(APOLLON) lost in the desert

Soirée entre mecs ce soir. T’façon, j’arrivais pas à me taper de meuf parce que j’voyais Cléo à chaque fois qu’elles se désappaient devant moi, alors c’était pour le mieux. Je t’avais emmené au casino le plus réputé des Bahamas, en dehors de Nassau. J’avais besoin de jouer, de lâcher prise, de miser et d’avoir cette peur de perdre. De tout perdre. On avait attrapé un burger sur le chemin de l’aller, bien bu pendant la soirée. J’avais même réussi à chopper une bouteille de tequila en cachette avant de m’enfuir en courant de l’établissement et te siffler à ma suite. J’avais couru pendant quelques mètres, assez pour dissuader les vigiles de me poursuivre, et je m’étais enfin arrêté en riant aux éclats. Les sutures de mes plaies piquaient un peu à cause de l’effort mais c’était pas grave. « Avoue je ferai un très bon voleur ! » Je te lance un regard suggestif avant de faire sauter le bouchon de la bouteille de liqueur et de boire une gorgée directement du goulot. La tequila, c’était un alcool agréable à boire, même pur. Ça t’arrachait pas la gorge comme la vodka, y’avait un petit gout sucré derrière qui faisait mieux passer la chose. Je te tendais la bouteille — trop généreux — et sortais mon téléphone pour appeler un taxi. Ouais, ils avaient pas Uber aux Bahamas, la honte. Je donnais l’adresse de notre hôtel qui nous servait de maison pour ce Spring Break grâce aux peu de mots d’espagnol que je connaissais. Que voulez-vous, on se sent bilingue avec quelques verres d’alcool dans le sang. Alors on commence à rouler, nous on se marre à l’arrière, sans vraiment prêter attention à la route parce que de toute façon on connait rien ici. Et puis la voiture se stoppe net en plein milieu de nulle part. Le chauffeur réclame son du, et moi, je passe la tête par la fenêtre ouverte. Je plisse les yeux pour mieux voir dans la nuit noire, mais non, y’a bel et bien rien à voir ici. « Non, c’est pas ici. » que je lui dis dans notre langue, oubliant soudainement qu’il comprend rien ce con. Et en plus, il commence à s’énerver dans sa langue latine, un discours un peu trop passionné à mon gout. Alors j’me tourne vers toi, les yeux grands ouverts. « Dis-moi que tu parles espagnol mec? » Parce que clairement, je faisais le fier tout à l’heure mais à part hola, gracias, caliente et tequila, c’était le noir total dans ma tête.