surprise (luzio)

Ezio entrait dans la cour des grands. C'était officiel, il faisait désormais parti du corps enseignant d'Harvard, dans l'unique but de prendre le poste du professeur d'arts visuels. Il avait de l'ambition et voulait être calife à la place du calife. La première matinée se passa à merveille. L'italien n'était pas un stressé de nature, il n'avait ressenti aucune pression et y avait été plus détendu que jamais. Il avait donné un seul cours en fin de matinée, il avait prit des notes et avait observé le reste du temps. Enseigner n'était pas vraiment sa vocation ou ce qu'il voulait faire de sa vie mais l'occasion s'était présentée à lui, il n'avait pas pu résister. Avec Milo à charge, c'était compliqué pour lui de rester étudiants. Il avait d'autres priorités et devait assumer son rôle de père célibataire. Ezio ne pouvait pas se contenter de la fortune de sa famille pour subvenir aux besoins de son fils. Non, il devait prendre ses responsabilités et faire face. Après cette matinée, il avait mangé chez sa nounou pour être un peu avec le petit et avait reprit la direction de l'université. Son prochain cours ne commençait que dans une heure, il avait un peu de temps devant lui. Profitant de sa nouvelle condition de prof assistant, il se dirigea vers la salle des profs, le sourire narquois sur les lèvres. L'après-midi ayant déjà commencés, elle était presque vide. Se trouvaient là, un professeur d'histoire, à fond sur son ordinateur avec des écouteurs branchés dessus. Et une petite blonde qu'il ne connaissait que trop bien. Amusé par la situation, Ezio était étonné qu'elle se présente déjà. Il n'avait rien dit à sa meilleure amie et comptait bien lui faire la surprise en tombant nez à nez avec elle dans la salle des profs. Il ne pensait pas que cette occasion se présenterait avant une voire deux semaines. « Bonsoir miss Burberry. » s'amusa-t-il à dire, d'un calme olympien. L'italien posa son sac remplis de projets, par terre et vint s'asseoir à côté d'elle. « Fais moi un café, femme. » lança-t-il en sifflotant entre ses lèvres. Ezio était diablement sexy avec allures de mannequin parfaitement soigné.

Je n'ai pas assez dormi hier soir, déjà pour trouver les bras de Morphée, j'avais dû prendre mon mal en patience, garder les yeux ouverts jusqu'à trois heures du matin quand je n'étais même pas en soirée ? Ça relevait de l'impossible pour moi. Et tout ça, parce que je n'avais cessé de penser à toi. J'avais adopté toutes les solutions possibles, tournant et retournant de gauche à droite, sur le dos, sur le ventre, et dans chaque position, je pensais toujours à toi. À la frustration qui m'avait gagné hier quand j'avais eu envie de toi et que je ne pouvais malheureusement pas te toucher. Et à la photo que tu m'avais envoyé ce matin et qui avait fait naître en moi, des centaines d'idées sur la manière dont je pourrais te retirer cette serviette. Et même là, avec une pause d'une heure, à reprendre mes notes sur mon calepin de musique, je pensais encore à toi et à nos sms échangés. Je pensais même entendre ta voix. Je devenais folle ?... Ou pas en fait ! Puisque tu venais t'asseoir près de moi et que je lâchais soudainement mon stylo, baissant légèrement mes lunettes de vue. Choquée. Surprise. Troublée. « Qu'est-ce... Tu FOUS là ?! » parlai-je sans voix pour ne pas attirer l'attention du professeur d'histoire plongé littéralement dans ses livres. Mon doigt fixait la porte de sortie, presque affolée. « DEHORS, pleaseeee ! » Non mais là, tu me laissais sans voix carrément. Même que je te suppliais des mains plaquées l'une contre l'autre. Tu ne devrais pas être là, cette salle est réservée qu'aux professeurs. Cependant, mes yeux filaient sur ta tenue et je n'étais pas certaine de comprendre là. Mais de ouf que t'étais sexy, trop sexy. Merde quoi ! Bah voilà, je n'arrivais plus à détourner mon regard. C'est malin Scorsese !

C'était vraiment très étrange pour Ezio de se rendre dans cette salle qui était, exclusivement, réservée pour les professeurs. Maintenant qu'il faisait parti du corps enseignant, il pouvait désormais profiter pleinement de cette salle qui faisait jaser beaucoup d'étudiants. C'était une grande pièce, assez chaleureuse, ornée par de grands vitraux et de boiseries. Harvard avait son style bien particulier et ne ressemblait à aucune autre université. Une fois à l'intérieur, il remarqua rapidement Lucky, sa petite tête blonde. Un fin sourire apparu instinctivement sur son visage tandis qu'il s'approcha d'elle. Tirant la chaise, l'italien vint poser ses fesses sur celle-ci et regarda sa meilleure amie avec de la malice pleins les yeux. « Je viens t'espionner ici, j'te surveille partout, t'es piégée. » s'amusa-t-il à répondre en sifflotant légèrement entre ses lèvres. Il se positionna correctement sur sa chaise et posa ses coudes contre la table. Sans la lâcher du regard, il haussa les sourcils et hocha négativement la tête. Il se pencha vers elle et vint lui murmurer ces quelques mots. « Fais moi un café et je m'en vais bb ... » Il allait jouer avec ses nerfs, ça l'amusait grandement. Et alors qu'il s'apprêtait à dire quelque chose qui pourrait semer le doute, le professeur d'arts visuels entra dans la salle. Son tuteur se dirigea vers l'italien et posa sa main sur son épaule. « Ezio mon garçon, je te cherchais, j'ai eu quelques idées de groupe à faire avec certains étudiants, attends-moi après les cours, il faut qu'on en discute. » Il leva la tête et afficha un énorme sourire. « Bien sûr, j'ai moi-même eu quelques idées. » « Oui, fort bien, fort bien. A tout à l'heure mon grand. » Le tuteur quitta la pièce et laissa Ezio avec Lucky et l'autre professeur d'histoire qui n'avait pas daigné lever la tête de son écran depuis tout à l'heure. L'italien croisa les bras contre son torse et fit un clin d'oeil à Lucky qui semblait médusée face à l'incompréhension qui régnait dans cette pièce.

Tu n'avais pas l'air de comprendre la situation, toi t'étais qu'un élève et t'avais pas le droit d'entrer dans cette salle ainsi que poser ton cul sur cette chaise. Même quand tu t'exprimais, j'avais envie de coller ma main sur ta gueule pour que tu la fermes deux secondes. Parce que là, ce n'était pas toi qui allais perdre ton poste, mais moi. Alors je te fusillais du regard, totalement déboussolée. Qu'on m'explique ce qui se passait dans cette salle parce que j'étais perdue. Et pourquoi ce prof d'histoire ne réagissait pas en fait ? J'étais la seule à pas trouver ça normal ou quoi ? Même quand tu venais te pencher vers moi, j'éloignais doucement mon oreille en me penchant sur le côté inverse histoire d'empêcher une proximité entre nous deux. TU TE FOUS DE MA GUEULE SCORSESE ! Pensais-je tout bas, bien que j'avais envie de te le hurler à la tronche, balec. J'posais mon index sur ton épaule et te repoussais suffisamment loin. Car même si t'étais beau et sexy, crève ! Je ne voulais pas perdre ce job moi. Soudainement, le professeur d'arts visuels fit son entrée et je ne savais pas comment, mais j'avais rapidos poussé ma chose à deux kilomètres. Genre un peu plus loin de toi, faisant semblant de regarder dans mon calepin alors qu'il s'adressait à toi. Surprise, mes yeux retombaient sur ton sac et... C'était pas le même sac que t'avais l'habitude de prendre, ni les même vêtements que t'avais l'habitude de porter. Car d'habitude, tu venais plus décontracté, là... Là, tu ressemblais à un corps enseignant. Tout comme moi dans ma jupette noire au-dessus de mes genoux et mon manche long blanc fourré dans ma jupette, accompagnés de hauts talons noirs. Ce fut une évidence. Mon index faisait des aller-retours entre ton tuteur et toi. « P'TIN ! TU FAIS PARTIE DU STAFF ! » Gueulais-je en me redressant et en tapant des paumes sur la table. Surprise. Énormément surprise. Bordel ! Alors on allait se voir H24 ? Encore plus collé serré... Tellement tête en l'air, que je voulais reposer mon cul sur la chaise, mais vous savez ? Moi et ma maladresse légendaire, on avait zappé qu'on avait déplacé la chaise. Alors ben, mon p'tit cul, il se mangea le sol dans une délicieuse chute spectaculaire. Même la chute du Niagara n'était pas aussi belle que la mienne. D'ailleurs, cela m'avait valu un rire provenant du professeur d'histoire. Histoire de sauver les apparences, je me redressais rapidement en tirant sur ma jupe et en me recoiffant les cheveux, accompagnant un petit rire honteux à celui du professeur. Finalement, je rapprochais ma chaise de toi et je me penchais vers ton oreille que j'attrapais par son lobe. « Depuis quand ! Et pourquoi j'suis pas au courant ? » Chuchotai-je en relâchent ton oreille et en plongeant mes prunelles dans les tiennes. « Nice dress code... » Un compliment bien glissé et accompagné d'un grand sourire. « Je pense que cette salle est beaucoup plus animée depuis votre arrivée Mademoiselle Burberry. On s'y habitue très vite à votre maladresse. Et je pense qu'avec vous deux, elle sera encore plus animée. » Dit le professeur d'histoire en riant et en replongeant son nez dans ses livres. « M... Merci... Monsieur... » Esquissai-je timidement et mal à l'aise par rapport à ce qui venait de se passer. À nous deux Scorsese.