please don't kill me (asinger)

Salinger venait tout juste de rentrer d’Australie. Le décalage horaire le rendait bougon et beaucoup moins alerte que d’habitude. Son voyage au bout du monde ne lui avait pas forcément apporté de réponse sur la disparition subite de sa petite-amie et la manière de gérer ce silence-radio. Par conséquent, il avait décidé de reprendre doucement sa routine. Au volant de sa Ford Mustang, son petit bébé, il entra dans le parking d’Harvard à toute allure et après quelques mètres de franchis, il entendit un bruit inquiétant sur le côté passager. Il regarda alors dans le miroir de son rétro intérieur et aperçu le rétroviseur d’une Ferrari pendouillant dans le vide. Et merde ! Était-il filmé ? Sûrement que oui. Il chercha alors une place assez rapidement et se gara pour tout d'abord constater les dégâts sur sa propre bagnole. La sienne était assez bien éraflée à l’endroit de l’impact, mais une Ford, c’était apparemment plus solide qu’une « Ferrari ». Il contourna ensuite les véhicules rangés sur l’asphalte et se rapprocha de la caisse qu’il avait abîmé. « Oh oh, c’est mauvais signe tout ça » dit-il en serrant son gobelet de café dans sa main. Souhaitant réparer sa bêtise si cela était possible, il déposa sa boisson sur le toit de la voiture et regarda à droite et à gauche pour s’assurer qu’il n’y avait pas de témoins. À partir de là, il attrapa le rétroviseur encore attaché par quelques fils et tenta de le remboiter en gesticulant dans tous les sens. Tout à coup, un grattement de gorge dans son dos le fit arrêter net. Il n’était plus seul. « Un con a démoli ma voiture, je vais le tuer si je le retrouve ! » s’exclama-t-il, foutu pour foutu.

Perchée sur tes escarpins, tu faisais marche arrière, soupirant, insultant chaque personne qui se mettait en travers de ton chemin. Bêtement tu avais oublié ton cellulaire dans ta voiture. Oubli dû à un esprit pas encore réveillé ou alors bien trop embrouillé par une vie loin d'être joyeuse. Une vie que tu échangerais bien, mais personne n'accepterait qu'on lui fasse don de l'enfer. Arpentant le dédale de couloirs, tu programmais ta journée qui comme toutes les autres seraient bien monotones. Enfin c'est ce que tu pensais avant d'entrer dans le parking souterrain ô combien froid, mais pas aussi glacial que ton âme. Tes talons résonnant contre l'asphalte. A la différence du commun des mortels, tu avais une assez bonne mémoire et parvenait aisément à retrouver le chemin jusqu'à ton bolide. Une Ferrari rouge, ça se remarque assez facilement. Une Ferrari qui avait attiré un curieux. Voir une personne aussi proche de ta précieuse ne te disait rien qui vaille et réveillait en toi un vent de colère. Accélérant la cadence, tu te retrouvais à la hauteur de cet inconscient, découvrant qu'un gobelet en carton trônait fièrement sur le toit de ta voiture. De quoi te donner des sueurs froides mais ce n'était rien comparé au fait que ton bébé était souillé par les mains du jeune homme qui s'exclama, te bousillant les tympans au passage. Il prétextait que sa voiture était bousillé. Sa voiture qui se trouvait être la tienne. Ta tête se pencha sur le côté et en voyant le rétroviseur pendre dans le vide, tu ne pus te retenir de le prendre par l'épaule pour le pousser violemment, l'écartant ainsi de ta voiture." C'est moi qui vais te tuer. " S'il y a bien une chose qui t'es précieuse dans ce monde, c'est ta Ferrari 458 Italia, celle qui t'accompagne depuis tes 18 ans." Quand on ne sait pas conduire, on ne conduit pas, Walsh. " Pas étonnant qu'il soit l'auteur de ce méfait. Une furieuse envie d'encastrer sa tête dans la vitre de la voiture d'à côté." Je ne veux même pas entendre une seule excuse sortir de ta bouche. Tu te la fermes. " Qu'il se taise s'il tient à garder la tête sur les épaules. Regardant de plus près les dommages qu'il avait causé, tu manquais de défaillir." Et en plus tu la rayer. T'es un vrai danger public. "

 « Jésus, Marie, Joseph » chuchota-t-il en entendant une voix dès plus glaciale dans son dos. Cela aurait dû tilter à la seconde où il avait vu le petit cheval qui cabre devant la bagnole, cette caisse ne pouvait être qu’à Asia. Salinger était effectivement un homme mort. Frottant ses mains entre elles, il se retourna en grimaçant et s’appuya sur le véhicule comme si de rien n’était. Ah, Asia ou la castratrice en chef, cette brune sulfureuse qui faisait froid dans le dos, mais qui était si sexy. Salinger avala péniblement sa salive face à sa hargne et la laissa contempler les dégâts « Un danger public pour ton coeur ouais » Salinger fronça ses sourcils, qu’est-ce qu’il venait de raconter là ? Aucun sens. Il attrapa ensuite son gobelet de café et en renversa maladroitement sur le dos de la jeune femme qui inspectait son rétro « Oh putain de merde !! » cria-t-il en apportant sa main libre à la bouche. Heureusement, il n’en restait plus des masses et il n’était plus que tiède. « Okay, tu sais quoi ? C’est pas mon jour, je fais tout de travers et ce n'est vraiment pas contre toi alors regarde bien, je vais te prouver que je serais prêt à tout pour que tu ne m’étripes pas sur ce parking » Salinger retira sa casquette et déversa le restant de sa tasse sur le sommet de son crâne, les yeux clos. L’américain était désormais recouvert de ce liquide ambré empestant la caféine. Rouvrant ses paupières, il enfonça son pouce et son index dans ses orbites pour se débarrasser de la boisson « J’ai aussi une batte de baseball dans ma caisse, je peux la détruire pour amoindrir ton courroux, Ô Asia Ferrari, déesse de la euh euh mort ? du châtiment ? » Salinger parlait, il parlait toujours trop, mais là, il ne savait plus quoi faire, à part le pitre. « Sinon je vais à mon casino, j’ouvre mon coffre, je te donne du cash et on en parle plus… Ou je m'agenouille et j'embrasse tes pieds ? »  

A son blasphème tu lèves les yeux au ciel, comme si implorer les forces divines allaient lui venir en aide contre toi et ta fureur. Ta Ferrari. Ta pépite. Cette mythique voiture avec laquelle tu as vécu d'incroyables aventures... complètement défiguré, à cause de cet idiot de chauffard. Quel est le con qui a osé lui accordait son permis de conduire. Grinçant des dents, ses paroles ne font qu'alimenter la rage en train de bouillir en toi. Le volcan de ton âme risque de bientôt entrer en éruption." Stop tes phrases de Don Juan. " Il serait de toute manière incapable de trouver ton coeur profondément enterré sous un tas de mines. Les yeux fixés sur le rétroviseur réduit à néant, tu sers les poings de rage avant de pousser un cri d'effroi, en sentant un liquide se déverser le long de ton échine. " Ho intenzione di strangolarti. " (Je vais t'étrangler.) hurles tu dans le parking vide de toute présence humaine exceptée la votre. Tu le regardes déverser le reste de boisson sur sa tête, prenant le soin de reculer de quelques pas, qu'il n'asperge pas tes escarpins argentés, ceux que tu as eu tant de mal à obtenir." Recules. " t’époumones tu. Il développe tout un blabla, diverses solutions pour réparer son impair. Ce mec te rend folle, plus que tu ne l'es déjà. Déverser ta violence en envoyant son abominable voiture à la casse serait en effet un bon moyen de vengeance mais bien trop facile et pas à la hauteur de ce qu'il te doit." Je n'ai pas besoin de ton fric. " Tu en as à vomir. Et l'argent ne fait pas le bonheur." Je veux juste que tu restes loin de moi. " Tu as assez de poisse comme ça, pas envie d'avoir la sienne en supplément." On devrait t'enfermer. " C'était la seule solution plausible à tes yeux, la seule qui t'apporter totale satisfaction.