le pouvoir du sushi (noan)

Sloan n'en pouvait plus d'attendre que Noa n'arrive. Elle lui avait mit l'eau à la bouche avec son histoire de sushi, il avait la dalle, les crocs et avait super faim. N'ayant pas mangé depuis la veille au soir, il ressentait, plus que jamais, la sensation de faim en lui. Son estomac criait famine à l'intérieur de son ventre. Il tournait en rond dans l'immense appartement de la future Eliot. Sloan avait révisé un peu cet après-midi et avait encore les lunettes sur son nez. Il était plutôt sexy avec, ça lui donnait un air sérieux qu'il n'avait absolument pas sans les binocles. Après dix minutes à faire les cent pas dans l'appartement, il releva la tête avec un large sourire sur son visage. Sans attendre plus longtemps, il se précipita à la porte comme un affamé de la vie. « T'as eu le temps d'aller chercher les sushis ? J'ai une de ces dalles, j'boufferais le plastique avec j'crois bien. » dit-il en rigolant légèrement. Un peu de bouffe et voilà que le moral revenait au galop. Il ne fallait pas grand chose à Sloan pour se sentir mieux dans sa vie, un énorme plateau de sushis. Il écarquilla les yeux en voyant le sachet qu'elle tenait dans ses mains. « Tu veux que je t'aide ? Attends j'vais te débarrasser ! » Le lourd. On dirait un gosse de huit ans qui attendait patiemment sa surprise des courses.

Je venais d'apprendre que ma tante était décédée, j'avais passé ces quelques jours à réconforter Milena et bien que je n'étais pas forcément proche de sa mère, ça me faisait quelque chose, après tout, elle était la femme de mon parrain et ça me faisait un petit quelque chose. Puis avouons que je de voir ma cousine dans cet état, ça ne me faisait pas du bien. Je tenais énormément à elle, c'était ma famille et Dieu sait que la famille c'est important... J'étais à la EH, j'étais pas vraiment bien et je ne voulais pas que les gens me voient craquer. En sortant de ma douche, j'eus l'idée d'envoyer un message à Sloan, il vivait dans mon loft, afin de savoir si ça ne le dérangeait pas que je passe parce que j'étais pas au top. Il me répondit que non et que je pouvais passer. Je lui dis que j'apporterai des sushis et du saké et que je n'allais pas tarder. J'enfilai un jeans, une blouse légèrement transparente qui laissait apparaître le bandeau que j'avais mis en dessous et j'enfilai une paire d'escarpin. Je me mettrais à l'aise en rentrant au loft. Je ne pris même pas la peine de me maquiller et je laissai mes cheveux tomber sur mes épaules. Je pris mon sac et je me rendis chez moi. Je m'arrêtai dans le meilleur Japonnais de la ville afin d'y prendre le plateau de sushis et la bouteille de saké que j'avais commandé sur le chemin. J'eus à peine le temps d'ouvrir la porte, Sloan l'avait déjà ouverte. Il semblait affamer. Oui, j'ai eu le temps, ils sont là. Dis-je en lui montrant le plateau. En le regardant, j'eus l'impression qu'il n'avait pas mangé depuis des jours, il était tout excité à l'idée de voir de la nourriture. Je ne comprenait pas en sachant que le frigo était plein. Mais la situation était assez drôle, on aurait dit un enfant dans un magasin de jouets. Il me demanda si j'avais besoin d'aide et avant même que je puisse lui dire que je me débrouillais, il prit le plateau et la bouteille. Merci ! Dis-je en souriant faiblement, il était surexcité et je ne comprenais pas cet engouement pour la bouffe. Je vais enfiler quelque chose de plus confortable, commence à mettre la table, je me dépêche. Dis-je en me dirigeant vers mon dressing. J'ouvris la porte que j'avais fermé à clés. A l'intérieur, je me déshabillai et enfilai un vieux t-shirt que j'avais piqué à mon frère. Je sortis du dressing et je refermai la porte. Voilà, on peut manger. Dis-je en m'installant dans le canapé.

Maintenant qu'il savait qu'il allait en manger, Sloan aurait donné cher pour avoir ses sushis. La faim s'était emparé de lui et rien au monde n'aurait pu lui faire plus plaisir que ça. Toujours autant perdu dans sa quête d'identité, une petite pause poissonneuse ne pouvait pas lui faire de mal, bien au contraire. Noa eut, à peine, le temps d'arriver qu'il se rua vers elle pour lui ôter le sachet des mains. Il le fit quand même avec une certaine diplomatie puisqu'il lui demanda si elle avait besoin d'aide ou non. La réponse aurait pu être négative, il lui aurait quand même prit le sac. « Ouais, ouais, vas-y, j'me charge de foutre tout ça dans une assiette. » S'il avait pu avoir des étoiles dans les yeux, il les aurait eu. Sloan était comme possédé à l'idée de manger des sushis. Il regarda Noa partir dans sa chambre et se dirigea vers la cuisine sans attendre une seconde de plus. Le jeune Bushnell fouilla dans les placards et sortit un plateau, certainement en argent, qu'il mit sur le plan de travail. Il y déposa tous les sushis, les uns après les autres et ne manqua pas d'un mettre un dans sa bouche pour l'engloutir savoureusement. Vu la quantité qu'il y avait, elle ne verrait surement pas qu'il en manquait un .. ou deux. Allez deux. Sloan vint en manger un deuxième avant que la brunette ne revienne dans le salon. Compte tenu de sa maladresse légendaire, c'était assez risqué de porter le plateau, deux paires de baguettes, la bouteille de saké ainsi que des verres mais l'ancien Eliot parvint à tout apporter sans rien casser. « J'sens que j'vais me faire péter le bide de sushis. » dit-il en louchant dessus. Sloan posa tout ça sur la table basse et regarda Noa, tout en s’asseyant en face d'elle. « T'as eu une bonne idée Noa ... ça va pas ? » Elle portait un simple t-shirt, on était loin de l'aspect mode et superficiel qu'elle avait en temps normal. Sloan était surpris et voulait connaitre la réponse avant de se jeter corps et âme sur les sushis qui lui faisaient de l'oeil.

J'étais arrivée chez moi, enfin chez nous. J'aime à croire qu'il se sent assez chez lui pour dire qu'il l'est. Bien qu'il me dise que c'est juste pour le temps qu'il se trouve autre chose, pour moi, il pouvait rester autant qu'il le voulait. Après tout, je n'avais aucun loyer à payer et je ne manquais pas d'argent. Quand il vu le plateau, il était aussi heureux qu'un gamin dans un magasin de jouets. J'aurais pu être vexé par le fait qu'il soit plus heureux de voir de la nourriture plutôt que ma petite personne mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Je lui demandai de mettre la table pendant que j'allais me changer, je voulais être à l'aise. Il me dit qu'il se chargerait de : " foutre tout ça dans une assiette ", je ris et me dirigea vers mon dressing. J'enfilai un vieux t-shirt et le tour était joué. Une fois habillée, je me rendis dans le salon et m'installai dans mon canapé, Sloan s'installa en face de moi m'affirmant avoir eu une bonne idée et me demandant si ça n'allait pas. Je lui souris. Merci. Dis-je faiblement. Non, tout va bien, je suis juste un peu fatiguée. Dis-je en servant le saké. Je bu le mien cul sec avant de m'en servir un autre et de manger un sushis. Enfin, non, ça va pas. Pourquoi lui mentirais-je ? Il a été honnête avec moi sur sa bipolarité, je l'ai invité à vivre chez moi en ne le connaissant pas et il m'avait vu bien plus sympathique que tous les autres. Je ne savais pas pourquoi mais je me sentais en confiance avec lui. C'était un sentiment que j'avais rarement ressenti pour un inconnu, oui, parce qu'il n'était encore qu'un inconnu à mes yeux, nous ne nous connaissions presque pas. Si ça tombe, ce soir, je serais retrouvée découpée dans ma baignoire et personne ne viendrait me chercher avant des jours. Et toi ? Tu vas bien ? Dis-je afin de changer de sujet et d'orienter la conversation vers lui plutôt que vers moi.

La question était simple pourtant. Est-ce-qu'elle allait bien ou non ? La réponse aurait pu être évidente mais en réalité, de toutes les questions qu'il aurait pu poser, celle-ci était la pire. Noa n'avait pas l'air d'aller bien et lorsqu'elle répondit qu'elle était juste fatiguée, il baissa les yeux et attrapa un sushi qu'il vint foutre directement dans sa bouche. Sloan resta silencieux, il n'était pas du genre à insister ou à poser des questions dérangeantes. Il n'aimait pas trop quand on lui faisait ce genre de plan alors n'en faisait pas. Néanmoins, quand Noa vint avouer qu'elle n'allait pas bien, il releva les yeux vers elle et se pinça les lèvres. « Tu sais, on s'connait pas beaucoup toi et moi mais .. si jamais t'as besoin de parler à un inconnu, hésites pas. J'suis peut-être pas de bons conseils mais j'sais au moins écouter. » S'il y avait bien un mec sur terre qu'il ne fallait pas écouter, c'était bien lui. Sloan y mettait toujours du coeur mais en matière de conseils, il n'était vraiment pas une référence. L'ambiance devenait légèrement lourde. « Ça ne va pas non plus .. » Lui non plus n'allait pas mentir, de toute façon, il était un piètre menteur. Sans chercher à comprendre plus loin, Sloan attrapa la bouteille de Saké et vint se servir un verre. Il prit son verre dans la main et le regarda avec un faible sourire sur son visage. « Tu sais qu'en France, dans les restaurants chinois, quand tu prends un saké en fin de repas, t'as toujours une femme à poil dans le fond du verre. J'suppose que ça doit être une tradition chinoise. » Il n'a jamais été en Chine mais c'était pour la petite anecdote. « Mets toi à poil, j'te regarde à travers le verre, j'suis certain que l'illusion sera parfaite. » s'amusa-t-il à dire pour détendre l'atmosphère devenue assez pesante. L'ancien Eliot ferma les yeux et bu l'intégralité de son verre d'une traite. Il redressa sa tête et regarda à l'intérieur de son verre. « Ah .. dommage ! » Il éclata de rire, qu'il pouvait être lourd quand il s'y mettait celui-là.