AWEN DONNELLY ► ben nordberg

awen, c'est un peu l'inverse. quatrième enfant d'un couple aisé, des héritiers irlandais à qui tout semble réussir. une enfance paisible. les parents pas exigent. un peu baba-cool, un peu autoritaire. y avait le yin et yang. tout le monde s'entend à peu près à la maison. y a les repas de famille, les sorties du dimanche. mais les enfants, ça grandit et ensuite, ça va vivre sa vie.

awen, toujours ailleurs, jamais présent trop longtemps. le regard dans le vide. mais quand on s'approche, l'océan que forme ses deux iris présente un tout autre monde. fleurie et tropical. aride et désertique. il y a tout et rien. awen, il a toujours été le gamin dans un autre monde. rêvant trop grand. les carnets noirs qui s'entassent. des textes sur la vie, sur ce qu'il voit, ce qu'il entend. c'est un filtre le gars, il capte tout sans même sans rendre compte. il a son opinion, défini. ouvert aux autres. il aime échanger.
au début, beaucoup penser que le petit était peut-être autiste. un léger autisme. parce qu'il avait ce caractère si spécial. si différent. parce que dès que c'est différent, faut s'inquiéter. il rentre pas dans le moule le petit. il rentrera jamais d'ailleurs. il haït les cases. les classes. on ne définie pas quelqu'un par sa classe sociale, sa religion, la couleur de sa peau. il trouve du bon partout. et même s'il n'en trouve pas, il dira toujours que vous êtes une bonne personne. il est comme ça awen.

tête en l'air, il oublie tout, tout le temps. et avec son audace à couper le souffle, il revient comme si de rien n'était pour le chercher. que vous soyez en plein milieu d'un cours, en plein ébat sportif sous la couette, rien à faire. il viendra quand même. c'est le seul type capable de perdre sa voiture, son vélo, parce qu'il ne sait plus où il l'a mis. il va s'en inquiéter quelques secondes et repartir dans son monde. comme si de rien n'était.

mais awen, il a des vices. baptisé drogue. tombé dedans comme obélix est tombé dans la marmite. par hasard. mégarde. sans trop savoir. et ça colle à la peau. on grimpe vite les échelons. puis on stagne à un point. celui qui nous satisfait et quand, il ne fait plus rien, on cherche autre chose. ça voit qu'il se défonce, qu'il est défoncé. c'est clair comme de l'eau de roche. il fait la sourde oreille quand on lui en parle. il trouve des arguments. il veut arrêter, mais c'est compliqué. il sait qu'un jour, ce sera le dernier, que tout va s'effondrer d'un coup. ça le détériore, mais ça le revigore. alors il continue. sur ça, il veut personne. parce que c'est son côté sombre, son mauvais côté. il ne veut pas être vu dans cet état. à demi-conscient. à demi-mort.

c'est un amour ce garçon. c'est le genre de gars au sourire toujours collé sur la tronche. à qui même la pire journée, ne pourrait retirer son rictus. celui qui salue comme un enfant. qui va s'amuser avec le bébé d'une patiente qui attend dans le même cabinet médical que lui. trop gentil, trop doux. celui qui vient vers les autres, pour demander un stylo, un mouchoir, un préservatif. on ne sait jamais. celui qui a une serviette hygiénique dans son porte-feuille. ça sert toujours pour une amie. bref, le type qui s'incruste tranquillement, qui ne prend pas trop de place. celui qui livre ses pizzas en faisant ami-ami avec le client.

bref, awen quoi.