Encore toi (Pv Jas')

La musique remplissait la pièce, devant le miroir de la salle de bain, je frottais énergiquement la brosse couverte de dentifrice sur mes dents. Je me sentais très bien ce matin. Ce qui n'était pas arrivé depuis un moment. Profitant que ma colocataire n'était pas présente, je me permettais de mettre un peu de musique. J'aimais me réveiller avec une ambiance de fond. Peut-être était-ce à cause du fait que je me retrouvais seule ces derniers temps. Il me fallait du bruit à tout prix. La radio passait les tubes du moment et je chantonnais à certains moments. Et puis, j'avais de bonnes raisons d'être heureuse, j'avais retrouvé Andy! Bon, oui je ne lui ai pas encore vraiment parlé. Mais rien que de savoir qu'il était ici, me mettait de bonne humeur. Je me rinçais la bouche après avoir posé la brosse à dent dans le pot de mon étagère. Je regardais ensuite mon reflet dans le miroir. J'étais un peu pale mais avec un peu de maquillage, cela allait passer. Puis j'entendais les premières notes d'une musique que j'appréciais. I threw a wish in the well. Don't ask me, I'll never tell. I looked to you as it fell. And now you're in my way. I trade my soul for a wish. Pennies and diamonds for a kiss. I wasn't looking for this,. But now you're in my way … Your stare was holdin', Ripped jeans, skin was showin. Hot night, wind was blowin'. Where you think you're going, baby? J'étais encore en sous-vêtements, les cheveux détachés. Je venais piocher mes cachets dans l'armoire à pharmacie avant de les avaler. Puis je prenais la brosse en main en guise de micro. Hey, I just met you. And this is crazy. But here's my number. So call me, maybe. It's hard to look right. At you baby. But here's my number,. So call me, maybe. Hey, I just met you. And this is crazy. But here's my number. So call me, maybe! Je brossais ensuite mes cheveux, les faisant tomber sur mes épaules. Je m'habillais ensuite d'un slim et d'un pull à grosses mailles de couleur crème. J'attachais ensuite simplement mes cheveux en une queue de cheval. Aujourd'hui, nous étions samedi. Et j'avais envie de faire un tour en ville. Je ne connaissais pas encore grand chose et je voulais remédier à ça. Je mettais une touche de mascara et un peu de blush, histoire de gommer ma pâleur. J'attachais des boucles à mes oreilles en forme de perle puis je coupais la radio. Je cherchais mon sac et mon caban des yeux. Il ne faisait pas très bon aujourd'hui. Le vent était plutôt froid. Et j'avais intérêt à me couvrir si je ne voulais pas me retrouver à l'hôpital. Mes clés en main, je quittais la confrérie puis le campus. Comme je m'y attendais, le vent était glacial mais en même temps, cela me faisait du bien. J'avais décidé de marcher, plutôt que de prendre le bus. Le froid me mordillait un peu les oreilles, si bien que je m'étais dirigée vers un café tout proche. J'entrais dans ce dernier, commandant un bon chocolat au lait bien chaud, avec une pointe de crème. J'étais là, attendant ma commande quand mon regard rencontra une silhouette que je connaissais. Je soupirais alors qu'un léger sourire s'affichait sur mes lèvres rosées. « Je vais finir par croire que tu me suis vraiment... » Je détaillais le garçon tandis que la serveuse me donnait enfin ma consommation. Je cherchais dans mon sac pour prendre mon porte-monnaie. Je donnais l'argent à la demoiselle avant de sortir du café. Je buvais une gorgée de chocolat tandis que le jeune homme du café sortait à son tour. La boisson réchauffait mes mains et j'avais moins froid. Il faisait très froid ou alors mon système immunitaire faisait encore des siennes. J'étais plus sensible aux changements de températures ces derniers temps. « Tu as laissé tes amis tout seuls? » Je reposais mes yeux verts sur lui. Nous nous étions rencontrés deux semaines plus tôt et le hasard faisait que l'on se croisait assez souvent ces derniers temps. Je ne savais pas quoi penser de lui. J'étais curieuse tout en gardant mes distances, pas décidée du tout à être une conquête de plus sur son tableau de chasse.

Reaghan Ҩ Jasper

Le grand gaillard de vingt-quatre ans avait toujours du mal avec la distance imposée entre son père et lui. C’est ainsi qu’on retrouvait régulièrement Jasper, pendu au téléphone ou sur internet avec son patriarche, le plus souvent à parler de leur entreprise, un peu moins à aborder leur vie en dehors. Il faut dire que le travail représentait l’intérêt principal de leur existence, à l’un comme à l’autre. L’ainé ne s’était jamais remarié depuis la mort de sa femme, vingt ans plus tôt, et le plus jeune allait doucement vers une destinée identique. Triste pour vous, surement. Mais il était passionné. Certains le sont par les conquêtes, lui, par la conquête des marchés. Nous n’avons pas les mêmes valeurs, voyez. Cependant ne croyez pas que cela réjouissait le père Ellington, celui-ci parvenait toujours à glisser entre deux idées des interrogations concernant la gente féminine, et les possibles conquêtes de son fiston. Ce à quoi ce dernier répondait par des approximations, vagues, très vagues. La réalité est que ses relations ne duraient rarement plus d’un semestre. Allez, trimestre si on veut être précis. Et cela lui allait. Le délire de la grande histoire, le chien et la maison, ça sera pour quand il sera vieux. Enfin, pas tout de suite en tout cas ; car là il est au téléphone, calé entre son épaule et son oreille, ses mains pianotant bruyamment sur son ordinateur au fond du café. Deux, ou peut-être trois heures que le garçon est là, oubliant le temps et son café maintenant froid. Il n’y a qu’un courant d’air glacial pour lui sortir la tête de son écran. Ses prunelles se dirigent vers la porte d’entrée, et s’arrêtent sur l’origine de la perturbation atmosphérique. Cette dernière est visiblement assez intéressante pour qu’il repousse sa discussion au soir, et ferme son pc, le rangeant dans son sac. Assez aussi pour qu'il déplace son mètre quatre-vingt jusqu'à la caisse, aux côtés d'une frêle blonde. C'est elle qui l'avait fait lever, d'ailleurs. Va savoir pourquoi, le hasard s'entêtait à les placer constamment sur le chemin de l'autre depuis quelques jours. Sur le campus et maintenant en ville. « Ou que tu choisis d’aller précisément dans mes endroits préférés, juste dans l'espoir de me croiser.. va savoir. » Glissa-t-il en armant sa réplique d'une mine suspicieuse. Ca commençait à devenir bizarre cette histoire. Puis, pourquoi ça serait toujours l'homme qui doit tenir le rôle du dérangé traqueur de pauvre demoiselle ? Enfin, vu comment le Dunster s'était fait jeter à leur première rencontre, il avait quelques doutes quand à la possibilité qu'elle le suive. Mettons tout ça sur le dos du destin, voilà. Et c'est mal d'aller contre sa destinée, n'est-ce pas ? Il se dut donc de -après avoir commandé un énième café en vitesse- rejoindre la demoiselle à l'extérieur. Visiblement sa répartie ne faiblissait pas au fil des jours. Avant une quelconque réponse, les lèvres masculines tracèrent un sourire amusé puis plongèrent dans la boisson corsée. « Pourquoi, tu voulais encore m'humilier devant eux ? » Se faire envoyer sur les roses lui avait plut il faut croire, car depuis il prenait un certain plaisir à recroiser, encore et encore, la jolie blonde. « D'ailleurs mon égo attends toujours des excuses de ta part. » Plaisanta l'étudiant, n'ayant pas vraiment été heurté par cet affront. Il faut dire qu'avec son sang se confondant avec la vodka, sa prestation avait été ridicule et peu digne de lui.

Cette journée n'était pas particulièrement belle pour avoir envie de se promener dehors, sauf si on s'appelait Reaghan Evers. J'ai toujours apprécié le vent froid sur la peau. Et puis, cela me rappelait les hivers à Londres quand je passais mon temps dehors. J'entendais encore maman me crier dessus pour que j'enfile ma parka. Ce souvenir me faisait sourire tandis que je laissais le liquide chaud toucher mes lèvres rosées. Ma famille me manquait. Et cela ne faisait même pas deux semaines que j'avais mis les pieds aux États-Unis. Et à peine cinq jours que j'avais défait mes valises afin de ranger mes vêtements dans la commode qui m'était attribuée dans la maison des Quincy. Et oui, j'étais une Quincy, enfin une membre en devenir puisque je n'avais pas encore eu le droit à mon bizutage. Et je n'étais pas pressée. Cela me faisait un peu peur. Enfin pas vraiment peur mais j'appréhendais le défis à relever, bien que j'étais casse-cou. Ici ce n'était pas pareil. Je viens à peine d'arriver et je préfère me montrer discrète pour le moment. Surtout que je n'ai pas encore pu parler à Andy et que cela me stresse encore plus. A tourner autour de lui, il va s'imaginer des choses comme n'importe quel mec. D'ailleurs en parlant de mec, je faisais face à Jasper. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. Pourtant notre rencontre s'était très mal passé. J'étais dans un pub de la ville, avec Charlie quand il était venu à notre table. J'ai déjà été dragué mais là... Alors je l'ai remis gentiment à sa place, devant ses amis. J'avais envie de passer une bonne soirée avec Charlie. On venait de se retrouver et j'avais des tas de choses à lui dire. Alors l'intrusion dans notre tête à tête avait été mal venu. Et depuis, le destin prenait un malin plaisir à nous mettre l'un et l'autre sur le même chemin. Et finalement, j'avais fini par m'amuser de ce hasard. De plus, Jasper était loin d'être un type exécrable et prétention. Ô il voulait donner cette image. Mais je voulais croire qu'il y avait autre chose sous ses airs de dragueur et d'étudiant studieux. Et je crois qu'il souhaitait la même chose me concernant sinon il ne prendrait même pas la peine de me parler. A ses mots justement, je ne pouvais m'empêcher de sourire. « J'avoue. Je me languis à chaque fois de te revoir au coin d'une rue. C'est la seule chose qui illumine ma journée. » Je l'observais. J'avais conscience que mon accent anglais pouvait être un peu trop présent parfois mais je n'avais pas envie de tenter de le « maitriser » pour passer un peu plus inaperçu. Je me retrouvais ensuite hors du café, savourant ce café avec plaisir. Il me réchauffait. « T'humilier? Non je crois que tu sais très bien le faire toi même. » J'esquissais un léger sourire après avoir bu une gorgée. Ce n'était pas dis méchamment. Je le taquinais. Je n'avais jamais eu l'intention de l'humilier. J'avais simplement voulu être tranquille avec mon amie. « Des excuses? » Je souris avant d'ajouter. « C'est plutôt toi qui devrait t'excuser d'avoir été si lourd... » Je plongeais mes yeux dans les siens avant d'ajouter: « Bon d'accord... c'était mignon, alors je ne t'en veux pas. » Je prenais une nouvelle gorgée de café avant de reprendre. « Tu as abandonné ton ordinateur? Que dirais-tu de me servir de guide? Je ne connais encore pas très bien la ville. » Je lui fis un sourire d'ange, celui que je gardais souvent pour ma mère et j'ajoutais. « S'il te plaaaaaait. »

Reaghan Ҩ Jasper

L'ingénue méritait que Jasper y retourne à son ordinateur. Lui au moins n'avait aucun répondant, et se révélait toujours très docile. En somme, bien ennuyant. Le chef d'entreprise absorbait une seconde gorgée de café, ne quittant pas des yeux sa compagnie du moment. Ses lèvres s'entrouvrant dans une expression mi-amusée, mi-choquée par l'absolue aisance avec laquelle cette dernière l'envoyait en touche. Les choses auraient put être autrement. Jasper n'avait aucun mal à se vexer pour des broutilles, à partir dans des colères inexplicables pour les moins habitués. Il avait tellement travaillé pour arriver là où il en est présentement, sacrifié du temps et une grande partie de son enfance, que le jeune homme avait du mal à accepter qu'on puisse minimiser la grandeur de ce qu'il avait accomplit. De ce qu'il était. Comme une façon de se rassurer sur le fait que non, il n'avait pas perdu des mois et années, qu'il avait fait.. tout ce qu'il fallait faire. Il n'avait pas bâtit cette forteresse, solide, au sourire charmeur, pour prendre le risque de laisser des fissures s'installer et fragiliser l'ensemble. Si Jasper laissait Reaghan le bousculer, peut-être est-ce car, à première vue et surement à tord, elle n'avait pas l'air d'une fissure. Être un petit génie ne vous épargne pas quelques erreurs, malheureusement. Bref. Elle tacle et finalement « c'était mignon ». C'est l'avantage du Dunster, même en mode lourd, il ne virait jamais dans le scabreux ou déplacé, tout au plus il méritait quelques bâillements. « Dieu merci, je n'aurais pas pu dormir de la nuit en sachant que tu m'en voulais. » Déclara-t-il sur un ton théâtrale, n'en rajoutant pas du tout, du tout. Puis il reprit, avec un léger sourire en coin : « Après tout, tu devrais être flattée d'avoir attiré mon attention.. ça n'arrive pas si souvent. » Vrai ou pas, peu importe, il doutait qu'elle croit un traître mot qui sorte de sa bouche. Il ne devait pas franchement lui avoir donné l'image d'un type sérieux. D'ailleurs, pourquoi s'en préoccupait-il ? En soit, elle n'était qu'une fille qu'il croisait souvent et à qui il aimait parler. Comme d'autres. Il fallait définitivement qu'il arrête de s'embrumer l'esprit ainsi. « Ça marche vraiment avec quelqu'un ce sourire de Cosette ? » Le jeune homme désigna en un mouvement d'index circulaire la mine angélique de la demoiselle, toute pure, toute mignonne. Hum, il en faudrait plus pour le persuader de jouer au guide touristique. Sauf si elle souhaitait connaître tous les coins où on capte le wifi gratuitement. « Tout a un prix. » Sur sa joue droite se creusa une fossette, ses traits mués en une expression faussement énigmatique. En vérité il ne savait pas encore ce qu'il allait lui demander, c'est comme les vœux, il ne faut pas les gaspiller futilement. « Qu'est-ce que j'y gagne, si je m'exécute ? » Sitôt dit, sitôt poursuivit, voyant déjà la maligne faire son œuvre : « Et la joie de t'avoir pour compagnie ne compte pas. » Au fond il n'avait pas vraiment besoin d'une contrepartie pour lui faire visiter, mais il était curieux de voir ce qu'elle aurait à lui proposer.

« Un sourire de Cosette? Huuumm... J'aurais préféré une autre comparaison. » Je ne pouvais m'empêcher de sourire à cette réplique. Cosette était un personnage de Victor Hugo si mes souvenirs étaient bons. J'avais du étudier les Misérables au collège et en français. J'avais toujours apprécié cette langue. Et je me souvenais encore très bien des longues heures que je pouvais passer en salle de théâtre à regarder les élèves de ce cours, réciter des tirades entières. Puis je me mis une fraction de seconde à réfléchir avant de dire, en français avec une grosse pointe d'action. « Elle était moche Cosette... » Je fis la moue avant d'ajouter une réplique de l'écrivain français. « Cosette était laide. Heureuse, elle eut peut-être été jolie. » Je me demandais si les vers étaient correctement retranscrit. Cela faisait des années que je n'avais pas lu cet ouvrage. « Tu me trouves aussi vilaine que ça? » Je souriais. Puis je menais à nouveau le café jusqu'à mes lèvres afin d'en boire une gorgée. Jasper parla ensuite du prix de la visite. J'étais du genre à rendre service sans chercher une contre partie. Mais je savais que tout avait un prix comme il le disait si bien. Il n'était pas du genre à perdre son temps. Et cette ville, il devait la connaître comme sa poche. Il devait être à Harvard depuis trois ou quatre ans au moins, alors que moi, je n'étais ici que depuis deux semaines. J'étais une sorte de touriste. J'étais sans cesse à la recherche de choses à visiter et à découvrir. Il faut dire que j'ai toujours été d'un naturel curieux. J'ai envie de tout connaître, tout savoir, tout découvrir. Ce qui tombait bien parce que cette ville était nouvelle. Je l'observais, amusée toutefois par la tournure de la conversation. Et puis dans le fond, je trouvais cela normal qu'il puisse demander une compensation parce que je lui faisais perdre son temps. Il devait avoir des tas d'autres choses à faire. Et jouer les guides pour touristes ne faisait surement pas parti de ses projets pour la matinée. D'ailleurs, je ne voulais pas l'ennuyer plus qu'une heure. Je pense que le reste, ce sera pour une prochaine fois. Je me mettais à réfléchir à ce que je pouvais lui proposer, pinçant ma lèvre inférieure. Puis il reprit la parole. Je souriais à nouveau à ses paroles. « Génial, donc tu acceptes de me supporter encore quelques temps. » Je tenais toujours mon gobelet chaud entre les mains et cela me réchauffait, bien que j'avais l'impression que le vent soufflait de plus en plus. « Mais je veux bien te remercier pour le temps que tu vas me consacrer. Donc, demande-moi ce que tu veux et je verrais ce que je peux faire. » Je plantais à nouveau mes yeux dans les siens, attendant une réponse de sa part. Je ne sais pas ce qu'il voulait. Et malheureusement, je ne le connaissais pas assez pour lui proposer quelque chose. Alors je préférais le laisser décider à ma place. Puis au bout d'un instant, après avoir bu un peu de café, je demandais. « Par quoi commençons-nous? » J'espère découvrir des coins intéressants. Peut-être que le Dunster avait des endroits sympa à me montrer, des lieux qui ne faisaient pas forcement partis des guides touristiques.

Reaghan Ҩ Jasper

La littérature et Jasper faisaient deux. Le garçon préféra toujours la rigueur des mathématiques, la constance de la physique. Les arts le dépassaient complètement, ce qui fait qu'il jalousait les individus doués de leurs doigts, et capables d'une imagination débordante. Il n'était pas doté de cette capacité. Sa prose n'avait rien d'exceptionnelle, alors il se contentait de lire et d'apprécier les dons des autres en la matière. Hugo était l'un de ses auteurs favoris, surement car il savait dépeindre une réalité brute, sans enjoliver les évènements. Certes Cosette n'était pas jolie, enlaidie par la pauvreté et le malheur. Mais Jasper trouvait resplendissant les êtres capables de courage à toute épreuve, la beauté intérieure rejaillissait sur les traits abîmés. Quoiqu'il en soit, miss Reaghan ne semblait pas vraiment avoir apprécié la comparaison. « Je ne répondrais pas à ça. » Se contenta-t-il de répliquer le sourire aux lèvres. La réponse était tellement évidente que cela aurait relevé de la flatterie. « Tu ne mérites définitivement pas que je te complimentes. » C'est que l'homme avait la rancune tenace, et ne manquait pas une occasion de le faire savoir à la demoiselle. Bien qu'il simulait un sérieux, ses traits amusés enlevaient toute crédibilité à son ton. Et cet entêtement dont elle faisait preuve concernant la visite de la ville n'arrangeait pas les choses. « D'accord. J'accepte de te montrer quelques endroits. » On pourrait presque croire que la jeune femme avait gagné, et qu'il renonçait à toute contrepartie. C'était bien mal connaître le Dunster, qui n'était pas du genre à abandonner la partie avec des AS dans la main. « Mais tu me devras quelque-chose. Je ne sais pas encore quoi, ni quand, mais je n'oublierais pas que tu me dois une contre-partie pour cette petite visite. » Voilà qui lui ressemblait d'avantage. Du coup, le fait de se balader dans Cambridge en mode touriste lui dérangeait un peu moins. Même si quitte à choisir, il aurait préféré discuter autour d'un verre avec elle, sans avoir à dévaler le bitume. Peut-être car Jasper était un très.. très mauvais guide, et qu'au final, il ne connaissait pas la ville aussi bien que ça. Dès qu'il voulait aller dans un endroit, malgré la technologie adéquate sous la main, et des plans plus vrais que natures, il parvenait toujours à se retrouver au mauvais endroit. Il paraît que c'est sur des erreurs qu'on découvre les choses.. lui découvrait surtout les bars miteux et autres ruelles mal famées. « Si on se perd, rappelle-toi de qui vient cette merveilleuse idée de visite. » La taquina-t-il -quoiqu'avec une grande part de vérité, et cela relevait plus de l'information qu'autre chose-., tout en se mettant en marche, prenant une rue perpendiculaire à celle qu'ils étaient entrain de dévaler. Dans l'idée, il se dirigeait vers un quartier historique de Cambrige, où se retrouvaient régulièrement musiciens, peintres et autres artistes ; découvert lors de ses nombreuses errances dans les rues de la ville, et par une heureuse erreur. Ouais, enfin maintenant pour retrouver la rue.. Ca sera beaucoup question de chance, à défaut de compter sur son sens pitoyable de l'orientation. « On se croise souvent, mais je ne sais quasi rien de toi. » D'habitude, il attendait que son interlocuteur se confie, mais Reaghan semblait peu encline à parler d'elle. Il poursuivit, « C'est un problème.. J'aimerais pas découvrir un jour que t'as un bracelet électronique à la cheville pour avoir torturé tous les irrésistibles geeks que tu croisais. » Surtout qu'il le découvrirait trop tard, ca serait fâcheux comprenez.