trois heures, mais le marchand de sable n'était pas arrivé pour toi. Il te fallait te dégourdir les jambes, et tu étais sortie dans la rue en pyjama, sans te soucier de ton allure. Un deux pièces rose, très fillette et nunuche, mais que tu adores. Les rares personnes qui se baladent dans la rue te regardent comme si tu étais folle. Mais ne l'es-tu pas ? Au bout d'un moment, tu entends du bruit. Des gens arrivent, tu le sens, tu le comprends. Tu vois une foule arriver tout droit sur toi. Et tu te laisse embarquer.
Tu arrives très vite dans un jardin d'une des confréries de la rue, où se passe une fête. Tu le comprends très vite en voyant les verres rouges qui circulent, la plupart remplis de bière ou d'alcools plus corsés. On t'en tend un et tu fais non de la tête. Tu détestes le goût de l'alcool et ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer. La musique t'agresse les oreilles et tu en viens à coller tes deux mains sur celles-ci pour couvrir le son. Quelqu'un t'agrippe par la taille et te force à danser. Dans un contexte normal, tu le ferais sans hésiter. Mais là, il y a trop de monde, tu suffoques. Tu as envie de sortir d'ici. Ta tête commence à te faire mal et tu tournes sur toi même pour trouver une échappatoire.
Mais il n'y a personne. Personne que tu connais, personne qui pourrait te sauver de cette situation. Tu continues à tourner mais bientôt, ta vision se fait trouble et tu t'arrêtes pour reprendre équilibre également. Quelqu'un te pousse sans faire exprès et tu tombes à terre. Ta tête cogne contre l'herbe, rien de grave. Tu as maintenant de la terre dans tes beaux cheveux roux, et les larmes viennent trouver ton visage. Tu ne peux pas te relever, il y a trop de monde. Tu attends qu'on te marche dessus, qu'on te piétine comme si tu n'étais qu'un vulgaire objet. N'est-ce pas ce que tu es en cet instant ?
(Invité)