But don't you remember me? (Louve)

On t’a dit que les soirées ici sont les meilleures. Et toi de ton côté, tu t’es dit en venant à Harvard que tu allais vivre l’expérience à fond. Cela impliquait donc te rendre à une fête étudiante, probablement trop boire et détester ton cours le lendemain. Mais c’était cela la vie d’étudiant, non? Cependant, tu avais un peu plus de responsabilités que chacun présent ce soir, tu avais un enfant à ta charge. Heureusement tu avais trouvé une place dans une école proche pour lui avant votre arrivée. Tu trouvais toujours cela drôle d’aller le porter ou le chercher, car les gens vous regardaient. Bien sûr tu étais trop jeune pour que ça soit ton fils. Enfin, si tu y penses bien, il y a 5 ans, tu avais déjà des relations sexuelles alors ça aurait pu être le cas. Mais non, Léo était ton petit frère et tu ferais tout pour lui. Tu avais fini par avoir une référence de son enseignante pour avoir une babysitter ce soir. Tu n’étais pas comme tes parents, si tu quittais la maison en soirée, tu lui trouvais quelqu’un pour le surveiller. Tu n’avais aucune idée de l’heure que tu allais rentrer ni même si tu allais rentrer chez toi dans le fond -qui sait dans quel lit tu pourrais terminer la nuit- alors tu avais dit à la babysitter de dormir-là. On ne prend jamais assez de précautions. Tu avais déjà rencontré plusieurs garçons de ta confrérie et tu savais que certains seraient présents ce soir à cette boite, ce qui était en effet le cas. Tu pris donc quelques bières avec eux, dansant même. Bref, tu t’amusais. Mais ton verre était vide et tu retournas donc au bar car il était encore tôt et tu sentais le besoin de boire encore. En te posant contre le bar, sachant bien que tu devrais attendre un moment, tu regardas autour de toi. Une brunette attira ton attention et même si elle semblait comme toute autre américaine ici, tu avais cette impression de l’avoir déjà vu chez toi. Cela te prit quelques instants avant de la replacer, c’était la sœur de ton ex! Bon tu n’avais pas son prénom en tête, mais tu étais certain. C’est donc en souriant que tu t’approchas d’elle. Cela faisait un moment que ton histoire avec Colombe était terminée, elle ne t’en voudrait plus? Et cela te faisait toujours plaisir de croiser des gens de chez toi. C’est donc en français que tu l’abordas, sachant qu’elle te comprendra, probablement l’une des seules dans la salle d’ailleurs. « Hey bonsoir! » Elle allait bien te replacer, enfin c’était ce que tu croyais.

Des heures. Ca fait des heures que t’es là, entourée de tes potes, à boire verre après verre. T’avais commencé à les compter mais tu t’es arrêtée au dixième. T’es pas trop certaine de ce que tu fais, tu vois flou, t’as l’impression de marcher sur des œufs et tes talons te font souffrir le martyr. Alors, par instinct, tu t’es taillée au bar, loin de ceux avec qui tu passais la soirée, pour tenter de souffler ou sûrement de boire en douce après qu’un type inconnu au bataillon – du moins, c’est ce que tu supposes ou alors t’en as oublié sa tête – t’ait dit de te calmer sur la boisson. Têtue comme une mule, pour ne pas modifier tes habitudes, t’as commandé un énième verre pour tenter de le siroter du bout d’une minuscule paille que t’as un peu de mal à trouver du bout de tes lèvres. T’as aucune idée de ce à quoi tu ressembles à l’heure actuelle, de savoir si mille et un regards sont braqués sur toi pour x raison, mais tu t’en fous. Alors quand, finalement, t’entends une voix inconnue près de ton oreille, tu mets un temps avant de comprendre. Il aura fallu que cette voix résonne trois fois dans ton crâne pour que tu captes enfin que c’est à toi que ce type s’adresse. « Heeeeeey » que tu lances joyeusement en te tournant vers l’inconnu. Du bout de tes mains, t’essayes de saisir ses épaules avec un peu de difficulté tant ton monde tourne. T’as d’ailleurs l’impression qu’il en quatre des épaules, lui. Chelou. « Qu’il est mignon ! » Ta voix est horrible au point que même un rat en crèverait. T’as la voix semi-rauque semi-aiguë, un truc à casser les oreilles à n’importe qui. D’ailleurs, t’as pas encore capté que le type t’a parlé français. Et que toi-même tu lui parles français. Dur. Après une minute de lutte intense avec ton cerveau pour comprendre tout ça, tu finis par subitement reculer la tête, manquant de claquer l’arrière de ton crâne contre un type qui fait à peu près deux têtes de plus que toi. Oups. « Eh, tu parles bien français toi… On se connaaaaît ? » le questionnes-tu en glissant sa main sous ton menton pour le saisir et l’inspecter sous tous les angles. C’est qui celui-là ?

HJ - j'avais complètement oublié je suis désolée