Josepha Lazaridis . Cindy Kimberly

Josepha, elle déteste qu'on l'appelle comme ça. C'est Jo pour tout le monde. Josepha c'est pour l'engeuler, l'enrager, la faire culpabiliser, douloureusement plier. Jo c'est pour l'aduler, l'aimer, la faire danser, tout avouer. Jo c'est pour la faire briller. ❖ Sa grande soeur c'est un tabou, un interdit, un putain de traumatisme. Été 1992, cinq ans avant sa naissance à Jo, tout était idyllique, le calme avant la tempête. Seraphina c'était la princesse, l'enfant adulée des Lazaridis, à peine trois ans et déjà les prémices d'un talent à la Mozart. Seraphina c'était le soleil, le sourire d'un ange, la beauté d'une reine. Elle a disparu comme ça un après midi, à jouer seule dans le jardin. Enlevée par un échappé d'asile, un fou comdamné pour meutre qui l'a tuer pour abandonner son corps dans une crique après. On l'a retrouvée trois semaines plus tard, morte, défigurée, ange devenu hanté. Seraphina c'est la tragédie dont on ne parle pas, le second prénom en guise d'hommage et des fleurs chaque dimanche sur la tombe. ❖ Elle est croyante sans l'être vraiment Jo, elle va à l'église, elle prie, elle donne, mais Dieu c'est plus une bonne blague pour elle. Dieu il l'a abandonné, jamais aidé franchement. Dieu il punit les justes et encense les enfoirés. Le malade qui a tué Seraphina est vivant. Seraphina est morte. Pas simple. Pas basique. Fuck of God. Cela dit, elle est respectueuse, et suis l'enseignement scrupuleusement orthodoxe, le seul qu'elle connaisse depuis toute petite. Josepha, elle boit pas, fume pas, couche pas, se drogue pas. En Grèce tout du moins. On est à Harvard ici honey, palace de tout les vices, palais de tout les supplices... ❖ Les femmes aiment les hommes, c'est dans la nature. Oups, encore foiré Josepha... Pour être honnête avec elle même, sans jamais l'avouer pourtant, Jo aime les filles. Lipstick cerise, parfums légers, corps souples, courbes douces, voix envoûtantes, et leurs cheveux. Elle aime leurs cheveux aux filles Jo', elle aime leurs bouches. Les garçons elle s'en fiche, elle a "couché" une fois avec un gars derrière son lycée pour essayer. C'était nul, elle a détesté, rien ne l'attire chez eux, faut pas s'mentir. Alors même si elle clame haut et fort que le mâle c'est sa came, Jo, en secret, elle rêve des femmes. ❖  Elle un accent grec qui fait beaucoup rire... les autres. Personnellement, elle l'exécre, voit ça comme son pire défaut physique, et pour le coup parle peu, jamais pour ne rien dire. Elle est vivante et joyeuse Jo, elle aime sortir, faire la fête, mais on la prend pour la fille taciturne, celle qui l'ouvre pas. L'anglais c'est sa bête noire, malgré tout les bouquins et séries qu'elle avale, cette langue continue à être un véritable calvaires pour elle à l'orale. À l'écrit, c'est déjà mieux, elle bégaye pas, Josepha. Elle cherche moins ses mots, quand elle les trouve, elle les dévore, elle les savoure. La littérature et ma philosophie c'était une évidence, la jeune femme n'ayant jamais été très matheuse. Puis le cliché, ça s'entretient.  ❖ Son girls gang, c'est sa vie, son étincelle de lucidité dans les ténèbres parfois trop sombres du campus. Vee, Meghan, Leo, Venus et surtout Zora. Zora qu'elle connaît depuis ses quatorze ans, Zora qui lui aura fait quitter sa Grèce natale, qui lui aura fait découvrir la France et l'Angleterre. Merci twitter bordel. Son visa à Jo, ça été une épreuve, un dossier scandaleusement long à preparer,  un putain de parcours du combattant et sans sa blonde elle aurait peut être pas réussit à tenir le coup. Ces filles, c'est des Seraphina par procuration, un besoin oppressant d'avoir des soeurs. Freud s'en retourne dans sa tombe...