CELIAN AEL THOMPSON ♡ Julian Morris

Il est né, leur fils ou du moins, son fil était né, mais au prix de la vie de sa femme qui était morte en le mettant en monde. Son monde venait de changer, littéralement, il venait de perdre la femme de sa vie, mais il le savait. Il avait été au courant, cette grossesse avait été à risque depuis le départ et ils avaient convenus ensemble de sauver le bébé. Mais putain, c’était horrible. Il avait son fils dans ses bras, sa femme était morte. Qu’est-ce qu’il allait faire et surtout comment allait-il le faire ? Il avait déjà l’impression d’être perdu sans elle, de plus vivre sur Terre et que le temps s’était soudainement arrêté. Le tout nouveau père de famille avait Célian Ael Thompson dans ses bras, mais ça n’avait plus le même goût sans elle, il n’avait plus envie de cette famille sans cette femme à ses côtés et pourtant, pourtant il allait devoir se battre pour le bout de chou qui était dans sa vie à présent. Est-ce qu’il allait réussir ? Il espérait en tout cas.

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1er Avril 1999

Aujourd’hui, il avait huit ans. C’était un grand garçon maintenant, toute la journée on avait été capable de lui faire des blagues, mais qu’importe. Il n’attendait que le moment de retourner à la maison pour revoir son père, pour passer le reste de la journée avec lui et comme tous les ans, il savait que son père lui avait fait une surprise. Il attendait ce jour avec impatience, à chaque fois. Pourquoi ? Parce que c’était le seul moment où il voyait son père heureux, même si parfois il l’entendait pleurer la nuit. Ael ne comprenait pas pourquoi, il savait juste que sa maman était partie ailleurs et qu’un jour, il finirait la rejoindre. Alors il attendait ce moment tout en profitant pleinement de son papa. Il était né en France, mais maintenant avec papa ils vivaient en Irlande, à Dublin, pas loin de chez la mère de son papa. Enfin bref, il gardait son sac sur le dos tout en traversant la rue, il n’était plus qu’à quelques minutes de la maison et il souriait comme un idiot imaginant ses cadeaux, imaginant ce que son papa avait pu préparer pour lui. Il finit par rentrer dans la maison, appelant criant papa partout, mais aucune réponse. Ael ne perdit pas son sourire pour autant, jamais pour ce jour si merveilleux pour lui alors il fit le tour de la maison, s’arrêtant dans la cuisine en voyant son père au sol ne comprenant pas pourquoi il dormait ici. C’était bizarre, non ? Dans la cuisine alors qu’il avait sa chambre. Le petit garçon secouait son père tout en l’appelant pour le réveiller, mais rien. Il ne comprenait pas, il essayait encore et encore avant de finir par s’allonger à ses côtés et de fermer les yeux à son tour. Quand il finirait par les ouvrir, ça sera bon, non ? Ou alors son papa était en train de lui faire une surprise, il n’en savait trop rien, mais il copiait juste son geste.

Puis il était resté là des semaines, des jours, des mois. Il ne savait pas trop, il se réveillait de temps en temps pour recommencer son acte essayant de réveiller son papa avant de manger, de jouer, de faire sa vie. Il restait juste à la maison, c’était bien pour ça que deux semaines après on avait finis par venir voir ce qu’il se passait dans cette maison. Le drame. Son père était mort depuis deux semaines maintenant, mort à cause de l’alcool qu’il buvait pour oublier la mort de sa femme. Mort. Et Ael était resté tout ce temps avec lui sans savoir ce qu’il se passait réellement, il ne comprenait toujours pas quand on venait de le tirer et le donner à sa grand-mère, quand son père était couvert d’un drap blanc puis qu’on l’emmenait quelque part, ailleurs. Le garçon voulait le suivre, voulait aller avec lui, mais il finit chez sa grand-mère, dans cette vieille maison qui n’était pas la sienne, mais qu’il connaissait bien. Son père était mort, il n’avait plus de parents. Il ne lui restait que ses grands-parents. Sauf qu’il n’avait que huit ans et qu’il ne comprenait pas tout à son âge, il ne comprenait rien en fait.

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2 Janvier 2018

Un joint entre ses lèvres, il regardait la tombe qui était devant ses yeux. Le même jour, mais huit années de différence. C’était drôle dans le fond, non ? Lui aussi allait mourir le 1er Avril, c’était réellement un jour maudit pour lui, pour sa famille et peut-être que c’était dans les gènes. Il laissait un petit rire sortir de sa bouche, c’était totalement con, mais c’était drôle. Il ne savait pas ce qu’il faisait ici, à cette heure-ci de la nuit, il avait eu ce besoin de venir voir ça de ses propres yeux, voir cette tombe avant de retourner chez sa grand-mère qui avait été capable de lui payer l’aller et le retour pour les fêtes de fin d’années. Est-ce qu’il était heureux ? Absolument pas, mais c’était tous les ans pareils, enfin avant. Il souriait pour faire plaisir à sa grand-mère, la seule femme pour qui il avait encore du respect. Est-ce que son père serait fier de lui ? Sûrement pas. Il était un connard sans cœur, il faisait du mal aux autres pour les éloigner de lui, pour qu’ils prennent de la distance tout simplement. Il ne voulait tenir à personne, il finissait par souffrir de toute manière alors voilà. C’était fermé à double tour maintenant. La fumée sortit une nouvelle fois de sa bouche avant qu’il ne fasse demi-tour pour trouver une femme, pour trouver un nouveau jouet pour ce soir. C’était mal de penser comme ça, il le savait parfaitement, mais il ne pouvait pas faire autrement.

Plus tard, sur un lit quelconque, avec une clope coincée entre ses doigts. Un corps dans ce même lit en train de dormir, il ne regardait pas, c’était qu’une femme parmi tant d’autres dans ce monde. Lui en boxer en train de fumer tranquillement avant de commencer à ramasser ses affaires pour disparaître dans la nuit, comme toujours. Il ne promettait rien, pas de câlin, même pas sa présence au réveil, rien de tout ça, de toutes ses conneries. Il voulait juste tirer son coup et il y arrivait plutôt bien. De toute manière, être en couple, il ne savait même pas ce que ça voulait dire et encore moins aimer quelqu’un. Alors il vivait simplement sa vie de connard, sa vie d’enfoiré de première. La jeune femme allait le maudire en se réveillant, mais il serait déjà loin comme toujours. Finissant par passer son haut par-dessus son torse, il finit par disparaître pour rejoindre sa chambre chez ses grands-parents. Demain, il repartait à Harvard pour continuer ses études, qu’il avait en quelque sorte repris à zéro il y a quatre ans. Nouvelle spécialité qui lui plaisait réellement pour le coup, ça le rapprochait de sa mère qui était morte, mais ça hors de question que l’expliquer à quiconque et il avait réussi à tourner ça à son avantage, comme toujours d’ailleurs. C’était ça sa vie maintenant, boire, fumer, baiser, se casser et étudier. C’était simple, c’était sans prise de tête et c’était ce qu’il aimait malgré tout.