Evil is a point of view (Colin)

La lueur dans les ténèbres. C'était lui. La bouée d'amarrage. Celui qui la reliait à Celle qu'elle avait pu être autrefois. Deirdre, l'étudiante prestigieuse. La riche héritière d'un père anonyme. Celle dont on ne reniait sans doute pas la prestance. L'Irlandaise assurait toujours la parade solidement campée sur ses talons aiguilles. La jungle ébène est domptée au profit d'un chignon plaqué, dégageant la nuque gracile et belliqueuse. Mais la parade porte bien son nom, elle n'est que mise en scène. Depuis des mois, elle entretient son existence schizophrène. Pourtant, Colin est celui qui la relie à ce qu'elle a de plus solide en elle. La trahison de Willow les a rapproché. Tous deux en perdition face à la fugue de l'amie commune, ils sont devenus l'un pour l'autre cette épaule sur qui s'épancher, le flanc derrière lequel s'armer, le dos contre lequel on aime se lover. Rendez-vous est pris au Drink, à leur table habituelle. Deirdre est arrivée la première, verre de vin rouge en main qu'elle sirote distraitement. Le Français débarque alors qu'elle repose le contenant sur la table, elle se lève pour l'accueillir, sourire aux lèvres et ce n'est là pas une mince offrande. « Dure journée ? » s'enquiert-elle en observant les traits familiers. Colin a l'air contrarié par quelque chose bien qu'il tente de faire bonne figure. « J'ai pris une bonne bouteille de bourgogne. » Elle connaît ses goûts et tout paraît possible avec une bonne compagnie.

Rendez-vous pris, en excellente compagnie, voir Deirdre est toujours un temps pour passer un excellent moment. Toujours présente, elle reste celle sur qui tu pourras toujours compter et elle l'a prouvé mainte et mainte fois ces derniers temps. Vous vous êtes rapprochés c'est indéniable depuis la trahison de ta meilleure amie Willow. Encore blessé, la rencontre dans les vestiaires t'avais donné un coup au moral et ce n'était pas le moment. D'autres problèmes te faisant ruminer ces derniers temps, notamment un soucis avec ta sœur Louve, jamais à cours de drames. Depuis ton retour tout partait en éboulement et aujourd'hui, tu avais besoin d'une épaule solide sur laquelle t'accrocher. Pas de doute, Deirdre tombait à pic.
Apprêté comme chaque jour, jamais plus d'un bouton ouvert sur ta chemise, tu débarques au drink et te dirigeant mécaniquement vers votre table habituelle. Et elle est déjà là, sa présence te rassure instantanément et ton sourire s'accorde au passage. Tu te permets une légère bise sur sa joue pour ne pas masquer sa beauté, avant de t'asseoir. « Dure vie même je dirais » dis-tu en exagérant quelque peu, ta vie étant loin d'être un désastre non plus. Tu regardes la bouteille de bourgogne présentée avec une joie modérée, comme à ton habitude heureux, mais toujours d'une classe certaine. « Tu es parfaite, tu le sais ? » pas avare en compliment, tu te permets de servir ton amie en premier et toi ensuite, commandant au serveur quelques mignardises salés à déguster. « Je reviens à peine de vacances et j'ai déjà tout à refaire » Deirdre connait les multiples frasques de ton frère et de tes sœurs, tu n'as pas plus à dire pour qu'elle comprenne de qui tu parles. « Et j'ai recroisé Willow à Cambridsge » tu avoues finalement.

Il est beau. Trop beau. Parce que cette classe naturelle ne se départit jamais de lui. Et il faut l'avouer, Deirdre est fière d'être son amie. Fière d'avoir éclipsé une autre aussi dans les amitiés du Français. Fière parce qu'elle estime avoir trouvé une personne assortie à la sienne. Certains traits sont si similaires chez chacun d'eux qu'elle s'en étonne parfois. Leur goût des bonnes choses, la loyauté, l'amour de la séduction et cet orgueil si fidèle dans lequel ils aiment à se draper. La journée avait été difficile, et même la vie l'était apparemment. « Pauvre chou. » Les paroles sont dit avec légèreté et surtout humour mais le fond est bien présent. Deirdre compatit sincèrement car oui elle en est capable avec ceux dont elle estime qu'ils en valent la peine. Un nouveau sourire réhausse ses lèvres tandis qu'il la complimente. « Parfaitement parfaite oui je le sais, mais venant de ta bouche c'est toujours très appréciable. » A vraie dire, peu de femmes étaient aussi imparfaite et alambiquée qu'elle pouvait l'être mais tout ceci n'était pas important. Ils étaient heureux de se retrouver et se l'avouaient, c'était là l'essentiel. Elle observe le liquide carmin couler dans chacun des contenants, profitant de ce doux spectacle, aussi simple qu'esthétique. A priori la famille Perol jouait à nouveau des siennes. Les frères et sœurs n'étaient pas avares en mouvement qu'importe la tranquillité de leur aîné. Mais c'est la deuxième révélation qui arracha de prime abord un regard de l'Irlandaise. Willow. Sa curiosité était piquée. « ça s'est passé comment ? » demanda-t-elle doucement. La guerre était déclarée entre les deux femmes depuis que Deirdre avait lancé la nouvelle du départ de son ancienne amie de la Eliot et qu'elle lui faisait de l'ombre auprès de Colin. « Elle a des tatouages ou des piercings ? » s'amuse-t-elle en souriant, imaginant une Willow punk pour s'assortir à la Mather. La réalité devait pourtant être bien plus décevante. Et l'angoisse de perdre Colin venait l'assaillir sournoisement.

tu souris en l'écoutant se moquer gentiment de toi, sa répartie n'a jamais eu d'égal et ce trait de caractère, tu l'apprécies particulièrement chez ton amie. Toujours présente, le menton haut, le regard fière, une femme forte, de celles qui tu en es certain, iront conquérir le monde et boufferont les autres à coups de détermination sans faille. Elle prend tes mots pour argent comptant et elle a raison, tu n'as jamais été aussi honnête qu'avec elle et ça se ressent dans vos échanges, tu ne donnerais ta place dans sa vie pour rien au monde. Tu acquiesces en l'écoutant, sers vos verres avec cet éternel sourire en coin et regard mi- sérieux, mi séducteur, celui qu'elle connait si bien. « Une bouffée d'air frais, les soucis en moins, je me suis complétement déconnecté, pardon de ne pas t'avoir envoyé de nouvelles d'ailleurs. » même à Marin et les autres tu n'en avais pas envoyé et puis de toute façon le plupart du temps, le réseau ne passait pas. Mais ses yeux s'étonnent, Tu reprends bien vite en comprenant le quiproquo. « Ah, tu parlais de la rencontre avec Willow ? » un léger souffle, une respiration longue te prennent avant de continuer « Mal, on peut dire, elle est insolente et garde ses positions, impossible de la faire dire qu'elle a eu tord. Enfin, je ne sais pas pourquoi je m'entête à essayer de lui dire quoi que ce soit, le dialogue est rompu c'est clair et net » Elle doit le ressentir, cette frustration qui semble s'évacuer de tous tes pores, ta manière d'en parler, tout semble t'agacer, te toucher et avec Deirdre c'est difficile d'ériger les barrières dont tu t'entoures habituellement. Elle arrive à te faire rigoler, respirer plus calmement. « Aha, non pas de piercings ni tatouages, et j'le certifie, elle était quasiment nue sans se pressée de s'habiller, quand je l'ai vu. » Cette annonce la choquera peut-être ou pas, ta meilleure amie n'avait aucun secret pour toi, même pas l'impudeur.

Ces derniers mois avaient été tellement agités que Deirdre en oubliait parfois le tumulte qui habitait celle de ses proches. Colin était parti quelques temps oui, il n'avait pas pris le temps de donner de nouvelles mais elle ne s'était pas inquiétée outre mesure pour lui. « Tu es tout pardonné, je n'ai pas pris la peine de t'en donner non plus. » Echec et mat. L'un et l'autre était blâmable et l'amitié, la vraie se passait d'excuses en de pareilles circonstances. Elle sourit cependant quand il comprend qu'elle ne fait pas référence à son voyage mais bien à ses retrouvailles avec Willow. Le départ de celle qu'elle considérait comme son amie avait été un coup dur. Quitter la Eliot était une chose, mais la déserter pour la Mather était impardonnable. Contraire à leurs valeurs. Deirdre se contente d'opiner en signe d'accord lorsqu'il lui pose la question et Colin développe. La Solitaire ne s'étonne pas du fichu caractère de la Prada mais plutôt de son attitude avec le Français. Elle a toujours été proche de lui et si son départ avait été vécu par elle comme une trahison, qu'en était-il de lui ? « Je ne la comprends plus. » se décide-t-elle à capituler. « Comment peut-elle trouver un quelconque plaisir à se fondre parmi les Verts ? » Et aller à l'encontre de toutes les valeurs qui les avaient construit respectivement. « ça n'a pas été trop difficile pour toi de la voir aussi distante ? » Un léger sourire s'accroche à ses lèvres acérées. « Malgré sa nudité. » La proximité physique était une chose mais mentalement, elle était bien loin d'eux désormais.