(ELIAS) we will survive

Ouais, j’préfère Fort Boyard que Koh-Lanta. Disons que c’est plus chill, plus dans le dépassement de soi, moins dégueulasse. Moi, j’suis pas fait pour Jumanji, je suis un gars de la ville. De la plage aussi, mais certainement pas de la forêt. Et ta remarque me colle directement des fesses moulées dans des mini-shorts dans le crâne. Ouais, ça motive. Ou ça distrait… J’sais pas trop. Ouais, ça distrait, en fait, parce que j’mets tout droit les pieds dans un piège alors que tu déblatères sur ton raccourci inexistant. Moi, j’m’étale par terre dans ce trou à rat. Et le rat, c’est moi. Oups. Et toi, tu ris. « Ah bah super les potes, vive l’esprit de camaraderie, bravo Monsieur le Vice-Président ! » Je fais mine de bouder en m’extirpant de ce contretemps surprise, me frottant les mains et le genou éraflé. « Un lapin? Les habitants des Bahamas sont pas des chasseurs hein, c’est pas des amérindiens. D’ailleurs, comment on appelle les habitants des Bahamas? » Genre, c’était une vraie question, je ne savais pas. Et mon réflexe aurait été d’aller sur Google, mais non, parce qu’on avait pas de réseau. Alors j’espérais que ta culture générale assouvirait ma soif de connaissance et calmerait ma curiosité parce que sinon j’allais y penser jusqu’à temps que j’puisse aller sur internet. Je quémande un bisou magique et à la place, je me prends la vision de ton beau majeur. « Trop d’amour, merci. » Connard va. Rira bien qui rira le dernier. « Tu m’étonnes. C’pas pour rien que le logo de Playboy c’est un lapinou. Tu connais pas l’expression ‘chaud lapin’ ? Voilà. » Tout à fait moi, non? « Bon, t’avances? On est pas sortis de cette forêt de l’horreur sinon. » Tu crois que j’peux crier Jumanji à la fin du jeu? Ils vont comprendre, les autres? Si y’a que moi qui ris à ma blague, ça sera un peu pourri…

Être perdu en pleine forêt sans aucun autre moyen que celui de suivre cette fichue carte en priant pour avoir un peu de chance, autant vous dire que ce n'était pas ce qu'il y avait de plus drôle et rassurant. D'ailleurs, si Elias s'était retrouvé seul dans ce pétrin, il n'aurait certainement réagi de la même manière, oh que non. Avoir Elliot à ses côtés, c'était quand même une chance quoi. Donc bon, il avait beau se moquer de lui, là tout de suite, mais comme dirait un certain proverbe : qui aime bien châtie bien. "Oh allez fais pas ta meuf Maxwell, j'voudrais pas devoir raconter ce qui s'est passé à tout le monde quand on rentrera." rétorqua-t-il, un large sourire aux lèvres. Oui, il se foutait carrément de sa gueule alors que, soyons honnêtes, il aurait agi exactement de la même manière à la place du winthrop. Sauf peut-être pour la partie concernant les habitants des Bahamas. C'était quoi cette question sérieusement ??? Juste... why ? Et puis... comment voulait-il qu'Elias le sache? À aucun moment il ne faisait des études d'histoire-géo please. "Mec, tu m'as regardé ? Est-ce que j'ai une tête à savoir ça s'teuplaît ?" Non, absolument pas. Lui, il avait plutôt la gueule du mec qui connaissait par coeur le nom de chacun des magazines de mode dans lesquels il apparaissait, c'est tout. "Et au pire... who cares ? Tu comptes quand même pas te marier avec une bahamassienne ?" Ok, ça sonnait grave chelou à l'écoute qu'il était certain à 99% que ce n'était pas le bon mot. Mais à vrai dire, il n'en avait rien à foutre, c'était pas leur problème du moment. "Bien sûr que je connais et... t'avais pas besoin de te justifier d'ailleurs. T'as cru que c'était pourquoi que je disais ça hein ?" lança-t-il malicieusement en lui lançant un regard. Quitte à déconner, autant ne pas le faire à moitié, ils n'avaient que ça à faire, en plus de chercher l'endroit indiqué sur la carte. "J'te signale, qu'on avancerait plus vite si t'évitais de tomber dans des trous." Ouais ouais ouais, pas faux pour le coup. Sauf qu'à force de se chamailler en marchant, bah ils ne faisaient même pas gaffe à ce qui les entourait. Et là devant eux, se dressait un putain d'arbre géant. "Mec, j'crois qu'on est devant le bon truc là." Ouais enfin, le deuxième truc. Ils avaient loupé une étape mais... c'était pas grave, non ?

« Personne te croira t’façon. Sérieux, qui compte croire que t’as passé une journée en forêt ? T’es trop une diva pour ça. » Sourire carnassier au coin des lèvres, je prends un malin plaisir à te charrier. Mais c’est vrai, t’es réputé pour être le mannequin coquet et drama queen, personne t’imagine faire Koh-Lanta, sorry not sorry. Mais ouais, mes troubles de l’attention revenaient en force à détourner ma concentration. A la place de chercher ce je-ne-sais-quoi qu’on devait chercher sur la carte, je me demandais comment on appelait les habitants des Bahamas. Et le nom que tu sortais, il ne sonnait pas du tout, mais alors pas du tout correct. « Bahamassien… Bahamaien… Sérieux ça va me saouler de ne pas savoir. Ca se trouve ils ont pas de nom officiel. » Les pauvres. « Et puis, ne me sous-estime pas, deux semaines après mon amnésie j’étais marié à une inconnu pour lui faire gagner un pari. Qui te dit que j’ai pas rencontré une chaudasse Bahamaienne ? » Ca non plus ça ne sonnait pas correct. Mais on n’était plus à ça près. Et je grommelais à ta remarque. « Scuse si les trous viennent à moi. » Plein de double-sens dans cette phrase, mais en même temps on venait de parler de Playboy et tu me parlais de trous… « T’as déjà fait la couv de Playboy ? Ou un magazine porno ? » Bah ouais, ça m’intéressait de savoir ce genre de truc moi, j’aimais bien les gossips. Mais je butais contre toi qui t’étais arrêté net vu que je faisais pas trop attention à ce qui se passait autour, me contentant de suivre tes pas. Ah. C’était un grand grand arbre ça. « Et faut faire quoi avec ce truc ? » Y’a un truc à aller chercher ? Aux racines ? Fallait grimper ? Euh moi j’grimpais pas, j’avais toujours ma sale plaie aux abdos de la nuit où j’me suis fait poignarder la veille du Spring Break, j’voulais pas que ça s’infecte et que mon corps de Dieu grec soit défiguré à vie.