Ambre D. Lacroix ► Iris Mittenaere

Ambre est venue au monde un matin de janvier, quelques jours après que ses français de parents aient bien fêté la nouvelle année en amoureux sur un bateau mouche à regarder tous les monuments de Paris revêtir leur plus belle parure. Cette soirée a été leur première en tête à tête depuis l’arrivée de Priam, le frère aîné de la brunette, le 16 février de l’année d’avant. Matin blanc, matin froid, neige partout et pourtant tellement de chaleur dans cette chambre. Ils avaient le choix du roi, un garçon, une fille. C’était parfait pour le jeune couple, enfin surtout pour monsieur que ne se voyait pas avec plus de deux enfants. Pour madame, c’était plus un accomplissement mais pas une fin. Ils étaient heureux, une famille de la haute société française comblée et baignant dans le bonheur sans scandale ni luxure, comme il y en a peu de nos jours. Ce joli tableau a commencé à se noircir en 1996 lorsque Diane Lacroix a appris à son mari Christian qu’elle attendait un troisième enfant. Le jeune papa en plein boom de sa carrière artistique n’a pas accueilli la nouvelle de la meilleure manière et encore moins lorsque l’annonce d’une grossesse jumellaire a été faite. Mais avec le temps, les jours, les semaines et les mois, il s’y est fait et ils se sont retrouvés. Ambre n’a pas souvenir de ses années, elle n’a pas vu ses parents surmonter cette étape de leur vie mais c’est surement grâce à eux et à leur manière de se battre et de gérer leur couple à la perfection qu’elle a de si bonnes bases. De bonnes bases acquises lors de premières années heureuses et posées… Jusqu’à ce soir de juin, le 27, où Adam et Liam ont pointé le bout de leur nez. Deux nouveaux petits garçons qui auraient pu apporter encore plus de bonheur à la famille et qui au final l’ont plongée dans une grande tristesse. Après des heures et des heures de travail, une naissance du premier bébé compliquée, la deuxième a été suivie d’une grave hémorragie de la délivrance qui l’a emportée. Le jeune papa s’est donc retrouvé avec quatre enfants en bas âge, démuni, face à la vie. Et pourtant il a fait face, tentant de tout combattre de front pour donner la meilleure vie à chacune de ses enfants.

Petite tribu soudée, petite tribu douée, chacun s’est montré brillant à l’école, chacun a donné le meilleur de lui-même afin de ne pas causer de souci au papa et aux nourrices qui se sont succédées… Chacun sauf Ambre. La seule fille de la famille a eu beau tenter d’éviter tous les problèmes à son père elle n’a pas pu lui éviter cette maladie qui s’est déclarée. La mucoviscidose. Elle lui a été détectée à cinq ans, après plusieurs visites chez le médecin sans succès, après des maladies à répétition qui l’ont conduite à l’hôpital pour plus d’examen et notamment celui de la sueur. C’est de là qu’est tombé le verdict, qu’il a été confirmé. Les aérosols ont été débutés tout comme les gélules pour faciliter la digestion. Le temps est passé et Ambre n’a toujours voulu qu’une chose : vivre sa vie comme n’importe quelle petite fille. Alors lorsqu’elle a demandé à son père de débuter la danse, il ne s’y est pas opposé, lorsqu’elle lui a demandé de défiler pour lui, il ne lui a pas refusé… Il a bien vite réalisé chacun de ses rêves se réjouissant de ne pas voir la maladie prendre le dessus sur sa fille, voir sa petite brune garder son entrain et son côté pétillant, voir ses frères la bichonner sans pour autant s’oublier. Un beau noyau qui a grandit et évolué ensemble. Quant la question des études supérieures s’est posée, Ambre n’a vu qu’un seul chemin se dessiner devant : celui d’une carrière professionnelle dans la danse. Son père l’a donc encouragée, pistonnée aussi un petit peu, mise en valeur et c’est ainsi que la brunette a continué de se perfectionner. C’est lors de sa première année de faculté en  2011 qu’elle a fini par connaître le succès ailleurs que sur les podiums que lui offrait son père. Elle a tout d’abord gravi la plus haute marche d’un concours national, puis a tenté les concours mondiaux se classant petit à petit de plus en plus haut pour finir par gagner un titre mondial. Championne de danse du monde. Voilà la consécration ultime. Mais la chute a été rude derrière. Repérée par une chaine de télévision pour participer à danse avec les stars, elle a saisi cette opportunité mais s’est blessée en pleine saison au genou. Les ligaments croisés y ont pris, elle a du se faire opérer et son genou n’est jamais revenu. Son rêve s’est terminé.

En septembre 2013, la jolie brune a fini par intégrer Harvard. Son but ? Donner un nouveau souffle à sa vie et surtout se reprendre en main. La vie est courte, il faut en profiter et ce n’est pas parce qu’elle ne peut plus danser qu’elle ne peut pas vivre. Elle est donc entrée à Harvard pour prendre un nouveau départ, débuter de brillantes études en médecine et pouvoir soigner des maladies qui se soignent, trouver un moyen d’améliorer la vie des gens comme on essaye pour elle. Parce qu’elle a une chance dans son malheur : c’est d’aller très bien, d’avoir une maladie qui ne se manifeste pas pour le moment et d’avoir une famille qui se soutient dans toutes les situations. Et puis, avec de l'entrainement et du temps, elle a fini par réussir à remettre le pied à l'étrier de la danse et la pratique à nouveau, mais à petite dose car son genou la rappelle rapidement à l'ordre quand elle tire trop dessus.