C’était mercredi après-midi, et j’avais été en cours toute la matinée. Ça devait être la première fois que mes professeurs m’avaient vu sourire depuis quatre ans. J’étais motivé, je n’avais pas de gueule de bois ni des immenses cernes sous les yeux. Je n’avais pas ce mal de crâne constant que j’avais presque tous les matins et j’avais envie de bosser, envie d’apprendre des choses, envie de m’en sortir, une bonne fois pour toute. Hier soir, j’avais passé le nuit avec Roxanna, ça n’était pas du tout prévu mais ça m’avait mis de très bonne humeur. Enfin, même si j’étais de bonne humeur, je commençais petit à petit à ressentir les effets de manque au niveau de la drogue. J’avais les mains qui tremblaient légèrement et l’envie de pouvoir refumer un joint était de plus en plus grande. Mais il fallait que je tienne…J’avais donné rendez-vous à Apple, j’avais besoin de la voir. Non seulement parce que je voulais lui parler de Roxanna et que je savais qu’elle serait intéressée par ce que j’avais à lui dire. Mais aussi parce que j’avais besoin qu’elle m’aide, à penser à autre chose et à ne pas replonger.
Je n’avais pas envie de replonger encore une fois, parce que je ne voulais pas avoir à dire à Roxanna tous les soirs que je partais faire la fête pour me défoncer la gueule. Et puis…on ne sait jamais, quand on est pas dans son état normal, on peut faire n’importe quoi et même si pour le moment, rien n’était officiel, je ne voulais pas « tromper » Roxanna, ou même lui faire du mal. Elle avait eu déjà eu pas mal de problèmes dans sa vie…elle m’avait parlée de son père hier soir et j’avoue que je ne m’y étais pas attendu… J’avais rendez-vous avec ma meilleure amie à Charles River, j’avais besoin d’air frais et surtout, de ne pas rester chez les Mather où la drogue passait rapidement d’une main à une autre. Assis sur un banc, à regarder la rivière, j’attendais Apple en regardant parfois à droite et à gauche qu’elle arrive, rangeant mes mains froides dans mes poches. Quand je la vis au loin, je souris et je me levais pour aller vers elle en ouvrant les bras pour la serrer contre moi. « Tiens, ma pomme préférée ». Je ris légèrement et je me reculais pour la regarder, « Comment ça va ma belle ? »
(Jude Montgomery)