LESLIE BALLMER ► olivia culpo

BUY ONE, GET ONE FREE.
Santa Monica, six juin mille neuf cent quatre-vingt-quatorze. Des jumeaux, une manière pour Dieu d’appliquer la règle du « un acheté, un offert » ; une surprise pour vos parents, mais un bonheur incommensurable. Ta mère t’a parlé de ce jour où vous êtes nés comme le plus beau jour de sa vie. T’es arrivée quelques minutes après ton frère, sans encombre, une santé de fer, mais probablement pressée de retrouver celui qui trônait d’ores et déjà dans ton cœur. Et à peine sortis de votre tanière, vous étiez déjà inséparables. Tu supportais difficilement qu’on te laisse loin de lui, comme s’il s’agissait là de ton oxygène, comme si, sans lui, t’avais pas la force nécessaire d’affronter la vie. Alors t’as grandi à ses côtés, tu l’as mis sur ce piédestal qu’il a toujours mérité, prête à tout braver pour lui. Les conneries, vous les faisiez à deux, jamais seuls. Lorsque l’un se trouvait à un endroit, l’autre n’était jamais loin. Et depuis ton premier souffle, t’as jamais réussi à t’en passer.

Vous avez grandi à Los Angeles, uniques enfants de la famille Ballmer. Fils et fille de l’ancien CEO de Microsoft et actuel propriétaire des Clippers, filiale de la NBA, il va sans dire que vous avez toujours eu tout ce dont vous aviez besoin, et bien plus encore. Ton père pèse d’ailleurs une bonne soixantaine de milliards de dollars, sans doute suffisant pour vous offrir une vie de rêve depuis votre plus jeune âge. Et pour tout ce qu’il représente à tes yeux depuis que t’es haute comme trois pommes, tu l’as pris comme modèle dans ta vie. A contrario, t’as jamais réellement été très proche de votre mère, plutôt distante et froide avec cette dernière sans vraiment le vouloir. Sans doute parce qu’elle est un peu pareille que toi sur ce point-là. Une femme froide, à l’attitude aristocrate, au regard perçant. Pour autant, loin d’être mauvaise, au contraire. Mais pour tout ça, t’as jamais vraiment cherché à lui parler de ta vie privée, à passer des journées shopping à ses côtés, à te confier à elle comme une autre fille aurait pu le faire. Toi, t’as toujours préféré ton frère.

YOU AND ME AGAINST THE WORLD.
Et ton frère, parlons-en. Cet homme pour qui tu serais prête à tout, même à te salir les mains. Celui qui trônera toujours au-dessus de tous les autres, que personne ne surpassera jamais. Celui sans lequel tu serais incapable d’affronter la vie. Preuve en est lorsque tout va mal pour toi et que, tandis que tu gardes la face face au monde entier, un large sourire aux lèvres et un visage détendu, tu craques au creux de ses bras, à l’abri des vautours qui profiteraient de la moindre de tes faiblesses pour t’abattre. Il te connaît mieux que personne au monde, tout comme tu pourrais l’imiter à la perfection. Et tu n’as aucun secret pour lui. Fusionnels, vous l’êtes depuis votre plus tendre enfance. Mais votre relation a bien évolué, transformée probablement en quelque chose de plus malsain avec le temps. Jalousie, possessivité, d’innombrables nuits passées dans ses bras. N’importe qui ne connaissant rien de vos vies pourrait parier sur la sienne que vous êtes davantage qu’un frère et une sœur. Des âmes-sœurs, probablement. Deux êtres prêts à risquer même leurs vies pour l’autre.  

T’as fait le tour du monde à ses côtés, les quatre-cents coups. Vos petits secrets sont quant à eux bien gardés. Y compris ce squelette que vous cachez au fond de votre placard, cet ex tombé d’un balcon au cours d’une dispute entre Alec, lui et toi. Cet homme qui vous a poursuivi en justice pour y avoir laissé une chance, et qui n’aura jamais eu gain de cause. Parce que vous avez fait accuser quelqu’un d’autre. Vous avez payé pour vous en sortir, et Dieu sait que jamais tu n’aurais supporté d’être éloignée de ton jumeau. Vous vous êtes promis de garder à jamais ce secret pour ne rien risquer, pour pouvoir être ensemble qu’importe ce qui vous en coûte. Même à faire payer les pots cassés à des innocents.

Six ans. Ca fait six ans maintenant que vous vivez à Boston, dans le même appartement, à partager le même lit quand l’envie vous prend. Six ans que vous avez intégré Harvard, que t’as entrepris d’étudier la comptabilité et le design de mode dans le but d’ouvrir ta propre entreprise, d’avoir ta propre marque, d’étaler enfin tes créations aux yeux du monde entier. Toi, ambitieuse et brillante étudiante, déterminée à te faire une place dans ce monde de requins qu’est la mode, t’es prête à tout pour arriver à tes fins. Et s’il faut écraser des gens sur le passage, tu le feras. Par ailleurs, t’es devenue propriétaire d’une boutique Sephora sur Cambridge y a un peu plus d’un an, de manière à prouver que t’as les connaissances nécessaire à diriger une entreprise, quelle qu’elle soit.