SAVANNAH DAWSON-REED ► Alexis Ren

Notre histoire ne se résume pas uniquement à nous. Ce n'est pas nous qui décidons ce que nous en faisons. Pas complètement, du moins. Notre famille, nos amis. Ils influencent tous le court de notre vie d'une façon ou d'une autre. Pour ma part, il y en a eu six. Six personnes qui ont traversé ma vie et qui ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui, qui m'ont marqué.

Comme tout le monde, que ce soit de façon positive ou négative, nos parents ont un impact sur notre personne. Carl Reed, mon père, était un homme de principe, un homme de volonté et pour qui ont obtenait ce qu'on méritait en travaillant pour l'avoir. Fier commandant dans US Air Force, j'ai toujours vu en lui un homme courageux. C'est probablement de lui que je tiens mon courage d'ailleurs. Rien ne lui faisait peur. Partant servir son pays, il pouvait s’absenter pendant de longues périodes. Mais aussi dur que ça pouvait être pour son moral, il était le premier à revenir à la maison, un sourire sur le visage. Je me rappelle d'ailleurs avoir voulu être comme lui. Pas nécessaire dans l'air force, mais piloter des avions. Alors que toutes les petites filles rêvaient de devenir des princesses, moi, je visais la carrière de pilote d'avion. Et c'est probablement ce que je ferais aujourd'hui, ou du moins peut-être juste hautesse de l'air, si ça n'avait pas été de Monica Dawson, ma mère. Cette femme pouvait sembler bien banale avec son emploi de serveuse au restaurant du coin mais elle ne l'était pas du tout. C'est une femme avec une force de caractère incroyable. Jamais elle n'a bronché devant les obstacles que ce soit d'élever pratiquement seule une petite fille avec bien trop de caractère ou encore garder espoir que son mari reviendrait toujours vers elle, peu importe la distance, peu importe la durée de son absence. Elle se montrait toujours disponible pour moi étant la première à s'impliquer dans les activités scolaires. Je me suis toujours dit qu'elle faisait cela pour combler le vide que pouvait laisser l'absence de mon père pour moi. Mais en fin de compte, je crois qu'elle le faisait pour elle également. Pour combler le vide que cela lui procurait.

J'ai eu la chance de grandir dans une famille avec des liens solides entre eux. Que ce soit entre mes parents et moi ou avec les oncles, tantes et cousins/cousines. C'est d'ailleurs lorsque j'avais deux ans qu'une nouvelle cousine s'est jointe à la famille. Il s'agissait de Carter E. Marriott-W. Du haut de mes deux ans, je ne savais pas vraiment comment on faisait des bébés. Alors adoptée ou non, Carter faisait partie de la famille et était ma cousine au même titre que les autres. D'ailleurs, c'est avec elle que je m'entendais le mieux. Dès son arrivée, ça a cliqué entre nous. Par chance, on habitait près l'une de l'autre et on pouvait constamment se voir. On grandi ensemble. Pour moi, elle était comme une soeur. On a traversé beaucoup d'épreuves ensemble. Majoritairement Carter. Les autres élèves n’acceptaient pas le fait qu'elle soit bisexuelle. Mais à chaque fois, je me suis tenue à ses côtés. Mon enfance a tourné autour de ça principalement. Deux cousines contre le monde entier! Contre les préjugés. Au lycée, il y a également quelqu'un d'autre qui a traversé ma vie et qui m'a aidé à intégrer Harvard en 2013. C'est Charlotte Satterlee, mon enseignante de biologie. Cette femme a cru en moi dès le premier jour. Bon, j'avais pas nécessairement besoin qu'on m'aide à croire en moi puisque je me débrouillais assez bien de ce côté là, mais il était agréable de voir qu'elle me voyait avec un brillant avenir. Elle me poussait plus qu'elle poussait les autres élèves, me disant que je ferais un médecin incroyable. C'est d'ailleurs à ce moment-là que j'ai choisi ce que je voulais faire. Charlotte m'a aidé à faire ma demande d'admission pour Harvard, elle m'a même fait une lettre de recommandation. Je ne la remercierai jamais assez de m'avoir aidé à réaliser un de mes plus grand rêve. Je rêvais d'intégrer cette université depuis que j'étais en âge de connaître son existence.

Ma première année d'université s'est déroulé selon le rythme de mes cours. On s'entend que le lycée et l'université, ce n'est pas du tout comparable. J'ai dû me concentrer sur chaque cours, sur chaque travail à faire pour ne pas couleur sous la charge de travail. Pourtant, il a réussi. Il a passé par dessus cette muraille que je m'étais imposée pour ma première année. Moi qui disait que je voulais me concentrer sur mes études, je les ai mis de côté quand mon regard a croisé le sien. Rocco Prada, mon plus grand amour. J'ai pas abandonné mes études mais disons qu'il y avait une petite distraction, un charmant jeune homme qui m'a rappelé à quel point j'adorais profiter de la vie, vivre au jour le jour. Et c'est d'ailleurs de cette façon qu'on a vécu ensemble à partir du moment où nos regards se sont croisés. Un simple échange de numéros, nous voilà à parler de plus en plus, à passer de plus en plus de temps ensemble jusqu'au jour où on a finalement décider de se laisser aller un avec l'autre, de vivre un jour à la fois avec l'autre à nos côtés. C'était en août 2014. Je n'aurais pas pu demander mieux. Je n'aurais pas pu être plus heureuse que dans les bras de Rocco. Malgré le fait qu'il pouvait partir et revenir quelques jours plus tard, je savais qu'il reviendrait toujours. Un peu comme ma mère avec mon père. Il était toute ma vie, la personne sur qui je pouvais compter, la personne qui embellissait mes jours et mes nuits. À chaque moment passé sans lui, je sentais ce vide en moi. Vide qu'il comblait dès son retour. Mais ce vide n'a pas pu se remplir de nouveau après les prises d'otages. J'ai vécu cette épreuve, probablement une des plus dure de ma vie alors qu'il était parti depuis plus d'une semaine. Et il est revenu comme si rien ne s'était passé. Quand je lui ai tout raconté, il s'est mis à être très protecteur envers moi. Beaucoup trop. Je me suis sentie étouffée dans cette relation qui avait pourtant toujours voulu qu'on vive comme on l'avait toujours fait, librement. Rocco voulait tellement se faire pardonner qu'il ne me quittait plus. J'ai enduré, j'ai essayé. Mais j'ai fini par craquer. Balançant tout hors de ma vie, tout ce qui avait un lien avec lui. Voulant reprendre ma vie d'avant, je le quitta la haine au coeur alors qu'il voyait en moi cette petite chose à protéger et non, celle qui avait été son égal dès le départ.

Le laissant hors de ma vie, je me concentra sur ma cousine qui était maintenant à Harvard, profitant de ma vie, de mon célibat pour l'oublier dans les bras de qui le voulait bien. J'ai aussi découvert, grâce à Carter, que nous avions un autre cousin présent sur le campus. Oliver Matthiew Davis. De trois ans mon aîné, j'ai tout de suite vu en lui un grand frère. C'est souvent ce qui arrive quand on est enfant unique. Tout comme dans ma relation avec Carter, je ferais n'importe quoi comme Oliver et il ferait la même chose pour moi. C'est comme ça dans notre famille; on se serre les coudes face aux épreuves, face aux autres. J'aurais pu être comblée avec ma famille, mes amis ou encore les garçons avec qui je cherchais du réconfort. Mais non. Il manquait quelque chose. Il manque quelque chose à ma vie. On plutôt quelqu'un. Lui. Chaque matin, quand je me réveille, j'ai cette pensée qui me traverse l'esprit. Comme j'aimerais qu'il soit là à mes côtés. Le matin en me réveillant, le soir en me couchant, quand je suis dans les bras d'un autre. Chassant ses idées aussi rapidement que je l'ai chassé de ma vie, j'essaie d'avancer au lieu de regarder trois ans en arrière, de repenser à la plus grosse erreur que j'ai fait, me demandant sans cesse s'il est trop tard ou si j'avais encore une chance.