A. SOLANE ALEKSEÏEV ► blake lively

ma vie, vue par des inconnus, première partie
Inutile de vous faire un dessin sur la naissance d'un rejeton. En bref, papa et maman vont au lit et le reste est censuré. Du moins jusqu'à l'adolescence, mais le sujet n'est clairement pas là. Je suis venue au monde un premier décembre à Moscou. Autant vous dire qu'à cette période de l'année, ma mère a probablement dû accoucher avec une chapka sur le crâne et des moufles en daim sur les mains. C'est peut-être pour cette raison que je suis aussi glaciale avec les personnes qui m'entourent, ou bien cela vient de l'éducation ? Peu importe. J'étais en vie, et j'étais parfaite. Je dis seulement ça parce que mon père et ma mère n'arrêtaient pas de le répéter, et à force de l'entendre, j'ai tout simplement fini par y croire, même si je sais que dans tous les cas, c'est la vérité. « Anastasia, Solane. » Fut mes deux prénoms, ceux qui apparaîtraient sur mes papiers d'identité. Ils n'auraient pas pu mettre Anastasia en premier ? Sérieusement, qui donne comme prénom principal à son enfant, celui de Solane ? Bref. Mon enfance, mon adolescence, en clair ma vie, s'est toujours très bien déroulé. Je n'ai jamais eu de problème. « Solane, Solane Alekseïev ? Oh, c'est une milliardaire, son père est le dirigeant de cette immense société qui fabrique des diamants synthétiques ! Une affaire familiale qui vaut des milliards ! Du moins, c'est ce que j'ai lu dans la presse. Ses cheveux blonds sont tellement beaux et puis je pense que j'aurais aimé être comme elle. Elle sait ce qu'elle veut, elle a toujours ce qu'elle veut aussi et puis elle est tellement belle. » Première description de ma personne à la suite d'une demande faite dans la rue à une inconnue. « Comment je la décrirais ? Il y a une semaine elle a fait la Une des grands journaux de Moscou parce qu'elle serait beaucoup trop fêtarde ! C'est une honte d'avoir un enfant comme ça, en tant que père je l'aurais renié depuis bien longtemps ! » Autre description. Bon, ok, je n'ai jamais dit que tout le monde m'appréciait. « Je pense qu'elle cache bien son jeu, elle a l'air mystérieuse et surtout incomprise. Je la verrais bien faire de l'art, du dessin, ou de la musique. Je suis sûre qu'elle a énormément de potentiel ! Et puis il paraîtrait qu'elle est très intelligente aussi. » Bien vu l'aveugle. Je ne fais pas du dessin, mais de la peinture, petite nuance, néanmoins très importante, et je vous avoue que c'est une facette de ma personnalité que je ne montre pas souvent, mais c'est l'une de mes préférées.




ma vie, vue par des inconnus, deuxième partie
« Je crois que son père a été mis en garde à vue, parce qu'il paraîtrait qu'il traîne dans des affaires pas très cleans. Pauvre petite, c'est une honte d'avoir un père comme ça. » Non, en réalité, je n'ai jamais trouvé que mon père était une honte, bien au contraire, il subvenait à mes besoins et avait toujours été aimant. J'étais le soleil de sa vie. « Il paraîtrait qu'elle va faire un programme d'échange d'élève avec la célèbre université américaine Harvard ! C'est une chance ! Il paraît que c'est l'université la plus réputée du monde ! » Ils avaient raison, j'étais la meilleure, alors j'avais besoin du meilleur. C'est pour ça que j'avais décidé de faire ce programme d'échange, cela me permettrait de découvrir l'Amérique, mais surtout de devenir une étudiante à temps partiel dans la prestigieuse université d'Harvard. « On dit qu'elle a rencontré quelqu'un en Amérique, la dernière fois qu'elle a participé à ce programme d'échange d'élèves. » Non, c'est faux. J'étais juste en train d'acquérir la nationalité américaine grâce à la famille de ma mère pour pouvoir étudier à temps complet à Harvard.




ma vie, vue par des inconnus, troisième partie
« J'ai lu dans la presse, que Solane allait quitter définitivement sa famille pour partir vivre en Amérique et étudier à Harvard. Je trouve que c'est une honte, comment on peut souhaiter s'éloigner de ses parents de la sorte, elle devrait s'en occuper plutôt ! » Je m'en occupe très bien, ne t'en fais pas paysan. Tu n'es pas à ma place et tu le seras probablement jamais, alors va chasser des escargots au bord d'une falaise, tu seras gentil. « Ça y est, c'est le grand départ ! Solane part aujourd'hui pour Boston ! Elle manquera terriblement à sa famille c'est sûr, mais ils peuvent être très fiers de tout ce qu'elle a accompli ! » Et ils le sont, étudier à Harvard est une opportunité en or, et même si j'intègre l'université en rentrée décalée, je suis persuadé de réussir à y faire ma place. Après tout, je suis parfaite. « Ma fille unique, mon cœur, mon amour, vient tout juste de partir pour l'Amérique, je suis persuadée qu'elle fera une très bonne vétérinaire, même si nous aurions aimés qu'elle prenne la suite de l'entreprise de son père. Nous sommes particulièrement fiers de ce qu'elle a accompli dans sa jeunesse, et nous nous tardons à voir comment se déroulera son futur. Bien sûr qu'elle nous rend régulièrement visite, elle sait qu'elle sera toujours la bienvenue à la maison. » Ma mère avait raison sur un point. Je savais que mes parents voulaient désespérément que je prenne la suite de la direction de l'entreprise à mon père. Je savais aussi qu'ils se détestaient tous les deux, mais qu'ils restaient ensembles pour la presse et pour renvoyer cette image positive d'une famille unie, alors qu'ils ne se supportaient plus. J'étais contente de partir loin de toutes ces tensions, j'allais pouvoir vivre ma propre et nouvelle vie et j'étais impatiente de la commencer.