Appel de hecate ⤳ philip

Toi, tu pars du principe que Ziggy, elle t'aurait raconté ça en rigolant si elle était pas sincèrement perturbée par la situation. Et ça peut pas sortir de nulle part, right ? Alors t'as envie d'y croire, mais Philip clairement a l'impression de se faire de fausses idées. Et pour une fois, t'es compréhensive. « Ecoutes... je me doute que depuis quinze ans, t'as eu l'occasion plein de fois de te faire de faux espoirs. Mais tout ce que je peux te dire c'est : Et pourquoi pas ? » Le hasard fait parfois mal les choses, et d'autres fois ... Terriblement bien. « Peut-être que c'est pas elle, et le karma est une pute. Ou alors peut être que c'est elle, Philip. Peut-être que le destin ou je ne sais quelle autre merde a fait que vous avez tous les deux eu une place à Harvard. » Et pour que t'en viennes à parler de destin.. C'est que t'y crois vraiment. Même si ça te fait chier pour Ziggy, parce que tu sais combien elle aime ses parents.

Tu ne prends pas la peine de cacher le rire sarcastique qui s'échappe de tes lèvres. Le destin ? Et puis quoi encore ? Je crois pas au destin Hecate. Tu soupires et laisses un vide de quelques secondes avant de reprendre. Et quand bien même il y aurait une infime chance que ce soit elle, comment tu veux que je lui annonce ça ? "Hé salut, en fait t'es ma soeur." ? T'as conscience de ce que cela veut dire ? De ce que cela impliquerait ? Pour elle, pour moi, pour ma famille, pour sa famille ? demandes-tu en insistant bien sur le "sa". Toi-même t'as bien du mal à évaluer toutes les conséquences d'une telle révélation.

Evidemment qu'il te rit au nez. Toi-même t'as envie de te foutre des baffes pour avoir sorti ce mot là. « J'y crois pas non plus. Fin j'y croyais pas jusqu'à ce que je voie les photos de ta sœur, Philip. Tu vas pas me dire que la ressemblance est pas vraiment trop louche pour que tout ça ne soit qu'une coïncidence ? » Tu laisses le silence tomber. Et évidemment, il se demande comment il pourrait lui dire ça, à Ziggy, si c'était vrai. Tu soupires à ton tour, passe une main dans ses cheveux, tandis que de l'autre tu écrases ta cigarette. « J'te dis pas que ça serait facile. J'te dis que si y a une chance, tu dois la saisir. Puis tu crois sincèrement que tu vas pouvoir continuer à parler avec elle si tu ignores délibérément toute cette histoire ? » Ca sera infaisable, pour lui comme pour elle. Tu connais suffisamment Zig pour affirmer ça. Tu te laisses lourdement tomber sur ton lit, avant de dire simplement: « J'voulais juste que tu saches que Ziggy se pose des questions. Je te dis pas de la confronter. La connaissant... Elle va probablement cogiter toute seule. » Jusqu'au jour où la vérité lui éclatera au visage. A leur visage à tous les deux.

T'es presque certain de pouvoir emporter ce secret avec toi dans la tombe. De réussir à faire comme si de rien n'était, réussir à tout oublier. T'es même prêt à le faire, là tout de suite. Même si cela doit impliquer de ne plus jamais parler à Ziggy. T'accepterais ce fardeau si cela pouvait t'empêcher de détruire toute sa vie. J'crois que tu te rends compte pas en fait. Si Ziggy se révèle effectivement être ma soeur et que je lui dis, cela signifie que je vais devoir dire la vérité à mes parents également. Et mes parents, ça je peux te le garantir, le premier truc qu'ils vont s'empresser de faire c'est de recruter la blinde d'avocats qui vont se charger d'envoyer les parents de Ziggy en prison jusqu'à la fin de leur vie. Je peux pas être responsable de ça... tu sais comme moi qu'elle tient à sa famille plus que tout au monde. T'es dans l'impasse. Le pire cas de conscience que tu aies jamais eu. Là tout de suite, plus que jamais, tu souhaites de tout coeur que Meghan soit bel et bien morte.

Tout ce qu'il te dit, tu le sait déjà. Quoi qu'il arrive, Ziggy est dans une impasse. Le compte à rebours avant l'auto destruction était lancé. Et le pire, c'est que t'es celle qui a lancé les hostilités. « J'crois que tu m'as pas bien comprise, Philip. Le choix n'appartient pas qu'à toi. Si jamais elle s'avère être ta soeur, tu crois qu'elle aura pas son mot à dire de son côté ? » Il a pas le droit de s'attribuer le rôle de seul juge dans cette histoire. Pas quand il s'agit de la vie de ta meilleure amie qui va basculer. « Donc tu préférerais la laisser vivre un mensonge jusque la fin de ses jours ? »

Toute cette conversation est tellement intense que tu sens la migraine se pointer à l'horizon. T'as besoin de réfléchir à tout ça, posé, au calme, sans la voix d'Hecate pour te dire ce qu'il faudrait ou ne faudrait pas faire. Toute vérité n'est pas bonne à dire... De toute façon, on n'est sûr de rien pour l'instant, inutile de tirer des plans sur la comète. Je verrai plus tard comment gérer ça si c'est vrai. Pour l'instant, je vais surtout faire des recherches pour vérifier... ça. Tu soupires une nouvelle fois, au bord du burn out de pensées. Et Hecate, s'il te plaît, ne répète pas tout ça à Ziggy. Je veux pas qu'elle se fasse de faux espoirs, enfin façon de parler, si jamais cela ne mène à rien. Parce que tu n'oublies pas qu'il y a de très grandes chances pour que ce soit le cas.

Toi aussi, t'as mal au crâne. Depuis quand ce genre de truc se passe dans la vraie vie ? Parfois, t'as l'impression d'avoir mis les pieds dans une gigantesque série télé en arrivant à Cambridge. « Ok. » De toutes manières, c'est à lui de gérer par la suite. Toi, t'as rempli ton rôle pour l'instant en donnant les informations nécessaires. « Je serais là pour Ziggy, mais c'est à elle de cheminer toute seule dans cette histoire. Je dirais rien. » Du moins, tant qu'elle n'en aura pas besoin. Pour le reste, tu peux rien lui garantir, à Philip.

C'est probablement l'appel téléphonique le plus wtf que tu aies jamais eu de toute ta vie. T'étais déjà bien perturbé par toute cette situation surréaliste, mais là tu touches le fond. T'as besoin de prendre du recul et de réfléchir à tout ça à tête reposée, au calme. Fort heureusement, Hecate n'insiste pas et accepte de tenir sa langue. Cool merci. T'allais rajouter un "je te tiens au courant" mais tu sais très bien que ce sont des paroles en l'air alors tu t'abstiens. Bon bah... merci, et bonne soirée bye. conclus-tu un peu maladroitement avant de raccrocher, le cerveau en ébullition comme jamais.