C'est l'histoire de la vie (rosie)

On m’avait pourtant dit de ne pas trop m’éloigner des sentiers battus. C’est plus fort que moi, j’aime me perdre. Pas dans le sens, perdre mes points de repères et ne plus retrouver mon chemin, mais dans le sens aller quelque part sans trop savoir où ça va me mener. J’ai l’habitude de faire ça quand je voyage. Etant donné que je voyage quasiment toujours en solitaire, ça ne pose généralement de problèmes à personne. Je voulais cette fois-ci simplement observer les oiseaux de plus près. Il y en a vraiment des fantastiques sur cette île. Ma mère m’a prêté son super appareil photo avant que je ne parte pour l’aéroport. J’en profite et je prends un maximum de photos sympathiques que je pourrai lui montrer en rentrant.

Alors que j’essayais de retrouver le chemin principal pour éviter de véritablement me perdre, j’aperçois une grosse bestiole gisant sur le sol. On dirait un iguane, du moins c’est une sorte de reptile, le genre mignon quoi. Malheureusement, il a l’air très mal en point et ce n’est pas dû à une blessure qu’il se serait infligé lui-même ou qu’un prédateur lui aurait infligée. Enfin, par prédateur, j’entends un animal autre que l’être humain. Pour le coup, je crois bien que c’est un prédateur bipède qui est l’auteur de ce désastre, le pauvre iguane a les pattes arrière coincées dans ce qu’il semble être un piège. J’aperçois une silhouette, une jeune femme visiblement, qui passe par là. Je lui fais de grands signes.

« Hey, excusez-moi, vous pouvez me filer un coup de main ? Il y a un animal blessé par ici et j’essaye de le sortir du piège dans lequel il s’est empêtré. »

J’espérais que mon appel à l’aide touche la personne qui passait par là. Rien ne me garantissait que la personne à qui je m’étais adressée soit du genre à filer un coup de main, mais visiblement elle semblait avoir envie d’aider. Je lui adressai un large sourire en guise de remerciement. J’aurais peut-être pu le faire seule, mais paniquée comme je suis, il m’aurait fallu de nombreuses heures pour tenter d’y parvenir, de peur de faire un geste fatal pour la petite bête.

« Merci infiniment. Ce pauvre iguane s’est coincé les pattes dans un piège en fil de barbelé. J’ai peur de faire un geste qui pourrait le blesser davantage. Je vais avoir besoin de votre aide pour le tenir en place, il va tenter de se débattre je pense. »

Je suis loin d’être vétérinaire et de m’y connaître, mais si on attend l’arrivée d’un professionnel, le pauvre iguane pourrait mourir de faim. Rien ne me dit qu’il s’est pris au piège récemment, ça fait peut-être plusieurs jours.

« Vous avez de l’eau ? Je me demande s’il a soif. »

Je suis loin d’être spécialisée dans le sauvetage des animaux et c’est pour ça que je panique. Même si mon intention est bonne, le risque d’empirer la situation du pauvre iguane est très probable. Je suis contente qu’elle accepte de me filer un coup de main. Ça ne donne pas plus de chances à cet animal mais ça me rassure. Je me sentirai plus en confiance si je ne suis pas seule pour tenter de le sortir de là. J’analysais le tout, tentant alors de me calmer pour éviter de transmettre mon angoisse au petit animal et je me suis dit qu’il avait peut-être soif, ignorant depuis combien de temps il était ainsi, coincé dans le piège. La jeune femme avait visiblement quelque chose à boire. Elle est visiblement plus prévoyante que moi. Elle me tendit la gourde d’eau qu’elle avait avec elle et je la remerciai. Je ne perdis pas de temps pour humecter la bouche de l’animal, tentant de lui faire ouvrir celle-ci pour qu’il puisse boire tranquillement. A peine quelques gouttes lui étaient tombées sur l’ouverture de sa bouche qu’il se mit à boire comme il pouvait. C’était un bon point déjà. La jeune femme se présenta alors. Rosie était donc son prénom. Je lui souris avant de répondre à mon tour.

« Moi c’est Arianna, je suis étudiante à Harvard. »

J’ignorasi s’il s’agissait d’une personne du groupe participant au Spring Break ou si elle était simplement une touriste de manière indépendante.

« Je déteste voir que certains humains font ainsi du mal aux animaux... Ça me fait vraiment mal au cœur. »