Be honest, be nice, be a flower. || Scar' + Alan

S'excuser c'est bien Alan ! Surtout qu'il faut bien l'avouer, tu as était fort désagréable avec elle alors qu'elle ne cherchait qu'à t'aider. Mais je crois que tu as oublié un petit détail, à savoir qu'avec ta coloc', rien n'est jamais simple... Ces derniers temps, notre chambrée est bien silencieuse, Scarlett ne m'adressant plus du tout la parole, pas un bonjour, pas un bonne nuit et bizarrement, j'aurais pu pensé que cela me plairait, mais c'est finalement le contraire que je ressens. Nos petites disputes me manquent et c'est pourquoi je l'ai contacté par SMS pour m'excuser. Bien sûr, elle en a profité, quémandant des fleurs pour m'accorder son pardon et je m'étais donc rendus chez le fleuriste. Rose rouge ? Non on ne va pas abusé quand même ! J'optais plutôt pour une composition florale avec des marguerites, des iris et des œillets, pas donné ces saloperie, et me rendait dans notre chez nous pour venir toquer à la porte de sa chambre.

Ennui. La chambre était silencieuse à crever. Pour autant, Scarlett n'était pas prête à renoncer à sa guerre du silence. Tu payeras pour cet affront, Alan. Public, de surcroît. Pourtant, croit-moi bien que l'envie était grande de commenter tes faits et gestes, de te questionner sur ta brune, sur l'évolution de cette relation bien mal partie. Critiquer tes goûts douteux. Juste te parler, j'suppose. Vexée, un peu blessée, demoiselle Strudwick s'entêtait à sa grève. Elle avait pourtant donné quelques idées pour obtenir son pardon, espérant qu'il soit assez malin pour s'en servir. Bref, la porte de ma chambre fait ce bruit distinctif. Ouvre cette première sans grande délicatesse. J'te sourirais pas. Même si j'vois directement quelques pétales. Même si j'en ai envie. Poker face. Toise de ses deux verts. « Ouais, c'est pourquoi? » Manque plus que le chewing-gum à mâchouiller, et on avait le cliché parfait.

La porte s'ouvre, laissant apparaître la silhouette de ma coloc, froide comme la glace, ses prunelles émeraudes posées sur moi arborant une expression différente que d'habitude. En temps normal, son regard est certes toujours sévère mais je peux y déceler de la malice, de la taquinerie et c'est ce qui nous permet de se chamailler sans prendre cela au sérieux. Aujourd'hui, cette malice et cette taquinerie ont disparus, elle m'en veut vraiment. " On peut parler ? ", demandais-je timidement à Scar' dans l'espoir d'une réponse positive de sa part, bien que je comprendrais qu'elle me le refuse, voire qu'elle me claque la porte au nez, ce qui serait bien plus dans son style. Pour appuyer ma demande, je tendais le bouquet devant moi, tel un ticket pour entrer, pour me permettre de m'expliquer. " Je t'ais acheter des fleurs... ", affirmais-je alors que j'arborais un léger sourire en coin qui n'aura surement pas de réponse sur le visage de la rouquine. Par contre, je ne me mettrais pas à genoux, elle peut se brosser !

Demoiselle ne s'attarde pas, elle ne cherche pas vraiment à lui trouver des excuses. S'enterre dans un ressentiment confortable, où la seule solution semble appartenir au jeune homme. Elle est trop têtue, trop vexée, aussi. On marche bien, on fonctionne, normalement, personne n'est foutu de comprendre, mais nous on sait. On sait quand s'arrêter, on sait quand ça fait mal, et on ne dépasse jamais cette limite. Tu l'as franchie d'un pas. Aujourd'hui, tu te présentes à ma porte, d'un " On peut parler ? " qui ne semblait provoquer qu'une porte qui va pour se fermer. " Je t'ais acheter des fleurs... " Tatata, tu souris pas Scarlett, tu te contiens, même si t'en as envie. Tu gardes ce visage sévère, tu fais comme si ça ne te touchait pas. Tu dois te pincer les lèvres pour y parvenir, maladroitement. « J'aime bien les fleurs. » Qu'elle se contente de commenter, comme une gamine facile à acheter. Attrape le bouquet, qu'elle lui arrache plus ou moins des mains. Gros problème de délicatesse. Inspire profondément, au dessus des fleurs. Va pour continuer de fermer la porte, et s'arrête dans son mouvement. Tourne le dos, lâche la porte. « C'est bon rentre. » S'assoit sur son lit, le bouquet laissé sur son bureau. Les prunelles vont rapidement sur l'homme. « J'espère qu'il t'as couté cher. » Que ça te pique un peu, au moins. Mais allez, j't'écoute.

Dans un geste manquant cruellement de délicatesse, les ongles vernis de la belle venant quasiment me griffer, le bouquet de fleur m'est subtilisé des mains. Dois-je en conclure qu'il a fait son effet ? Pas sûr... M'offrant une vue sur sa crinière de feu descendant dans son dos, la porte se referme lentement tandis que mes espoirs d'une discussion s'amenuisent. Un espoir qui se ravive lorsque ma coloc m'invite finalement à entrer, je ne me fais pas prier et obéit à la demoiselle. Son regard accusateur, justifié, se pose une nouvelle fois sur moi et j'ai tout de même un peu de mal à le maintenir, surement parce que je suis coupable dans cette histoire. " C'est pas le prix le problème, j'ai surtout galérer à choisir parce que j'y connais que dalle en fleurs... ", soulignais-je alors que m'installais sur le siège devant son bureau et lui faisait face. Les discours d'excuses ne sont clairement pas mon fort, et pourtant, je devrais avoir l'habitude vu toutes les conneries que j'accumule. Dans un soupir, je relevais la tête pour me plonger dans son regard émeraude et lui glissais ces quelques mots qu'elle n'a jamais entendus de ma part: " On se chamaille tout le temps Scar', c'est la base de notre relation, je dis souvent à mon entourage à quel point tu es chiante, mais la vérité, c'est que je te considère comme mon amie. ". Véridique ! Si ma rouquine préférée venait à s'en aller de cet appart', je ressentirais surement un vide, un silence qui me déplairait fortement, un changement d'habitude qui me poserait problèmes. " A cette soirée, tu voulais m'aider et j'ai mal réagis. Je le regrette et je suis désolé d'avoir mis en péril cette amitié avec une énième connerie de ma part. ". On se dispute constamment, et aussi surprenant que cela puisse paraître pour certains, j'aime cette relation mais certaines limites ne doivent pas être franchies, une limite que j'ai dépassé de très loin ce jour-là.