following the map that leads to you (colombe)

Deux heures que j'attendais. Deux putain d'heures et elle était toujours pas là. Les personnes de sa confrérie passaient devant moi en me regardant d'un air dégoûté et j'avais honte. Honte d'avoir cru en elle, en un possible nous. Maintenant j'étais trempé, assis sur un muret, regardant devant moi mais elle semblait pas venir. Mon costume était foutu, tout comme notre histoire. Alors, me levant, je partais pour une destination inconnue. Je voulais pas rentrer à l'appart si c'était pour que mes colocs me voient aussi minable et il était hors de question d'aller à la Winthrop pour montrer qu'une femme m'avait rejeté. De la plus sale des manières en plus. A cet instant, je voulais plus entendre parler d'elle, je voulais plus penser à elle ni avoir son image en face de moi. C'était fini. Qu'elle revienne plus jamais me voir. Et je laissais la haine m'envahir tandis que je m'asseyais sur le canapé du salon. Ouais, finalement j'étais rentré à l'appart, j'avais nulle part où aller. Mon regard se posait sur la télé éteinte et j'imaginais malgré moi Violet dans les bras d'un autre mec, se foutant de ma gueule. Automatiquement je sortais mon portable pour voir si, par pur hasard, j'avais pas reçu un message d'elle. Mais non. Rien. Alors j'appelais une autre femme, quelqu'un qui pourrait me la faire oublier, même pour un soir. Je lui disais que je la rejoindrais chez elle et, sans attendre, je fonçais vers son appartement. En moins de dix minutes j'étais chez elle, toujours trempé, toujours en costume. Elle me verrait minable mais c'était pas grave. Parce que, demain, je serais le plus beau des hommes. « Je suis venu comme promis » que je balançais alors qu'elle ouvrait la porte. Colombe, toujours là pour me sauver.

Parfois, la vie vous pousse à faire des trucs stupides. Je me dis que des trucs stupides, j'en ai peut-être beaucoup trop faits cette année. Pourtant, ce n'est que le début et une petite voix à l'intérieur de moi me dit que je ne suis pas prête d'arrêter. C'est plus fort que moi, à croire que je ne changerais jamais. Que j'ai besoin de faire des conneries pour me sentir vivante, pour me libérer de toutes les obligations que je dois à mes parents, aux caméras, aux journaux, à tous ces parfaits inconnus qui prennent pour modèles, qui m'admirent ou me détestent d'être aussi parfaite. Parfois, j'aimerais leur crier que non, ce n'est pas le cas. Je suis loin d'être cette petite fille modèle et épanouie. Après tout, qu'est-ce que j'ai ? Une famille qui me déteste ? Des parents qui m'admirent sans savoir qui je suis vraiment ? Les seules personnes avec qui je peux enfin être moi-même, c'est Iris et Meadow. Les deux seules. Du moins, c'est ce que je me dis jusqu'à ce que je reçois un coup de fil de Ryder. Ca faisait quand même pas mal de temps qu'on avait pas eu l'occasion de passer un moment ensemble tous les deux. Il semblait vraiment mal, avoir besoin de compagnie et bien que ça soit mon ex, il restait avant tout l'un de mes amis et je ne devais répondre présente pour lui. Pas par obligation cette fois-ci, juste par envie. Quelques minutes après avoir raccroché, je décide tout de même de me changer. Ouais, je vais tout de même pas l'accueil en pyjama, ça ne me ressemblerait pas. J'enfile donc le premier débardeur que je trouve. Ca va, il est blanc, col en v avec de la dentelle, quelque chose d'assez classe sans trop en faire. J'enfile un short en jean parce que le chauffage marche et que je n'ai pas envie de crever de chaud non plus. Je me dirige ensuite vers la cuisine, sors plusieurs bouteilles d'alcool parce que je ne sais pas trop ce qu'il voudra boire. J'y retourne pour récupérer deux verres quand finalement, on frappe à la porte. Je lui ouvre en faisant attention de ne rien casser, sourire aux lèvres. Je ne peux pas m'empêcher de le dévisager de haut en bas. Le pauvre, il a l'air vraiment au bout de sa vie dans son costume, trempé jusqu'aux os. Je t'en prie, entre et fais comme chez toi. Je le laisse pénétrer à l'intérieur et referme la porte à l'aide de mon pied. Elle claque doucement tandis que je lui ouvre la marche jusqu'au salon. T'as vraiment pas bonne mine, tu sais ?! J'esquive un sourire malgré tout. Je tente juste de détendre l'atmosphère et puis, il me connaît assez bien pour savoir que j'allais forcément lui faire une remarque vis-à-vis de son état vestimentaire.

Elle faisait remarquer que j'avais pas bonne mine et je souriais malgré moi. C'était du Colombe tout craché ça, rigoler sur tout et n'importe quoi. On n'avait pas passé beaucoup de temps ensemble ces derniers mois et, quelque part, je me rendais compte que ça m'avait manqué. Elle m'avait manqué. A cet instant là, je me demandais même pourquoi on avait rompu. Je me sentais tellement à l'aise avec elle, tellement... moi-même. Pas besoin de jouer de faux semblants, de se retenir, de faire gaffe à ce que je disais. Elle me connaissait assez bien pour connaître le fond de ma pensée à chacune de mes paroles. « Ouais on m'a posé un lapin ». Pas la peine de mentir, j'en voyais pas l'intérêt. Puis elle le découvrirait tôt ou tard. « J'attendais une fille, elle devait me dire si elle voulait sortir avec moi et... elle est pas venue ». Je pensais ne pas avoir vraiment envie d'en parler et, bizarrement, ça sortait tout seul. Peut-être parce que j'avais pas peur du jugement de Colombe. Je savais que dans le pire des cas elle se moquerait gentiment de moi. Tout ce que j'espérais, c'était qu'elle ait pas pitié. Tout en me débarrassant de ma veste j'entrais dans le salon et remarquais les bouteilles d'alcool. Vraiment, c'était mon âme sœur ou quoi ? Incorrigible. « Tu permets ? Je me mets en caleçon histoire de pas attraper la crève » que je lâchais, me déshabillant sans attendre sa réponse avant de m'asseoir sur le canapé. Ce soir j'allais me lâcher, après tout Violet s'était pas gênée pour le faire de son côté.

Je ne pouvais pas faire autrement que lui faire la remarque. Après tout, c'était la pure et stricte vérité. Je n'étais pas connue pour être la fille qui a la langue dans sa poche, bien au contraire. Je n'allais tout de même pas prendre des pincettes avec Ryder, ce n'était pas mon genre et il le savait parfaitement. Au moins, c'était sorti et maintenant, il était tranquille pour la soirée... Enfin, pour le moment. Heureusement, il le prenait bien et esquiva même un petit sourire. Comme quoi, y a toujours de l'espoir ! Je l'entraînais dans le salon tandis qu'il m'expliquait ce qu'il s'était passé. On venait de lui poser un lapin. Je grimaçais légèrement avant de me laisser tomber dans la canapé en soupirant. C'est que c'était pas la bonne. Tu trouveras mieux ! J'haussais légèrement les épaules. Je ne savais pas que dire de plus. Après tout, il était question de Ryder, c'était mon ex petit-ami et pas un parfait inconnu à qui j'allais présenter des excuses. Je savais parfaitement qu'il finirait par s'en remettre, qu'il avait juste besoin de se changer les idées et pour ça, rien de mieux que de l'alcool. Mais avant toutes choses, monsieur retira ses vêtements trempés. Forcément, je pouvais pas m'empêcher de le regarder faire en souriant, haussant légèrement les sourcils pour le provoquer. Mets-toi à l'aise. De toute façon, c'est pas comme si je t'avais jamais vu en caleçon. Je lui adresse un clin d'œil avant de rire et de m'emparer de deux bouteilles : On commence par quoi ? Vodka ou whisky ? A moins que tu préfères le rhum ?

« Si on va sur cette lancée autant me mettre tout nu » que je rétorquais après qu'elle m'ait dit qu'elle m'avait déjà vu en caleçon. Après tout ce serait pas trop gênant étant donné que Colombe était mon ex. Et un bon coup au lit je devais l'avouer. Mais j'étais pas là pour ça, pour la séduire. Non, si j'étais venu c'était pour oublier Violet, pour noyer les faux espoirs qu'elle m'avait donné dans l'alcool. Comme Colombe me connaissait bien, elle avait sortie les bouteilles, me proposant maintenant de choisir entre vodka, whisky ou rhum. Honnêtement je savais pas trop, ou je m'en foutais. Tout ce que je voulais c'était me saouler. Faire des conneries. Être un sale gosse. Comme à mon habitude. Je voulais revoir ces anciens démons que j'avais envoyé bouler lorsque Violet m'avait dit qu'elle m'aimait, je voulais replonger en enfer. « Je te laisse choisir, si tu prends un truc qui me plaît t'auras une récompense ». Si je jouais ? Clairement. Mon regard était pleins de sous entendus car elle l'aurait sa récompense étant donné que j'aimais les trois alcools. Et elle le savait, m'ayant déjà vu boire les trois. Maintenant, il restait à voir si elle s'en rappelait mais, surtout, si elle jouerait le jeu.

Je lève les yeux au ciel en entendant Ryder dire qu'il pourrait se mettre tout nu si on voyait les choses de cette façon. Forcément, je préfère en rire. Si ça lui permet de penser à autre chose que cette garce qui lui a posé un lapin alors, tant mieux. Je lui propose de boire un coup parce qu'à ce qu'on dit, boire permet d'oublier. Ca me rappelle le bon vieux temps. Les samedis soirs lorsqu'on avait la flemme de sortir et qu'on préférait rester à la maison à se bourrer la gueule jusqu'à ce que l'un de nous deux craque. Un petit peu enfant c'est vrai mais, c'était marrant. Sourire aux lèvres, je hoche la tête avant de déclarer : Ouais enfin, c'est pas compliqué ! Tant que ça se boit avec toi ! Forcément, ça me fait rire. J'ouvre la bouteille de whisky. Ouais, si on oublie les cocktails sucrés en tout genre, je dois bien avouer que j'ai un petit faible pour ce mélange. Je nous sers dux verres avant de lui en tendre un. Bon du coup, je peux savoir c'est quoi ma récompense ? Tu m'offres un nouveau sac ? J'en ai marre du mien. Forcément, j'en fais des tonnes comme d'hab. J'aime bien l'embêter et puis, je veux surtout qu'il pense à autre chose que la soirée qu'il aurait pu passer avec sa belle. C'est dur de compenser un manque pareil. Je lève mon verre avant de prendre une première gorgée. Elle me brûle la gorge et je grimace légèrement mais, c'est tellement bon. Tellement que j'en prends une seconde gorgée sans le quitter des yeux.

Tant que ça se boit avec toi ! Forcément je rigolais parce qu'elle avait pas tort. Je pouvais boire tous les types d'alcool du moment que c'était pas trop fort. Et encore, si c'était trop fort je diluais et le buvais quand même. Ouais, niveau fête et boissons alcoolisées j'étais irrécupérable. J'aimais trop ça, étant incapable de m'en séparer. Chez moi il y avait toujours au moins deux bouteilles, au cas où j'avais envie de faire une petite fête improvisée. Comme maintenant, sauf que là cette fête se passait chez Colombe. Cette dernière se servait d'ailleurs du whisky avant de m'en donner. Je le buvais cul sec, j'attendais même pas. J'avais pas le temps, je voulais oublier et vite. Ma gorge me brûlait, ma bouche était en feu mais peu importait car la sensation que ça me procurait était trop bonne. Puis je l'écoutais me demander quelle était sa récompense tout en me servant à nouveau du whisky. « Tu veux vraiment le savoir tout de suite ? Bon ok je vais te la donner, t'as jamais été très patiente de toute manière ! » que je répondais, sourire aux lèvres avant de venir me pencher pour l'embrasser. Je savais pas pourquoi je faisais ça, ce que ça m'apporterait mais, là tout de suite, j'en avais envie. J'avais envie de redécouvrir son corps, de l'aimer à nouveau comme on ne s'était plus aimé depuis des années. Peu importait Violet, peu importait si Colombe avait quelqu'un d'autre en vue. Je la voulais et je comptais bien l'avoir. « C'est tout ce que je peux t'offrir pour l'instant, le sac c'est hors de mon budget tu vois »

Si je me souviens bien, Ryder n'était pas difficile en ce qui concernait les alcools. Malgré tout, j'avais sorti toute la panoplie parce que j'aime quand il y a du choix. De plus, il voulait oublier la jolie demoiselle, rien de tel que de se bourrer la gueule ! Voilà comment je vois les choses. Il me parle de récompense avant de terminer son verre cul sec. Je rigole et termine le mien d'une seule traite. Ca fait du bien à la gorge mine de rien. Il s'en resserre un deuxième tandis que je le taquine pour savoir s'il m'a acheté un nouveau sac. Le fait qu'il se rapproche de moi m'indique que je suis très loin d'avoir la bonne réponse. A la place, il dépose ses lèvres contre les miennes pour m'embrasser comme dans le passé. Je dois dire que ça me fait assez bizarre mais, pas dans le mauvais sens du terme. J'en viens même à sourire. Je vois... Du coup, tu comptes me récompenser en nature ? Ouais, c'est une façon de voir les choses. J'hausse légèrement les épaules avant d'esquiver un nouveau sourire tout en me resservant un verre. Je me demande comment va se terminer cette soirée si elle commence ainsi. Ryder en caleçon, Ryder qui m'embrasse. Rien de plus normal, entre exs ! Je souris en retirant le petit gilet que j'avais au préalable enfilé. De toute façon, il fait chaud ici et avec les verres qui s'enchaînent, vaut mieux prendre ses aises.