free rider. (zora)

Tu veux essayer. Tu as toujours dit que t’essayerais, borné. Ce ne sera sûrement pas concluant comme tout c que tu essayes. La guitare avec laquelle tu promettais de jouer un morceau à qui te le demandera est toujours enfermée dans sa boîte sous ton lit dans un bain de poussière.  Comme les cours de dessins que tu as achetés sur internet en disant tout lire pour dessiner des nudes comme un pro, non. Jamais utilisé, toujours dans l’enveloppe papier. Cette fois, c’est ce skate, la planche, t’es un rider. Tu as investi dans des Vans, compléter ton style faussement vrai, on se moquerait presque de toi. Une veste à carreaux sur le dos, devant la porte de ton immeuble, sas protections, le malin qui se marre déjà, taquin. Tu essayes déjà de poser un pied sur la planche, avancer doucement, sûrement, peut-être encore inconscient de ce qui t’attend. Quelques mètres, aller-retour, minutes qui défilent, ta confiance qui augmente, toujours un peu plus. Tu te lances, les deux pieds sur la planche, légèrement en descente, les yeux sur tes pieds sans regarder devant, pas assez important pour l’instant. Tu ne l’as pas vu, cette blonde. Tu n’entends personne te prévenir du danger en approche, tu ne sais pas que c’est peut-être toi, le danger. Un choc, tu te prends comme un mur, vous tombez, tous les deux, ton corps qui s’écroule au sol bizarrement mou. Tu te relèves de tes deux bras, encore affalé du reste de ton corps sur elle, cette position gênante, tu n’es pourtant pas prêt pour ce missionnaire improvisé. Ho ! Tu te relèves rapidement, tes joues qui rougissent, ton skate qui a stoppé sa course dans un caniveau, quelques mètres plus loin. Heu.. j’suis désolé ! Tu n’as pas le réflexe de lui tendre ta main, de l’aider à se relever.

Putain de merde! ça résonne dans tes oreilles, tu sais pas quoi faire, égaré, perdu, sur le sol étalé. Non sur elle, la femme, écrasée sous ton poids, celui que tu mets trop de temps à dégager, t’es lourd, tous les sens du terme. Tu pèses, les yeux sur son skate, l’élément du délit, ouais, il s’est barré, loin de toi, pour ne pas t’aider. Sale enfoiré. Tu mets du temps te relever finalement, contempler ta connerie. Tes mains agrippent le bas de ta veste pour la tirer vers le bas, nerveux, le tissu aussi tendu que tes nerfs. Tu passes un regard, effaré, ouais totalement perturbé. Tu le vois, celui-là, le téton, il prend l’air, l’air de rien. Tu bloques, débloques, maintenant. Tu galères, de te détacher ce dessin, c’est grave malsain. Elle le cache finalement, tu détournes le regard, un mouvement de tête, confus. Elle te fuse du regard, tu serais mort, si ses yeux étaient des canons à plombs. Tu dois faire quoi, tu fais quoi ? Tu ne fais rien, tout va bien, c’est toi, à la normale. Tu t’es pas fait mal? Tu ne réponds pas, pas le temps, elle t’enchaîne. T’as l’air con. Parce que moi si, j’ai les genoux en compotes et les seins à l’air. donc merci beaucoup. Tu vas devenir rouge, une question de temps maintenant. Tu sais pas quoi répondre, entre temps, tu t’es penché pour récupérer ton skate parti au loin, à peine abîmé, lui. Tu n’as pas remarqué que ta veste a été déchirée, elle, au coude, tu saignes. Petite plaie qui perle à peine. Tu te penches vers elle finalement, la tête tournée sur le côté pour ne pas zoomer sur son décolleté, t’es désorienté. Tu l’as regardé à peine, t’es gêné, gênant. Je vais t’aider. Tu lui tends ton bras, pour qu’elle s’y agrippe, t’espères. Qu’elle ne te laisse pas en galère. Tu veux que j’appelle un médecin, quelque chose comme ça ? Pour ton g'noux ?