SAMARA VIRGINIA AMBROSE ► Blanca Suarez

It's too bad, but hey, that's me

Le problème de Samara c’est qu’elle n’a jamais su ce qu’elle voulait car elle a toujours su où aller. Impossible pour la blonde de se décider sur le choix d’un menu, d’une belle robe, ou même d’une soirée alors qu’il a toujours été d’une simplicité pour elle de choisir de son avenir. Sans doute que sa capacité à se projeter aussi loin dans le temps est due à sa première et plus grande envie : s’envoler. Loin. Du présent. De tout.

Son âme, étrange et volatil, sauvage et emplit de passion a toujours dû se taire pour nourrir ses ambitions professionnelles mais aussi son désir d’être la femme qu’elle s’était imaginé d’être et devenir. Une femme droite, forte, sérieuse, représentant parfaitement ce flegme britannique si propre à sa grand-mère maternelle, qu’elle admire. Mais cette femme si bien sous toutes ces coutures, franche, fidèle était-ce vraiment elle ?

La future naissance de son fils l’a confronté à ce questionnement existentiel. Qui est Samara ? Une femme capable d’abandonner un enfant pour sa carrière ou bien une femme capable de tout lâcher pour se consacrer tout entière à celui-ci ? Car si son futur bébé représentait une tâche indésirable dans son avenir étincelant de réussite, ne représentait-il pas également cette partie d’elle-même qu’elle avait faite cessez d’exister et qui grâce à lui pouvait tout simplement renaitre ? Longuement cette problématique sur sa nature profonde s'est incarné sous forme d’euphorie totale lors de ses longues nuits d’insomnie où elle s’imaginait envoyer valser toute sa vie pour élever ce petit être et sous forme, le lendemain matin même, de mélancholie qui la faisait pleurer à ne plus pouvoir en respirer.

C’est seulement lors d’un cauchemar vers son 7ème mois de grossesse qu’elle a réalisé qui elle était. La vision de tous ses cadavres de nourrissons mort-nés étranglés par leur cordon ombilical car lors du bloc elle n’avait pas pu les prendre en charge la faute à son ventre trop rebondi de par sa grossesse, l’a littéralement traumatisé. Mais, en se réveillant elle a su. Elle a su qu’était une femme de demain. Sa vie elle ne pouvait la concéder à un bébé car elle se devait de la dédier à tous les autres. Samara Virginia Ambrose n’était pas de ces égoïstes petites bonnes femmes qui pensaient qu’à créer un être vivant dans ce monde où tant d’autres souffraient, elle était de celle qui allait bâtir un monde nouveau et donner la chance aux enfants et pas seulement Aaron de naitre dans de bonnes conditions.

Elle n’abandonnait pas son bébé puisqu’elle allait fonder un monde meilleur pour lui et tous les autres de par sa carrière. Ce n'était aucunement de l'égoïsme pur.

Son choix s’est fait sans que Jude ne s’en rende compte. Un jour, elle s’est mise à le considérer avec la plus grande des bienveillances et le bougre ne se doutait pas qu’à travers toute son affection soudaine pour le bébé et lui, ce qu’elle préméditait c’était sa fuite. Son transfert avant la naissance d’Aaron était déjà confirmé et la date de son départ aussi. Comme à son habitude elle avait tout planifié avec un stoïcisme et une résignation impressionnante. Laissant à l’incrédule qu’un vulgaire mot de quelques lignes et son fils dans un couffin sans même se retourner.

Une mère pleure en secret du châtiment qu'elle a dû infliger à son enfant.

L'ambition a un prix. Parfois le prix d'une vie. C'est ce que Samara se répète souvent en triturant son collier vert de jade sur le campus de New Haven. Aaron aimait bien jouer avec lui quand elle le portait sur son sein les premiers jours à la maternité. Elle déteste se souvenir de ce genre de détails car la culpabilité qui l'étreint lui donne envie de mourir mais parfois c'est plus fort qu'elle. Elle ne sait pas pourquoi mais ce gosse lui arrive en tête, soudainement, comme ça, de nulle part. Durant un instant elle s'inquiète pour sa santé, son bien-être "Peut être a-t-il besoin de moi ?" "Et si Jude était violent ?" et dans son ventre se forme une envie irrépressible de faire ses bagages et de venir vérifier qu'il va bien. Une envie qu'elle tait rapidement, mais qui revient souvent. Surtout depuis qu'elle a ouvert cette lettre. Une lettre horrible. Traumatisante. Une lettre provenant du juge même, expliquant qu'un tiers essayé d'adopter Aaron et qu'elle devait abandonner son droit de mère. Inimaginable.

Certes. Elle en avait décidé ainsi. Mais n’étais-ce pas cruel de montrer qu’il s’était débarrassé d’elle à ce point ? Voulant nier même sa propre existence ? Son investigation même dans la conception de cet enfant ? N'avait-elle pas le droit d’avoir son nom sur son acte de naissance, elle qui l'avait porté dans son ventre, elle qui lui avait eu l'idée de ce prénom ?

Des larmes l'inondent et son ego se brise. Elle se sent telle la vulgaire mère porteuse qu'on n'aurait pas eu la décence de payer et de respecter. Si elle l'avait souhaité elle aurait pu tout lui cacher, partir élever son enfant en Alaska et lui dire 20 ans après « Tiens c’est ton fils, Aaron  » pour détruire sa vie, son mariage, mais elle ne l’a pas fait. Pourquoi ? Car elle a un certain bon sens. Samara ne  réfléchi pas avec son coeur mais avec sa tête. Le contraire de Jude il semblerait puisqu'il voulait faire adopter son enfant par une autre femme. Sa femme probablement.

On lui conseille alors un détective privé pour savoir qui est cette personne qui souhaite adopter son fils et surtout pour s'enquérir de la situation familial. Le meilleur détective il va de soi. Mais au lieu de l'apaiser ce qu'elle apprend la met dans un état second - la maladie de Jude, le fait qu'il ait deux autres enfants, le frère dealeur de sa "Leandra", une chrétienne de surplus, qui semblerait bien aimer l'alcool... Certes elle est à Harvard c'est déjà une très bonne chose peut-être et elle douce, intelligente, belle... Mais elle est chrétienne - elle hait les gens endoctrinés par-dessus tout - et que Jude soit pire qu'une poule pondeuse alors qu'il est malade et à une espérance de vie plus courte que la normale... Elle a envie de tout casser. Elle a envie de se porter garante du mouvement de l'association étudiante SHEATH et se charger de leurs événements placés sous le signe de la prévention. Utiliser un préservatif pour ne pas se retrouver enceinte d'un gros con qu'on ne connaît pas., témoignage 100% vrai qui vous donnera envie de vous protéger ! -

Oui elle les juge, comme ils la jugent elle, sur rien.

Samara prend pour la première fois une décision du coeur toujours en jouant nerveusement avec son collier. Une décision guidée par le fait qu'elle a bientôt terminé ses études. Qu'elle a des résultats excellents peu importe ce qu'elle puisse faire à côté. Elle a le temps d'être mère à présent. Elle a le temps de prouver qu'elle existe toujours. Elle demande le soir même son transfert pour janvier pour Harvard, son dossier remarquable est aussitôt accepté.